26/ FATALE TENTATION : LANA

11 minutes de lecture

Je sais qu’il m’a écoutée, qu’il est derrière moi. Il a réussi ; c’est ce qu’il voulait, m’éloigner des autres, surtout de Clem. Mais je ne me laisserai pas faire. Il est hors de question que je tombe dans son piège. Nous allons encore nous disputer, mais je compte bien lui faire comprendre qu’il n’a pas sa place dans ma vie, où dans ce qu’il me reste à vivre. Ma conscience me dit que je me mens à moi-même, mais je ne l’écoute pas ; c’est tout simplement impensable ! Je m’arrête au puits, car ici, nous sommes visibles. Il est là. Je sens son souffle dans mes cheveux. Il est trop près ! Je lutte contre sa proximité qui anéantit toute ma volonté. Je m’éloigne sans me retourner et franchis le jardin du voisin, celui où la piscine me servira de refuge en cas de besoin. Mais l’odeur y est devenue irrespirable. Alors je me dirige à l’endroit où nous avons campé, la première fois, lors de mon entrainement. Même si je suis consciente que ça soit une très mauvaise idée. Car nous commencions à nous rapprocher à ce moment-là. Et je ne veux pas me rapprocher de lui, je veux m’en éloigner au contraire, me détacher de cet homme dangereux pour les gens que j’aime et aussi pour ma santé mentale !

Je ne veux pas pivoter vers lui, car j’ai peur de ne pas savoir lui résister ; sa présence provoque en moi des réactions qui ne sont pas les miennes. Pourquoi l’ai-je attiré ici, d’ailleurs ? Ah oui ! Je parle en tentant de conserver mon calme, je murmure presque :

- Je t’interdis de montrer ton vrai visage en présence des enfants. Ainsi que devant les autres. Tu me fais du tort quand tu agis comme ça. Et ça, je ne l’accepte pas, car moi, je ne t’ai jamais dénigré devant qui que ce soit.

- Qui crois-tu être pour m’interdire quoi que ce soit ? Personne ne me dicte ma conduire, et surtout pas toi, pauvre humaine…

Je ne le laisse pas terminer, poussée par une impulsion. Mon corps virevolte sans que je puisse réagir, mes mains agrippent son visage tandis que mes pieds me hissent à sa hauteur et que mes lèvres viennent se coller aux siennes. Le résultat est immédiat : sa bouche s’ouvre pendant que ses bras m’entourent la taille pour me coller à lui. Sa langue caresse la mienne malgré la violence de notre baiser ; il me serre tellement fort que j’en ai du mal à respirer. La passion qui m’envahit se répercute dans tout mon corps. La chaleur monte en intensité, paralysant mon cerveau en ébullition. Mon corps s’embrase, réclamant sa peau. J’effleure son torse et son dos à travers son tee-shirt, pendant qu’il essaie de passer ses mains sous mon jean, dans mon dos. Il relève ma jambe pour me rapprocher encore. Je suis impatiente, je n’en peux plus ; je suis privée de lui depuis trop longtemps. Je tire rageusement sur les boutons de son col et provoque une déchirure qui m’excite encore plus. Je répète mon geste jusqu’à ce que le vêtement soit complètement arraché. Je râle de contentement, et quitte enfin ses lèvres pour poser les miennes sur ses tétons. Je commence par les lécher, puis je les embrasse et les aspire lentement. Son grognement m’encourage, alors je les mordille doucement pendant qu’il entortille ses doigts dans mes cheveux. Quand ils entourent mon visage pour me redresser, ma bouche se précipite à nouveau sur la sienne et j’entreprends de dégrafer son pantalon. Mais il m’en empêche.

- Ne fais pas ça, Matt ! articulé-je d'une voix implorante tant je suis frustrée.

- Lana, on va nous surprendre. On ne peut pas rester ici.

- Je m’en contrefiche !

Et pour le lui prouver, je donne suite à notre baiser ardent. Il me repousse une nouvelle fois.

- Ça m’est égal qu’on nous surprenne, Lana, mais nous savons tous les deux que tu le regretterais. Alors je prends le risque que tu changes d’avis. Je t’emmène ailleurs.

Il me soulève et me prend dans ses bras ; j’entoure ses hanches de mes jambes et devine à nouveau son érection. Il se déplace comme il sait le faire, à la vitesse grand V, en me tenant fermement, si bien que je saisis cette occasion de lécher, embrasser et sucer son cou. Je l’entends grincer des dents, et espérant que c’est de plaisir, je titille ses seins de mes doigts. Je me réjouis en souriant quand sa respiration devient haletante. Je suis tellement contente de provoquer ses sensations en lui que mon sourire s’élargit et que mes dents viennent frotter sa peau. Cela me donne une idée. Que je n’ai pas le temps de tester car ses bras me relâchent subitement. J’ouvre les yeux pour le regarder d’un air interrogatif et décroise les jambes, pour permettre à mes pieds de retrouver la terre ferme. Nous nous faisons face, mais nous ne sommes plus collés. Pourquoi ? Son regard est resté de braise pourtant.

- Tu es sure de toi ? me demande-t-il.

Pour toute réponse, j’ôte mon tee-shirt, en ne le quittant des yeux que le moins possible.

Puis je reste là, devant lui, les bras ballants. Je m’aperçois seulement à ce moment que nous sommes dans le garage. Je ne m’y attarde pas, trop inquiète à l’idée qu’il me laisse en plan. Mais qu’attend-il ? Ai-je encore droit à l’un de ses petits jeux qui le rassurent sur son pouvoir de séduction ? Ses sourcils se froncent, la teinte de ses yeux passe du feu à la glace, il tourne la tête, puis me sourit tendrement avant de me tourner le dos et de s’arracher les cheveux.

- Tu vas bien ? Tu me fais quoi, là ?

- Nous commettons une grave erreur, tu en es consciente ?

- C’est bon, je me rhabille.

Je n’ai pas le temps de me détourner que je me retrouve dans ses bras. Il m’étreint plus fort encore que tout à l’heure, mais cette fois, c’est lui qui suffoque alors que notre baiser est si profond que nos dents se cognent. Notre proximité me permet d’enlever ce qu’il reste de son maillot, pendant que mon corps fond au contact de ses mains froides sur ma peau en sueur, sur ma poitrine, dans mon dos, au niveau de ma ceinture. Nos bouches toujours celées, j’achève d’ouvrir son pantalon et l’aide à glisser le long de ses jambes. Il finit par l’envoyer voler avec son pied. Un long frisson traverse mon corps quand de mes mains sur ses fesses, je constate encore l’absence de sous vêtement. A son tour, il me débarrasse de mon jean, emportant au passage la dentelle qui recouvrait mon intimité. Mes entrailles tiraillent, réclament avec force. Il s’écarte légèrement de moi, et me tenant par la main, nous fait traverser le garage. Il récupère son vêtement déchiré au passage et le pose sur l’établi devant lequel il me soulève pour m’asseoir. D’une douce pression sur les hanches, il me pousse à me rapprocher du bord, jusqu’à ce que son sexe vienne s’écraser sur le mien. Je râle tandis que nos langues se rejoignent une fois de plus. Lui soupire quand ses doigts touchent mon humidité. Sa bouche descends jusqu’à mon cou en déposant de timides baisers sur son chemin et je perçois un doux ronronnement ainsi qu’un petit pincement sous mon oreille quand j’effleure son érection. Sa main descend sur la mienne, et à nous deux, nous guidons son membre jusqu’à ma grotte. Nous ne pouvons retenir un gémissement au moment où nos deux corps se rencontrent si intimement. J’en veux plus encore ! Je m’approche un peu plus du bord, mais il recule.

- Pas si vite, petit ange.

Sa voix est sourde et saccadée, même dans ce murmure.

- Savoure ce moment qui n’appartient qu’à nous. Faisons le durer.

Comment arrive-t-il à aligner tant de mots, là, maintenant ?! Moi, je ne pense plus qu’à une chose : l’absorber tout entier. Un petit cri étouffé s’échappe de mes lèvres quand ses doigts reviennent chatouiller ma moiteur, sans qu’il se soit retiré. Je n’en peux plus, je ne vais plus pouvoir résister longtemps. Alors je m’allonge légèrement, en espérant créer une petite distance qui me permettra de récupérer un peu de patience.

