Chapitre 4 : La Première Tâche (4)

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 Fleur Delacour était déjà là, assise sur un tabouret, fixant le sol à ses pieds. De l'autre côté de la tente, Verpey lui adressa rapidement un faible sourire. Cassius se mit dans un coin et attendit. Une fois que Viktor et Potter furent arrivés, Ludo Verpey leur expliqua qu'ils allaient piocher une figurine de ce qu'ils auraient bientôt à affronter dans le sac pourpre qu'il tenait entre les mains.

 — Il faut aussi que je vous dise autre chose... ajouta-t-il précipitamment, oui... voilà... votre tâche consistera à vous emparer de l'œuf d'or.

 Cassius hocha la tête et se mit à réfléchir à toute vitesse. Cela perturbait légèrement son plan. Il n'avait pas prévu de porter un objet sur lui. Il continua à y songer tandis que le public s'installait, produisant un vacarme semblable à un troupeau de bœufs.

 Verpey porta alors le sac vers Fleur et l'invita à piocher la première. Cassius rejoignit le reste du groupe, qui la regarda tirer un Vert gallois, numéroté avec le chiffre deux. Krum eut un Boutefeu chinois, avec le chiffre trois. Il ne restait plus que le dernier et le premier et Cassius n'était pas certain de vouloir ouvrir les festivités.

 Ce fut alors à son tour de piocher. Il plongea la main dans le sac de soie et sentit une figurine venir entre ses doigts. Ayant arrêté de penser, Cassius retira sa main et extirpa un minuscule Suédois à museau court, accompagné du numéro un. Il ne resta plus qu'un Magyar à pointes pour Potter, qui passerait en dernier.

 Dehors, la foule était surexcitée et sa clameur leur parvenait en bruit de fond. Un coup de sifflet strident traversa alors le brouhaha et ce fut pour Cassius le moment d'entrer dans la compétition. Entre les pans de toile remués par le vent, il put apercevoir une lueur de la forêt inondée par la lumière du soleil. Ça y est, j'y suis, pensa-t-il. La dernière seconde.

 Cassius sortit et foula l'herbe jusqu'à l'enclos, où il se retrouva entouré d'une immense foule. Le froid vif de l'automne s'insinuait dans chacun de ses muscles comme s'il avait été plongé dans un bain de glace. L'air qui s'échappait de ses narines se transformait en volutes de fumée qu'il regardait virevolter au-dessus de lui, levant la tête jusqu'à ce qu'elles ne s'évaporent complètement, remplacées par une toute autre vision. La tête de la Suédoise à museau court. Le corps auquel elle était attachée était d'un bleu captivant qui faisait se réfléchir les rayons du soleil dans des éclairs argentés. Cassius admirait la créature, qui brillait tel un diamant, au milieu du silence dans lequel était plongé la foule impatiente de voir ce qui allait se passer.

 Une immense patte s'écrasa alors sur le sol à quelques mètres de Cassius et le sortit de sa torpeur juste à temps pour qu'il ne se précipite derrière un immense rocher. Une flamme d'un bleu éclatant venait de frapper juste là où il se trouvait quelques instants auparavant et ne laissa qu'un rond de terre séchée, noire et morte. Tous les élèves dans le public retinrent leur souffle à l'unisson. Cassius venait de réaliser de la manière forte que cette créature était capable de le tuer en quelques secondes. Il sortit alors précautionneusement sa tête de derrière son rocher.

 La dragonne était retournée auprès de ses œufs gris et les couvait d'un air las. Cassius semblait la préoccuper bien peu, malgré que ça ne soit pas réciproque. Entre ses pattes griffues brillait l'œuf d'or. Tout autour de lui, les visages anxieux fixaient avidement Cassius. Et c'est à cet instant-là que la magie de l'adrénaline opéra. Ils voulaient du spectacle et il allait leur en donner.

