Chapitre 4 - Évasion

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Le temps que l’information n’arrive à mon cerveau, nos lèvres sont déjà liées depuis plusieurs secondes. Je recule brusquement ma tête et me confond en excuses en bafouillant.

N : Excuse-moi Aleksy, je sais pas ce qui m’a pris ! À cause de l’alcool je…

Aleksy attrape ma tête de chaque côté avec ses mains fermes et comble la distance entre nos deux visages sans me laisser finir ma phrase ni donner d’explications. Surpris par son initiative, je tente de m’échapper à nouveau mais je suis pris au piège par ses mains. Sur le coup je suis effrayé, j’ai le sentiment que les choses sont en train de mal tourner.

Pourtant mes lèvres ne rejettent pas les siennes, elles agissent en contradiction avec mes pensées. Bizarrement, je ne ressens aucun dégoût alors que je suis en train d’embrasser mon meilleur ami. J’ai toujours été attiré par les filles, ce sont elles qui m’accompagnent pendant mes périodes de plaisirs solitaires. C’est Laurène que j’aime, et j’ai l’impression de faire quelque chose de mal dans son dos. Mais depuis ce rêve où est apparu Aleksy, je ne sais plus quoi penser. J'ai l'impression d'être complètement perdu...

Mais la peur et les remords disparaissent petit à petit, comme engloutis dans mon subconscient. Je commence à prendre du plaisir, à me libérer de mes doutes. J’en oublie le monde extérieur, les préjugés, les conséquences. Plus rien n’a d’importance. Là tout de suite, je ne suis obnubilé que par une seule chose, être avec Aleksy.

Ma langue, jusque-là scellée dans ma bouche, tente une expédition au-delà de mes frontières. La langue d’Aleksy est un hôte très chaleureux, elle m’accueille avec joie et me fait découvrir sa résidence. C’est un endroit merveilleux où il fait bon vivre. Elle m’invite à danser une valse endiablée et j’en profite pour lui montrer mes meilleurs pas. Nos langues se trouvent très rapidement de nombreux points communs et cette amitié augure de très nombreuses retrouvailles.

Nos mains ne sont pas en reste. Les siennes sont agrippées à ma tête et arpentent mon cuir chevelu. Il le fait d’une façon à la fois sauvage et fougueuse mais avec une extrême douceur, comme une vive caresse. Les miennes, elles, repartent à la découverte de son corps robuste.

Elles se baladent librement sur son buste, ses bras, son visage. Sa peau est ferme et souple à la fois. Elle est un peu sèche mais elle émet une chaleur enveloppante. Elle est un peu à l’image de lui : endurcie par les événements mais somme toute bienveillante, virile mais avec un cœur pur. Le simple contact de mes mains sur sa peau me fait ressentir toutes ces émotions, et je pourrais la caresser pendant des heures.

Il décroche ses ongles de mes cheveux et les fait glisser tout doucement jusqu’au col de mon T-shirt. D’un geste assuré, il ôte mon haut et nous devons brièvement nous séparer pour qu’il réussisse sa tâche, en nous promettant de très vite nous retrouver. Le temps d’un instant, je l’observe avec tendresse. Son sourire illumine sa bouille d’ange et ses yeux pétillent avec malice. Je ne l’avais pas vu comme ça depuis nos années d’école primaire.

Basculant tous les deux sur le canapé, nous nous embrassons comme si c'était nos dernières minutes sur Terre. Ses mains parcourent toutes les parcelles de ma peau découverte avec impatience et précipitation, comme si ce moment était chronométré, voué à s'arrêter à tout instant.

Hélas, cette sensation n'était pas si éloignée de la réalité. Cet instant onirique est rompu par le vrombissement d’un moteur et le bruit de petits gravillons qui s’entrechoquent. Nous nous arrêtons net et nous nous regardons, l'air hagard. Reprenant peu à peu mes esprits, je comprends très vite qu'il s'agit de ma mère qui rentre du boulot.

Dans quelques secondes elle va aller fermer le portail de la résidence, ouvrir la porte du garage et faire rentrer la voiture en marche arrière, et la seule chose qui nous séparera d’elle sera cette petite porte sans verrou. D’habitude elle ne rentre pas dans mon petit coin de paradis, mais sachant que je suis censé être malade et qu’elle verra de la lumière s’échapper sous la porte, elle viendra prendre de mes nouvelles à coup sûr.

