Chapitre 4 (troisième partie)

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Dimanche 25 juin 2006

Quand Mickaël revint, lors de ce nouveau week-end avec Sam, toujours pour faire avancer le projet du restaurant, il eut le plaisir et le soulagement de voir que Maureen s'était bien reposée. Il félicita sa grand-mère du soin qu'elle prenait de la future maman. C'était le milieu d'après-midi. Les deux amis avaient quitté Glasgow après le déjeuner. La semaine avait été bien remplie pour eux, car Harris avait demandé à Mickaël d'assurer les tours de criée, hormis celui de mardi puisqu'ils en avaient convenu ainsi, afin qu'il puisse rencontrer plusieurs postulants pour le remplacer. Il voulait se donner le temps de faire son choix, sans être bousculé. Et ne pas se retrouver dans une situation similaire à celle de l'année passée, lorsqu'il avait fallu trouver dans l'urgence un remplaçant pour Dan. De plus, il s'agissait là du chef cuisinier et c'était un choix plus délicat pour le patron. Sam avait alors proposé à Mickaël de prendre un des tours de criée et le jeune homme n'avait eu que sa matinée du vendredi de libre. Il en avait surtout profité pour se reposer, alors qu'il avait pensé pouvoir commencer ses propres cartons. Mais cela irait à la semaine suivante...

Mickaël avait d'abord déposé Sam chez Jenn avant de remonter à flanc de montagne jusque chez Mummy. Il avait pris le temps de parcourir la petite distance tranquillement, admirant la vue, appréciant la masse protectrice du vieux Ben, la beauté du Loch Linnhe et les reflets changeants du ciel et des nuages dans ses eaux bleu-gris.

Quand il se gara dans la cour, il aperçut Maureen et Mummy en train de cueillir les premières framboises. Les pieds qu'il avait déplacés avec Jimmy avaient vite pris de la vigueur et portaient beaucoup de petits fruits. Ce n'était encore que le début de la récolte, mais il espérait qu'elle serait bonne : non seulement, Léony pourrait se faire plaisir chaque matin avec un bol de framboises fraîchement cueillies par sa grand-mère pour son petit déjeuner, quand elle viendrait passer ses vacances, mais eux aussi pourraient en profiter quand Mummy se lancerait dans la confiture.

Maureen s'était arrêtée en entendant la voiture, et s'était retournée vers lui. Son visage affichait un sourire heureux et, en s'approchant, il put mesurer que ses traits s'étaient bien détendus, qu'elle paraissait vraiment reposée. Il se sentit soulagé, même si elle s'était efforcée de le rassurer lors de leurs appels téléphoniques quotidiens.

- Ca va, ma douce ? dit-il en l'enlaçant avant de l'embrasser tendrement.

- Oui... répondit-elle. Je suis heureuse que tu sois là. Veux-tu quelques framboises ? Ce sont les premières que nous cueillons...

- Volontiers !

Il piocha allégrement dans le bol qu'elle lui tendait avant de se diriger vers sa grand-mère pour lui faire la bise.

- Ah, Mickaël ! Alors, tu as fait bonne route ? demanda la vieille dame.

- Oui, j'ai déposé Sam d'abord. Vous allez bien ?

- Tu vois qu'on a la pleine forme... répondit sa grand-mère.

- Je vois ça oui... Hum, dis-moi, ça va bien donner... fit-il en longeant la parcelle de framboisiers.

- Oui. On a bien fait de les déplacer. Et les grappes de framboises jaunes sont aussi bien pourvues. Mais elles donneront un peu plus tard...

Il hocha la tête. Maureen avait repris sa cueillette. Il s'écarta un peu, inspira trois longues bouffées. "Hum... Ca fait du bien d'être de retour ici. Ca fait toujours du bien..." Son regard s'attarda sur le jardin, puis se posa sur les sommets des monts d'Ardgour. C'était comme un petit rituel, pour lui, avant d'entamer le tour du jardin, de voir ce qui avait poussé, mûri, fleuri, depuis la semaine passée. Il se dit qu'il allait devoir tondre la pelouse, à moins que John ou Sven ne puissent venir. Il se trouvait dans le bas du jardin, quand les deux femmes revinrent vers la maison. Maureen s'assit dans un des fauteuils, Mummy gagna la cuisine. La fenêtre en était ouverte.

Lentement, Mickaël remonta du fond du jardin, observant un instant les pommiers dont les petits fruits commençaient à bien se former et même à grossir. Son regard croisa celui de Maureen qui l'observait, un léger sourire sur les lèvres. Son regard embrassa aussi toute la maison et il eut le sentiment de faire partie d'un grand tout, dans lequel chaque chose, chaque personne auraient été à sa place. Et que le centre de cet univers, c'étaient Maureen et le bébé, et que lui était comme une étoile gravitant autour, s'approchant jusqu'à pouvoir se fondre avec eux, faire partie de leur monde.

