Chapitre 8 : Le Bal de Noël (3)

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 Il alla patienter avec les autres Serpentard de sa classe dans la salle commune et, un quart d'heure avant le début, ils se dirigèrent vers l'entrée du bal. Une quantité incroyable de personnes s'était amassée dans le hall en quelques minutes. Cassius se mêla à la foule discrètement, il tenait à attirer le moins possible l'attention ce soir. Il chercha Luna du regard. Elle n'était pas là. Pansy était là, accompagnée de Drago.

 Ces deux-là ressortaient au milieu des autres élèves. Leur tenues, leurs manières, tout laissait à penser qu'ils étaient des adultes invités à un gala plutôt que des étudiants. Pansy portait une robe qui lui recouvrait le cou et les bras d'un tissu noir et épais et ses mains croisées étaient emmitouflées dans des gants en soie d'une blancheur qui contrastait avec le reste de sa tenue. Ils avaient dû prendre ce bal très au sérieux.

 Ils semblaient bien être les seuls. Tout autour, les autres jeunes frétillaient avec une excitation sans équivoque : ils étaient tous là pour s'amuser durant cet événement qui ne ressemblait à rien de ce qui avait pu se passer d'autre durant leurs années scolaires.

 Et puis apparut sous les yeux de Cassius un garçon qu'il aurait aimé savoir disparu. Harry Potter, avec tous les problèmes qui l'accompagnaient. Il fit repenser à Cassius qu'il avait pris une décision, la décision de suivre son bon sens. De ne pas laisser son désir de victoire aller contre la volonté du sorcier le plus puissant de leur temps. Et puis s'il perdait le tournoi afin d'aider Lord Voldemort, il ne trahissait finalement pas sa maison. Non, il devait faire gagner Potter. Cette fois, ce n'était plus le moment de s'inventer des doutes ou des excuses. Ce que Lord Voldemort réclamait, Lord Voldemort l'obtenait.

 Alors Cassius se dirigea vers le jeune champion d'un pas décidé. Un peu trop décidé peut-être car, avant qu'il ne puisse l'approcher complètement, son jeune acolyte rouquin sortit sa baguette de sa poche et se plaça en bouclier devant le garçon.

 — Laisse-le passer, ne t'inquiète pas, marmonna Potter derrière les épaules de son ami.

 — C'est un Serpentard, Harry ! s'indigna le roux.

 — Tu vois bien qu'il ne nous attaque pas, rétorqua Potter.

 — Ah oui.

 Le rouquin abaissa sa baguette, les yeux froncés.

 — Je lui fais confiance, on s'est déjà aidés.

 Cassius fut presque pris de remords face à l'innocence de ce garçon. Non, il n'était pas là pour l'aider. Non, il ne l'aiderait jamais vraiment. Et il ferait définitivement mieux de ne pas lui faire confiance. Mais le jeune sorcier tomba dans le piège la tête la première et amena Cassius au loin.

 — Je suis là pour l'œuf d'or, dit simplement Cassius.

 Il voulait faire ça le plus vite possible.

 — Tu sais, avant que tu m'aides, chuchota le jeune garçon, j'ai entendu des rumeurs comme quoi la prochaine épreuve serait un combat contre un troll des montagnes. Avec mes amis on en a justement battu un il y a quelques années. Si je pouvais t'aider pour ça, ce serait le moindre des remerciements si tu m'aides à ouvrir ce satané œuf.

 — Non, écoute, l'interrompit Cassius, je suis juste là pour te dire que pour l'œuf d'or, il faut... enfin tu devrais l'ouvrir sous l'eau.

 Le jeune garçon hocha la tête gravement, comme s'il ne savait pas quoi faire d'autre.

 — Eh, tu t'appelles Warrington, c'est ça ? demanda-t-il alors que Cassius s'apprêtait à partir.

 — Oui.

 — Pourquoi est-ce que tu m'aides, exactement ?

