Chapitre 4 - Ragots

13 minutes de lecture

07 Janvier 2016

Les mains dans les poches, les écouteurs sur les oreilles, Xavier rentre chez lui avec le même enthousiasme qu'à un rendez-vous chez le dentiste. Prêt à passer le portail de sa propriété, il remarque quelque chose d’inhabituel dans le quartier, quelques villas plus loin. Bien qu’il ne soit pas d’un naturel curieux, il décide tout de même d’aller jeter un coup d’œil.

Là, garé à travers le portail de la propriété de Laurène, un camion de déménagement est en train d’être rempli de cartons et de meubles. Le sang de Xavier ne fait qu’un tour. Sans réfléchir, il longe le véhicule sous le regard interrogateur des ouvriers et, d’un pas pressé, va sonner à l’entrée de la maison. Une femme blonde, bien entretenue malgré quelques rides naissantes, lui ouvre la porte.

Mère de Laurène : Bonjour, euh… Xavier ?

X : Ouais…

Mère de Laurène : J’ai eu du mal à te reconnaître ! Qu’est-ce que tu as grandi depuis la dernière fois… Comment vas-tu ?

X : Ça va… Est-ce que Laurène est là ?

Mère de Laurène : Bien sûr, elle finit de mettre en carton ses dernières affaires. Attends ici, je l’appelle.

Elle retourne à l’intérieur et appelle l’intéressée depuis le bas des escaliers. Xavier n’attend pas bien longtemps avant de voir apparaître Laurène sur le pas de la porte, déconcertée.

L : Xavier ? Mais…

X : C’est quoi tout ce bordel ?

Laurène regarde derrière elle pour voir si personne ne les observe.

L : Maman, je reviens dans quelques minutes !

Mère de Laurène : Pas de problème, mais ne traîne pas trop ! Les camions ne t’attendront pas !

Laurène enfile en vitesse la première paire de chaussures qui lui passe sous la main et entraîne Xavier dans la rue, loin de toute oreille indiscrète. La neutralité de son visage tranche avec la bienveillance et la compassion qu’elle dégageait d’habitude.

X : C’est quoi tous ces camions ?

L : Je déménage.

X : J’avais bien compris, mais pourquoi ?

L : Mon père a eu une opportunité aux États-Unis, alors on le suit, tout simplement.

Les mots de Laurène finissent de lui saper le moral. Tout son plan tombe à l’eau, tout ce qu’il a mis en place pour la récupérer aura été vain. Une profonde détresse écrase tout sur son passage. Pourquoi est-ce que ça l’atteint à ce point ? Pourquoi est-ce que ça l’obsède depuis des mois, depuis le jour où elle a refusé ? La vision de Laurène en compagnie de Niels s’accroche à ses pensées sans qu’il ne puisse s’en défaire. Une colère sourde l’envahit à la perspective qu’on lui arrache ce qui lui était dû.

X : Et tu comptais te barrer sans rien me dire ?

L : J’y crois pas… Tu oses vraiment me le reprocher alors que tu m’ignores depuis des mois ?

Les poings de Xavier se serrent. Ces reproches sonnent injustes à ses oreilles. Ce n’est pas sa faute, c’est lui qui s’est fait jeter. C’est elle qui a tout gâché en le repoussant. Non… c’est lui. C’est lui qui a tout fait foirer. S’il ne lui avait jamais adressé la parole, s’il n’était pas dans cet établissement, s’il n’existait pas tout court, tout aurait marché entre Xavier et Laurène, c’est certain. Mais ce satané parasite a tout saboté. Il a décidé de lui baiser la vie. Dans un excès de colère, Xavier envoie un grand coup de pied dans une canette vide qui trainait par terre.

L : Tu n’as jamais accepté que je sorte avec Niels.

X : Ne me parle pas de lui, putain !

L : Pourquoi t’es jaloux ? On ne te doit rien.

X : Moi, jaloux ? De ce minable ? Ne me fait pas rire.

L : Minable ? D’où est-ce que tu portes un jugement sans connaître la moindre chose de lui ? C’est le garçon le plus adorable que j’ai jamais rencontré. Toujours à l’écoute, drôle, sensible, doué dans tout ce qu’il fait. Et toi, t’es quoi dans tout ça ? Tu crois que tu vaux mieux que lui en faisant ce que tu fais, là ?

Un petit rire moqueur s’échappe de la gorge de Xavier.

X : C’est que du faux, du début à la fin. Monsieur parfait qui lèche les bottes des professeurs et qui se fait bien voir pour être ami avec tout le monde. Il a joué au mec attentionné avec toi juste pour t’emmener dans son lit. Et dire que tu t’es laissée baiser par un gars comme ça, t’es tombée bien bas…

Une gifle monumentale s’écrase sur la joue de Xavier. La main de Laurène, rougie après le choc, pointe du doigt l’horizon. Elle le scrute d’un regard noir à en faire pâlir un corbeau.

