Chapitre 4

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Souvent il ne se passe rien, sur l'autre rive. Rien qu'une vie monotone, presque une série d'enregistrements qui tournent en boucle de façon aléatoire ; à quelques détails près : une coiffure ou des vêtements qui changent, la plupart du temps. Le mieux qu'il s'y passe, c'est un déhanché sexy, sur une probable chanson qui passe à la radio, voire un peu de nudité furtive. Stéphane a deviné la place de la salle de bain et celle de la chambre, grâce aux allers-retours plus ou moins habillés.

Certaines nuits de fin de semaine, la voisine sort pour ne rentrer qu'au petit matin, ou même à midi. Alors Stéphane ressent comme une épine douloureuse dans son ventre. Pas de la jalousie, non. C'est pas ça. Plutôt la déception d'avoir loupé le spectacle. Celui pour lequel il reste éveillé des heures et des heures ; pour lequel parfois il ne dort pas.

Ce n'est pas rare de voir la voisine en bonne compagnie, et de l'observer s'adonner au plaisir dans le salon. Il arrive que l'étalon du soir soit décevant. Les précoces ne sont pas si rares, et ceux sans imagination sont loin de manquer à l'appel. Finalement, ceux qui font grimper la belle (pas si belle que ça) au rideau ne courent pas les rues. Stéphane se demande de temps à autre ce qu'il vaudrait avec elle. Mais devant les exploits lamentables de beaucoup, il se dit qu'il préfère tenir sa place plutôt que de se ridiculiser.

Et puis, on peut dire qu'elle collectionne les hommes. Stéphane en a vu défiler un bon nombre. Deux ou trois par semaine parfois. Et c'est seulement ceux dont il a connaissance. La semaine passée, il avait failli s'étouffer avec son café en la voyant débarquer avec trois bonhommes à sa suite.

C'est bien pour ça qu'il est crevé du matin au soir et du soir au matin. Elle a une telle vie sexuelle que Stéphane se demande même si elle a une vie, un job, des amis peut-être ? Il se demande comment elle fait pour tenir le rythme. Et puis en y réfléchissant, il se rend compte que c'est lui le problème. Il veille jusqu'à pas d'heure, rien que pour espérer la voir rentrer avec un homme, et la plupart du temps pour rien. Les vendredi et samedi, il peut rester debout jusqu'au lever du soleil en espérant qu'elle rentre de boite accompagnée.

Au début il s'en tenait aux week-ends, mais il s'est vite aperçu qu'elle était tout aussi active la semaine. Elle sortait jusque moins tard, oui, mais moins tard ça faisait tard quand même, surtout quand le réveil sonne à 5 heures. Et il est devenu fou, quand il fumait un mardi soir à sa fenêtre, vers 2 heures du matin (il bossait pas le lendemain), et que la lumière s'est allumée chez la voisine alors qu'il la croyait endormie depuis belle lurette. Et la voilà qui va ouvrir la porte, qui se fait pousser dans le salon par un grand black et qu'elle se fait prendre en levrette contre le mur. C'est à ce moment là que Stéphane comprit que ça pouvait arriver presque à tout moment, et que ses nuits ont commencé à sérieusement partir en couilles.

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