Chapitre 4 : entraîner son équipe de mourus-vivants.

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La vérité sur le réveil des mourus était faite, mais George n'arrivait toujours pas à digérer la vue de l'annonciateur. La mort en tutu rose ? Même tout le glouglou rouge du monde ne pourrait pas lui faire avaler ça, ni même l'oublier. Au moins, il savait quoi faire maintenant : entraîner ses crevés ! Oui, eux aussi aller participer à de nombreuses épreuves sportives, afin de défendre l'honneur de leur zone à décédés. D'ailleurs, c'était l'un des principes de ce tournoi, centenaire, pour désigner le fossoyeur le plus classe du monde. Il devait savoir entraîner ses défunts mobiles autant que démontrer ses talents de berger à mourus.

Au petit matin, George fit la tournée de sa zone à décédés, tapant de sa sainte pelle sur le couvercle des dodos à crevés, pour réveiller les mourus. Les décédés marchants s'alignèrent au centre du champ à mourus, le thème d'entraînement de Rocky VI résonnant dans toute la zone à défunt. Tous étaient prêts à transpirer comme jamais, sur fond de musique de motivation, chanté par le Bébert en personne :

Bébert: Eyes of the tiger !!!!!!!!!!!

Ginette: M'enfin Bébert, tu chantes pas la bonne chanson !

Bébert: Silence la vieille Ginette, Bébert connaît bien les paroles !

Georges: La paix les vieux débris ! Z'avions du boulot !

Ce fut sur une musique militaire, que cette fois-ci, l'entraînement des mourus-vivants commença. La Ginette, elle, s'occupait d'entraîner les crevées chantantes pour les épreuves musicales et dansantes, mais aussi comme pom-pom girls pour les défunts marchants hommes, et femmes, participant aux épreuves. Pendant ce temps, le Bébert, pour ne pas changer, errait en flottant autour de la zone à décédés, débitant connerie sur connerie, simulant des crises cardiaques pour montrer qu'il était là. George commença la séance d'échauffement des mourus-vivants, mais ça partait déjà très mal cette histoire. Dès les premiers 500m, la moitié des crevés se ramassèrent la tronche sur le sol. Le fossoyeur se frappa le front du plat de la main, se demandant pourquoi il avait hérité des mourus-vivants les plus incompétents que la mort puisse fournir.

Après deux heures de course, il réussit à sélectionner une centaine de ses défunts, ceux qui tenaient un minimum l'effort physique. Bah oui, des mourus décomposés, ça a pu trop de muscle pour le sport. Le fossoyeur répartit ses crevés en équipe pour les diverses épreuves, et la matinée sembla se dérouler mieux qu'au début. Ce fut alors qu'un événement, improbable, vint chambouler l’entraînement des mourus. George, sa sainte pelle à la main, se mit à poursuivre le Bébert, hurlant à travers toute le champ à crevé.

Georges: Crénon de bon diou de couillon transparent !! Si je te choppions, tu vas prendre ma pelle là où le soleil de ne brille jamais !! Saloperie de crevé sénile !!

Le spiritueux Bébert, qui devait aider à préparer les shémas tactiques, avait encore une fois fait des miracles ! Il avait ainsi présenté des tableaux, où il avait repeint les plans de jeu, avec des dessins obscènes par dessus ceux censés expliquer les épreuves. Comble du parjure ultime, le spiritueux sénile avait fait son œuvre avec le glouglou rouge du fossoyeur. Il en avait vidé au moins quatre cubis, que le pauvre fossoyeur ne pourrait plus jamais boire désormais. Pour George, c'en était de trop et il allait tuer un crevé trop encombrant. "Au moins", se disait-il, " la Ginette sauvait la matinée, car elle était la seule, des deux revenues transparants, à prendre les choses au sérieux".

Regardant sa seule lueur d'espoir, le brave fossoyeur tomba des nues devant la situation. Lâchant sa sainte pelle, l'air effaré , il ne put que constater qu'il avait mal jugé la situation. Croyant de bonne fois au sérieux de la Ginette, il avait estimé ne pas avoir besoin de surveiller cette partie de l’entraînement. Celle-ci, malheureusement pour lui, avait aussi commencé à dégénérer. Désormais, la Ginette apprenait l'art du strip-tease aux mourues-choristes, tout en leur faisant chanter des chansons graveleuses, paillardes, bref, de cul ! Elle avait dès le premier jour d'exercice, dévergondé et perverti l'équipe de crevées, si innocentes, au grand désespoir du fossoyeur qui ne put l'exprimer ainsi :

Georges: Bordel de merde à cul, c'ét-y vraiment point gagné ! On va passer pour de gros couillons devant les autres ! Faut vraiment point que participions à ces bouffonneries de mourus sportifs, nous !

Malheureusement pour George, être sélectionné par la mort en personne, rendait obligatoire la participation du fossoyeur. Désormais, il n’entraînait même pu ses mourus-vivants pour gagner : il faisait son possible pour limiter la casse, et surtout, pour ne pas passer pour un gros con devant ses confrères. Après deux mois d'effort, il était temps de se rendre au tournoi des fossoyeurs, priant pour que ses crevés s'en sortent mieux qu'à l'entraînement. Il espérait surtout que les autres défunts se seraient étouffé dans leur sommeil, ou au moins, s'étaient cassés une patte avant les épreuves. Bref, il était aussi mal barré qu'une faute d'orthographe.

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