Chapitre 29

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Emmerick ouvrit la portière à Madeleine, qui s’engouffra dans la voiture, et la claqua brusquement. Toujours fâché, il s’installa à ses côtés puis se mura dans le silence.

Personne ne parla durant le trajet. Les émotions du lieutenant et l’atmosphère pesante envahirent l’habitacle jusqu’à atteindre le chauffeur qui se tassa contre son siège. L’esprit inondé de questions, il démarra la voiture. Qu’était-il arrivé durant ce dîner ? Ne devaient-ils pas passer la nuit ensemble ? L’officier avait pourtant réservé une chambre. Pourquoi la fille semblait gênée et lui en colère ? Le lieutenant lui avait pourtant paru à la fois surexcité et nerveux lorsqu’ils étaient arrivés dans la ruelle.

Il jeta un œil dans le rétroviseur et croisa le regard peiné de la Française.

  • Dépose-nous à la même ruelle que tout à l’heure, ordonna sèchement Wolffhart lorsqu’ils arrivèrent près de Lormont.

Le ton de chef qu’il utilisa donna à sa voix une sonorité vibrante et métallique. Un frisson parcourut l’échine de Madeleine, s’arrêta entre ses lombes. Sensation intense. Tel un baiser un peu brutal qui s'achevait en morsure. La pianiste souffla profondément, le dernier verre de vin faisait effet et enflammait ses sens. L’habitacle de la voiture lui sembla soudain étriqué, étouffant. Chaud. Tentant d’apaiser les flots qui la submergeaient, elle ferma les yeux et renversa la tête contre le dossier.

Sentant la Française remuer, Emmerick se retourna et la découvrit dos cambré, poitrine bombée, montant et descendant au rythme de sa respiration. Son souffle se coinça dans sa gorge. Inconsciente de son regard, Madeleine retroussa lascivement sa jupe au-dessus des genoux dans l’espoir d’éteindre le feu qui se propageait dans sa chair. Wolffhart déglutit. La peau fine et nacrée de ces cuisses l’attira. Irrésistiblement. Sa colère chuta en même temps que son sang dans son bas-ventre. Il se pencha vers la pianiste, posa la main sur son épiderme brûlant.

Madeleine ouvrit les paupières. Son regard incandescent et fiévreux croisa celui du lieutenant. Emmerick se sentit brusquement à l’étroit dans son pantalon. Cette jupe relevée, cette position, ces yeux… Il avait l’impression qu’elle s’offrait. Son esprit lubrique s’imagina l’attraper par la taille et la poser à califourchon sur lui. Elle l’embrasserait férocement tandis qu’il glisserait une main dans ses cheveux, l’autre sous sa jupe. Il la voulait sauvage, indomptable. Deux corps furieux s’unissant.

L’énergie de l’habitacle changea de nature. Une lueur bestiale se mit à danser dans les prunelles du lieutenant. Il la voulait. Maintenant. L’air crépitait entre eux, chargé de désir. Le cœur de Madeleine palpita et le feu dans sa chair se fit plus ardent encore. Elle remonta légèrement la jambe, faisant glisser la main d’Emmerick contre sa cuisse. Un silence troublant s’installa. Souffle suspendu, tension corporelle. Ils se regardaient affamés, à la fois proie et prédateur, attendant que le chauffeur disparaisse par magie pour se jeter l’un sur l’autre.

Alors que la paume d’Emmerick s’apprêtait à descendre plus bas, Ulrich annonça l’arrivée et se gara dans la ruelle. L’officier retira sa main.

  • Scheiße ! s’écria-t-il en revenant à la réalité.
  • Tout va bien, lieutenant ? demanda Ulrich.
  • Oui.

Reprenant ses esprits, Madeleine baissa sa jupe. Ses joues s’enflammèrent, la honte la submergea. Elle venait de flirter avec l’ennemi. Elle avait aimé ça. Qu’est-ce qui ne tournait pas rond chez elle ? Pourquoi son corps ne se mettait-il pas au diapason de son esprit ? La consigne était pourtant claire : ne pas s’attendrir, ne pas se laisser charmer.

Wolffhart vint lui ouvrir la portière et elle dut prendre une grande inspiration pour calmer le tourbillon d’émotions qui grondait en elle, espérant que son visage ne trahisse pas ses émotions. Encore bouillonnant, Emmerick lui proposa son bras et l’escorta. Il avait du mal à calmer les pulsations frénétiques de son cœur. Un mot, un regard venant d’elle et il la prenait sur-le-champ.

Arrivés sur le perron, Madeleine monta la marche et se tourna vers le lieutenant, se retrouvant alors à la même hauteur, face à lui. Ses yeux enflammés, son souffle irrégulier, son corps enfiévré, tout en lui l’appelait. Et une part d’elle voulait répondre à cet appel, mais une autre l’en empêchait. Jamais elle ne s’était retrouvé face à un interdit pareil.

  • Merci pour cette soirée, souffla-t-elle.

Malgré les moments chaotiques du dîner, elle ne voulait pas qu’il s’en aille. Pourquoi ? Était-ce l’alcool qui altérait ses pensées ? Les sentiments naissants peut-être… Impossible de changer autant d’opinion en une soirée. L’envie de sexe alors ? Madeleine s’empourpra franchement. Il fallait qu’elle arrête de trop réfléchir.

Elle posa une main sur le visage du lieutenant et caressa sa joue. D’abord surprit, ce dernier profita ensuite du contact. Le même fourmillement que lorsqu’elle avait effleuré sa main se répandit dans son corps et son excitation monta encore d’un cran. Il se rapprocha et agrippa la hanche de la pianiste. Son sang pulsait dans son bas ventre, rendant sa hampe douloureuse. Le parfum sucré de Madeleine, addictif et dangereux, exaltait ses sens.

Leurs souffles haletants se mêlèrent et la Française effleura ses lèvres à celles d’Emmerick. Ses barrières tombaient. Cœur vibrant, esprit enivré, doucement elle laissait son corps gagner la bataille. La pression sur sa hanche se fit plus forte, envoyant une décharge électrique dans tout son être. Leurs bouches, si proches, étaient prêtes à se sceller dans un baiser.

Mais la dernière barricade résista.

  • Non ! cria-t-elle soudain.

Madeleine recula vivement, mains sur la bouche. Complètement déboussolée et ne sachant plus où se mettre, elle courut se réfugier chez elle.

Emmerick resta pantois sur le perron. L’odeur de bonbon, persistante dans l’air, lui tournait le cœur et lui brûlait la tête. Cette femme pouvait bien être un poison qu’il le boirait quand même. Beaucoup trop dangereuse pour lui. Wolffhart se jura : Madeleine Perrin, plus jamais.

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Salut, désolée pour cette longue absence...

Je n'abandonne pas cette histoire. Cependant, parfois il m'arrive d'être moins confiante dans ce que j'écris. Dans ces moments, je préfère écrire sans publier, sans recevoir d'annotations ni jugements (même si je sais que c'est toujours bienveillants venant de vous !).

Passé ce moment "down", j'ai maintenant hâte de voir vos annotations et commentaires.

Me voilà donc de retour, avec tous les chapitres écrits jusqu'alors ! :)

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