Chapitre 4 (onzième partie)

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Samedi 15 juillet 2006

Ingrid avait bien compris l'envie de sa mère de voir sa petite-fille, or Véra travaillait encore et n'avait pas prévu de venir à Fort William avant le mois d'août, afin d'aider son frère et Sam dans les travaux. Et ce fut ainsi qu'Ingrid et Henry arrivèrent ce jour-là pour passer une petite semaine chez Mummy, avec Léony.

A l'occasion de cette visite, ils apportèrent à nouveau quelques cartons que Mickaël leur avait confiés, notamment des vêtements dont il n'avait pas besoin. Ce fut l'occasion pour Ingrid d'assister à une discussion importante entre sa mère et celle qu'elle considérait comme sa belle-fille, même si Maureen et Mickaël n'étaient pas encore mariés.

- La chambre de Mickaël est petite, disait Mummy. Je pense que vous devriez prendre une autre, celle en face, et laisser celle-ci pour le bébé.

- Mickaël aime beaucoup sa chambre, je crois, disait Maureen. Pour moi, cela est un peu égal. On verra ça avec lui au mois d'août. En attendant, on peut mettre ses cartons dans l'autre pièce.

- Maman, pourquoi veux-tu qu'ils changent de chambre ? demanda Ingrid.

- Et bien, c'est quand même mieux d'avoir de la place, répondit sa mère.

Ingrid la regarda d'un air étonné. Mummy soupira :

- Oui, Mickaël est parvenu à me faire accepter une de ses dernières idées saugrenues.

- Laquelle ? demanda encore Ingrid.

- Celle d'habiter ici. Définitivement.

Ingrid sourit doucement :

- Cela ne m'étonne pas de lui...

- Quelle idée, non, d'imposer une vieille femme comme moi à Maureen.

- Maureen n'a pas l'air de se plaindre de ta présence, contra Ingrid.

- Evidemment, tu vas être d'accord avec ton fils ! dit Mummy en haussant légèrement les épaules.

- Comme toi. Ne trouves-tu pas que c'est une excellente idée ?

Mummy leva les yeux et les mains au plafond et Maureen retint difficilement un éclat de rire. Elle comprit aussi qu'Ingrid était rassurée par la nouvelle : sa mère ne serait pas seule et si elle rencontrait un problème, Mickaël et Maureen seraient présents.

Mardi 18 juillet 2006

Léony se montra particulièrement intéressée par la grossesse de Maureen. La jeune femme la laissait de temps en temps toucher son ventre, ce qui amusait beaucoup la petite fille. Elle était aussi très curieuse de savoir si elle allait avoir un petit cousin ou une petite cousine, ajoutant à chaque fois qu'elle en parlait qu'elle préférerait que ce soit une cousine, les garçons sont tellement embêtants !

Comme Mickaël l'avait prévu, il n'était pas revenu à Fort William au cours du week-end, en plein cœur du festival, car le restaurant tournait à plein. Il allait en profiter aussi de son côté pour avancer ses préparatifs du déménagement, et Maureen fut bien heureuse de la présence d'Ingrid et Henry, qui leur firent ainsi de la compagnie.

Avec eux et Léony, Maureen se rendit cet après-midi-là à la plage, sur les bords du Loch Linnhe. Elle se baigna et apprécia de pouvoir marcher le long de la mer, les pieds dans l'eau. Cela lui faisait beaucoup de bien. Elle se rendit même jusqu'à l'endroit où, lorsqu'ils étaient venus cet hiver, Mickaël avait tracé une déclaration d'amour pour elle dans le sable. Elle se souvenait parfaitement de ce moment et elle se demanda s'ils avaient conçu le bébé ce jour-là précisément. Elle était intuitivement certaine que la vie du bébé avait commencé ici, durant la semaine de leurs vacances d'hiver. Mais dire la date précise était plus compliqué… Elle porta son regard vers le loch. Les monts d'Ardgour se reflétaient dans l'eau calme. Le bac qui assurait la traversée traçait son sillage dans l'eau bleue, la marquant d'une longue trace blanche. Des nuages blancs et gris sillonnaient le ciel, le temps était au beau. Elle songea à Mickaël, en pleins préparatifs pour son déménagement. La veille, au téléphone, il lui avait annoncé qu'Harris venait d'embaucher Jonathan pour remplacer Sam, mais que pour lui-même, le patron cherchait encore.

Elle revint tranquillement, toujours en marchant dans l'eau, vers l'endroit où ils avaient installé leurs affaires. Léony montrait encore à son grand-père comment elle savait bien nager, maintenant. Ingrid était assise sur le sable, en train de lire. Quand elle entendit Maureen approcher, elle se redressa et demanda :

- Tout va bien, Maureen ?

- Oui. J'apprécie vraiment ces promenades, à marcher sur le bord de l'eau ! répondit la jeune femme en souriant.

- C'est très bon pour tes jambes, et dans l'eau saline, encore plus, dit Ingrid.

- Oui. Je ne l'avais pas fait encore, car je ne voulais pas laisser Mummy toute seule, expliqua Maureen. De toute façon, avant votre venue, je n'avais pas de voiture… C'est vraiment gentil de m'avoir ramené la mienne !

- C'était le plus pratique de faire ainsi.

- Je meurs de faim ! lâcha la jeune femme en s'asseyant sur le siège qu'Henry avait gentiment apporté pour elle. J'étais en train de penser à Mickaël qui, à cette heure, est en plein rush…

- Et cela t'a ouvert l'appétit ? rit Ingrid. Tiens, il y a ce qu'il faut dans le panier. La pitchoune ne va pas tarder à vouloir prendre son goûter elle aussi.

En effet, la petite fille s'approcha bien vite. Elle sautillait tellement que son gâteau tomba dans le sable.

- Ah, maladroite ! dit Ingrid.

- Mais, mamie... gémit Léony.

- Cesse de gigoter ainsi ! On dirait ta mère... Tiens, essuie-toi d'abord les mains. Voilà...

Une fois nantie d'un nouveau gâteau et d'un petit jus de fruits, Léony alla s'asseoir aux côtés de Maureen.

- Elle bouge tout le temps, ma petite cousine ? demanda la petite fille avec curiosité.

- Non, pas tout le temps... répondit Maureen en souriant. Là, le bébé dort. Il est calme.

- Si c'est un petit cousin, tu feras comment, Léony ? demanda Ingrid.

- C'est une petite cousine, j'en suis sûre. C'est Esther qui l'a dit.

- Encore un coup de la médaille magique... soupira Henry. Ma foi, si ça les amuse...

- Cela m'amuse beaucoup, en tout cas, dit Maureen.

- Tu ne craqueras pas à la prochaine échographie ? fit Ingrid.

- Non. Nous voulons la surprise. On peut bien patienter encore quelques semaines, non ?

Henry et Ingrid hochèrent la tête d'un air entendu. La douce détermination de Maureen faisait bien écho à celle, endurante, de leur fils.

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