Nouveau départ

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À peine réveillé, Edward était tout excité, c'était le jour J, la période d'abstinence prenait fin. Il ouvrit la malle et s'empara de la pierre. Content de la retrouver, il la serra fort dans le creux de sa main. Au contact de sa peau, la pierre lui offrait des sensations exquises, il jubilait. Ne pouvant plus résister, il ferma les yeux pour visualiser sa destination. Vignes, roches et buis s'imposèrent à lui pour former une image mentale très précise. Lucide, il navigua dans la scène puis la luminosité devint aveuglante et la confusion le gagna. Après une vague de chaleur, le black-out arriva. Chants d'oiseaux, sens en éveil, lourdeur, en ouvrant les yeux, Ed contempla le paysage. Comme voulu, il était au pied de la roche de Solutré.

Il était parti de Trévoux pour arriver à Solutré-Pouilly en se laissant porter par la pierre. Une cinquantaine de kilomètres parcourus en combien de temps ? Il ne s'était jamais vraiment posé la question. Quelle importance, il se déplaçait plus vite qu'une voiture, mais les propos de Marianne résonnèrent dans son esprit : « Pendant le moment de flottement, j'aurais aimé que l'on se retrouve ».

Ces mots l'avaient secoué. Son spectacle aimé des Lyonnais demandait beaucoup d'exigence. Ce jour-là, Marianne avait vu une faille dans son pouvoir. Et quelques jours après, il ne pouvait plus se téléporter. Être rigoureux, prendre des notes pour calculer la durée des trajets, il faudra le faire. Avoir une approche plus scientifique permettra de mieux cerner la force et les limites de la pierre.

Pour le moment, il profitait du cadre, et se lançait dans l'ascension de la roche. Arrivé au sommet, il admira le panorama. Les vignobles s'étendaient à perte de vue. Au loin la Bresse, le Jura et en arrière plan le Mont Blanc. Que demander de mieux ?

Ed regarda sa montre, il était huit heures du matin. Yeux clos, il se concentra pour choisir une destination. Flash, noir absolu, vent frais, air marin, il était en Bretagne. Devant Ed s'étendait l'océan Atlantique et pour la première fois de sa vie, il marchait sur la pointe du Raz : quel spectacle magnifique !

Cinq secondes, c'est le temps qu'il avait mis pour traverser la France. Un grand sourire se dessina sur son visage et après un battement de paupières, le jeune homme était face à la mer Méditerranée. En regardant sa montre, il constata que trajet avait duré dix secondes et heureux, il déambulait sur la plage d'Antibes. Empli de joie, Ed songea que son pouvoir était un pied de nez au plus riche de la planète. Même en payant des chercheurs des milliards, ils ne pourraient jamais rivaliser avec lui ! Une pensée fulgurante lui traversa l'esprit : « La téléportation, c'est le jet privé du pauvre ».

Liberté, lumière vive, black-out, retour au bercail. À sa grande surprise, Edward constata qu'il avait mis plus d'une minute pour rentrer chez lui.

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