Chapitre 49 - James : amour ou amitié ?

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Le week-end ne s’est pas du tout déroulé comme prévu et mon cœur souffre encore de la vision douloureuse de Matéo et de cette fille. Il est midi passé et je ne veux pas sortir de mon lit. Je me force tout de même à le faire car ma mère ne va tarder à monter et mettre le bazar dans ma chambre. Je me douche et m’habille à la vitesse d’un escargot lorsque ma mère toque à ma porte.

- Je suis levé ! je crie à travers le bruit de l’eau pour qu’elle entende.

- Le déjeuner est prêt m’indique-t-elle avant de descendre les escaliers.

J’allume mon téléphone pour regarder les nouvelles et je suis étrangement contente de voir un message de James. Il aimerait passer chez moi pour me rendre mes classeurs car il a fini de faire les photocopies. Le voir me permettra peut-être de surmonter cette épreuve difficile. Il faut dire que mes actions malchanceuses ne m’aident pas vraiment à avancer. Je lui propose de venir dans l’après-midi et en attendant sa réponse, je rejoins ma mère.

- Tu sembles en meilleure forme que je ne le pensais, remarque-t-elle d’un ton soupçonneux.

- James va passer à la maison tout à l’heure, je l’informe en me servent du gratin.

- Tiens donc, il semble que tu l’apprécies bien ce jeune homme. C’est plutôt une bonne chose car je le trouve gentil mais ne te précipite pas sur lui.

- Je ne comprends pas ce qu’il ne va pas, je m’énerve. Tu me demandes d’oublier Matéo puis tu me dis de ne pas me jeter dans les bras d’un autre, cela ne veut rien dire.

- Je veux seulement t’expliquer que d’un point de vu psychologique c’est une façon de te protéger des sentiments que tu as encore pour Matéo.

- James est peut-être mon seul moyen d’échapper au fantôme de Matéo et je veux tenter ma chance avec lui si j’en ai l’occasion.

Ma mère soupire comme lasse de mon obstination et continue de manger en regardant son assiette. Je n’aime pas me disputer avec elle surtout en ce moment où nous avons besoin l’une de l’autre. S’il y a bien une personne qui a changé depuis l’arrestation de mon père, c’est bien elle. Elle est devenue plus douce et attentionnée depuis que son masque est tombé.

Cette semaine a été plus que laborieuse et même si ce week-end a mal commencé, je vais tout faire pour que dimanche se passe mieux. On dit que c’est le jour du seigneur alors pour une fois j’espère avoir Dieu de mon côté. Même si la roue a tourné à la défaveur de mon père et ses associés, il n’y a pas de raison que ça se passe mal pour moi. Je sais que je ne suis pas une bonne chrétienne, je ne vais plus à l’Eglise depuis que ma grand-mère n’est plus là mais j’essaie d’être quelqu’un de bien.

Je monte dans ma chambre pour me préparer un peu mieux avant l’arriver de mon invité. Je change complètement les vêtements que j'avais choisis après la douche. Pour être plus attirante, j’opte pour une robe d’été à fleurs rouges puis j’attache mes cheveux avec des pinces de la même couleur où des roses sont accrochées. Je me maquille légèrement puis je mets mes sandales à petit talon.

Je suis enfin prête et j’en profite pour ranger un peu la maison avant que mon invité arrive. Le temps passe très vite et James ne tarde pas à sonner à la porte.

- Bonjour, je suis content de te voir, lance-t-il.

- Salut, moi aussi je suis heureuse d’avoir reçu un message de ta part, je réponds sous le charme de son accent.

Il porte les deux classeurs à bout de bras et je l’invite à entrer pour le soulager de ce poids qu’il doit trimbaler depuis longtemps. Nous entrons dans ma chambre une fois que ma mère l’a salué. James les dépose sur mon bureau tandis que je vais chercher le carton dans mon dressing pour les ranger. En parfait gentlemen, il m’aide à les caser à leur place.

Une fois la tâche réalisée, il me regarde avec un air gêné sans savoir quoi dire face au silence qui nous entoure. Son visage rougit et je trouve cela vraiment très mignon. Il n’a rien avoir avec Matéo : sa figure est moins mature et malgré sa haute taille, il n’a pas la même musculature que lui ni la même coupe de cheveux adulte. James ressemble à une star de série pour ado sur Disney Chanel mais je dois quand même reconnaitre son charme.

Mon Dieu mais pourquoi est-ce que je le compare à mon ex ? Cela n’est vraiment pas bien de faire ça surtout quand le concerné se trouve juste en face de moi. Si je m’intéresse à lui, c’est justement parce qu’il n’a rien à voir avec Matéo. Il faut vraiment que j’arrête de me prendre la tête avec lui.

