La nuit est déjà tombée, quand Stéphane rentre à l'appartement. Les jours sont tellement courts qu'il ne voit le jour qu'au boulot. Le soleil dort encore quand il part le matin, et il dort déjà quand il revient le soir.

La mauvaise habitude qu'il a prise persiste encore. À peine déchaussé, Stéphane allume une clope. Le cendrier qui se trouvait autrefois près de la fenêtre a migré sur la table de salon. Il n'y a plus de chaise non plus, ni même de table de chevet. Les meubles sont revenus à leur place d'origine.

L'appartement d'en face a perdu de son attrait, maintenant que les rideaux sont toujours tirés. Pour ce que Stéphane en sait, la voisine n'y habite peut-être même plus. Mais ce n'est pas si grave, après tout. Ce soir, Stéphane va se coucher à 22h45, exactement comme la veille. Et comme l'avant-veille, et la veille de l'avant-veille.

Et Stéphane dort bien.