 Cassius voulut répondre mais ne trouva rien à dire. Quelle raison aurait-eu un Serpentard d'aider son adversaire de Gryffondor ? Son attitude était en effet très suspecte. Les yeux de Potter le fixaient encore, cherchant une vraie réponse. Cassius eut soudainement peur qu'il sache voir derrière son regard que Cassius n'agissait que lâchement, sous les ordres du Seigneur des Ténèbres, et il préféra détourner le regard.

 Les deux jeunes champions n'avaient pas du tout été discrets. Maugrey, dans un coin, avait ses deux yeux fixement posés sur eux. Ce qui aurait été normal pour n'importe quel autre humain n'était que bien trop perturbant chez lui. C'était la première fois que Cassius ne voyait pas cet œil bleu s'agiter.

 Pansy, à peine à quelques mètres sur la gauche de Cassius, les regardait aussi. Elle détourna le regard dès que Cassius la vit et elle chuchota quelque chose dans l'oreille de Drago. Cassius ne savait pas si elle avait entendu ou vu quoi que ce soit, elle était si proche. Et que disait-elle à Drago pour lui donner un air si grave ?

 Et puis il y avait Luna, sa tête perchée entre les autres, qui les regardait d'un air absent.

 Cassius eut soudainement l'impression que tous ces gens autour de lui l'avaient percé à jour, qu'ils avaient compris les motivations et conséquences de ce qu'il venait de dire à Potter. Le garçon le regardait toujours, comme s'il ne l'avait pas quitté des yeux un seul instant.

 — Les Serpentard n'oublient pas ceux qui les ont aidés, asséna simplement Cassius.

 Il doutait que ce soit vrai. Il s'éloigna de Potter et partit rejoindre Luna. Elle avait une tenue au style complètement décousu. Littéralement, elle portait une robe violette d'où pendaient de partout des bouts de tissus effilés. Ce qui aurait simplement été un habit abîmé pour n'importe qui d'autre devenait sur elle une robe à froufrous. Elle portait aussi un collier de pâtes, des bracelets de pâquerettes tressées et une couronne en guirlande de Noël. Cassius réalisa en s'approchant que se couronne était en réalité une guirlande de roses que Luna portait sur sa tête et dans lesquelles virevoltaient des petites fées. Cassius la trouva ravissante.

 — Je ne savais pas que tu connaissais Harry Potter, s'étonna-t-elle de sa voix légère quand il arriva.

 — Je ne le connais pas, c'était juste pour le tournoi, dit Cassius pour mettre fin à ce sujet.

 — Je croyais que la triche était interdite, ajouta alors Luna, avec une simplicité qui mit Cassius mal à l'aise.

 Il ignora ces derniers mots et jeta un regard autour de lui. Vers le centre de la pièce, Bletchley riait avec trois autres Serpentard mais il ressortait particulièrement par sa tenue qui venait sans aucun doute de la collection d'Alfy. Il avait un grand manteau très chic mais affublé de trois déchirures qui traversaient presque toute la longueur du dos, trois traits tellement parallèles qu'ils avaient l'air volontaires et donnaient finalement un style très aéré à l'ensemble. Graham Montague discutait avec Bole et Derrick. Aucun des trois ne semblait avoir de partenaire mais, les connaissant, Cassius savait que ce serait bien les derniers à s'en sentir préoccupés.

 — J'aime bien ta tenue, ajouta Luna.

 — Merci, répondit Cassius, amusé. J'aime bien la tienne aussi.

 Elle sourit, elle avait l'air réellement flattée par ces mots. Finalement, ils faisaient une belle paire tous les deux. Des groupes d'élèves venaient encore s'ajouter à la foule du hall d'entrée. Un groupe se fit bientôt remarquer tandis qu'il descendait l'escalier de marbre avec Madame Maxime à sa tête. C'était la délégation de Beauxbâtons. Les élèves étaient tous vêtus avec un goût et un raffinement remarquables qui firent se tourner toutes les têtes dans leur direction. Tout devant brillait Fleur Delacour par sa resplendissante robe argentée. Puis les grandes portes de l'entrée s'ouvrirent en grand pour laisser entrer à son tour la délégation de Durmstrang.

 — Les champions, par ici, s'il vous plaît, résonna la voix de la professeure McGonagall à travers le hall et par dessus l'incroyable brouhaha des centaines de personnes réunies.

