Chapitre 3 (cinquième partie)

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Dimanche 14 mai 2006

La traversée des Rannoch Moor se fit sous un soleil magnifique. Les sommets des alentours étaient encore enneigés et cela rendait les couleurs des montagnes et de la belle vallée plus éclatantes. Dans la voiture, Sam débitait le programme de leur lundi et Maureen se dit qu'elle était bien contente d'avoir prévu de rester à la maison avec Mummy. Elle s'attendait aussi à ce qu'ils rentrent tard à Glasgow dans la soirée. Les deux jeunes gens avaient pris plusieurs rendez-vous avec des artisans pour évaluer les travaux et demander les premiers devis. Ils en auraient rapidement besoin pour préciser le montant de leur emprunt auprès des banques.

Mummy fut ravie de les revoir. Jenn se trouvait avec elle et ils s'installèrent bien vite au jardin, pour savourer tarte aux pommes et thé. Les pommiers étaient en fleurs et, avant d'aller prendre place dans un des fauteuils, Maureen fit un petit tour de jardin pour se dégourdir les jambes après le trajet. Même si Mickaël avait conduit, elle ressentait encore un peu de fatigue : sa matinée avait été bien remplie, elle avait eu deux grosses commandes à honorer. Mickaël était venu l'aider en fin de matinée, pour les encaissements et pour le rangement de la boutique. Il l'avait aussi obligée à s'allonger alors qu'il y faisait le ménage, avant qu'ils ne déjeunent et prennent la route. Un temps, elle avait hésité à les accompagner, mais, maintenant qu'elle était là, dans le jardin de Mummy, elle était bien contente de ne pas être restée à Glasgow, même si elle ne passerait finalement que 24h ici.

Elle s'approcha du pommier de "Petite Pomme", regarda avec plaisir les branches couvertes de fleurs. Les fleurs de pommier étaient parmi celles qu'elle trouvait les plus jolies, les plus tendres, avec leur délicat mélange de rose et de blanc. Avec émotion, elle se souvint du rapace qui était venu se poser sur une de ces branches, lors de leur séjour d'hiver, et eut l'intuition certaine qu'ils avaient conçu le bébé ce jour-là. Elle porta sa main à son ventre qui s'arrondissait doucement. On ne pouvait plus ignorer désormais son état.

Mickaël l'avait regardée s'éloigner, faire quelques pas et s'arrêter près du pommier. Il la rejoignit tranquillement, glissa sa main sur ses reins avant de l'entourer de ses bras et de poser ses deux paumes sur son ventre. Ils ne sentaient pas encore le bébé bouger, mais ils avaient hâte, l'un comme l'autre, que cela arrive.

- Ca va, ma douce ? lui demanda-t-il à l'oreille.

- Oui... J'avais envie d'admirer la vue et de me dégourdir un peu les jambes, après le trajet, répondit-elle.

- On aurait pu faire un deuxième arrêt, tu sais, dit-il d'un ton un peu soucieux.

- Non, ça va. Je suis contente d'être là. Rien que le bon air pur des Highlands me fait déjà du bien ! Et je suis sûre que le bébé apprécie aussi.

Mickaël sourit, resserra un peu son étreinte.

- Il va très certainement pouvoir le respirer beaucoup plus à l'avenir, dit-il.

- Tu crois que ça va se faire ?

- Je préfère le croire, oui, répondit-il. Sinon, Sam sera insupportable et n'aura de cesse de trouver autre chose, un autre local, de monter un autre projet. Maintenant qu'il a cela en tête, on ne va plus l'arrêter... Je reconnais que, au fil des jours, cela se concrétise aussi dans mon esprit, je commence à mieux imaginer les choses, comment on peut fonctionner... Et c'est très tentant. Et se retrouver ici ajoute aussi à la tentation.

Maureen sourit, tendit la main vers sa joue, s'appuya un peu plus contre lui.

- Tu sais... Cela me réjouit vraiment de venir habiter ici. De venir vivre ici, dit-elle.

Et le bonheur s'entendait dans sa voix.

- On prendra le temps de chercher une maison une fois que le restaurant sera en route, dit Mickaël. Chaque chose à la fois.

- Et il y a une chose qu'on ne peut pas mettre de côté, qu'on ne peut pas repousser... fit-elle remarquer avec malice.

- Oui... Ce petit Highlander qui est en train de pousser ! rétorqua-t-il en riant légèrement.

- Tout à fait...

- Hum... Si on rejoignait tout le monde ? Je sens d'ici le parfum de la tarte encore tiède...

Elle lui sourit, il l'embrassa tendrement, puis ils remontèrent vers la maison.

- Vous n'êtes pas raccord, leur lança Sam. Vous auriez dû continuer à vous bécoter sous le pommier, ça nous aurait laissé plus de tarte...

- Sam, tu es un incorrigible gourmand ! dit Mummy. Tu étais bien content de profiter de la petite promenade de Maureen pour fumer ta saleté de cigarette !

- Ah, Mummy, je n'allais quand même pas fumer dans la voiture ! Déjà que j'ai eu des remarques de Mickaël parce qu'en faisant la pause, j'en ai tiré une et que l'odeur m'a accompagné quand je suis remonté dans la voiture.

- La prochaine fois, tu ne feras pas de pause du trajet, intervint Jenn. Le tabagisme passif, c'est très mauvais pour une future maman !

- Chérie... Commence pas... Il y a assez de Mummy à me faire la morale. Attends au moins qu'on soit parti pour t'y mettre. Vous avoir toutes les deux sur le dos, c'est pas une vie... J'ai du stress à évacuer, moi ! grommela-t-il en louchant sur la tarte.

- Je me demande qui est stressé, ici... soupira Jenn.

- Allez, Sam, tends ton assiette puisque tu meurs de faim. Voilà la plus grosse, dit Mickaël qui avait coupé les parts.

- T'as mal visé, chef ?

- Non, c'est une blague. J'ai découpé les parts au millimètre près.

- J'me disais aussi...

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