Chapitre 4 (neuvième partie)

7 minutes de lecture

Mardi 11 juillet 2006

- Repose-toi bien, ma douce, ne te fatigue pas.

- Ne te soucie pas. Mummy veille sur moi. Et je me sens bien mieux que lorsque j'étais à Glasgow. Je suis certaine que le bon air des Highlands agit aussi sur moi et sur le bébé, dit-elle avec un peu de malice.

Mickaël lui sourit en retour. C'était le matin, alors qu'il allait repartir jusqu'à la fin juillet à Glasgow. Il n'avait pas prévu de revenir d'ici là, et Sam non plus. Les dernières semaines du mois allaient être chargées.

Ils étaient encore couchés, le soleil avait déjà émergé de l'horizon : en cette période de l'année, il faisait jour très tôt le matin. Mickaël la prit contre lui, la serrant tendrement entre ses bras. Puis il caressa longuement le ventre arrondi, avant d'y déposer un baiser et de murmurer :

- Sois sage, petite crapule. Ne fatigue pas ta mère et ne cause pas de soucis à ton arrière-grand-mère !

Maureen rit légèrement. Mickaël poursuivait ses caresses, profitant de ces derniers moments où ils étaient encore tous les deux - ou même tous les trois. Il vit le ventre frémir légèrement et insista un peu plus.

- Tu te rends compte que dans un peu plus de deux mois, il ou elle sera là... dit Maureen avec émotion.

- Oui, sourit Mickaël. Tu tiens toujours pour la surprise ?

- Plus que jamais. Et Mummy aussi. Elle est terrible, rit la jeune femme. Tu la verrais quand ses copines viennent et font toutes sortes d'élucubrations sur le sexe du bébé. Entre celle qui dit que je le porte haut, l'autre qui dit qu'il ressort en avant... L'une s'est même amusée à faire tourner une médaille soi-disant sacrée au-dessus de mon ventre. Qu'est-ce que je ris !

- Et que dit Mummy ?

- Elle dit qu'on veut tous garder la surprise, y compris elle !

- Elle est formidable, sourit-il. Je t'avais dit que ça lui ferait du bien aussi qu'on vienne ici, avec elle. Je suis persuadé qu'on a pris la bonne décision et qu'elle vieillira moins vite. Elle retrouve beaucoup plus d'entrain que ces dernières années.

- Elle avait besoin de ressentir à nouveau la vie autour d'elle... La maladie de la maman de Jenn l'a certainement beaucoup affectée, fit remarquer Maureen.

- Oui. Et puis, avant, il y avait eu aussi le décès de James, le frère aîné de mon grand-père, expliqua Mickaël. Même si lui et sa femme vivaient toujours à Glasgow et qu'ils voyaient moins souvent Mummy qu'elle ne voit les autres, ils étaient proches. Et puis, Jeanne, la femme de mon grand-oncle, Eric, le frère de Mummy, avait été malade aussi, ça l'avait inquiétée. Maintenant, Jeanne va bien, mais Mummy s'était fait du souci...

- Je comprends... dit Maureen d'une voix douce. Tu sais, elle m'a parlé déjà un peu de son enfance, de toute votre famille... J'aime beaucoup l'entendre me raconter tout cela. Surtout maintenant que j'attends le bébé. Ce bébé va faire partie de cette famille... Je ne sais pas trop comment exprimer mon sentiment. Tu vois ce que je veux dire ?

- Oui, parfaitement. Mais toi aussi, tu fais partie de cette famille, sourit Mickaël.

Maureen ne répondit rien, se blottit contre son épaule. Il fit remonter sa main sous sa nuque et laissa ses doigts glisser entre ses cheveux. Puis ses caresses se firent plus précises, plus insistantes et, bien vite, Maureen se retrouva assise sur lui.

- Hum... Ca va ? demanda-t-il.

- Oui, répondit-elle un peu malicieuse. Tu me laisses profiter de toi encore une fois ? Après, quand tu reviendras, je ressemblerai vraiment à un gros ballon !

Mickaël rit en retour et l'entoura de ses bras, caressa son dos, ses épaules, ses reins que la grossesse creusait encore plus, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Puis ses mains se refermèrent sur les seins lourds de la jeune femme et elle gémit. Son regard changea et Mickaël sentit son désir augmenter. "Rien que son regard me fait toujours chavirer", songea-t-il ému.

- Je suis bien content qu'ils soient moins sensibles qu'au début, dit-il en poursuivant ses caresses et en faisant durcir les tétons devenus plus sombres depuis quelques mois.

- Oui... soupira Maureen en commençant un lent balancement des hanches. Tu ne pouvais plus les toucher et moi, à peine...

Mickaël lui arracha une plainte plus prononcée, le sang se mit à courir dans leurs veines. Il sentait le poids du bébé, du ventre rond et lourd sur son propre ventre. Les hanches de Maureen s'étaient aussi comme élargies. Il aimait ces changements dans son corps et plus que tout, la présence bien visible désormais de cette petite vie en devenir, cette petite vie qui était d'elle et lui, le symbole éclatant de leur amour.

