Chapitre 31 - La fin de la discrétion

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Je me réveille en sursaut dans les bras de Matéo. Celui-ci remue un peu tandis que je regarde l’heure sur son réveil. Il est presque midi ! Il faut absolument que je rentre si je ne veux pas me faire taper sur les doigts.

Je m’extirpe des draps en repoussant gentiment le corps de Matéo. Je m’habille en quatrième vitesse puis je descends les escaliers sans bruits. Je profite que la baie vitrée soit ouverte pour sortir sans me faire voir par Alma qui ne doit pas être loin.

Je rejoins rapidement ma maison avant d’entrer le plus discrètement possible par la terrasse. Avec un peu de chance, mes parents ne sont peut-être pas encore levés. J’atteins ma chambre sans encombre avant de me plonger à nouveau sous les draps.

J’envoie un texto à mon homme pour ne pas qu’il se sente abandonner à son réveil. J’espère que mon joli mot d’amour va lui faire plaisir. Je passe également un message à Irina pour lui signifier que j’ai passé le cap avec mon amoureux. Je lui avais promis de lui dire une fois la chose faite.

Je ne parviens pas à dormir plus de trois heures. La nuit avec Matéo m’a emportée dans un sommeil de plomb. Je ne suis pas vraiment fatiguée car j’ai repris de l’énergie. Il est vrai que cette histoire avec Alex n’a pas été facile à organiser mais nous avons réussi. Maintenant, justice est faite au nom de toutes les victimes de mon ex.

Je descends au salon où ma mère m’accueille avec joie. Elle porte une tenue plus décontractée et me tend des œufs brouillés au bacon.

- Je suis heureuse de voir que tu as bonne mine malgré les évènements d’hier, s’enthousiasme-t-elle.

- Papa n’est pas là ? je demande en essayant de localiser sa présence. Ne me dis pas qu’il travaille encore le samedi.

- Ton père est allé s’expliquer auprès des membres, explique-t-elle avec tracas. La mère de Clara a organisé une réunion d’urgence dans sa demeure. Tout le monde veut avoir les explications concrètes sur l’irruption de la police a une soirée aussi importante.

- À ton avis, ils ont apprécié le coup de théâtre ? je questionne avec ironie.

- Je ne sais pas trop, j’espère que nous n’allons pas être dans le collimateur de ces gens car cela marquerait notre marginalisation dans le groupe, s’inquiète-t-elle.

- Papa est un commercial, il sait parler aux autres et dire ce qu’il faut, j’approuve la bouche à moitié pleine. Il saura défendre notre famille.

- Ce qui est sûr, c’est que les Damas ne vont pas laisser passer ça, soupire-t-elle.

- Ne t’en fait pas, ils seront en mauvaise posture dans tous les cas, je poursuis.

- Madame Damas m’a jeté de ces regards, cancane ma mère. On aurait dit qu’elle allait me sauter dessus. C’est dommage que notre amitié ait volé en éclat à cause de son fils. En même temps, j’aurais honte d’avoir un enfant comme Alex.

Elle commence à me gonfler avec ses réflexions. Ma mère sait très bien comment cela fonctionne ici. Les amitiés se font et se défont, les familles peuvent passer de la popularité à la marginalisation.

J’ouvre mon téléphone tout en faisant mine d’écouter ses plaintes. J’ai reçu un message de mon homme, en revanche aucune réponse du côté de ma meilleure amie.

- Je vais rejoindre Matéo, j’indique à ma mère.

- Encore ? s’indigne-t-elle. Mais tu étais avec lui il y a encore quelques heures. Tu es plus accroché à lui aujourd’hui que durant ton enfance.

Je commence à rougir jusqu’à la racine des cheveux. C’est vrai que ça devient de plus en plus louche parce que je passe toutes mes journées avec lui.

- Je dois rattraper le temps perdu, je réussi à dire pour répondre quelque chose d’intelligent. Il m’a beaucoup manqué…

- Je sais et je regrette encore mon comportement envers cette famille, soupire ma mère. Je n’avais plus de nouvelles d’Alma mais de son ex-mari oui.

Je m’apprêtais à sortir rejoindre Matéo mais cette dernière phrase m’a interpelée.

- Je croyais qu’il ne fréquentait plus personne d’ici, j’expose sceptique. Les gens disent quand même qu’il vit toujours dans la ville.

- Ton père et monsieur Di Angelo ont un contrat de quinze ans ensemble qui n’est pas encore terminé, explique-t-elle. Il a un logement secondaire à Toulouse mais il réside à Bordeaux depuis des années. Je crois qu’il a refait sa vie assez rapidement. À vrai dire ton père ne parle pas beaucoup de lui et je ne l’ai pas vu depuis un moment.