Pris de panique, j’essaye de monter un plan en un temps record. Ok calme-toi, essaye de faire l’inventaire de ce qui pourrait te porter préjudice. Déjà il n’y a rien de cassé, tout semble absolument normal ! À part peut-être Aleksy torsu nu dans tes bras, et une bouteille d’alcool presque vide sur la table basse. Tout ça alors que tu es censé être malade... Mhhh… Je suis tellement dans la merde !

N : Aleksy ?

A : Mhh… ?

N : Si ma mère nous découvre comme ça, je te jure qu'elle nous massacre !

A : Merde… qu'est-ce qu'on fait ?

N : T’inquiète pas, je crois que j'ai une idée.

Je me lève précipitamment et j’appuie sur l’interrupteur. Nous sommes plongés dans le noir complet à l’instant même où la porte du garage s’ouvre. Pile poil le bon timing !

Je reviens à tâtons vers le canapé et je me rassois au même endroit que tout à l’heure.

N (en chuchotant) : Maintenant on doit plus faire de bruit. Dès qu’elle est montée à l’étage, tu t’échappes par la porte du garage.

A (en chuchotant) : T’es sûr que ça va marcher ?

N (en chuchotant) : Ouais ! Le temps qu’elle remarque que je ne suis pas dans ma chambre, elle viendra tout de suite ici, mais on est large.

Nous tendons l’oreille pour suivre le moindre fait et geste de ma mère. Elle fait doucement rentrer la voiture à l’intérieur, elle arrête le moteur puis sort de la voiture. Elle ferme la porte de la voiture, et nous entendons ses talons claquer contre le sol en béton, puis elle ouvre une autre porte. Elle la referme à son tour, et nous entendons des bruits sourds qui ont l’air de s’éloigner de plus en plus. Ça y est, elle est montée à l’étage !

Je cours vers l’interrupteur et je rallume la lumière. Nous remettons nos T-shirt en quatrième vitesse et nous nous précipitons ensuite vers la porte du garage. Je l’ouvre rapidement mais sans geste brusque pour ne pas faire trop de bruit, et Aleksy s’empresse de sortir dehors. Instinctivement, je le retiens par le bras avant qu’il ne se mette à courir.

N : Attends !

A : Quoi ?

N : Je… On s’appelle tout à l'heure ?

Aleksy me répond par un timide sourire et un hochement de tête favorable. Je lâche son bras et il détale sur le champ pour ne pas se faire attraper. Mon cœur se compresse alors que je le vois partir. Les images de ce qui s'est passé entre nous se bousculent sans interruption dans mon esprit. Je secoue vivement ma tête pour recentrer mon attention sur ce qui a de plus important à ce moment : ma survie.

Je referme la porte du garage et j’accours vers ma salle de jeux. Mon dieu, ça sent l'alcool à plein nez ! J’attrape la bouteille et je la remets à son endroit initial, puis je lave les verres dans l’évier du garage avant de les ranger dans l’armoire. J'en profite pour me rincer la bouche et pour me mettre un coup d'eau sur le visage.

J’entends ma mère descendre les escaliers, elle va me trouver d’une seconde à l’autre. Elle ne doit surtout pas rentrer dans ma pièce ! Je fais mine de me diriger vers les escaliers. Ma mère ouvre la porte et m’aperçoit.

K : Ah bah enfin je te trouve ! Je t’ai cherché partout, t’étais où ?

N : Salut M'man, je me suis endormi dans mon studio et je ne t’ai pas entendu arriver.

Ma mère se rapproche de moi et m’embrasse sur le front puis passe sa main dans mes cheveux. Arrière Satan ! Si elle s'approche de trop, je suis cramé illico.

K : J'ai pris ma demi-journée en sachant que mon loulou était malade. Mais… tes cheveux sont trempés ! Et ton front est chaud aussi ! Heureusement que tu n'es pas resté au lycée aujourd’hui.

Et heureusement qu’elle ne sait pas la vraie raison du pourquoi je suis dans cet état… En tout cas je dois l’écarter le plus possible de moi si je ne veux pas qu’elle le sache, elle pourrait sentir mon haleine alcoolisée. Je me tourne et je fais semblant de tousser.

