14/ DÉMONS ET SORCIÈRES : CLEMENT

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14/ DEMONS ET SORCIERES : CLEMENT

- Fonce !!!

Je hurle ; il n’y a pas une seconde à perdre car les malaformes qui approchent sont beaucoup plus nombreux que nous. Ils ne feront pas de quartiers s’ils nous atteignent. Sandrine recule, pied au plancher, mais la roue arrière rencontre un énorme trou qui secoue violement notre véhicule. Le pick-up cale. Merde ! Sandrine le redémarre aussitôt, mais la roue peine à ressortir de la cavité et les monstres se rapprochent encore. Je lui crie d’accélérer plus à fond. On voit bien les créatures à présent, elles sont trop proches, beaucoup trop proches ! Et leurs grognements sont devenus ahurissants ! Le véhicule effectue un bond en arrière, nous secouant au passage, mais enfin, les roues rencontrent le bitume ! Sandrine enclenche les vitesses une à une et nous nous élançons loin de ce cauchemar. Enfin, tremblant, en sueur, nous pouvons reprendre notre souffle. Pour combien de temps ? Ça, je n’en sais fichtre rien !

Pour entrer et sortir de chez Richard, on utilise la même méthode que la première fois : escalade des jardins pour rejoindre le pick-up qu’on gare au bord de la route. On part toujours au lever du soleil, pour revenir avant la tombée de la nuit.

C’est la galère pour se laver ; on se restreint, on va jusqu’au barrage. L’eau de la piscine a tourné puisque la pompe ne fonctionne plus. Il va falloir qu’on la vide. Même pas une goutte d’eau potable ne coule des robinets On se rationne car les bouteilles commencent à manquer ; la nourriture, c’est pareil. Le peu d’épiceries qu’on croise a déjà été visité et vidé. On se demande où peuvent bien se terrer ceux qui viennent se servir librement, comme on le fait nous-même, car on ne rencontre aucun autre survivant. Ca remonterait notre moral si on pouvait partager nos moyens de survie avec d’autres. On pourrait tous se rassembler pour être plus forts, ou ils pourraient nous indiquer la route de cette fichue maison introuvable ! Je sens la lassitude nous gagner, en même temps qu’une pointe de folie et de cruauté à force de nous heurter à des monstres. On a quand même croisé un groupe tout à l’heure.

On a rendu une petite visite à l’office de tourisme. Il était désert bien sûr, mais on en est ressorti avec une carte de la ville. Malheureusement, aucune trace de la rue qu’on cherche. Aux alentours non plus. Nos femmes se seraient-elles trompées en écrivant l’adresse ? Que l’une ait commis une erreur, c’est encore possible, mais pas les deux.

Bref, on quadrillait tout le secteur, même la plage. On y a fait deux découvertes surprenantes. Pour commencer, aucun traqueur ne se balade sur le sable. Craindraient-ils l’eau ? Information à retenir et à vérifier, ça pourrait s’avérer utile. Seconde surprise : on a découvert un campement. Un vrai, fait de bâches, de branches d’arbres, avec un foyer encore fumant au centre ! Ils ont dû nous entendre arriver car ils étaient cachés sous leurs tentes de fortune. L’un d’entre eux en est sorti et s’est approché de nous, en conservant cependant une bonne distance de sécurité. Son allure hostile et son fouet nous ont refroidis. Adieu le bref espoir de communication, de rencontres et d’échanges. J’ai compris rien qu’en le voyant qu’il fallait aller à l’essentiel sans attendre.

- Bonjour, nous sommes à la recherche de nos familles. Nous savons qu’elles se trouvent dans une maison située à cette adresse. Vous connaissez ?

- Dîtes toujours, mais à l’heure qu’il est, tout le monde est mort.

J’ignore quelle mouche l’a piqué, mais quand je lui ai lu l’adresse, il s’est mis à vociférer en créole, claquant son fouet au sol en notre direction, nous forçant à reculer. J’ai cru entendre les mots démon, mort, mal ; mais c’est sans doute dû à ma démence qui progresse. Malgré tout, je devais essayer encore.

- S’il vous plaît ! Nous partons, mais aidez-nous, vous semblez savoir où on peut les trouver !

- Partez ! Et suivez ce conseil : trouvez un endroit où vous calfeutrer. Vous n’avez plus rien à chercher, les vôtres sont tous morts ! N’allez pas là-bas et surtout ne revenez jamais ici !!!