 Il se leva insouciamment, se sachant protégé par la pierre derrière lui, et décrocha de sa robe le badge anti-Potter que Rogue lui avait donné la veille, l'ayant confisqué spécialement pour lui. Il le leva au-dessus de lui.

 — À bas Potter ! cria-t-il à la foule.

 — Vive Cassius Warrington !

 Tous les Serpentard avaient immédiatement réagi et ils formaient tout de même un quart du public. Cassius porta alors sa baguette contre le badge. Il vit Rogue, parmi les professeurs, afficher un sourire de fierté tandis qu'il murmurait la formule qu'il lui avait fait apprendre la veille.

 D'abord, il ne se passa rien de plus. Cassius rangea sa baguette et remit le badge à sa place, sur son habit, face à l'insigne de sa maison. Il releva la tête vers le public. Des murmures d'incompréhension commençaient à le traverser. On se demandait ce qu'il venait de faire, pourquoi il ne se passait rien, s'il n'avait pas raté son sortilège. Alors, avec un large sourire, Cassius porta son majeur sur son badge et une exclamation de surprise traversa le public. Son sourire s'élargit face à la réaction qu'il venait de provoquer mais personne ne put le remarquer. Car il venait de disparaître sous leurs yeux.

 Il ne perdit pas plus de temps. Faisant le moins de bruit possible, il sortit de sa cachette et commença à s'approcher de la dragonne, cherchant une solution au problème de l'œuf d'or. On pouvait entendre la foule respirer comme une seule personne, attendant le prochain coup de Cassius, impuissante face à l'inconnu de ses actions. Elle s'exclama alors de joie en voyant l'œuf d'or se lever à quelques centimètres au-dessus du sol et s'éloigner de la dragonne. Mais celle-ci avait aussi remarqué cet étrange manège et venait de relever sa tête. L'œuf sembla s'éloigner de plus en plus vite et la dragonne choisit alors ce moment pour faire surgir de ses narines deux jets de flammes bleues sous lesquelles disparut l'œuf. Tout le monde retint sa respiration. Le flot de flammes semblait ne jamais s'arrêter et dissimulait l'œuf d'or et le sort de la personne qui le tenait. Finalement, les flammes s'éteignirent et c'est une toute autre sorte de fumée qui s'échappa des narines de la dragonne, qui reposa tranquillement sa tête sur ses pattes avant, ayant achevé sa part du travail. L'œuf avait survécu mais semblait bien être le seul car il s'écrasa dans un bruit lourd sur le sol dur comme du roc. La panique s'insinuait lentement chez le public et les juges, qui commençaient à réaliser ce qu'il venait d'arriver.

 Heureusement pour lui, Cassius se tenait à quelques mètres de là, baissant la baguette avec laquelle il venait de faire léviter magiquement l'œuf à distance et admirant le spectacle de ce qu'il venait de provoquer. Mais il était encore plus impatient de voir ce qui allait se produire ensuite et il ne fut pas déçu. Touchant de nouveau son badge, il mit fin au sortilège de Désillusion. Au début, personne ne sembla l'avoir remarqué. Puis, tout d'un coup, des doigts se tendirent vers lui et certains ne réussirent pas à retenir des cris de surprise.

 Cassius s'apprêtait à cet instant à aller récupérer l'œuf d'or mais l'excitation du public venait d'attirer à nouveau l'attention de la dragonne, qui tourna brusquement sa tête vers lui. Cassius était à découvert et venait de perdre absolument tout contrôle. Agissant plus par instinct de survie que par profonde réflexion, il pointa alors sa baguette vers le rocher derrière lequel il s'était réfugié un peu plus tôt et le métamorphosa en un labrador sous les exclamations d'admiration du public. Le chien se mit à courir partout en aboyant assez fort pour détourner l'attention de la dragonne juste à temps.

 Loin du champ de vision de la Suédoise à museau court, Cassius s'avança lentement vers l'œuf d'or qui brillait seul au milieu de la terre noircie qui semblait être les vestiges d'un champ de guerre. Il n'était qu'à quelques pas de son objectif quand la Suédoise se délaissa de l'animal et se retourna brutalement vers la proie bien plus intéressante qu'était Cassius. Ses yeux aux pupilles violettes étaient fixés sur lui et s'apprêtaient à le voir disparaître dans un jet de flammes.