N : D’ailleurs tu devrais pas trop me coller, j’ai pas envie de te refiler la grippe.

K : Tant pis si je l’attrape, au moins je t’accompagnerai dans ta maladie.

N : Maman !

K : Oui ça va, je te laisse tranquille.

Je me dirige vers les escaliers mais je me retourne tout de même pour lui annoncer mon incroyable programme de la soirée, celui d’une personne réellement malade.

N : Je vais juste prendre une douche et aller dans mon lit.

K : Encore ? Mais tu viens tout juste de dormir.

N : Je sais, mais je suis épuisé et j’ai mal au crâne.

K : Pauvre chou, je t’apporterai des médicaments et ton repas dans ta chambre, mais ne prend pas l’habitude !

N : Merci maman.

Je monte à l’étage en premier et je fonce dans la salle de bains. Je me déshabille et je balance tout dans le panier à linge. Pour le coup je n’ai pas vraiment menti sur tous les points, les effets négatifs de l’alcool commencent à s’abattre brusquement sur moi. M’allonger sera sûrement le meilleur moyen de laisser passer la gueule de bois et d’éviter n’importe quelle question de ma mère.

Un filet d’eau légèrement tiède s’écrase sur mon corps et mon visage. J’ai l’impression de revivre, comme une fleur fanée que l’on vient arroser. Je laisse l’eau couler sur le sommet de mon crâne pendant plusieurs minutes, profitant de cette douce plénitude que m’apporte la température parfaite de l’eau.

Je regarde mon corps et je vois encore les mains d’Aleksy le parcourir avec fougue. J’essaye de restituer ses caresses, ses douces caresses que réclame mon corps. En vain, la sensation n’est pas la même. Il manque cette douce chaleur qui émanait de son être, ce transfert de calories qui s’effectuait entre nos deux peaux. Ça me manque déjà, au même titre que son souffle dans mon cou, ou de la texture de ses lèvres contre les miennes.

Je remarque alors que mon excitation est à son paroxysme rien qu’en me rappelant nos contacts. La honte m’accable soudainement. Qu’est-ce qui m’arrive ? Comment on a fait pour en arriver là ? Et pourquoi je n’ai pas le moindre remords malgré ce qu’on a fait ? Pourtant, je dois culpabiliser ! Rien que pour Laurène… Mais au fond de moi, je n’arrive pas à regretter. Ça me fait chier de l’avouer mais… j’ai adoré ça.

Je ne ressens absolument rien envers les garçons, aucun de mes camarades ne me fait le moindre effet… mais Aleksy est différent. J’ai en permanence ce sentiment étrange quand je le regarde ou quand je pense à lui. Une sorte de fascination, de curiosité, de bien-être aussi. J’ai l’impression que ses émotions filtrent en moi. Quand il est triste, je me sens triste aussi. Quand il attrape un fou rire, je n’arrive plus à canaliser le mien.

Mais j’aime Laurène ! Avec elle aussi je passe de superbes moments, elle me manque quand elle n’est pas à mes côtés, elle me fout la trique quand je me rappelle son corps dénudé aussi proche du mien. Alors pourquoi j’ai la sensation d’être complètement paumé ? Non c’est pas bien, c’est pas normal… Quelque chose m’échappe… Déjà qu’aimer deux personnes en même temps c’est anormal, il n’y a normalement la place que pour un seul élu dans notre cœur. Alors si ces deux personnes ne sont pas du même sexe…

Mon cerveau est complètement en vrac, je n’arrive plus à réfléchir correctement et ça ne fait qu’amplifier mon mal de crâne. Je finis ma douche en essayant de penser à autre chose et je file dans ma chambre. Je n’allume aucun appareil, ni la télé ni mon ordinateur portable. J’essaye d’échapper à la moindre distraction, au moindre son. Je préfère rester allonger dans mon lit, au calme dans le silence complet.

J’essaye de réfléchir calmement à ma situation. Je ne pense pas que mes sentiments envers Aleksy ont quelque chose à voir avec ceux que j’ai pour Laurène. Laurène, je l’aime, c’est avec elle que je veux regarder l’avenir, c’est avec elle que je souhaite vivre des moments complices.