Je ne pensais pas qu’ils se fréquentaient encore mais cela ne m’étonne pas. Mon père et lui sont de vieux amis et ils se sont juste montré plus discret dans leur relation après le départ de Matéo.

- Je vois, il est parti pour ne pas avoir à subir les critiques du départ de son fils, je conclu avant de prendre mon sac.

Ma mère m’indique de revenir ce soir pour discuter avec mon père après la réunion des membres. On dirait une secte quand je parle d’eux alors que ce n’est absolument pas le cas. Pour devenir membre, il faut être fortuné et connaitre des personnes. Il n’y a pas d’admission administrative ni de frais à payer, tout est une question de sociabilité.

Je rejoins la maison de mon homme par la baie vitrée toujours ouverte. J’entends Alma claquer une porte.

- Matéo ! crie-t-elle depuis le palier. Il faut qu’on parle !

Elle entre ensuite dans la chambre de mon homme sans frapper ce qui doit énerver Matéo. Je décide d’entrer dans la maison puis de me tenir près des escaliers pour entendre la raison de sa colère.

- Qu’est ce qu’il y a encore ? râle-t-il. Pourquoi tu me fiches les draps à la figure ?

- Dis-moi pourquoi il y a du sang sur le tissu ? demande-t-elle avec agressivité.

Oups, je ne pensais pas qu’Alma allait tomber dessus.

- J’ai dû m’ouvrir une coupure pendant la nuit, ronchonne Matéo. Laisse-moi m’occuper de les laver.

- Ne me mens pas ! s’écrit-elle à nouveau. Je sais très bien que c’est le sang d’une fille. Attention avec ça mon fils, ne fait pas des bêtises.

- Arrête de dire n’importe quoi, bougonne-t-il en essayant de clore la conversation. Tu délires complètement !

- Je veux savoir ce qui se passe avec Valentina, menace-t-elle. Ne continue pas à me raconter des salades car je sais que tu ne fréquentes aucunes filles à part elle. Je suis ta mère et je sens quand quelque chose se passe.

Matéo reste silencieux, je crois qu’il ne sait vraiment plus quoi raconter comme mensonge. De toute façon, Alma a tout découvert, elle veut juste que son fils lui confirme notre relation.

Je me décide à agir car je ne veux pas que sa mère continue à faire une fixette sur les taches de sang. Je monte les escaliers bruyamment pour me faire entendre. Deux visages se tournent ensuite vers moi avec un regard ahuri.

- J’ai entendu votre conversation, j’avoue solennellement. Alma, tu as raison, entre Matéo et moi il y a bien quelque chose. Nous sommes unis par une relation amoureuse forte où nous nous aimons passionnément.

Elle me regarde quelques secondes les yeux grands ouverts sans savoir quoi dire. Alma finit par lâcher un sourire avant de rire sous nos regards médusés.

- Je dois dire que je m’en doutais depuis un moment, se reprend-t-elle. Je ne suis pas du tout contre votre relation mais je me souciais beaucoup du fait qu’elle soit secrète.

- Pour vivre heureux, il faut vivre cacher, philosophe mon homme. Il y aura toujours des personnes jalouses qui chercheront à détruire notre bonheur.

Je ne croyais pas Matéo doté d’une si grande sagesse. Mon amoureux m’étonnera toujours et je suis heureuse d’en apprendre davantage sur lui.

- Je suis rassurée que tu me l’ais avoué Valentina, admet-elle. Je me doutais bien que mon fils allait essayer de m’embobiner. J’espère que vous êtes heureux ensemble mais promet moi Matéo de ne pas faire d’idiotie.

Pour signer son accord, il hoche la tête en souriant. Mon amoureux se rapproche de moi pour m’embrasser sur le front.

- Je vais vous inviter au restaurant ce soir car j’ai perdu mon pari contre ma psychologue, s’exclame-t-elle en riant.

- Tu as parié ? demande Matéo étonnée. Je ne pensais pas que c’était ton style.

- Ma psychologue Marilyne et moi sommes devenues de grandes amies au fil des années, explique-t-elle.

- Je ne dis pas non pour un restaurant, j’approuve en riant à mon tour. Pourquoi ne pas fêter notre couple officiel ?

Mon homme me prend le bras tout en m’indiquant qu’il faudrait également en parler à mes parents car eux aussi sont concernés. Matéo m’explique que mes géniteurs ne seront pas contre notre relation, qu’il est bien apprécié de ma famille.

- Ta mère est à mes pieds, rajoute-t-il en riant. Elle accepterait n’importe quoi en ce qui me concerne.

- N’abuse pas ! je m’écris.

Nous laissons Alma se remettre de ses émotions pour aller roucouler près de la piscine. Je me sens plus légère maintenant que l’un de nos parents est au courant.

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