Chapitre 3 - Savoir pardonner

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Irina me réveille à midi car elle estime que je ne dois pas passer la journée au lit.

- Debout marmotte, il faut que tu te débarbouilles avant le déjeuner. Tes parents sont debout depuis dix-heures.

Je me lève sans entrain puis je me dirige vers ma salle de bain privée. Je regarde dans le miroir mon visage rougis par les larmes de la veille. Je prends tout mon temps pour me doucher puis enfiler le premier jean et t-shirt venu. Je me maquille un peu pour cacher mes rougeurs avant de rejoindre Irina dans le salon.

- J’espère que tu ne m’en veux pas de t’avoir emprunté des vêtements ? demande-t-elle contrite.

- Je t’en prie, j’ai tellement d’habits, je réplique en esquissant un sourire forcé.

- Laura m’a invité aujourd’hui mais puisque tu n’es pas en forme j’ai annulé pour rester avec toi, m’indique Irina.

- C’est gentil de ta part mais tu n’étais pas obligée. Ça me touche beaucoup, je lui dis avec sincérité.

Je commence déjà à me sentir mieux et je suis heureuse que mon amie soit restée avec moi.

- Tu es mon amie et tu comptes pour moi, avoue-telle en me prenant dans ses bras.

Maria nous interrompt pour nous prévenir que le repas est prêt. Je rejoins mes parents à table sans montrer que quelque chose me perturbe.

- Giovanni peux-tu me passer le sel, s’il te plait ? demande ma mère.

Mon père qui est souvent absent pour affaire lui adresse à peine un coup d’œil. Les repas se font souvent dans un silence pesant et je regrette de ne pas avoir de frère ou sœur pour discuter.

Quand le repas se termine ma mère m’interpelle et je fais signe à Irina de monter dans la chambre.

- Valentina, il y a quelque chose que ton père et moi devons t’avouer, commence ma mère.

- C’est surtout toi Lydia qui a pris cette décision, précise mon père.

- J’ai longtemps discuté avec madame Damas et nous avons décidé qu’il était important de lier nos deux familles. Comme tu le sais nous sommes amies depuis longtemps et nous voulons organiser des fiançailles.

Je reste bouche-bée face aux aveux de ma mère. Je ne comprends pas ce revirement de situation. Cela fait peu de temps que je suis avec Alexandre et ils veulent déjà que je l’épouse.

- Je comprends ton désarroi mais je te rappelle qu’à ton âge j’étais déjà marié avec ton père, ajoute-t-elle. C’est un très bon parti et il faut assurer l’avenir de notre famille en cas de problème.

Il est vrai que le mariage de mes parents était arrangé par mes grands-parents. Ils viennent tous les deux de l’aristocratie italienne. Leur relation n’a jamais été passionnelle et je ne pense pas qu’ils éprouvent de l’amour l’un pour l’autre. Aucun de nous n’a jamais était très proche et ma vie scolaire m’a toujours permis de ne pas me concentrer dessus. Mais aujourd’hui, j’éprouve de la tristesse car je ne suis pas comme eux et je ne veux pas avoir la même vie.

- Je ne vais pas me fiancer avec Alex, je suis beaucoup trop jeune, je m’exclame.

- Il n’y a pas de négociation possible, réplique ma mère avec sévérité. L’été prochain tu seras mariée.

Elle tourne les talons et se dirige vers sa voiture. Je sais qu’elle a rendez-vous chez le coiffeur.

- Papa fait quelque chose, je le supplie.

- Je ne veux pas me mêler de ça, j’ai des affaires plus urgentes à régler, répond-il en allant dans son bureau.

Je monte en vitesse dans ma chambre sous le regard désolé de Maria. Avant qu’Irina ne pose des questions je lui raconte toute l’histoire.

- Tes parents sont horribles de faire ça, s’indigne mon amie.

- Je n’ai jamais été proche d’eux de toute façon. Ils n’ont pas souvent été là pour moi sauf quand il s’agit d’argent ou d’avenir.

Irina ne sait pas trop quoi dire et je décide d’allumer mon téléphone. Bien évidemment j’ai des dizaines d’appels manqués de la part d’Alex. Mon amie le voit et me fait une belle proposition.

- Ce soir nous irons nous défouler dans un bar et ce n’est pas négociable, s’exclame Irina. Je veux que tu oublies tous ces abrutis et qu’on s’éclate avant que je ne reparte pour la Pologne dans deux jours.

- Je pense que tu as raison, ça va me faire du bien.

- Je vais rentrer chez moi, je passe chez toi à vingt et une heure.

Irina me laisse et je décide de surfer sur la toile pour regarder des vidéos drôles.

