Chapitre 2 (neuvième partie)

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Lundi 1er mai 2006

Le propriétaire du restaurant avait accepté que les deux jeunes hommes reviennent le lendemain de leur première visite, avec Maureen et Mummy. Jenn connaissait les lieux et avait déjà son avis sur la question. Le restaurant était fermé le lundi et cette visite ne dérangea pas le propriétaire. Mummy n'était jamais venue manger dans ce restaurant, mais elle trouva l'endroit très bien situé. En revanche, les deux femmes firent le même constat que Mickaël et Sam : une restauration de fond en comble s'imposait, ce qui signifiait aussi des frais supplémentaires, même si les petites mains ne manqueraient sans doute pas pour les aider dans les travaux. John, le père de Jenn, était déjà prêt à donner le coup de main. Il était d'ailleurs presque aussi enthousiaste que Sam, et cela pouvait s'expliquer tout autant par le fait que Sam viendrait vivre à Fort William et que Jenn pourrait y demeurer, mais aussi par le fait que ce projet lui mettait du baume au cœur et l'aiderait dans son propre deuil.

Mardi 2 mai 2006

La veille, Mummy était parvenue à décider Sam de venir aider Mickaël pour quelques travaux au jardin et Jenn l'avait accompagné. Cette dernière proposa une petite promenade à Maureen et elles se rendirent dans le parc au-dessus du village de Glencoe, là où Mickaël avait déjà emmené la jeune femme au cours de leur séjour hivernal. La promenade était facile et agréable et Maureen était très heureuse d'y retourner. Elles croisèrent quelques randonneurs qui partaient pour un tour plus important.

- Tu as l'air bien en forme, Maureen, fit remarquer Jenn. Tu n'es pas fatiguée ?

- Non, je vais bien. Je veille à bien me reposer, et, de toute façon, le midi, je n'ai pas le choix : j'ai toujours envie de faire la sieste et, certains soirs, il m'arrive de me coucher à peine j'ai fermé le magasin et de manger assez tardivement. J'ai vu le médecin il y a dix jours et elle m'a dit que c'était tout à fait normal. Que cela se produisait durant les premiers mois de la grossesse. Qu'on dormait beaucoup à cette période. Je reconnais cependant que mes fins de semaine commencent à être chargées, au magasin, j'ai beaucoup de commandes, comme l'an passé, pour des fêtes et des mariages. Et ces quelques jours que nous pouvons passer ici me font du bien. J'étais bien contente qu'on ne soit pas obligés de rentrer à Glasgow dès hier soir et qu'on puisse rester jusqu'à jeudi...

- Tu seras peut-être obligée d'arrêter de travailler plus tôt que prévu... dit Jenn.

- On verra. Pour l'heure, tout va bien, donc je continue ainsi...

Elles firent quelques pas, regardant des canards qui allaient et venaient entre les roseaux. Elles ne s'approchèrent pas trop près de la rive, pour ne pas les déranger si leurs nids s'y trouvaient. Puis Maureen demanda :

- Que penses-tu de ce projet pour le restaurant, Jenn ?

- J'en pense beaucoup de choses... sourit la jeune femme blonde. Tout d'abord, je ne suis pas surprise que Sam saute sur l'occasion, mais j'approuve la prudence de Mickaël : certes, c'est une belle opportunité, mais il y a encore beaucoup d'inconnues. Néanmoins, j'ai envie d'y croire, car cela signifierait que Sam viendrait vivre ici et cela simplifierait beaucoup de choses pour nous. Même si j'apprécie d'aller à Glasgow une semaine sur deux environ. Je ne peux pas chercher du travail tant que cette situation perdure. Pourtant, il y a quelques offres auxquelles je pourrais répondre ici.

- La situation actuelle te maintient dans une sorte de flou, c'est cela que tu veux dire ? fit Maureen.

- Oui, exactement. L'engagement avec Sam, c'est une chose. Mais il y a la vie à côté et j'aimerais plus de stabilité. Enfin, disons que je commence à y aspirer, maintenant...

Maureen ne dit rien, elle avait bien compris les propos de son amie : Jenn faisait doucement le deuil de sa mère et elle avait besoin de projets. A l'image de son père qui se voyait déjà prendre le pinceau pour les travaux de l'éventuel futur restaurant.

- Et toi, Maureen ? Qu'en penses-tu ?

- Je partage ton avis quant à cette opportunité qui s'offre à eux. Mais avant de s'emballer, il faut répondre à beaucoup d'autres questions... répondit-elle.

- Aimerais-tu venir vivre ici ? C'est très différent de Glasgow, au quotidien... demanda Jenn.

- Oui, bien sûr. Je pense que je pourrais m'y plaire. J'aime déjà beaucoup Fort William et ses alentours. Et ce serait aussi une bonne chose pour Mummy que nous soyons proches d'elle.

Jenn acquiesça, Maureen poursuivit :

- Et, comme je le disais à Mickaël, je ne sais pas si je pourrai continuer à travailler autant avec le bébé. Je serai peut-être obligée de changer de travail, d'envisager autre chose. Tant que je peux tenir la boutique, je vais le faire. Mais si je travaille pour payer quelqu'un à le garder, c'est inutile.

- Oui, c'est une question aussi à laquelle il faut réfléchir. Il faudra alors que Mickaël puisse ramener un salaire, et au début, quand on s'installe, ce n'est pas gagné, tu en as fait l'expérience, fit remarquer Jenn.

- Oui, répondit Maureen. J'ai eu la chance d'avoir un petit peu d'argent de côté, ce qui m'avait été versé suite au divorce. Cela m'a permis de faire face au quotidien, même si je dépensais peu.

- En tout cas, il va falloir avoir vite quelques réponses, car sinon, Sam va devenir invivable, rit Jenn.

Et Maureen rit avec elle.

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