 Abandonnant à nouveau l'œuf, Cassius courut le plus loin possible sur le côté mais les flammes passèrent à quelques centimètres de lui et il sentit l'insoutenable chaleur brûler la manche de sa robe et faire apparaître des cloques sur son bras droit. Il roula dans la poussière, mordant sa lèvre jusqu'au sang mais laissant quand même échapper un cri de douleur. Tandis que des larmes de soufrance lui coulaient au coin des yeux, il se recroquevilla sur lui-même, prêt à sentir le feu qui l'arracherait à la vie, ferait de lui une première page de La Gazette des sorciers, le champion tragiquement mort dès la première tâche du Tournoi des Trois Sorciers. Des huées lui parvinrent, sûrement d'un groupe de Gryffondor. Il se demanda si ce serait la dernière chose qu'il entendrait jamais.

 Mais rien de tout cela ne se passa. Cassius releva la tête et vit que son chien venait de sauter sur la dragonne, lui sauvant la vie. Ses pattes peinaient à trouver une prise sur la peau écaillée de la créature bien plus grande que lui et, en quelques instants, la Suédoise l'avait projeté à plusieurs mètres. Alors, sous les cris d'horreur des spectateurs, elle ouvrit sa gueule et le prit entre ses crocs. Relevant son effroyable tête, elle le balança de tous côtés comme une poupée de chiffon tandis que l'animal lâchait des longs glapissements d'agonie insupportables. Certains jeunes élèves s'étaient mis à pleurer et ce vacarme résonnait épouvantablement dans l'air vif et impitoyable.

 Cassius avait instinctivement détourné la tête, incapable d'assister à ce spectacle plus longtemps. Mais il ne pouvait pas réduire le son de cette scène affligeante. Les cris incessants du labrador, son labrador, remuèrent ses entrailles et y firent naître un sentiment de remords. Il était celui qui lui avait donné la vie, celui à l'origine des ses souffrances, alors il se devait d'être celui qui y mettrait fin. Il prit appui sur son bras droit, serra les dents et leva sa baguette de son bras gauche, essayant de viser du mieux possible sa cible. Retenant sa respiration, il lança le contre-sort qui fit retourner le chien à l'état de pierre.

 Ses crocs emprisonnés dans la roche et le soudain poids dans sa gueule firent s'écraser piteusement la tête de la dragonne sur le sol. Elle continua pourtant de se débattre avec la pierre, soulevant des nuages de poussière derrière lesquels son regard pétrifiant disparut. La foule, soulagée, semblait reprendre doucement ses esprits.

 Cassius utilisa toutes les forces qui lui restaient pour se relever sur ses deux jambes et marcher vers l'œuf d'or. Oubliant toute douleur, il s'en empara enfin et le brandit au-dessus de sa tête sous le tonnerre d'applaudissements et d'acclamations du public.

 Le champion de Poudlard était un vainqueur. Le champion de Poudlard était un Serpentard.

 Les gardiens de dragon accoururent alors pour neutraliser la Suédoise à museau court qui avait déjà été mise à mal par Cassius. Tout d'un coup, l'adrénaline retomba et il sentit plus fort que jamais la douleur fulgurante à son bras droit. Madame Pomfresh accourut vers lui avec des cris affolés.

 — Il faut vous soigner immédiatement ! Poussez-vous, je suis infirmière ! Venez là, mon garçon.

 Elle le tira dans une autre tente aménagée en infirmerie tandis que dans son dos les juges débattaient de leurs notes et que le public se préparait à accueillir le prochain champion. Madame Pomfresh soigna sa blessure rapidement d'un coup de baguette et d'une compresse imbibée d'un liquide orangé qui fit partir la douleur. Elle lui intima quand même de rester allonger. