Chapitre 9 : Tempête sur Pré-au-Lard (2)

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 Ce matin-là, lorsqu'ils entrèrent dans la salle de Défense Contre les Forces du Mal, elle avait quelque chose de très bizarre. Il n'y avait plus l'étrange malle de Maugrey, celle qui abritait l'épouvantard qui se transformait en détraqueur pour leurs exercices pratiques, ni le froid glacial et l'ambiance morose qui accompagnaient habituellement ces entraînements. Il n'y avait pas non plus les centaines de maquettes de cadavres qui avaient décoré la salle au début de l'année pour les cours sur les Inferis. Cette fois, il n'y avait rien de tout ça, juste une salle de classe normale.

 Cassius se demandait si Maugrey avait quitté l'établissement lorsqu'il le vit entrer en clopinant dans la salle, avec une petite boîte en main, qu'il posa sur son bureau.

 — Bien, nous allons rapidement commencer cette leçon, bien trop facile pour votre niveau, les Sortilèges Impardonnables. Quels sont-il ? débita-t-il de sa voix rauque.

 Toutes les mains se levèrent pour répondre et bientôt les trois sorts furent énoncés.

 — Oui, voilà, conclut Maugrey lorsque Montague eut présenté l'Imperium. Bien, la partie théorique de notre leçon est terminée.

  Comme à son habitude, il jeta une vague d'effroi sur toute la classe. Personne ne pouvait imaginer une partie autre que théorique pour ce cours. Le professeur s'empara alors de la boîte sur son bureau et en sortit une araignée. Puis, sous le regard médusé de ses élèves, il s'appliqua à faire subir les trois sortilèges à l'animal, achevant le tout dans un éclair vert.

 Le silence était total dans la salle.

 — La partie pratique est finie, grommela Maugrey. Normalement, le Ministère n'en prévoit pas mais je pense qu'il est important que vous sachiez de quoi il s'agit. Surtout maintenant que nous allons passer à notre deuxième leçon, bien moins ennuyante.

 Cassius et Adrian se jetèrent un regard effaré. Si cela avait été une leçon ennuyante pour Maugrey, à quoi ressemblerait sa deuxième leçon ?

 — Vous allez apprendre à résister au sortilège de l'Imperium. Aujourd'hui, vous tenterez l'exercice sans entraînement. Nous apprendrons durant les semaines à venir les meilleurs moyens pour y parvenir. Bien, des volontaires ?

 Montague leva la main immédiatement. Il avait une telle détermination en lui lorsqu'il s'avança vers le bureau que tout le monde crut qu'il allait réussir l'exercice, jusqu'à ce que Maugrey lui fasse danser le french cancan en moins d'une seconde.

 Ce fut alors dans une ambiance décontractée et hilare que le reste de la classe, à tour de rôle, se fit avoir par le sortilège, peu importe à quel point ils tentaient de résister. Même Cassius se laissa emporter par la chaleur qui envahit profondément tout son corps et qui le fit chanter des airs d'opéras devant tout le monde. Adrian eut ce qu'il sembla être une seconde de latence avant de se jeter un sortilège d'Aguamenti dessus.

 Ce fut donc avec sa robe encore complètement trempée qu'Adrian se rendit dans la Grande Salle pour manger avec Cassius avant de prendre la direction de son cours de Potions.

 Pendant ce temps-là, Cassius alla à la bibliothèque et, avec un miroir et son livre de métamorphose ouvert sous lui, il s'entraîna au sortilège qu'ils avaient commencé à travailler en début de semaine : le changement de couleur de sourcils.

 Au début, il n'osa pas se lancer. Les recherches qu'il avait faites durant toutes les vacances sur les terribles et agonisantes blessures que pouvaient créer des accidents de métamorphose humaine lui revenaient à l'esprit. Et puis, lors de sa première tentative, il ne réussit qu'à se brûler un coin de sourcil. Alors, soulagé de ce qui était pour lui une réussite relative, il continua. Finalement, au bout des deux heures, lorsqu'il eut fait passer ses sourcils par toutes les teintes possibles, Adrian le rejoignit. Ils avaient commencé à travailler sur le Polynectar en cours.