L : Dégage, tout de suite ! Et surtout, ne reviens pas.

Xavier reste pantois tandis qu’elle disparaît petit à petit de son champ de vision. Le regard dans le vide, il se frotte là où la main de Laurène a cinglé. Un panaché de sentiments hétérogènes se bousculent dans son esprit, si bien qu’il ne sait plus lequel est censé l’animer au moment présent. C’est ainsi troublé qu’il reprend le chemin de son domicile, sans ne plus se poser de questions sur ce qu’il vient de se passer.

Seulement, la rémission n’est que de courte durée. À peine est-il rentré chez lui que son père lui tombe dessus, l’humeur visiblement massacrante.

E : Toi, viens ici. Il faut qu’on cause sérieusement tous les deux.

À son plus grand regret, Xavier sait qu’il s’apprête à passer un sale quart d’heure, et c’est bien la dernière chose qu’il souhaite après ce qu’il vient d’encaisser. Sans laisser paraître la moindre once de crainte, il suit son père silencieusement dans l’immense pièce de vie.

E : Qu’est-ce qu’il t’a pris cette fois ? T’as décidé d’enchaîner les conneries ?

X : De quoi tu parles ?

E : Ne te fiche pas de moi, je déteste quand tu fais l’innocent. Ton proviseur m’a appelé tout à l’heure.

Un vague frisson imprègne son être et ouvre une brèche dans sa carapace de confiance. Il n’a aucunement peur de son père, mais il sait pertinemment qu’il a bien plus à perdre qu’auparavant, la majorité étant plus proche que jamais.

Son proviseur avait finalement décidé de tout déballer à son responsable légal, matérialisant ainsi concrètement son dernier avertissement. Peut-être bien que son récent accrochage verbal avec le professeur d’espagnol avait pesé dans cette décision, très certainement même.

X : Et… qu’est-ce qu’il t’a dit ?

E : Pas besoin de te le répéter, tu sais très bien ce qu’il te reproche. Je ne t’ai pas inscrit dans ce lycée prestigieux pour que tu te comportes comme tous ces arriérés des établissements publics.

X : Un lycée rempli de bouffons plutôt, ouais…

Sans même l’avoir prévu, la paume de son paternel s’écrase sur sa joue, à l’endroit exact où une autre main a sévi, quelques minutes plus tôt. Personne n’avait osé le frapper depuis des années, et il vient de s’en prendre deux en un trop court laps de temps. La colère lui monte instantanément au cerveau.

E : C’est quoi ton problème ? Tu veux finir expulsé, c’est ça que tu cherches ?

X : P’t-être bien, rien que pour t’emmerder.

E : Sérieusement, je me demande bien ce que j’ai pu faire dans une vie antérieure pour avoir un fils aussi pathétique.

X : Vu le père que je me tape, aussi…

E : Ça ne se passerait pas comme ça si tu étais comme eux.

X : Putain mais j’ai pas envie d’être comme eux, tu vas prendre combien de temps à le comprendre ?

E : Ah bon ! Donc tu n’as pas envie d’être bien élevé, doué et instruit ? Qu’est-ce que tu cherches à devenir, alors ? Un pauvre type qui ramasse les poubelles ou qui distribue les journaux ?

X : Va te faire foutre.

Xavier bondit de son siège, furibond, et se dirige vers sa chambre avant de commettre un geste qu’il regrettera plus tard.

E : C’est ça, continue de parfaire ton éducation.

X : Elle vient de toi, mon éducation ratée.

E : En effet. Et comme toute erreur inéluctable, on y renonce.

Sans même répondre à cette dernière pique, Xavier claque brutalement la porte. Dans un élan de rage, il prend la première chose qui lui passe sous la main, à savoir une petite sculpture en verre de Murano, et la projette de toutes ses forces contre le mur en face de lui. La statue se pulvérise contre la cloison en plâtre, laissant une marque distincte après l’impact, et les morceaux restants jonchent lamentablement le sol froid de sa chambre.

Il s’avachit de tout son poids sur son lit, ne prenant même pas la peine de ramasser ce qu’il vient de fracasser. Un désagréable sentiment d’impuissance le submerge. Il a eu le malheur de se confronter une seule fois à Niels pour lui faire peur, et il s’est pris le retour du bâton décuplé.

Il exècre ça, cette façon que tout le monde a de lui manger dans le creux de la main. Même Aleksy, qu’il avait décidé de briser pour mettre Niels à mal, est revenu en cours comme si de rien n’était. Pas même une critique ou une remarque déplacée d’un camarade de classe, rien. Et ces regards méfiants que lui lançait perpétuellement son bienfaiteur, pour qui est-ce qu’il se prend !