Il vint s'asseoir à ses côtés, lui prit la main. Maureen appuya un instant sa tête contre son épaule. De la cuisine, il entendait Mummy s'affairer. Sans se retourner, il lança :

- As-tu besoin d'aide, Mummy ?

- Non, ça va ! Il faut juste que tu me dises quel thé tu veux prendre ?

- Hum... Harmonieux ! répondit-il avant de plonger son regard dans celui de Maureen.

Cette dernière sourit doucement, resserra l'étreinte de ses doigts autour de ceux du jeune homme. Il effleura ses lèvres d'un nouveau baiser et lui souffla :

- Je t'aime.

Puis il ajouta, alors que son autre main venait caresser le ventre rond :

- Je vous aime.

**

Quand ils se retrouvèrent tous les deux, dans la chambre, Mickaël comprit cependant que cette semaine écoulée avait apporté de nouveaux changements, auxquels il n'avait pas encore pensé. Il pouvait maintenant bien sentir le bébé bouger, quand il posait ses mains sur le ventre de la jeune femme. Mais pour ce qui était des câlins, ils allaient devoir s'y prendre autrement... Car il avait suffi de quelques jours de repos et de détente pour que le bébé profite pleinement et qu'il prenne alors encore un peu plus de place.

Mickaël s'était assis sur le bord du lit et Maureen était debout devant lui. Il l'attira entre ses jambes, posa un instant sa tête sur le ventre arrondi. Le bébé bougea lentement. Il glissa ses mains dans le dos de Maureen, caressa ses reins, puis les ramena vers l'avant pour lui retirer son chemisier un peu ample. Grâce à Jenn, elle avait pu trouver quelques vêtements plus agréables à porter, tout en se demandant s'il lui faudrait encore faire des achats avant la naissance. Elle ne pouvait plus porter ses jolis dessous et avait trouvé des soutiens-gorge confortables et même adaptés à l'allaitement.

- C'est nouveau, ça ? fit Mickaël en caressant les bonnets de coton.

- Oui, dit Maureen. Les autres commençaient à être vraiment trop petits et je risquais de les abîmer à les porter... Avec Jenn, on a fait quelques emplettes et j'ai pu trouver aussi deux robes. La vendeuse m'a assuré que je pourrais les mettre jusqu'au terme. Je n'avais pas envie de faire trop de dépenses.

- Tu ne vas pas rester toute nue, non plus ! sourit Mickaël. Même si ça n'est pas pour me déplaire...

- Tu es coquin ! sourit Maureen.

- Oui, un peu, je le reconnais... Hum... Tu m'as manqué... Vous m'avez manqué, tous les deux... soupira-t-il en terminant de la déshabiller.

- Toi aussi, tu nous as manqué, dit Maureen en glissant ses doigts dans ses cheveux avant de caresser sa nuque ce qui ne tarda pas à lui arracher un premier soupir.

- Ma toute douce... Que tu es belle ! dit le jeune homme en s'écartant un peu.

Leurs regards se croisèrent. Maureen se sentit émue de lire tant d'amour dans ceux de Mickaël. Elle se pencha alors vers lui et l'embrassa longuement, avant qu'il ne la fasse basculer lentement sur le lit. Il se débarrassa rapidement de ses propres vêtements et vint s'étendre à ses côtés. Il commença à la caresser, à faire courir ses lèvres sur sa peau toujours aussi douce. Puis, alors que la fièvre s'emparait de leurs corps, il se redressa légèrement, la regarda :

- Il prend de plus en plus de place ou c'est moi qui...

- Je crois qu'il prend plus de place... sourit Maureen.

Puis elle tendit la main vers la joue de Mickaël, la caressa, puis glissa ses doigts dans ses cheveux.

- Je crois... Il va falloir essayer autrement, dit-elle. Je ne me sens pas trop à l'aise comme ça.

- Ok... Tu veux venir sur moi ? proposa-t-il avec un petit sourire.

- Oui...

C'était mieux. Maureen le sentit instantanément. Son ventre lui tirait moins ainsi, elle se sentait plus à l'aise. Quant à Mickaël, il l'accompagna volontiers dans cette étreinte et apprécia grandement de la retrouver, mais aussi de sentir le bébé bouger entre eux. Dans ces moments-là, il savait qu'ils étaient vraiment ensemble, tous les trois.

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