- Redresse-toi, Lana. Regarde-moi, ne ferme pas les yeux.

Je lui obéis, toute volonté anéantie. Je m’entends le supplier de me posséder, pour pouvoir me délivrer. Sa respiration est haletante, autant que la mienne. Je crois que lui aussi est au bord de la jouissance. Il enroule mes jambes autour de lui et me porte dans ses bras.

- Regarde-moi !

- Tu ne vas pas me mordre ?

- Je ne sais pas… si je pourrais… m’en empêcher.

- Alors mords-moi.

- Appelle-moi, Lana ! J’ai besoin d’entendre mon prénom dans ta bouche.

- Matt, redonne-moi ce petit nom, s’il te plaît.

- Petit ange.

Tout en prononçant tendrement ces deux petits mots, il s’enfonce en moi, lentement. Ses yeux se plissent, ses lèvres gonflent, tandis que sa mâchoire se tend et que ses deux dents font leur apparition. Tout son visage frémis. Je ne peux pas me retenir plus longtemps et mon corps se raidit avec le sien au moment où il plante ses canines dans mon cou. Nous ne formons plus qu’un quand il me boit et que mes lèvres sucent son cou.

Nous restons encore quelques instants ainsi, chacun la tête sur l’épaule de l’autre, pendant que nos respirations reprennent un rythme normal.

Nous nous rhabillons en silence. Silence pesant. Je l’observe à la dérobée ; il est tendu et son visage est fermé. Il va encore s’en prendre à moi, je le sens.

- Tu voulais juste me sauter dessus ou tu avais quelque chose à me dire ?

Le ton sur lequel il s’adresse à moi est sec, agressif. Ça fait mal. Comment la passion qui l’a animé peut-elle se transformer si rapidement en … en quoi, d’ailleurs, colère, amertume, dédain ? Qu’est-ce qui l’anime ?

Il me fait face, nonchalamment adossé au mur, les mains dans les poches, et son regard me glace le sang. Cette allure froide et indifférente me rappelle à chaque fois à quel point il peut se montrer cruel et dangereux.

Je tente de rassembler mes idées et répond à sa question en bredouillant :

- Je te demande juste de ne pas faire peur aux enfants, et d’éviter de faire des sous-entendus sur notre relation.

- Notre quoi ? Tu appelles ça une relation ? Cela ressemble plus à des parties de jambes en l’air !

- S’il te plait, arrête de crier, ils vont nous entendre.

Ces mots me blessent terriblement, et quand il éclate d’un rire hystérique, je me mets à trembler. Il me rabaisse plus bas que terre, et pire que tout il me fait peur. Je le crains presque plus que les créatures qui rôdent dehors. Je dois sortir d’ici ; je ne veux plus le voir et l’entendre me piétiner de la sorte. Je cours jusqu’à la porte mais je ne suis pas assez rapide. Comment ai-je pu oublier ce « détail » ?! Bien sûr, il me bloque le passage.

- Cela ne te dérangeait pas qu’on nous voit tout à l’heure, mais maintenant que Madame parfaite a pris son pied, elle craint pour sa dignité !

- Tu vas trop loin, Matt ! Arrête, s’il te plait !

Il me hurle dessus. Je suis au bord des larmes. Non, je refuse qu’il me voit pleurer ; ce serait lui prouver qu’il m’écrase comme un insecte et lui donner trop d’importance. Je sers les dents et redresse la tête fièrement. Après tout, c’est lui qui a commencé, dans la clairière. Et qui m’a poussée à recommencer.

- Au fait, c’était comment les retrouvailles avec ton mari ? Il t’a baisée toute la nuit ?

Je n’en crois pas mes oreilles ! Jusqu’où est-il prêt à aller pour me faire souffrir ? Je ne lui avouerais pas que nous n’avons rien fait, que j’ai essayé mais qu’il m’a tourné le dos parce qu’il a compris dès l’entrée fracassante de Matt, et que je lui ai brisé le cœur. Je me tape le front du doigt, affiche un beau sourire moqueur et le regarde le plus honnêtement possible :

- Mais tu es jaloux ! Je viens de comprendre ! Mais ne t’inquiète pas, je ne vais pas te raconter ma nuit, ce serait trop cruel.