**

Quand ils retrouvèrent Mummy au petit déjeuner, il était encore tôt, car Mickaël voulait prendre la route de bonne heure. Il espérait avoir le temps de passer chez lui pour faire une pause, avant de prendre son service au restaurant. Harris se chargeait de la criée ce matin, il pouvait donc quitter Fort William seulement le mardi dans la matinée. Le temps était dégagé, il faisait beau ce matin-là et il pouvait espérer faire la route dans de bonnes conditions.

La discussion qu'il mena avec sa grand-mère fit souvent sourire, et même rire, Maureen. L'un comme l'autre se disputaient à l'envi les conseils pour veiller sur la jeune femme.

- Mummy, je te félicite encore, car j'ai retrouvé une Maureen en pleine forme. Mais ça ne veut pas dire qu'elle doive courir par monts et par vaux.

- Je vais l'envoyer avec John, courir après les moutons, c'est ça ? Idiot bête ! Je dirais que c'est plutôt à toi de ne pas trop fatiguer en cette fin de saison ! Prends le temps de faire tes cartons et ne laisse pas un dépotoir dans ton appartement, avant de venir ici...

- J'embaucherai ma sœur pour le ménage, j'ai pu constater qu'elle avait été efficace chez Maureen, dit Mickaël en faisant un clin d'œil.

Une fois le déjeuner avalé, le jeune homme chargea son sac et quelques provisions dans la voiture, puis il enlaça Maureen une dernière fois.

- A dans trois semaines, mon amour. Prends soin de vous deux.

- Ne te soucie pas. Donne-nous de tes nouvelles quand tu pourras. Je préfère que ce soit toi qui nous appelles, qu'on ne te réveille pas un matin...

- Ok. Je t'aime, dit-il en l'embrassant à nouveau.

Puis il monta en voiture. Les deux femmes restèrent au bord de la route, ne regagnant la maison qu'une fois que la voiture eut disparu après plusieurs virages. Puis Mummy dit :

- Avec tes bons yeux, tu pourras peut-être le voir passer sur la route le long du Loch Linnhe. On va s'installer dans le salon, si tu veux.

Maureen acquiesça. Elle prit place confortablement dans le grand fauteuil, cala son ventre et mit ses pieds un peu en hauteur, comme le faisait Mummy. La vieille dame dit :

- Tu t'es levée tôt ce matin, tu pourras te reposer un peu dans la matinée, si tu veux. Je n'ai pas de courses à faire, puisque Mickaël a pris le nécessaire hier, on a de quoi tenir quelques jours. Je demanderai juste à Esther ou à Mary si elles passent de nous amener du pain, à l'occasion. Tu veux que je prépare une viande ce midi ou que l'on mange les restes du poisson ?

- Les restes, ça ira très bien, Mummy ! Et pour ce soir, une de vos délicieuses soupes, c'est parfait.

- Tu es une des rares personnes que je connaisse à qui je peux faire manger de la soupe en plein été.

- Je ne suis pas difficile, et j'adore vos soupes ! A cause de la crème, ajouta-t-elle avec malice.

- Pas à cause... grâce à !

Et elles rirent toutes les deux.

**

Alors que Mickaël entamait la remontée de Glencoe, il songea à tout ce qui était arrivé ces derniers mois. Il se rappelait un voyage similaire, à la fin du mois d'août, il y a deux ans, alors qu'il ne connaissait pas encore Maureen, qu'il avait rompu peu auparavant avec Betty. Il ne regrettait aucun de ses choix, aucun de ses engagements, et se dit que la décision de reprendre le restaurant du port s'inscrivait aussi logiquement dans tout ce qu'il avait fait, tout ce qu'il avait vécu. Lui et Sam seraient associés, en plus d'être amis et presque frères. Ils allaient travailler ensemble, indépendamment. C'était un changement radical pour eux deux, que leur entourage avait encouragé et favorisé, chacun à sa manière. Que ce soient Mummy avec son aide financière ou Harris avec ses conseils, que ce soient leurs parents avec leur soutien, leur écoute, l'aide qu'ils apporteraient durant les travaux (les parents de Mickaël avaient promis notamment de venir aider pour la peinture, superviser l'arrivée du mobilier, faire les petites mains).

Et puis, il y avait Maureen, bien entendu. Ses encouragements, son écoute, ses réflexions, sa façon de calmer Sam et de l'encourager, lui. L'aide précieuse qu'elle apporterait dans les mois à venir pour la comptabilité qu'elle pourrait faire de chez Mummy tout en s'occupant du bébé. Son soutien sans faille pour mener le projet, son plaisir aussi à venir vivre ici, là où il savait que, tôt ou tard, il aimerait s'installer.

Et il y avait le bébé.

C'était certain, il y avait deux ans, il n'aurait jamais imaginé qu'il serait père à cette date. Il se sentait si heureux ! Comme si sa vie, leur vie, prenait de l'ampleur, une autre dimension. Depuis qu'il avait rencontré Maureen, sa vie s'était comme embellie. Avec Maureen, il pouvait partager tant de choses ! Et ce projet de vie, ici, n'était pas la moindre. "Je t'aime, ma douce, ma si belle... Chaque jour est plus beau avec toi ! Parce que je peux partager tant et tant avec toi !"

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