Chapitre 5

2 minutes de lecture

« Oui » répondit-elle à la question du maire. Alors il prononça la fameuse formule qui fit de Fleur et de Marc mari et femme. Heureux, les yeux humides. Son époux souleva le voile qui lui interdisait l'accès à ses lèvres, puis l'embrassa avec tout l'amour qu'il éprouvait. Elle lui rendit son baiser sous les applaudissements de toute la salle debout. C'était le plus beau jour de sa vie. Un beau samedi de fin juillet. Elle enroula ses bras autour du cou de son homme pour se cacher des invités, car les larmes commençaient à perler de ses cils clos.

Le baiser terminé, les papiers signés, ils descendirent les escaliers main dans la main. Fleur était triste que Victor ne soit pas là. Le garçon lui manquait. Mais il avait été un méchant garçon. Un méchant garçon qu'elle avait aimé de tout son cœur. Mais il s'était étouffé.

À l'extérieur, les invités jetèrent des poignées de riz dans les airs. Fleur riait, aspergée des grains qui crépitaient en retombant sur l'escalier.

« La photo » dit sa mère comme tout le monde se plaçait sur les marches, s'éparpillant autours des deux heureux mariés.

Les médecins lui avaient dit que Victor s'était étouffé dans son sommeil, mais ils avaient tort sur ce point. Il était bien éveillé, quand c'était arrivé.

« Viens là ma puce, dit Fleur en mettant la nièce de son époux devant elle. Je veux que tu sois avec moi sur la photo. » La petite fille était aux anges.

Non, Victor ne dormait pas. Il pleurait encore. Déjà la nuit d'avant, elle n'avait pas pu fermer l'œil à cause de ses cris.

« Dites cheese, fit le photographe

  • Cheese » dit Fleur, en chœur avec tous les autres.

Elle avait tout essayé pour le faire taire. Elle l'avait bercé, lui avait chanté une chanson, lui avait donné à manger, avait vérifié sa couche ; rien n'y faisait. Alors elle l'avait recouché dans son berceau et avait délicatement appliqué l'oreiller sur son visage, pour éviter de blesser son mignon petit nez. Au début, elle avait encore perçu les pleurs sous l'étoffe, mais cela n'avait pas duré bien longtemps. Victor avait enfin fini par se taire.


« Je t'aime, dit-elle à Marc.

  • Moi aussi je t'aime, dit-il en posant une main sur son ventre rebondi. Oh ! Tu l'as senti ? Il a bougé, je l'ai senti bouger !
  • Oui, je l'ai senti aussi » sourit-elle en posant une main sur la sienne.


Noé ne pleurerait pas, lui.

Noé serait un gentil garçon.

Fleur le savait.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 9 versions.

Vous aimez lire Darzel ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0