Chapitre 4 (sixième partie)

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Lundi 3 juillet 2006

Le petit hôpital de Fort William avait été refait récemment et la maternité offrait confort et fonctionnalité. Le médecin qui suivait Maureen les reçut avec plaisir. Il connaissait assez bien la famille MacLeod, la famille de Steven. Mais comme il le fit lui-même remarquer, Fort William était une petite ville et il devait bien connaître la moitié des habitants. Maureen avait vite compris que l'anonymat de Glasgow était derrière eux, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Elle se sentait bien, ici. Elle était heureuse de venir vivre, ici. Dès son premier séjour, l'année passée, elle avait pu comprendre pourquoi Mummy, quand elle était arrivée par un soir de juillet, perchée sur une carriole brinquebalante qui descendait la passe de Glencoe alors que le soleil leur offrait un coucher magnifique, avait voulu y passer sa vie. Même si sa découverte des Highlands avait été bien différente de celle de la vieille dame, des années plus tôt, Maureen se sentait une profonde affinité avec elle. Mummy avait quitté la France, sa Normandie d'enfance, son village natal, la ferme et ses pommiers, pour suivre un soldat écossais, fougueux, passionné et amoureux. Elle, Maureen, venait d'Irlande. Elle avait quitté sa capitale aux airs de grand village, sa famille profondément catholique, un ex-mari détestable, pour, aujourd'hui, suivre les pas d'un autre Ecossais, tout aussi passionné, fougueux et amoureux que son grand-père dont il n'avait pas hérité que des yeux verts.

Le médecin prit connaissance avec attention du dossier de Maureen, dossier qui lui était parvenu de Glasgow quelques jours plus tôt. Il posa nombre de questions à la jeune femme, reprit sa tension, écouta le cœur du bébé, comme il l'avait fait lors de sa première visite. Puis il dit :

- C'est très bien. Votre tension est légèrement remontée, c'est vraiment bon signe. Elle se situait dans la moyenne basse, ce qui pouvait aussi expliquer votre grande fatigue. Ma collègue avait bien fait de vous demander d'arrêter de travailler, même si l'alerte n'était pas aussi sérieuse que vous avez pu le croire. Tout est en train de rentrer dans l'ordre, je vous sens encore mieux que la semaine passée.

- Je me repose beaucoup, dit Maureen, même si je profite aussi des belles journées, du jardin de la grand-mère de Mickaël.

- Pas de travaux de force, cependant, conseilla le médecin. Vous pouvez vous promener normalement, même jardiner un peu...

- Je l'aide pour la cueillette des petits fruits, dit Maureen, sauf les fraises car il me faut me baisser, mais tous les autres sont à portée de main. De même, il m'arrive de couper les fleurs fanées, du moins, celles pour lesquelles, là aussi, je ne suis pas obligée de me baisser...

- C'est parfait, commenta-t-il. C'est exactement cela qu'il faut faire. Un peu d'exercice, être au grand air... Et tout se passera bien. Vous allez pouvoir bien profiter de votre grossesse, surtout que vous arrivez dans la période la plus agréable. D'ici la fin de l'été, du moins ; après, les jeunes mamans se sentent souvent trop lourdes, le bébé bouge plus, elles dorment moins bien... Disons qu'on attend alors la délivrance avec un peu d'impatience ! ajouta-t-il en souriant.

Il nota quelques éléments dans le dossier, regarda à nouveau les échographies qui avaient été jointes, puis dit :

- On ne change pas la date de la dernière échographie. On la fera début août comme prévu. Ou fin juillet, à la rigueur. Bien, vous aviez des vitamines... Je vous renouvelle l'ordonnance.

Maureen prit les papiers, puis le médecin les raccompagna. Ils prirent congé et, alors qu'ils traversaient le parking devant l'hôpital, Mickaël désigna un bâtiment sur le côté.

- C'est là que mon grand-père était hospitalisé. Une des chambres, au troisième étage. Il avait vue sur Ardgour et le Loch Linnhe, jusqu'à son dernier instant.

Il avait dit cela sans tristesse, simplement. Maureen hocha la tête. Elle n'avait pas encore osé parler des derniers jours de Steven avec Mummy, et ce dont elle avait connaissance, c'était uniquement ce que Mickaël lui avait raconté. La maladie, longue, qui l'avait vidé de ses forces, petit à petit. Son propre voyage, depuis la France, pour assister à l'enterrement. Mais, déjà, Mickaël continuait et dit :

- Et là où on était, c'est là que je suis né !

Cette fois, il avait prononcé cette phrase avec une certaine fierté. Maureen sourit. Elle se sentait heureuse de pouvoir mettre au monde leur enfant, l'enfant de Mickaël, dans le même petit hôpital que là où il avait vu le jour. Elle avait l'impression de tenir ainsi un fil invisible, entre tous les membres d'une même famille. Et, quelque part, si Steven avait rendu l'âme ici, c'était aussi un lien qui allait se créer avec lui.

Mardi 4 juillet 2006

Les journées étaient les plus longues de l'année, souvent belles, malgré quelques averses. Les lumières étaient fantastiques sur les montagnes comme sur le loch. Ce matin-là, Mickaël repartit seul pour Glasgow, car Jenn y retournait avec Sam et son père, par leurs propres moyens. La jeune femme et John allaient entamer les cartons et préparer le déménagement de Sam. Quant à Mickaël, il espérait bien pouvoir commencer à s'occuper des siens également.

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