Je m’empressais de pianoter des pouces sur mon portable :

Mon père mort se pointe après 15 ans dans les limbes. #retourdesmorts #pèreindigne #dramefamilial

Je pouffais d’excitation à l’idée que mon tweet aurait fait le tour de la Toile avant 48h. Demain, tout le monde voudrait savoir l’histoire. Je regardais ce vieux qui me fixait comme si j’étais une sorte d’ovni particulièrement burlesque. Peu m'importait qu’il soit mon père. Mon père était mort et même si ce n’était plus le cas, je n’avais rien en commun avec lui. Quelques-uns de ses gènes, rien de plus. Mamax l’avait remplacé depuis longtemps. Qu’il soit brusquement vivant m’intéressait beaucoup plus. Et je n’avais encore jamais vu maman dans cet état. Elle semblait sur le point de craquer et de sangloter en griffant les murs. Manquerait plus qu’elle nous lance un ‘ta mère suce des queues en enfer’ et ce serait une parfaite imitation. Je n’aimais pas ses démonstrations de sentiments, ça me mettait toujours mal à l’aise. Mamax me comprenait pour ça.

Je m’extirpais donc des bras de ma mère, laissant tomber mon sac couvert de pins des Beatles près de la table des canidés. Ceux-ci avaient une drôle d’attitude. Je n’avais encore jamais vu ce genre de plante mais Mamax les faisait pousser depuis près d’un an maintenant. Elle les avait ramenées de l’Autre Coté et elle m’avait promis une surprise quand elles s’ouvriraient.

"Bon, intervint cette dernière, je ne veux pas savoir où vous étiez pendant toutes ces années. Vous avez perdu votre droit à faire partie de cette famille, alors dégagez.

• Max…
• Non, Mali. Il débarque ici, sans prévenir, non mais vous vous prenez pour qui ?!"

Je souris et retournais sur Twitter. Mamax entrait dans une de ses colères froides qui faisaient reculer les bulldogs. Ca promettait d’être intéressant.