Aleksy, quant à lui, c’est juste mon meilleur pote. Je me sens juste plus proche de lui depuis qu’il m’a partagé ses secrets. Je pense que tout ce que nous avons fait, c’était simplement pour extérioriser tous nos sentiments négatifs, voilà tout. Il n’y a aucune ambiguïté, on s’est juste lâché, sans sous-entendus ni quoi que ce soit d’autre. J’essaye de me rassurer comme ça pendant plusieurs dizaines de minutes, trouvant tous les prétextes allant dans mon sens pour valider mes hypothèses.

Je suis arraché à mes pensées par ma mère qui m’apporte mon repas et mes médicaments. Je mange le plat qu'elle m'a préparé sans grand appétit, préoccupé par toutes ces questions qui me taraudent. Puis je porte les comprimés à ma bouche et je bois en une gorgée le verre d’eau, ma bouche étant complètement pâteuse sûrement à cause de l’alcool.

Mon repas à peine avalé, j'envoie un message à Aleksy. J'attends plusieurs minutes, les yeux rivés sur l'écran de mon téléphone, mais aucune réponse n'arrive. Préoccupé mais pas inquiété, je pose mon portable à côté de moi et j'allume la télé en attendant sa réponse. Mais au fur et à mesure que le temps passe, toutes sortes d'idées germent dans mon esprit. Et s'il lui était arrivé quelque chose en rentrant ? Et s'il regrettait ce qu'on avait fait au point de ne plus oser m'adresser la parole ? Les heures passent, et j'espère à chaque minute que le flash lumineux de la notification apparaisse sur mon écran éteint. Mais il n'en est rien.

Lorsque ma mère m'appelle pour le repas du soir, je perds tout espoir de pouvoir parler avec lui aujourd'hui. Dépité, je laisse mon portable sur le lit et je descends au rez-de-chaussée. La discussion pendant le repas est à sens unique, et je réponds le plus brièvement possible au flot d'interrogations que ma mère m'adresse. Comment fait-elle pour ne pas remarquer que je n'ai pas le moral pour me lancer dans de grandes discussions philosophiques comme l'inflation du prix de la conserve de petit pois au supermarché, ou bien l'évolution des comportements sociaux de ses collègues de bureau durant la période post-Noël ? La table débarassée, je remonte le plus rapidement possible pour avoir enfin la paix.

Un rapide coup d'oeil sur mon portable suffit à me faire sursauter. Je me précipite sur celui-ci pour vérifier que oui, Aleksy a bien essayé de m'appeler il y a quelques minutes de cela. La main tremblotante, je relance l'appel en espérant de pas avoir rater la chance de l'avoir au bout du fil. Lorsque je l'entends décrocher, un énorme sourire se dessine sur mon visage.

N : Ouais, Aleksy ?

A : Ouais…

Sa voix est triste et faiblarde. Ma joie s’évanouit tout à coup.

N : Ça va pas ?

A : Si t’inquiètes pas, tout va bien.

N : Aleksy… dis-moi ce qu’il y a.

A : C’est rien, c’est juste ma mère qui m’a pris la tête.

N : Pourquoi ?

A : L’école l’a appelée dans la journée pour la prévenir que je suis pas allé en cours. Donc elle me fait la morale depuis tout à l'heure et ça me gonfle.

N : Mince… tu lui as dit quoi ?

A : Que j’avais pas envie d’y aller parce qu’il y a que des cons au lycée… enfin pas toi hein.

Cette petite attention m’amuse, comme s’il a eu peur de m’avoir blessé alors que je sais pertinemment qu’il ne parle pas de moi.

N : T’en fais pas, j’avais compris. Mais… tu ne comptes pas venir au lycée demain ?

A : Je sais pas…

N : Si tu n’y vas plus, ils vont te virer…

A : C’est peut-être la meilleure solution au final…

Sa dernière phrase agit comme un coup de couteau dans le cœur pour moi. Je ne peux maintenant imaginer finir mon année scolaire sans Aleksy à côté de moi. Même si à priori c’est sûrement sa seule échappatoire, mon côté égoïste reprend le dessus alors que je souhaite le garder auprès de moi.

N : Dis pas ça... j'ai pas envie de me retrouver tout seul sans toi...

A : T’es pas seul, t’as ta copine et tes autres potes.

N : Oui mais… ils ne sont pas comme toi…

A : Comment ça ?