On a reculé assez rapidement, avant de s’enfuir en courant. L’homme nous a suivis de loin, la main tenant le fouet prête à nous frapper si on venait à faire demi-tour.

Un traqueur nous attendait à côté du pick-up. Je me suis précipité sur lui avec un hurlement de rage, et l’ai rué de violents coups de pieds sur tout le corps. Je voulais le tuer, en lui faisant mal. Mais plus je frappais, plus je l’excitais, et plus ma fureur grandissait. Bob et Rick ont été obligés de m’arrêter, ils n’étaient pas trop de deux face à mon acharnement. Je me suis écroulé au sol, me tenant la tête avec mes mains, et j’ai crié, hurlé un cri qui sortait du plus profond de mes entrailles.

C’est Sandrine qui l’a achevé, pendant que mes amis m’aidaient à monter dans le véhicule. Mon hurlement a attiré de nouveaux traqueurs ; on devait partir, et vite, car cette horde était énorme.

Ils parlaient tous pendant le trajet. Je les entendais, sans les écouter. J’ai juste saisit quelques mots quand Sandrine a traduit les propos de l’homme au fouet. Je ne les ai pas inventés alors… J’ai regardé le misérable paysage qui défilait à ma vitre. Toujours le même : des maisons aux volets fermés, barricadés, des monstres errants dans les champs, des voitures abandonnées avec des traces de sang que les grains n’ont pas réussi à enlever, des cadavres couverts de ce même liquide coagulé…

- Clem ! Clem ! Clément ! Réagis mon vieux ! Ce soir tu ne veilles pas. Bob et moi assureront les tours de garde. Toi tu as besoin de repos ; depuis le premier jour, tu es le seul à n’avoir pas dormi une nuit complète.

- J’arrive à réfléchir quand je suis seul, la nuit.

- Tu réfléchiras dans un lit ce soir. On va discuter des propos de ce type pendant que Sandrine et Sam nous préparerons un truc à grignoter.

- Non les gars, ce soir, je dois discuter avec vous. Je pense avoir compris de quelle maison il s’agit et la raison pour laquelle on ne trouve la rue sur aucune carte.

- Maman ! Tu ne peux pas !

- Sam, ma chérie. Si c’est bien ce que je pense, il le faut. Non, Messieurs, pas maintenant ; je dois rester concentrée sur la route.

C’est parce que je regardais toujours ce même paysage de désolation que je me suis rendu compte qu’on ne prenait pas le trajet habituel. Ca faisait pourtant un moment qu’on roulait. Ca faisait trop longtemps, on aurait déjà dû être arrivé.

- Où va-t-on ?

- Chez moi ; je sais que c’est loin, sur l’autre partie de l’île, mais j’ai besoin de quelques accessoires.

La vue avait changé complètement et la voiture s’est finalement engagée sur le chemin d’une grosse forêt tropicale. Je crois qu’on était au pied du volcan. On apercevait des traqueurs entre les arbres, mais notre pick-up filait, trop rapide pour leur laisser la moindre chance de nous rattraper.

Notre conductrice coupa enfin le moteur devant une jolie maison en bois.

- Attendez-moi ici, je n’en ai pas pour longtemps.

Forcément, les créatures avaient suivi notre direction et venaient à notre rencontre quand on a repris le chemin en sens inverse. Ils nous bloquaient, nous forçant à nous arrêter, mais nous ne sommes pas descendus du véhicule, les transperçant et les décapitant grâce à nos armes longues. On ne les a pas tués tous, ça aurait demandé trop de temps ; quand on croyait en venir à bout, d’autres apparaissaient. Et il fallait reprendre la route, le soleil se couchait. Cependant, Sandrine a fait encore un crochet pour prélever de l’eau dans la rivière. On en aurait bien profité pour prendre un bon bain, mais il faisait pratiquement nuit et on n’était pas trop rassuré.

Nous voilà enfin de retour chez Richard ; on s’attable autour de quelques chips humides, pressés d’entendre les révélations de Sandrine, stressés aussi. Des cernes noirs entourent ses yeux. Je n’arrive pas à déterminer si c’est à cause de la fatigue ou de ce qu’elle a à nous dire.

- On t’écoute. Tu comprends notre impatience, n’est-ce pas ?

