Chapitre 33 - Tension maximale

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Lorsque les yeux de Matéo se posent sur le couple à l’entrée, une vague de surprise le traverse mais laisse rapidement place à des éclairs. Il se lève d’un bon en faisant claquer sa chaise ce qui fait sursauter quelques clients près de nous. Sa mère le regarde comme s’il était possédé puis se retourne à son tour. Quand elle comprend pourquoi son fils est sur le point d’exploser, elle l’agrippe par le bras.

Mon homme se défait rapidement de cette emprise et se poste en quelque seconde devant son père. Le couple et leur enfant le regardent avec étonnement, agressé par ce personnage imposant. Je pense que son père ne l’a pas reconnu car il pose une question totalement absurde.

- Est-ce que nous nous connaissons monsieur ? demande-t-il d’un ton clair et professionnel.

Je comprends le comportement de son père car ce n’est pas facile de reconnaitre Matéo après dix ans d’absence. Son fils a beaucoup changé physiquement, mentalement et son style est désormais à l’opposé de son père.

- Tu ne reconnais pas le fruit de ta chair ? interroge-t-il un soupçon de sarcasme dans la voix.

Il faut quelques secondes à monsieur Di Angelo pour comprendre qui se tient en face de lui. Son regard devient tout à coup sévère et il se place devant sa femme ainsi que son second fils comme pour les protéger d’une menace.

- J’ai entendu dire que tu étais revenu mais je ne pensais pas te croiser ici, répond-t-il avec sévérité.

Un serveur apparait ensuite pour installer les nouveaux venus mais mon amoureux le repousse d’un signe de la main. Pour le moment Matéo fait preuve de retenue mais je regarde la scène avec horreur parce que je doute que cet échange finisse bien.

- Je n’ai pas réfléchi à cette probabilité étant donné que tu étais censé avoir déserté la ville, réplique Matéo d’un ton froid.

- J’ai toujours quelques affaires à régler ici.

Le visage de sa femme est rempli d’incompréhension. Visiblement, monsieur Di Angelo n’a jamais mentionné son ancienne vie auprès de sa nouvelle famille.

- Tu aurais pu me dire que j’avais un frère, suggère mon amoureux.

Les gens autour de nous jettent quelques coups d’œil aux deux hommes qui dégagent une aura malintentionnée.

- Tu n’es plus mon fils, ton sort et celui de ta mère m’importe peu à présent, single-t-il. De plus, je ne veux pas que tu pollues la tête de Timothée avec tes idioties. Je suis en partis au courant de ce que tu as fait durant toutes ces années. Tu es indigne d’être mon fils !

Alma et moi nous précipitons aux côtés de Matéo car je sens que ces mots sont de trop pour lui. Les poings de mon homme sont si serrés que j’ai l’impression que le sang ne circule plus. Nous attrapons ses deux bras pour éviter qu’il ne donne un coup à son père. Je ne pense pas que cela va l’arrêter mais au moins son coup sera ralenti s’il tente quelque chose.

Le regard de la famille se pose sur nous et je vois que monsieur Di Angelo est encore plus irrité qu’avant. Je crois qu’il aimerait bien manger et partager un moment avec son entourage mais nous sommes considérés comme un obstacle.

- Tu es un monstre ! fulmine Matéo qui détient dès à présent un silence de plomb dans le restaurant. J’espère que tu répondras de tous tes crimes un jour.

À ces mots, mon amoureux fonce dehors en nous laissant seule avec son père.

- Je ne vois pas pourquoi tu fréquentes un raté pareil, commente monsieur Di Angelo à mon intention. Une jolie fille comme toi mérites mieux que lui.

- Demandez à mes parents ce qu’ils pensent de Matéo puisque vous êtes encore en contact, je rétorque avant de suivre mon homme et sa mère dans la nuit.

- Mon père est une pourriture ! hurle-t-il au milieu de la rue.

Mon homme fait les cent pas sur le trottoir avec une agilité de panthère. Je suis vraiment triste de le voir dans un état pareil. Il semble vraiment affecté par le comportement de son père et c’est compréhensible. Les mots de monsieur Di Angelo étaient vraiment ignobles et personne ne mérite d’entendre ça.

- J’étais sur le point de lui pardonner et je pensais que lui aussi. J’ai cru qu’en dix ans, il aurait changé d’attitude mais je me suis trompé.