 Bientôt, les élèves s'écartèrent pour laisser passer les champions et leurs partenaires respectifs jusqu'à la professeure McGonagall, qui les attendait à côté des portes de le Grande Salle. Cassius remarqua que les allés ainsi formées par les élèves étaient nettement plus marquées pour Krum et Delacour. Il semblait bien que Potter et lui étaient encore des champions illégitimes aux yeux des autres élèves. Tandis qu'ils marchaient, Luna sembla elle fascinée par ce qu'il se passait.

 McGonagall les prévint qu'ils devaient rentrer les derniers et, à vingt heures précises, lorsque les portes s'ouvrirent, ils durent regarder le flot d'élèves pénétrer dans la Grande Salle. Finalement, McGonagall leur demanda de s'aligner les uns derrière les autres, avec leur partenaire, et ils purent rentrer.

 Au début, Cassius n'entendait pas les applaudissements qui les accueillirent. Il n'avait d'yeux que pour la nouvelle décoration. La Grande Salle, qui n'avait jamais été que pierres et bois et bannières, s'était transformée en un lieu merveilleux de glaces et de neiges argentées.

 Les murs avaient été recouverts de givre et les habituelles grandes tables rectangulaires avaient disparues, au profit d'une flopée de tables rondes blanches éparpillées dans la salle, semblables avec leurs grands chandeliers en cristal à des flocons qui seraient tombés du ciel magique de la Grande Salle. D'ailleurs, il neigeait réellement des flocons du plafond, pour refléter ceux qu'ils voyaient tourbillonner à travers les grandes fenêtres, mais ceux de l'intérieur disparaissaient juste avant de vous toucher.

 Ils traversèrent toute la longueur de la salle pour arriver, au bout, à une table ronde plus grande que les autres. Autour s'étaient déjà assis les directeurs des trois maisons, dont Dumbledore sur son fauteuil d'or, ainsi que Ludo Verpey et un rouquin frisé sorti de nulle part mais qui avait pourtant l'air très fier d'être là. Lorsque Harry s'installa à côté de lui et qu'ils se mirent à discuter longuement, Cassius se dit que ce devait être un Weasley. Ses parents parlaient souvent de cette famille avec certains de leurs amis, et ils étaient apparemment très proches de Potter.

 Cassius s'assit aussi à cette table, à côté de Luna. Tous les couverts en or semblaient plus resplendissants que jamais sur ces nappes argentées. Un menu avait été posé sur leurs assiettes éclatantes. Tout le monde avait commencé à s'y plonger.

 — Côtes de porc ! prononça alors distinctement Dumbledore.

 Le plat qu'il venait de commander apparut dans son assiette et, indifférent à la vague d'émerveillement qu'il venait de produire, il planta ses couverts avec appétit dans la viande. Bientôt, tous les autres élèves l'imitèrent.

 — Tu as déjà goûté à la bouillabaisse ? lui demanda Luna.

 Cassius n'avait même pas encore atteint cette partie du menu.

 — Euh... non.

 — C'est un plat français. Je suis allée là-bas avec ma famille. C'était bon. Bouillabaisse ! cria-t-elle alors dans son assiette comme si celle-ci était sourde.

 Lorsque son plat apparut sous ses yeux, elle se releva avec un grand sourire.

 — C'est incroyable ! s'exclama Cassius.

 Quand il eut enfin fini de lire l'immense menu, il se décida pour une salade caesar en entrée. Luna demanda si elle pouvait lui en piquer un bout mais il se garda bien de goûter à son plat à elle, qui ne ressemblait pas à grand chose.

 Quand tout le monde eut satisfait son appétit, Dumbledore se leva et demanda à tout le monde de l'imiter. Et puis, d'un geste de main, il fit s'envoler les tables rondes dans les airs, d'où elles disparurent. Il fit ensuite apparaître des bancs sur les bords et une scène dans un coin de la pièce et, en voyant les Bizzar' Sisters y monter pour retrouver leurs instruments, Cassius réalisa que le moment tant redouté était arrivé.

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