7.    Sans Rédemption Possible - Partie 1

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Ce fut la mine sombre que Dorian retourna à la forteresse de son père. Ce dernier le regarda de haut en bas et d’un ton rempli de reproches, déclara :

  • Tu t’es encore battu avec des ivrognes ?

Dorian avisa alors son reflet dans le miroir tout proche, il n’était pas beau à regarder, son visage était couvert d’égratignures voire de plaies. Ses habits étaient par endroits déchirés et maculés de sang. Il prit un instant pour utiliser sa magie afin de récupérer une allure plus normale.

  • Ce n’était pas des ivrognes, commença le jeune homme d’un ton attristé.

Il relata ensuite à son père la quasi-totalité des faits : l’attentat, la victime, la vengeance. Il prit soin de ne pas divulguer la raison de la visite de Roxanne et surtout édulcora la dernière partie, la bâclant presque. Quand il eut terminé, Valérian le dévisageait. On lisait l’étonnement sur son visage mais également les prémices d’un nouveau plan.

  • C’est inespéré, lâcha-t-il soudain, la Princesse de Sorgat est morte, voilà qui va nous apporter encore plus de pouvoir.

Il se concentra soudain et fit apparaitre le corps de Roxanne dans les bras de Dorian. Le jeune homme allait paniquer mais son père ne lui laissa pas le temps. Il les matérialisa au beau milieu de la cité de Sorgat, à quelques pas des marches du palais et héla un garde pour qu’il vienne chercher le roi. Dorian se maîtrisa et osa poser un regard sur le cadavre. Il n’était pas beau à voir, atrocement brûlé, il usa de sa psyché pour lui rendre un aspect plus digne. Il prit même un instant pour lui caresser une ultime fois la joue. À présent, on jurerait la demoiselle endormie, bien que sa peau fût froide comme la pierre. Le Roi de Sorgat apparut, son visage se décomposa quand il remarqua ce que serrait le mage. Il murmura son prénom avec inquiétude. Elle se mua en panique pure lorsque Dorian déposa la jeune femme dans ses bras. Le monarque constata, rapidement, que sa fille ne se réveillerait jamais. Dorian ferma les yeux pour refouler ses larmes alors que son père narguait :

  • Vous avez voulu nous défier, voilà ce qu’il en coûte.

Valérian s’avança vers son fils et posa la main sur son épaule tandis que le roi hurlait sa peine contre les monstres qui avaient osé toucher à son enfant. Les deux mages réapparurent au beau milieu de leur forteresse.

  • C’était brillant !!! jubila le père.

Dorian resta planté là, silencieux, les yeux toujours fermés. Quand il les rouvrit, on pouvait y lire une étrange détermination :

  • Père, je m’en vais, lâcha-t-il sans préambule. Durant toutes ces années, je vous ai suivi et écouté. Je vous ai vu sombrer peu à peu dans ce que je considère comme de la folie. Aujourd’hui, je ne peux plus… je ne peux plus le cautionner.

Valérian le dévisagea comme s’il voyait le jeune homme pour la première fois. Dorian sentit les larmes lui monter mais courageusement enchaina :

  • Je pensais que vous reviendriez un jour à la raison, j’espérais que vous fassiez le deuil de ma sœur, le deuil de ma mère. Ce n’est pas le cas, vous partez sur une pente où je ne souhaite pas vous suivre. J’ai tenté d’arpenter moi aussi votre chemin mais tout l’alcool que je pourrais ingurgiter et toutes les femmes que je pourrais séduire ne parviendront jamais à rendre ma vie plus douce, plus indolente. Je ne sais pas tuer sans remord, alors il vaut mieux pour moi que je vous laisse à votre vengeance et que je suive ma route, sans vous.

Le visage de Valérian devint tout à coup cramoisi.

  • Comment oses-tu ? fulmina-t-il. Comment oses-tu minimiser les meurtres commis par les mages de la Tour Blanche ? Décider de partir alors que l’assassin de ta mère et celui de ta sœur continuent à couler des jours paisibles.

Sans la moindre sommation, Valérian attaqua, lançant une boule de feu à son fils. Quand il vit la colère de son géniteur, Dorian s’était préparé à un assaut, il la dévia sans problème et décida de fuir dans son monde plutôt que d’affronter les ires de son père. Quand il disparut, Valérian hurla à s’en faire éclater les poumons.

  • Fils ingrat, j’aurais dû te laisser crever la nuit de ta naissance !!!!

Mais Dorian ne l'entendit pas, il était déjà réfugié dans son monde de glace. Découragé, il se laissa tomber au sol et pleura de tout son soul. Il pleura son inaction quand Zorgal a attaqué sa sœur, il pleura sa mort, celle de sa mère, celle de Roxanne, et de tous ceux qui sont partis à cause de lui. Il ne pouvait pas continuer ainsi, il devait repartir de zéro, trouver sa propre voie.

***

Syphilis retrouva Dorian, prostré au sol, le regard perdu dans l’immensité. Elle avait laissé le jeune homme digérer tout seul sa peine puis, au moment le plus propice, avait refait son apparition. Elle observa le mage.

  • Tu as fait ce qu’il fallait, déclara-t-elle.
  • Alors, pourquoi est-ce que je me sens aussi mal ? répondit-il en continuant de fixer un point à l’horizon. Pourquoi ai-je l’impression d’avoir trahi mon père ?
  • Dorian, ce n’est pas ton père, ça ne l’est plus depuis bien longtemps. Il a ruminé sa vengeance jusqu’à ce qu’elle lui pourrisse le cœur. Ce n’est plus l’homme qui t’a aimé, ce n’est plus l’homme que tu as connu. Elminster n’a pas tort, il faut l’arrêter.
  • Oui, je trahis mon père et donne raison à l’assassin de ma mère.
  • Demande-toi pourquoi j’ai tourné le dos à Valérian ce soir-là et pourquoi je soutiendrais encore Elminster quoiqu’il arrive.
  • Qu’est-ce que tu sais que j’ignore ?
  • Rien que ton cœur ne t’ait pas déjà dit, répondit laconiquement le familier. Va voir les elfes.

La remarque eut raison de l’attention du jeune homme car il soupira d’exaspération et tourna son regard vers l’hermine :

  • Et je leur dis quoi ? Salut, je suis le gars qui a participé à la destruction de la Tour Blanche, qui a ruiné le royaume de Sorgat et offert un Néphilim à un prince elfique, il y a une petite place pour moi chez vous ? Il faut être réaliste, personne ne me fera confiance avec ce que j’ai fait et puis… je ne pourrais pas le combattre. C’est impossible, c’est mon père. Et quoi qu’il devienne, ça restera celui sans qui je ne serai pas.

Syphilis vint caresser son museau sur la main de son maître.

  • Alors, va à l’Ouest, mêle-toi à la foule, deviens anonyme. Trouve-toi une charmante épouse et… vis un peu pour toi.
  • Et quand elle apprendra qui je suis vraiment ? Je n’ai pas d’échappatoire, c’est déjà trop tard.
  • Rien n’est jamais trop tard.

Dorian soupira, il n’avait que peu d’options : soit il retournait voir son père et sombrait dans sa folie meurtrière, soit il affrontait ses choix et assumerait leurs conséquences. Un maigre sourire se dessina cependant sur son visage :

  • J’ai toujours rêvé de visiter la bibliothèque de Perlé, souffla-t-il.

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