Il a fallu qu’il lui mette un coup de pression pour que tout le monde lui tombe dessus ; le proviseur, Laurène et même son père. Alors quoi, parce qu’il a osé s’attaquer à Monsieur Parfait, il mérite l’exclusion, l’humiliation, le reniement ? Il devrait se soumettre, lui aussi, et le laisser jouir de cette victoire sans contrepartie, comme cela a toujours été dans sa petite vie bien rangée ? Quel ramassis de conneries.

Très bien, message reçu. Il ne l’attaquera plus frontalement, mais son prochain coup fera bien plus de dégâts. S’il lui a renvoyé la balle fois dix, alors il répondra au centuple. Et cette fois-ci, il n’y aura pas de riposte.

09 Janvier 2016

Ses tympans martelés au rythme des basses, Xavier quitte discrètement le salon avant de chopper un mal de crâne carabiné. Il n’avait vraiment pas envie de l’organiser, cette soirée. Il avait bien d’autres projets en tête que de chercher naïvement à s’amuser, mais ce n’est pas comme s’il avait le choix. Après tout, il a un accord à respecter avec son dealer, Bono.

Il lui suffit de programmer régulièrement des soirées chez lui et de ramener des clients potentiels, en échange de quoi il lui fournit gratuitement came et autres services. Si auparavant ça lui permettait de faire d’une pierre deux coups, aujourd’hui il n’y trouve plus grand intérêt. Sauf que quand le mécanisme est lancé, il est toujours difficile de l’arrêter, et il le sait mieux que personne.

Accoudé à la rambarde métallique de sa terrasse, un verre d’alcool à la main, il continue de réfléchir seul à un plan pour se venger de Niels, malgré le froid tranchant de ce début d’année. Le fil de ses pensées est perturbé par une discussion animée. Non loin de lui, un gars qu’il semble reconnaître et un autre inconnu au bataillon discutent sur les marches du palier en béton.

Malgré son indifférence pour cette conversation, Xavier écoute instinctivement ce qu’ils se disent.

? : Tu crois que ça va s’arranger ?

? : Je sais pas, je l’espère mais je le sens mal…

? : Mais il va quand même bien réussir à retrouver du boulot ton père, non ?

? : C’est pas si simple… Il n’y a pas tellement de postes pour son métier, il a demandé à toutes les boîtes mais personne recrute…

? : Merde alors… Faudrait qu’il aille en intérim.

? : Il s’y est inscrit, pour faire tout et n’importe quoi, mais il retrouvera jamais le salaire qu’il avait avant de se faire virer…

? : Grosse différence ?

? : Assez grosse pour les obliger à vendre l’une des deux voitures. Ma mère va devoir aller au boulot en tram maintenant. T’imagines ? L’ambassade du Danemark, c’est pas la porte à côté…

L’information fait tilt dans le cerveau de Xavier. Pourquoi est-ce que ça sonne familier ? Il a déjà entendu quelque chose de similaire, mais où ? Ambassadeur, danois… Niels ? Mais oui, il se rappelle qu’un de ses amis l’avait surnommé « Monsieur le fils de l’Ambassadeur » sarcastiquement. Et il est persuadé d’avoir entendu deux ou trois autres remarques qui confirmeraient ces dires.

L’opportunité est trop grande, il faut qu’il aille vérifier par lui-même. Il sent au plus profond de lui que cette aubaine peut déboucher sur quelque chose de grandiose. Sans se faire prier, il s’installe au milieu du duo, les bras par-dessus leurs épaules, comme s’il avait déjà bien entamé sa soirée.

X : Alors les gars, qu’est-ce que vous faites comme cachotteries, dehors tous les deux ? Maxime, tu me présentes pas ton petit copain ?

M : T’es con Xav’, c’est juste un pote. C’est Thibaut, je t’en ai déjà parlé.

X : Ouais, p’t-être bien. La soirée se passe nickel ?

M : Ouais, t’inquiète… On discutait juste un peu, tranquille.

X : Ah ouais, et ça parle de quoi ?

T : De tout et de rien.

Première tentative d’approche ratée pour Xavier. S’il force à connaître leur sujet de conversation, il aura l’air suspect, ou très lourd dans le meilleur des cas. Autant jouer la carte de l’honnêteté, à demi.

X : Allez les potes, je vais pas vous mentir, j’ai entendu deux-trois mots de votre conversation. J’ai cru comprendre que t’avais des soucis ?

T : C’est bon, c’est rien. Et puis, ça te concerne pas.

X : Holà amigo, c’est classé secret défense ? Tu sais, les amis de mes amis sont mes amis. Je peux peut-être t’aider.

M : Tu peux lui faire confiance Thib’. Il est cool, et il trouve toujours une solution à tout.