Ma phrase est beaucoup trop lourde de sens. Je dois à tout prix me rattraper, et surtout le convaincre d’aller en cours.

N : Je voulais dire que… y a qu’avec toi que j’ai l’impression de pouvoir être moi-même sans craindre d’être jugé. T’es mon meilleur pote quoi…

A : C’est pareil pour moi… mais je ne peux plus y retourner, j’y arriverai pas…

N : Je t’aiderai Aleksy, je resterai constamment avec toi.

A : C’est pas ça le problème, c’est juste… le fait de les voir. Ça va me rappeler tout ça…

N : Je les empêcherai de t’approcher, eux et même tous les autres si nécessaire.

A : J’ai pas envie que tu te mettes tout le monde à dos pour moi…

N : J’en ai rien à foutre des autres, si tout le monde doit me détester, c’est pas grave.

A : Niels, arrête…

J’ai comme l’impression de le sentir s’éloigner de plus en plus de moi.

N : Je t’en prie Aleksy…

A : Je…

Je subis chaque seconde de son silence comme une torture. Plus le temps s’écoule, et plus j’ai peur qu’il ne réponde pas ou même pire, qu’il raccroche. Je commence à perdre espoir quand enfin j’entends faiblement sa réponse.

A : Ok… pour toi je vais essayer.

N : Merci Aleksy, vraiment merci.

Je pousse un long soupir de soulagement qu’il a sûrement entendu. Je suis rassuré qu’il ait accepté d’essayer de leur faire face, et je ferai tout pour qu’il n’ait plus aucun problème dans ce lycée merdique. C’est peut-être pas le moment, mais j’ai quand même envie de lui parler de cet après-midi…

N : Dis Aleksy…

A : Oui ?

N : Je voulais te dire que… c’était vraiment cool de pouvoir se reparler comme ça. Et je suis content que tu aies pu te livrer à moi.

A : Oui… ça m’a fait beaucoup de bien. Je sens comme un poids en moins sur mes épaules.

N : Tant mieux… et… c’était sympa aussi de boire un ou deux verres ensemble.

A : Ouais… mais faut que j’arrête avec tout ça.

N : Oui, t’en fais pas je comprends. Je te soutiendrai pour ça.

Aucun de nous n’ose aborder le sujet sensible, cette promiscuité que nous avons partagée pendant un court mais intense instant. Une sorte de malaise nous empêche de sortir la moindre phrase. Mais je décide de crever l’abcès.

N : Aleksy… au sujet de ce qui s’est passé entre nous tout à l’heure…

A : Je… j’ai pas vraiment envie d’en parler.

N : Ah… mais…

A : Est-ce que… faisons comme s’il ne s’était jamais rien passé, ok ?

Je reçois comme un énorme coup de massue sur le crâne. Mon cerveau tourne à toute vitesse pour essayer de comprendre. Est-ce qu’il l’a vraiment mal vécu ? Est-ce que lui regrette de l’avoir fait ? Je culpabilise maintenant de ne pas l’avoir repoussé, d’avoir été le seul à avoir pris du plaisir, d’avoir remis le sujet sur le tapis. Je me sens vraiment mal. Mais je lui en ai déjà beaucoup demandé en le forçant à revenir au lycée, je dois le laisser tranquille à ce sujet.

N : D’accord, faisons comme ça…

A : Je vais te laisser, je suis vraiment crevé.

N : Ok, ça marche.

A : Est-ce que… tu pourras passer devant chez moi pour qu’on aille au lycée ensemble ? Tu te rappelles où c’est ?

Sa demande me rassure quand même un peu, il n’y a pas de froid entre nous. Juste une partie de notre passé à oublier.

N : Oui bien sûr, je m’en rappelle comme si c’était hier.

A : Super tu gères, bonne nuit mec !

N : Ouais, bonne nuit.

Je raccroche. Cet appel m’a puisé le peu d’énergie qu’il me restait. Je pose mon téléphone sur ma table de chevet, je n’oublie pas de vérifier si le réveil est bien activé, puis je m’enroule dans mes draps et je ferme les yeux. J’ai énormément de mal à trouver le sommeil, j’ai sûrement dû prendre plusieurs heures avant d’arriver à sombrer.

Sans que je ne puisse le contrôler, quelques larmes se sont échappées de mes yeux avant de m’endormir.

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