29/ LA VIE PAR LANA

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Fidèle aux dernières volontés de Matt, et surtout pour son sacrifice, j’ai repris ma vie. Ou du moins quelque chose qui ressemble à ce qu’elle était avant le fléau. Et avant Lui. Car l’amour de ma famille ne suffit à remplacer le vide de son absence.

Je ne conserve qu’un vague souvenir des deux enterrements. J’ai passé les jours qui ont suivi leurs morts dans un état second, complètement ivre, à force de boire les réserves de scotch de Matt. J’ignore combien de jours, ou même de semaines, je me suis abrutie pour effacer la réalité.

C’est Carole qui m’a permis de sortir de ma torpeur, quand elle est entrée dans ma chambre pour m’annoncer que Matt avait réussi sa mission. Les malaformes étaient tous tombés. D’un seul coup.

Ils m’ont tous aidée à remonter la pente. Mes enfants m’ont démontré tout leur amour, Clément aussi, en faisant preuve d’une longue patience, mes amis se sont montrés très gentils et compréhensifs, et même Carol, qui m’a autorisée à lire la lettre que lui avait laissé son frère. Elle m’a promis de respecter ses vœux, en me laissant tranquille (à condition que je reste loin d’elle, ou hors de sa vue).

Nous avons attendu plusieurs mois dans la grande maison, le temps que la civilisation se remette en route. Nous avons réussi à faire pousser des légumes ; nous avons élevé quelques coqs et poules, pour avoir l’occasion de consommer un peu de viande, de temps en temps. Jonathan a trouvé un bœuf dans un champ. Par quel miracle avait-il survécu ? On ne le saura jamais…

Puis, des avions ont survolé l’archipel, des hélicoptères de l’armée. Enfin ! Nous en étions soulagés, même s’ils arrivaient trop tard. Cependant, les militaires ont confirmé nos pires craintes en nous annonçant que les malaformes avaient ravagés tous les continents.

Petit à petit, l’électricité est revenue, puis les lignes téléphoniques. Nous avons enfin pu prendre des nouvelles de nos proches en métropole. Evidemment, nous avons tous subit de très lourdes pertes.

L’eau potable a mis beaucoup plus de temps à revenir, mais nous savions que ce serait long, car avant le fléau, l’île souffrait déjà de pénuries en eau.

Puis nous nous sommes préparés à rentrer chez nous. Samantha nous a accompagnés, comme le souhaitait sa mère.

Sans nouvelles de Monsieur Salomic et de son épouse, ce sont Jonathan et Carole qui ont repris les affaires. Mais Clément et moi avons préféré changer de vie. Nous avons revendu notre maison pour acheter une ferme et la réhabiliter en gîtes d’accueil. Ainsi nous profitons chaque jour de ce que la nature nous apporte.

Nous connaissons les dons de Samantha, alors nous sommes méfiants face à ses fréquentations. Nous avons trop peur de ce qu’il se passerait si… Car je sais que les gens que nous rencontrons cachent peut-être de lourds secrets. Telle femme a des attitudes similaires à celles de Carole ; serait-elle de la même espèce ? Ces gens qui viennent séjourner chez nous sont-ils humains ? Le sujet est tabou, car ceux qui connaissent réellement le monde qui nous entoure sont soumis au silence. Si nous révélions ce que nous savons, nous provoquerions un nouveau chaos.

Quand mes souvenirs remontent à la surface, que ma mélancolie devient trop dure à supporter, je m’allonge dans le hamac, sous un arbre centenaire, et j’observe les oiseaux, surtout les merles noirs…

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