Elle reste silencieuse, debout, face à nous, choisissant les objets qu’elle a rassemblés dans son sac, en nous les nommant.

- J’ai déjà entendu parler de cette maison. Elle a une réputation. Mauvaise. On dit qu’elle abrite des démons. Les gens d’ici ne s’approchent pas de ce lieu maléfique, ils n’en parlent pas. Voilà pourquoi cette rue n’existe nulle part. Et comme l’homme sur la plage, je pense que si vos familles sont là-bas, il est trop tard.

- Toi aussi tu crois à ces légendes ?!

- On s’en fout d’y croire ou non. Sais-tu où c’est ?

- Pas exactement. Mais je peux localiser cet endroit. Je vous ai demandé de garder l’esprit ouvert. Je possède quelques… dons.

- C’est n’importe quoi ! Tu ne sais rien du tout ! Tu cherches juste à te rendre intéressante par peur qu’on ne vous abandonne toi et ta fille !

- Arrête Bob ! Laisse la parler. Tu es médium ?

- Non. Vous n’êtes pas prêts à accepter le monde qui vous entoure. Il y a tant de choses que vous ignorez. Richard, ta femme doit bien utiliser une brosse à cheveux ? J’en ai besoin.

- Je ne pense pas que ce soit l’heure de se faire une beauté.

- J’en ai besoin pour localiser ta femme. Si elle est toujours en vie.

Dans la cuisine où on s’est tous regroupés autour d’elle, elle allume une bougie blanche et de l’encens de jasmin dont l’odeur me rappelle celle de mes vacances d’enfant en métropole. Elle verse ensuite l’eau de rivière dans un grand faitout. Elle y ajoute une poudre, de la peau d’orange, des clous de girofle et des feuilles, puis elle mélange le tout à l’aide d’une baguette sculptée dans du bois.

On la regarde, incrédule, mais elle est concentrée sur sa tâche et nous a complètement oubliés. Elle retourne devant la table où brulent toujours la bougie et l’encens. Un sourire se dessine sur nos lèvres quand elle commence à réciter, les mains et les yeux levés vers le ciel :

<< Je demande maintenant que la Lune et Neptune me livrent leur mystère.

Dans mes rêves, cette nuit, que l’endroit où se trouve Valérie Chimont me soit clairement dévoilé.

Pour son bien, qu’il en soit ainsi. >>

Elle filtre ensuite son curieux mélange et nous toise d’un regard sévère. Elle a vu qu’on se retient de rire. Bob, lui, marmonne son mécontentement et préfère s’allonger sur le canapé. Sandrine lui fait savoir qu’elle n’apprécie pas et lui demande de nous rejoindre pour qu’il entende la suite.

- J’exerce la magie, comme vous venez de le constater. Je suis une sorcière, ma fille aussi, tout comme l’était mon pauvre époux. Qu’il repose en paix. Nous œuvrons pour l’équilibre naturel.

Demain matin, je saurai où est cette maison.

Une dernière chose avant que je termine le rituel, seule. Nous allons devoir économiser le gaz car j’aurai sans doute besoin de préparer de nouveaux filtres, pour tous nous protéger.

J’ai pris deux bidons d’essence pour le pic up ; nous en gardions en réserve, en cas de grève.

Tout en parlant, elle lisse ses longs cheveux avec la brosse de Valérie.

- Maintenant, je vais me retirer dans l’une des chambres.

Elle nous tourne le dos, tenant avec précaution sa préparation des deux mains, et emportant un sachet qui sent le chewing gum.

Avant de sombrer à mon tour dans un profond sommeil, dans la pièce voisine, je l’entends encore parler à je ne sais qui ou quoi :

<< Morphée, par la Lune et par Neptune, montre-moi où est Valérie Chimont. Je rends grâce d’être exaucée cette nuit même. >>

C’est mon plus jeune fils qui vient me réveiller, en posant un bisou qui claque sur ma joue. Je réalise alors que ces derniers temps, les marques d’affection se sont faites rares.

- Dis, papa, tu crois qu’on va retrouver maman ?

- Je l’espère, mon chéri. Je l’espère… Tu as vu si Sandrine est levée ?

- Oui, elle a dit qu’elle t’attend.

