2082 Interrogatoire

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Lorsqu'ils le sortirent de la baignoire, son corps nu était tout dégoûtant d'eau. Comme un sac de viande flasque, ils le suspendirent par les bras, toujours inconscient. Le bourreau saisit ses électrodes et les plaça sur les tétons mouillés de l'homme. Un geste de la part de l'officier qui observait, et il actionna un levier. Le corps s'anima d'un coup, s'agitant de spasmes incontrôlables. On coupa l'électricité. L'homme recracha de l'eau et commença à reprendre sa respiration. Ses cheveux trempés lui collaient au visage, et ses yeux hallucinés semblaient trahir une incompréhension totale.
L'officier s'approcha lentement au son de ses épaisses bottes de cuir. D'un geste qui fit crisser ses gants noirs, il posa sa cravache sur le buste du prisonnier. Celui-ci tremblait, de froid autant que de peur. Sa chair paraissait faible comme du papier à côté de la solide cravache de cuir.
- "Attendez!" Cria-t-il du peu de force qu'il lui restait. "Je vais vous parler. Je vais tout vous dire. Vous m'entendez! Tout!"
L'officier eut un sourire cruel.
- "Il est presque à point. Un dernier tour."
Le bourreau s'approcha et commença à le détacher du plafond.
- "Non! Non! Par pitié!"
Mais il n'avait nullement la force de se débattre. Le bourreau le saisit vigoureusement et lui plongea la tête dans la baignoire. Il s'agita un peu, mais au moindre frémissement le bourreau lui assénait un violent coup de coude dans les côtes. Il hurla grâce sous l'eau, faisant s'élever une myriade de bulles silencieuses.
Finalement il perdit conscience une fois encore. Puis on souleva son corps brisé, et on le suspendit au même endroit. On brancha les électrodes, et une nouvelle décharge lui fut envoyée. Son corps frissonna mais ne se réveilla pas. Le bourreau grogna et lui flanqua un coup de poing vigoureux dans le ventre. De l'eau lui sortit par la bouche et par le nez. Au même moment le bourreau envoyait une seconde décharge. Cette fois, l'homme hurla, et l'eau qui s'extirpait de ses poumons prenait la teinte rouge du sang.
L'officier donna un ordre. Le bourreau le décrocha du plafond mais ne le tira pas vers la baignoire cette fois. Il le jeta brutalement sur une chaise rude en bois.
C'est alors qu'une porte s'ouvrit et qu'un homme entra. C'était un grand aristocrate à la silhouette fine et élancée. Sa peau était pâle comme de l'ivoire et ses longs cheveux noirs étaient ramenés en arrière. Ses yeux bleus semblaient presque luire dans l'obscurité de cette cave humide. Il était revêtu d'un grand manteau noir aux fines broderies d'argent et d'une cape en fourrure noire accrochée avec une broche en forme de croix noire pattée. Son regard fulgura vers l'officier.
- "Comment se passe l'interrogatoire ?"
Le militaire mit un genou en terre et se prosterna respectueusement devant son roi.
- "Votre majesté sait toujours venir à point. Le prisonnier s'apprêtait tout juste à nous parler.
- J'avais pressenti juste." Fit le souverain d'un ton froid. "Montrez-le moi donc.