- Alors ? Que veux-tu faire ? demande James pour briser ce silence gênant.

- On pourrait jouer à des jeux de société ? je propose sans vraiment réfléchir.

- C’est une bonne idée, approuve-t-il enthousiaste.

Je sors mes boites de jeux puis nous descendons dans le salon. J’installe le jeu que James a choisi car il ne le connait pas. Il n’arrête pas de faire des erreurs durant la partie ce qui nous provoque des fous rire.

- Je vais prendre le thé avec Alma en ville, me prévient ma mère en passant devant nous pour rejoindre la porte d’entrée.

Nous finissons par arrêter ce massacre et pour se venger de son humiliation il veut à présent me défier aux échecs. Je ne maitrise que les bases de ce jeu difficile à l’inverse de mon adversaire qui doit probablement être doué en la matière. Il parvient à me mettre en échec en moins de dix coups.

- Mon Dieu, c’est incroyable ! je m’exclame impressionnée. Comment as-tu fait ?

- Ah ah ! C’est un secret honey, répond James en me faisant un clin d’œil.

- Je veux recommencer ! je m’exclame déterminée.

Encore une fois il parvient à me battre avec facilité. Je pensais que j’avais bien protégé ma reine mais il a trouvé une faille. Pour la troisième partie, je sens que ce coup va encore me mettre à terre donc je renverse innocemment l’échiquier.

- Tu triches ! s’écrit-il avant de rire. Il vaut mieux arrêter ce nouveau massacre.

J’ai fait tomber les pions un peu partout en même temps que le verre de jus d’orange sur son jean. Je m’excuse immédiatement puis à l’aide d’un torchon je frotte sur le tissu malgré les exclamations de James. Je remarque alors avec horreur que je suis proche de ses parties intimes et je m’arrête direct. Je vois qu’il est en train de rougir à nouveau et je le trouve vraiment attirant.

Je ne peux m’empêcher de me pencher vers lui puis de l’embrasser. James ne réagit pas immédiatement, probablement surpris par mon geste mais il finit par me repousser doucement. Il semble très mal à l’aise, ce que je ne comprends pas puisque je pense qu’il est aussi attiré par moi.

- Je suis désolé Tina mais ça ne va pas être possible, s’excuse-t-il en baissant les yeux.

Quoi ? Alors là je suis vraiment perplexe.

- Je t’apprécie beaucoup et je suis attiré par toi alors ne crois pas le contraire, mais je suis en couple avec un garçon, explique-t-il.

À présent je suis complètement horrifiée par ses paroles. James est en train de me dire qu’il est bisexuel !

- Pourquoi veux-tu passer du temps avec moi si tu es déjà avec quelqu’un ?

- Je ne sais pas trop, avoue-t-il en se grattant la tête. Je suis en couple avec ce garçon depuis deux ans et il vit aux Etats-Unis. C’est un peu compliqué entre nous et je ne suis plus sûr de mes sentiments. Je suis déjà sorti avec des filles alors ne crois pas que j’ai envie de sortir avec toi juste pour tester. Seulement, je ne pensais pas que tu allais précipiter les choses entre nous.

Ses paroles sont très ambiguës et j’avoue que ça me perturbe autant que lui. Je ne veux pas gâcher notre relation car au-delà ce mon attirance pour lui, j’apprécie beaucoup James. Si je comprends bien, il hésite entre moi et ce garçon. Seulement, l’imaginer avec un garçon m’horrifie parce que je ne suis jamais tomber sur quelqu’un qui aime à la fois les filles et les garçons.

- Je suis sincèrement désolée, je ne voulais pas te perturber, je parviens à dire la voix peu assurée.

- Il vaut peut-être mieux que je rentre, soupire-t-il.

Il m’aide à ranger les jeux en silence puis je le raccompagne à la porte. Avant de partir, il se tourne vers moi pour me prendre les mains.

- Je t’aime beaucoup Tina et je ne veux pas gâcher ce qu’il y a entre nous, dit-il avec sincérité.

Je souris face à cet aveu puis je le laisse partir. Je range les affaires sorties pour le goûter lorsque quelqu’un sonne à la porte. James doit avoir oublié quelque chose chez moi.

J’ouvre la porte sur Matéo qui ne semble pas vraiment en forme. Il parait à la fois en colère et triste. Je ne sais pas quoi faire car la douleur que j’éprouve à cause de lui revient me hanter au galop. Il serre les poings et je perçois une larme couler sur sa joue qu’il ne tarde pas essuyer d’un revers de main.

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