Je le tiens…

Il se jette sur moi, laissant apparaître son vrai visage, me pousse violement contre le mur, en m’étranglant d’une seule main. Il va me tuer cette fois ; je l’ai cherché, mais que pouvais-je faire d’autre ? Ma mort est peut-être la solution à certains problèmes. Elle me permettrait de cesser de penser à cet homme, de ne plus faire souffrir Clément. Je mourrai un jour de toute façon.

Mais ça ne sera pas tout de suite, car la porte s’ouvre subitement devant Jonathan qui vient directement à nous.

- Lâche-là, Matt.

Il se rue sur son frère qui m’étrangle toujours, et je m’affale sur le carrelage quand enfin sa main lâche ma gorge. Je tousse en essayant d’aspirer l’air qui m’a manqué, mais j’aperçois Carole qui fait son entrée. Elle ne semble pas surprise, seulement curieuse. Elle reste plantée là, à regarder ses frères se battre. Je tourne la tête vers eux pour voir le combat de boxe qui se déroule à côté de moi, en direct.

C’est la première fois que je vois Jonathan dans une telle rage. Ils vont s’entretuer, je ne peux pas les laisser faire ça ; je suis en partie responsable de ce conflit. Mais je ne vois pas comment je pourrai ne pas envenimer les choses. S’il reste quelque chose à aggraver…

Jonathan m’ordonne de sortir et de m’enfermer dans ma chambre. Je crois qu’il serait sage de l’écouter. Mais une fois de plus, on m’empêche de fuir. Carole se tient dans l’encadrement.

- Non, Jo, elle reste !!! Je vais finir ce que Matt n’a pas eu le temps de faire, ma belle.

- Non ! Si je dois mourir ainsi, je veux qu’il le fasse lui, en me regardant dans les yeux.

Je me tourne vers Matt, dont le visage redevient subitement à peu près normal. Il est surpris par ma requête ; normal, elle m’étonne moi-même. Ce n’est pas que je veuille mourir, mais je suis consciente de me retrouver enfermée dans une pièce avec trois vampires enragés. J’ai au moins réussi à ce qu’ils cessent de se battre.

Il hésite et moi j’attends, le fixant du regard, le cœur battant à tout rompre.

- Laisse-là, je m’en chargerai. Mais pas aujourd’hui.

Il m’adresse un sourire pervers avant de me dépasser et de partir.

Carole émet un long soupir et lève les yeux au ciel avant de sortir à son tour. Jonathan est plongé dans une profonde réflexion et me regarde avec intensité. Il a quelque chose à me dire, mais cherche ses mots. A l’inverse de son frère, il est plus calme, et surtout plus courtois, plus doux.

- Lana, votre relation à Matt et toi devient trop dure à gérer. Pour tout le monde. On ne peut pas empêcher Matt de te tuer et combattre le fléau en même temps. Il va s’isoler, comme il l’a fait la dernière fois. Alors je t’en prie, ne va pas le rechercher. Vous devez éviter de vous voir, de vous parler.

- Ne t’inquiète pas, nous allons partir car j’ai peur qu’il s’en prenne à ma famille.

- Lana, vous ne pouvez pas vous en aller. Vous auriez trop de mal à survivre, seuls. Et, il ne vous lâchera pas. Si tu t’enfuies, il te traquera, te retrouvera où que tu ailles et la suite, je ne la connais pas, mais il se montrera impitoyable.

- Il a menacé de me tuer, tu t’en souviens ?

- C’est un véritable tour de magie que tu as réalisé en le rendant accro à toi. Son comportement me laisse à penser qu’il est amoureux de toi. Mais il n’a jamais affronté le sentiment d’amour, ni les émotions qu’il suscite. Il les gère très mal mais il ne te fera pas de mal. D’ailleurs, il est parti se calmer, parce qu’il lui serait impossible de te tuer en te regardant dans les yeux. Ceci dit, à mon avis, Lana, tu devrais faire le point avec toi-même, car tu les fais souffrir tous les deux, et ton mari, et mon frère. Fais ton choix et respecte-le.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Ysabel Floake ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0