Je rejoins mes compagnons sur la terrasse, main dans la main avec mon petit. Ils m’attendent en effet, et ont été jusqu’à me préparer mon eau de coco et ma banane du matin. Ils sont tous silencieux, sauf Robert, sarcastique :

- Maintenant que Clem est là, tu vas pouvoir nous dire ce que la Lune et Neptune t’ont révélé.

- Libre à vous de pas y croire, mais respectez les croyances des autres, car les astres et moi pouvons encore vous être utiles. De plus, rien ne m’obligeait à vous aider, et par ce fait, à me dévoiler ! Nous attendons des excuses pour tes propos moqueurs Bob.

- Ok, je suis désolé. C’était très déplacé de ma part, je le reconnais. Pardon à toi et aux astres.

- Bien, ma requête a été exaucée et la route qui conduit à la maison m’a été dévoilée. Je vous ai dessiné un plan.

- Comment ça, tu ne nous accompagne pas ?!

- Je ne peux pas, à cause des démons.

- Tu ne peux pas leur lancer un sort pour les tuer ?

- Moi, je voudrais savoir si le fait que tu aies obtenu ta réponse prouve que Valérie est en vie.

- Tout à fait, Richard. Mais j’ignore dans quel état elle se trouve. Je ne sais pas non plus si les autres sont encore vivants.

Les démons sont puissants, pour leur jeter un sort, je dois les approcher et avec vos familles à leurs côté, cela m’est impossible. Je risquerais d’ensorceler des innocents. Je voulais vous protéger mais je n’ai pas assez de temps pour préparer le rituel, et je ne dispose pas de suffisamment de pierres d’ambre pour vous tous. Vous allez devoir être encore plus prudents !

- Comment veux-tu qu’on fasse encore plus attention sans savoir ce qu’on va affronter ?!

- Laissez les enfants ici, je pourrai prendre soin d’eux. Et allez-vous assurer que vos femmes vont bien, qu’elles sont toujours humaines. Puis revenez, avec ou sans elles ; nous étudierons alors la situation.

N’êtes-vous pas impatients ?! Partez, vous perdez de précieuses minutes !

- La prochaine rue à droite, Clem.

J’engage le pick-up dans cette direction et, d’après le plan de Sandrine, la troisième maison est celle où nous nous rendons.

Ça y est ! On l’aperçoit !

Mais… Non, pas ça !

La clôture est entourée de plusieurs dizaines de traqueurs qui se tournent vers nous au bruit du moteur. On n’en viendra pas à bout ; on n’est que trois !

J’enclenche la marche arrière et appuie sur l’accélérateur. On va trouver une solution, mais plus loin. Alors que j’effectue un demi-tour à l’entrée de la rue, un homme, face à moi, m’empêche de fuir. Il sort d’où, lui ?! Bob et Rick retiennent leur souffle. J’observe l’inconnu, prêt à foncer, même si je dois lui rouler dessus. Il semble humain, mais quand il s’approche de ma vitre, mon pied menace d’enfoncer la pédale.

- Bonjour. Je ramenais quelques animaux que j’ai ramassés quand je vous ai vu. Vous devriez éviter de sortir.

- Nous sommes à la recherche de nos femmes et de nos enfants. Elles nous ont laissé l’adresse de leur refuge et il s’agit de la troisième maison de cette rue.

- Comment s’appellent-elles ?

- Lana, Valérie…

- Elles sont chez moi, en effet. Mais vous ne pourrez pas entrer par le portail. Vous devez abandonner votre véhicule et me suivre. Les malaformes restent agglutinés à l’avant, on peut passer par les champs pour atteindre le jardin.

- Elles vont bien ?

- Ces créatures s’appellent des malaformes ?

- Il parait que cette maison abrite des démons ; pourquoi vous suivrait-on ?

- Vous allez me suivre car je vais vous conduire auprès de vos femmes. Et selon vous, je ressemble à un démon ?

Quel autre choix avons-nous ?

- J’y vais seul. Restez ici, et si je ne suis pas revenu d’ici une heure, repartez.

Mes compagnons essaient de me dissuader, mais ma décision est prise. On doit vérifier les dires de ce type.

C’est devant la porte d’entrée que l’inconnu se présente ; il s’appelle Jonathan et vit ici avec sa sœur et son frère. Il m’apprend que ce dernier a emmené Lana jusqu’à nos maisons où elle nous espère rentrés. Dois-je le croire ? Il m’annonce ensuite une atroce nouvelle. Ce matin, Shana est partie pêcher avec Patrice. Ils se sont fait surprendre par un groupe de malaformes. Ils ont lutté, la petite était devenue assez forte, elle s’entrainait tous les jours, mais les créatures étaient trop nombreuses pour eux deux.