J’entends quelque chose cogner contre ma fenêtre mais je ne relève pas. Lorsqu’un choc plus violent se fait entendre je me lève en soufflant bruyamment. C’était bien la dernière personne à qui je voulais parler.

- Valentina, il faut qu’on parle, crie Alexandre en me faisant signe.

Je n’ai pas envie de le voir mais tel que je le connais, je sais qu’il est capable de rester longtemps devant ma porte. Je descends à toute vitesse et je me poste devant lui en croisant les bras. Je n’ai rien à dire alors je le laisse parler.

- Je suis vraiment désolé pour la fête, j’étais bourré et énervé, bredouille-t-il en se grattant la tête. Je ne voulais pas te faire du mal, je t’en prie pardonne-moi.

Il me prend les mains et me regarde avec sincérité en m’implorant le pardon. Ma colère fond, je suis touchée par ses excuses. Au moins, il a cherché à me voir à tout prix pour s’excuser.

- Ce que tu as fait était horrible, je commence. J’ai eu extrêmement peur et tu m’as braqué. Je pense qu’il est préférable de terminer notre relation.

- Non ! tonne-t-il. J’attendrais longtemps s’il le faut mais je veux que nous restions un couple. Je suis d’accord pour nos fiançailles.

Je le regarde comme s’il était idiot.

- Il m’a fallu du temps pour le comprendre mais je… t’aime Valentina.

- Tu es complètement fou !

- Je ne pensais pas que ça allait devenir aussi sérieux, continue-t-il. Mais je veux qu’on essaye tous les deux.

- J’en ai assez entendu ! je m’exclame. Je te pardonne parce que tu comptes pour moi. Je veux bien continuer notre histoire mais je ne garantis pas la longévité de notre relation.

Il me saute dans les bras et je le serre à mon tour.

- Merci de me donner une seconde chance, dit-il avec soulagement. Est-ce que tu veux qu’on se regarde un film ?

Je le regarde en plissant les yeux.

- Il n’y a aucune ambiguïté, rajoute-t-il.

Je soupire et l’invite à entrer. Je m’attarde quelque seconde sur une voiture grise garé devant nos voisins de droite : les Di Angelo. Ils ne reçoivent pas beaucoup de visite depuis que leur fils est parti et ne participe plus aux soirées mondaines.

Je secoue vivement la tête pour ne pas penser à lui. Il n’y a seulement que quelques mois que j’ai totalement oublié Matéo Di Angelo. Je ne ressens plus rien pour ce fantôme du passé.

Nous passons le reste de la journée à regarder un film d’action dans le silence complet. Je me suis blotti contre lui. Finalement, ce n’est pas si grave ce qu’il s’est passé la veille. Je mets l’incident sur le compte de l’alcool. Je me rends compte que j’apprécie énormément Alex et je pense avoir bientôt des sentiments pour lui.

Alex quitte ma maison et quelques heures plus tard Irina sonne à la porte. Mon copain s’est montré très réservé par peur de me brusquer mais il fait beaucoup d’efforts et je lui en suis reconnaissante.

Il fait très chaud et j’opte pour un short en jean avec un croc top vaporeux rouge. J’ai osé peindre mes lèvres en rouge pétillant. J’ai décidé de me lâcher ce soir.

Irina m’amène dans un bar réputé pas loin du centre-ville. L’établissement est dans le thème populaire et les clients se bousculent car il y a énormément de monde.

Nous commandons les boissons et le serveur qui n’a pas arrêté de nous observer apporte nos consommations.

- Je vous offre vos deux cocktails mesdemoiselles, dit-il en nous faisant un clin d’œil.

Nous cognons nos verres en riant avant de nous diriger vers la piste de danse en nous dandinant. Je ne bois jamais jusqu’à que je sois saoule. Je déteste être dans un état second et ne rien contrôler.

Une fois nos verres terminés, je les récupère puis je me dirige au bar en laissant Irina seule. Je demande au barman de les remplir à nouveau. J’observe la foule autour de moi lorsque j’aperçois une fille en mini-jupe embrasser un homme à pleine bouche.

Je vomis ce genre de personne qui se font remarquer et qui aime aguicher les hommes. Le mec concerné la repousse en riant. Quand je vois son visage, je me décompose.

Non, c’est impossible, ce ne peut pas être lui. Il a tellement changé, il ne ressemble plus physiquement à l’homme que j’ai connu même s’il y a un air de famille. Pourtant, quand nos regards se croisent je peux jurer reconnaitre ses yeux entre mille car même dix ans après, ce sont les mêmes.

C’est Matéo Di Angelo.

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