Le bourreau avait aussitôt commencé à poser des questions basiques au prisonnier. Son nom, son origine, et sa place au sein du Commonwealth. L'homme avait bien compris que tant qu'il parlerait il ne serait pas torturé, alors il s'efforçait s'en dire le plus pour répondre à chaque question. De n'omettre aucun détail pour faire trainer les choses en longueur.
L'officier prit la relève du bourreau. Ils ne laissèrent au prisonnier pas une seconde de répit, et sitôt qu'il peinait à répondre à une question, un simple coup d'œil vers la baignoire suffisait à lui faire sortir une réponse.
Le roi resta dans un coin, hors du champ de vision du prisonnier. Et il écoutait tout avec attention.
Puis vint une information qui attira vivement l'attention de tous.
- "Comment sais-tu cela!" Rugit l'officier.
- "C'était diffusé aux infos. Tout le monde le sait. Je veux dire... tout le Commonwealth est au courant. Ils ne le cachaient pas.
- Tu mens!" Fit l'officier. "Ils ne laisseraient jamais filtrer une information aussi capitale. Tu mens pour nous piéger. Mais nous sommes plus malins que ça enflure."
L'officier eut un geste de la main, et le bourreau sortit de sa boîte à matériel une immense pince en métal. Lentement, il approcha la pince d'un des tétons du prisonnier qui commença à hurler d'effroi en se reculant sur sa chaise. Mais le roi intervint.
- "Il dit la vérité. Je le ressens à sa psyché."
L'officier parut désappointé. D'un geste de sa main gantée, il fit comprendre au bourreau qu'il pouvait reculer sa pince.
Le roi parut réfléchir.
- "Il dit la vérité, ou du moins ce qu'il croit être la vérité. Mais le Commonwealth peut très bien mentir pour nous attirer dans un guet-apens."
L'officier demanda alors au prisonnier:
- "Est-ce déjà arrivé, ne serait-ce qu'une seule fois par le passé qu'il vienne sur Terre ?
- Bien sûr!" Répondit il spontanément. "Il est déjà venu au moins trois fois pour signer des accords et pour participer à des cérémonies pour les morts de…" il se ravisa, conscient qu'il ne fallait surtout pas les froisser. "Pour diverses cérémonie. En l'occurrence il vient pour organiser une réunion avec les dirigeants pour essayer de chercher une solution… une manière de mettre fin aux massacres…
- Vous voulez parler de la heilliger Kreuzzug.
- Oui. Voilà.
- Mais est il vraiment déjà venu sur terre ?
- Oui! Il est passé en direct à la télévision."
Une fois encore le roi confirma.
- "Il ne ment pas. Il faut croire qu'il est déjà descendu sur terre à plusieurs reprises et qu'il va donc recommencer dans un mois.
- C'est une occasion inespérée." Fit l'officier enthousiaste."
Le roi hocha la tête pensivement. Son regard se fixa sur le prisonnier et il usa de ses dons pour sonder son esprit. L'homme ressentit soudain une vive douleur au crâne. Il hurla puis s'effondra sur la table, en pleurs.
- "Je crois qu'il n'a plus rien à nous apprendre." Fit le souverain sur un ton neutre. "Débarrassez nous en."
Aussitôt, le bourreau empoigna le prisonnier par les épaules et le traîna tout hurlant vers la baignoire où il lui plongea la tête dans le liquide. À force de coups de coude et de poings, il le ramena sous l'eau malgré tous les efforts de l'homme pour se débattre.
Faisant fi des bruits de lutte et du clapotis de l'eau, le roi et l'officier discutaient.
- "Si ce qu'il nous a dit est vrai, même si j'ai encore quelques doutes, cela pourrait être l'occasion de s'en prendre enfin à la base même des xénos. Leur hiérarque suprême pourrait être tué sur la terre elle même.
- Ne nous emballons pas. La capitale du Commonwealth est beaucoup trop loin de nos frontières pour que nous puissions l'assaillir avec nos armées avant un mois. Il nous faut mettre en place un vrai plan avant cette date."
Le souverain réfléchit puissamment. Puis avec un grognement il ajouta:
- "Quand bien même cela me coûte, nous risquons de devoir faire appel au soutien de l'Union Soyuz."
L'officier hocha la tête d'un air compréhensif.
- "S'il s'agit de mettre à bas le Commonwealth, cela peut être envisageable. Sire, si vous nous l'ordonnez nous sommes prêts à mettre de côté notre haine pour cette race inférieure, et à combattre côte à côte contre les envahisseurs xénos.
- Nous verrons cela en temps et en heure." Conclut le roi.
Cependant, le prisonnier plongé dans la baignoire avait cessé de bouger. L'eau commençait à prendre des teintes rouges, et le bourreau flanqua un dernier coup de pied à l'homme pour le caler contre la baignoire avec sa tête toujours immergée. Ceci fait, il se lava les mains en laissant là le cadavre.

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