- Ils n’ont pas survécus. Je les ai trouvés quand je suis sorti vérifier mes pièges.

- Comment va Valérie ?

- Elle est anéantie. Elle n’a plus aucun espoir, et veut mourir. Clyselle la surveille de très près. Ça va l’aider de te voir, de retrouver sa famille.

Jonathan a l’air parfaitement normal, mais je reste inquiet sur ce qui m’attend à l’intérieur. De toute façon, il est trop tard pour reculer, surtout si près du but.

L’intérieur est propre, confortable, quoiqu’un peu vieillot. Il me fait traverser un grand salon, prendre plusieurs escaliers et longer de longs couloirs avant de s’arrêter devant une porte, et de l’ouvrir.

- Clyselle, Valérie, je vous apporte une bonne nouvelle…

La surprise passée, Clyselle me saute dans les bras, secouée par des sanglots de joie ; je l’enlace moi aussi, ému et soulagé de les trouver saines d’esprits en présence de démons. Il faudra que je pense à remercier Sandrine pour la frayeur qu’elle nous a rajoutée.

On est vite rejoint par Valérie qui essaie de me parler sans que j’arrive à la comprendre. Elle débite une avalanche de mots entrecoupés par ses pleurs. Je compatis à sa douleur, à la perte de sa fille ; mon arrivée lui provoque joie et espoir, mais elle craint une autre mauvaise nouvelle, et elle souffre. Je partage leur plaisir de les retrouver en bonne forme, malgré ma déception de devoir encore attendre pour revoir Lana.

Clyselle oblige Valérie à se rassoir en lui assurant que je vais leur parler de leurs familles.

- Bob et Rick m’attendent à l’extérieur. Je n’ai pas beaucoup de temps car ils repartiront s’ils ne me voient pas revenir. Les enfants vont tous bien aussi. Jonathan m’a expliqué ce qu’il s’est passé ce matin. Tu vas avoir l’aide des tiens Valérie. Et vous, comment ça se passe ici ? Vous êtes bien traitées ?

- Oui, les neveux de Monsieur Salomic nous ont sauvés en nous ramenant ici.

- On dit que cette maison abrite des démons. C’est pour ça que personne ne la connait et qu’on a mis tellement de temps à vous trouver.

- Des démons ?! Clem, tu ne vas pas y croire ! Tes démons nous attendent dehors, ce sont ces créatures immondes !

- Ok. Je vais chercher Bob et Rick.

- Je t’accompagne.

- Non, Clyselle. Veilles sur Valérie, elle a besoin de ta présence. Je n’en ai pas pour longtemps. Je vais demander à Jonathan de venir avec moi si ça vous rassure.

Je ne préviens pas Richard de la mort atroce de sa fille. Ce n’est pas à moi de le lui annoncer. Et j’avoue ne pas savoir quels mots utiliser.

Quand nous regagnons la maison, les femmes nous attendent dans le salon. A notre vue, leurs larmes redoublent d’intensité. Elles sont heureuses et soulagée, mais Valérie est en plus déchirée par sa détresse.

- Comment nous avez-vous trouvés, demande Jonathan.

- Ça a été très compliqué, même avec l’adresse. Il y a une femme avec nous qui prétend être sorcière ; elle a fait un sort de localisation.

- Une sorcière ? Et elle est où actuellement ?

- Chez Rick, avec les enfants ; elle les protège en notre absence.

- Là où sont partis mon frère et Lana.

Il paraît contrarié, mais je ne m’y attarde pas. Je n’attends qu’une chose : repartir et retrouver ma femme. Mes deux amis raconteront comment on a réussi à survivre ; ils n’ont pas besoin de moi pour ça.

Mais l’idée de faire le trajet seul m’effraie et Jonathan refuse de me suivre car, d’après lui, il sera plus utile ici. Alors, j’attends. J’écoute sans les entendre les récits des femmes, puis des hommes. Je sais que Valérie va vouloir rentrer chez elle rapidement, et que Clyselle ne demandera pas mieux elle non plus. Je dois faire preuve de patience, ça ne sera plus long.

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