Thibaut scrute du regard son ami et Xavier, alternativement, puis se résigne en soupirant.

T : Y a rien de dramatique, c’est juste une question de fric…

X : Justement, c’est la source de tous les problèmes ! Ton père a plus de boulot, c’est ça ?

T : C’est ça…

X : Vous avez plus de rentrées d’argent, du coup ?

T : Si, y a toujours ma mère qui bosse à l’ambassade du Danemark, et encore ça se passe pas super bien…

X : Ambiance de merde ?

T : On peut dire ça. Ses supérieurs sont des cons.

X : Elle fait quoi comme job là-bas ?

Thibaut se gratte la tête et baisse les yeux, embarrassé.

T : Elle est… femme de ménage.

X : Relax frérot ! Y a pas de sous-métier. C’est pas toujours les métiers qui rapportent bien qui sont les plus gratifiants, t’as qu’à regarder mon père.

Thibaut observe Xavier, dubitatif.

X : Il défend les mecs qui détournent des fonds et violent des enfants, c’est un métier de connard. Mais grâce à ça, il est riche et il baise avec une meuf qui est plus proche de mon âge que du sien.

Thibaut explose de rire. Un petit sourire se dessine sur le visage de Xavier. Se le mettre dans la poche, fait.

T : Ok, t’as raison.

X : Alors, qu’est-ce qu’elle a comme soucis ta mère au travail ?

T : Elle me dit pas tout mais… y a un mec important qui lui met la pression là-bas. Genre des reproches incessants dès qu’il la croise, des tâches en dehors de ses attributions, des remarques déplacées même…

X : L’ambassadeur ?

T : Nan, je crois pas, il n’est pas souvent là. Mais le gars juste en-dessous dans la hiérarchie.

X : Ça craint… Désolé de te dire ça, mais soit il ne peut pas l’encadrer, soit il lui a fait des avances qu’elle aurait refusé.

T : M’en parle pas, j’y ai déjà pensé…

X : Elle s’en est plaint, rassure-moi ?

T : Tu penses, mais ils ont vite étouffé le problème. Ils ne veulent juste pas qu’un scandale éclate…

X : Pourquoi elle ne porte pas plainte, alors ?

T : Mon père ne veut surtout pas qu’elle le fasse. Trop de risque de perdre et le procès et le job. Et on se retrouverait à la rue…

X : Merde… écoute, il y a peut-être des contacts de mon père qui recherchent une femme de ménage. Si c’est le cas, je te contacte direct, ok ?

T : Tu ferais ça ? Merci mec, vraiment.

X : T’inquiète, c’est normal.

L’excitation de Xavier grandit, il a fait le plein d’informations très intéressantes. La confiance de Thibaut gagnée, il en vient finalement à la vraie raison de sa venue.

X : Dis-moi, il ne serait pas dans notre lycée le fils de l’ambassadeur, d’ailleurs ?

T : Si, il s’appelle Niels je crois. Il est dans ta classe, non ?

Jackpot ! Son instinct avait visé juste. Il ne peut réprimer un petit rire d’exultation.

X : C’est ça, et maintenant je comprends facilement pourquoi ta mère n’a pas eu gain de cause quand elle s’est plaint.

T : Comment ça ?

M : Attends mais ça me revient ! Tu t’es embrouillé avec lui il y a quelques jours, non ?

X : Ouais, c’est un vrai con. Hautain, cynique, faux-cul, l’exemple typique du petit bourge insupportable. Si son père est pareil, alors ta mère n’a aucune chance qu’on plaide sa cause.

T : Super…

Xavier tape amicalement dans le dos de Thibaut.

X : Allez mec, déprime pas, tout va s’arranger. Je vais réussir à lui trouver un job bien plus stable et adieu les soucis. Même pour ton père, il y a tellement de façons de se faire de l’argent de nos jours, il suffit juste de trouver la bonne astuce.

T : Merci, vraiment.

X : Y a pas de quoi. Et même si c’est très tentant, évite de lui refaire son portrait avant que ta mère ait changé de taf.

T : Nan, je vais éviter de prendre le risque. J’y réfléchirai peut-être après.

Les deux nouveaux amis échangent un rire complice. Rassuré, Thibaut retrouve enfin le sourire.

X : Allez les gars, je vous laisse, j’ai une troupe de fous furieux à gérer à l’intérieur. Profitez-bien de la soirée surtout !

M : On n’y manquera pas !

Xavier leur adresse une dernière tape sur l’épaule et retourne à l’intérieur, bien plus stimulé qu’en début de soirée. Finalement, il n’est pas déçu de l’avoir organisé, loin de là. Un rictus creuse les commissures de ses lèvres.

Il a enfin trouvé un plan, et trois boucs émissaires pour le prix d’un.

Annotations

Vous aimez lire Dobingu ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0