- Calme-toi mon chéri, s’inquiète Alma.

Je vois le serveur apporter nos plats à la table mais personne n’y prête attention.

- Il a osé me cacher qu’il avait un deuxième fils ! poursuit-il en laissant des larmes couler sur ces joues. Je ne vais pas laisser cet homme fabriquer un autre reflet de sa personne pour gérer son entreprise comme un dictateur.

Les passants ne cessent de le dévisager et de chuchoter sur l’attitude disproportionnée de mon amoureux. Je commence à culpabiliser de ne pas lui avoir dit ce que je savais.

- Si j’avais su qu’il serait là ce soir, je commence avec angoisse, je t’aurais avoué que tu avais un frère mais…

- Comment ça, tu savais ? me coupe-t-il en se plantant vers moi. Toi aussi tu m’as trahi ? Où as-tu eu cette information ?

Jamais Matéo ne m’en a parlé aussi durement et je me ratatine sur moi-même car je suis vraiment intimidée par sa personne.

- Ça suffit ! le sermonne Alma. Tu n’as pas le droit de reporter ta colère et ta frustration sur Valentina.

- Je ne suis au courant de ça que depuis cet après-midi, je me justifie suppliante. Je te jure que j’allais t’en parler.

Matéo secoue la tête avant de donner un violent coup de poing contre le mur. J’étouffe un cri face à autant de violence de sa part. Sa main est rougie par le sang qui dégouline sur son poignet.

- Mais tu es malade ou quoi ? s’écrit sa mère en prenant un mouchoir. Tu veux te casser les phalanges ?

Elle essuie la main de son fils puis enroule un nouveau mouchoir propre autour de sa main.

- Je suis vraiment désolée pour ce qu’il s’est passé, je couine sans m’approcher.

Il lâche un soupir qui en dit long avant de se tourner vers moi.

- C’est moi qui suis désolé Tina, je ne voulais pas être agressif avec toi, souffle-t-il en me prenant la main. C’est juste que les paroles de mon père m’ont fait péter les plombs et je n’ai pas apprécié que tu ne viennes pas me parler de ce que tu savais à son sujet.

Je le prends dignement dans mes bras pour lui prouver que je lui pardonne.

- Je ne veux pas te perdre mon amour, je murmure. Je t’aurais dit la vérité sur ton père dès que j’aurais trouvé le moment.

- Je sais que tu ne voulais pas me le cacher et je m’excuse de t’avoir crié dessus, s’excuse-t-il encore.

- C’est normal que cela te touche parce que c’est ton père, intervient Alma. Cependant, il faut vraiment que tu parviennes à te maitriser sinon tu vas finir par te faire mal.

- Je suis heureuse que tu n’es pas frappé ton père, je mentionne.

- C’est grâce à vous si je n’ai pas abimé son visage, explique-t-il. Sinon, je vous promets que je lui aurais mis la correction de sa vie. Je suis sûr que mon grand père ne lui en aurait jamais donné une si belle gifle.

Par ces mots sarcastiques, Matéo nous montre qu’il est redevenu calme et qu’il souhaite se faire pardonner.

- Il serait temps de déguster nos plats à l’intérieur avant qu’ils ne deviennent froid, propose Alma.

- Je n’ai pas envie de rester dans la même pièce que mon crétin de père, grogne Matéo.

- Ne lui montre pas que sa présence te fait quelque chose, je lui conseille. Feint l’indifférence et montre lui que ta vie est géniale comparée à la sienne si ennuyeuse.

- Tu es raison ma chérie, s’enthousiasme-t-il en bombant le torse.

Nous entrons dans le restaurant et reprenons nos couverts comme si rien d’important ne s’était passé. Matéo reste tout de même tendu durant le repas et ne mange pas avec appétit comme à son habitude.

En jetant quelques coups d’œil à son père, je peux voir qu’une certaine gêne est présente à sa table. Sa femme semble lui en vouloir tandis que son jeune fils ne comprend pas vraiment ce qu’il s’est passé.

À notre table, nous évitons les sujets fâcheux et nous nous concentrons sur des choses qui ne sont pas importantes. Dès que nous avons terminé nos desserts Alma va payer et Matéo m’indique qu’il ne veut pas s’attarder ici. Nous sortons du restaurant puis reprenons la voiture en soupirant de soulagement. Finalement, nous pouvons dire que le pire a été évité.

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