 — Cette potion est fantastique, Cassius ! s'extasiait Adrian.

 Cassius, qui n'en avait que faire de ces mélanges insensés d'ingrédients qu'étaient pour lui les potions, grommela un semblant de réponse tandis qu'il redonnait à ses sourcils leur couleur originale.

 — Vraiment, je n'en ai jamais vue d'aussi complexe mais à la fois si subtile, continua à jubiler Adrian. Tout est question de précision absolue. Je peux te dire qu'on n'aura pas le droit à l'erreur ce mois-ci.

 — Vous allez travailler un mois entier sur une seule potion ? s'exclama Cassius. C'est répétitif, non ?

 — Non, Cassius, rigola Adrian, un mois c'est le temps qu'il faut pour la faire.

 Cassius faillit s'étouffer de surprise.

 — Vous êtes fous...

 — Peut-être. En tout cas, ça n'aura rien de répétitif.

 Le lendemain, en cours de Métamorphose, l'entraînement de Cassius sembla porter ses fruits. Ils devaient, deux par deux, changer la couleur des sourcils de leur partenaire.

 — Excellent, monsieur Warringnton, marmonna McGonagall alors qu'elle observait à la loupe le sourcil d'Adrian. Tous les poils sont d'un blond impeccable. Et quant à vous, monsieur Pucey...

 Elle se releva et tourna son visage vers Cassius, dont les sourcils avaient encore leur vraie couleur, à quelques taches vertes près.

 — Eh ! bien, je vous conseillerais de persévérer, ajouta-t-elle avec une voix traînante, juste avant de se tourner vers le duo suivant.

 — Crinus Muto ! prononça alors Adrian en agitant sa baguette devant le visage de Cassius, sans résultat.

 Ce dernier passa le reste de l'heure à essayer de ne pas rire face au visage extrêmement concentré d'Adrian, qui cherchait désespérément dans son manuel une solution à son échec, fronçant ses sourcils que Cassius avait colorés en violet sans prononcer la formule magique à voix haute, pour s'entraîner aux sortilèges informulés.

 — Monsieur Pucey, dit McGonagall lorsqu'ils quittèrent la classe à la fin de l'heure, pourquoi avez-vous métamorphosé vos sourcils en violet ?

 Cassius fit semblant de n'avoir rien entendu et se précipita dans le couloir pour cacher son rire.

 Daphné était censée aller à Pré-au-Lard avec eux la semaine suivante. Lorsqu'ils la rejoignirent dans le vent glacial de la cour d'entrée, le samedi midi, Bletchley était en train de rire avec elle.

 — Miles nous rejoint, dit-elle, j'espère que ça ne vous dérange pas.

 Adrian la rassura puis jeta un léger regard à Cassius qui lui fit un sourire pour confirmer sa pensée. Miles n'était normalement jamais sans le reste de l'équipe de Quidditch et Daphné et lui s'étaient clairement rapprochés depuis qu'ils avaient été partenaires au bal de Noël.

 Ils marchèrent donc tous les quatre vers le village, tête baissée, bravant les bourrasques de vent, leurs jambes pénétrant l'épaisse couche de neige qui s'était déposée sur le sol. Très rapidement, ils entrèrent chez Gaichiffon pour s'acheter des couches d'habits supplémentaires. Ils avaient apparemment sous-estimé la rudesse de cet hiver.

 Dehors, il neigeait encore, comme il l'avait fait depuis plus d'un mois, et les rues étaient toujours balayées par des vents violents lorsque, ne pouvant plus faire semblant d'être intéressés pour la troisième fois de suite par les mêmes habits de la boutique, ils durent quitter cet abri confortable et repartir dans la grand-rue.

 Ils longèrent le plus possible les façades des maisons et des magasins, firent un tour par Zonko le temps de découvrir leurs nouveaux gadgets, qui incluaient notamment un mouchoir qui disparaissait au moment où on soufflait dedans, puis affrontèrent de nouveau la tempête de neige pour aller s'acheter de quoi se régaler chez Honeydukes.

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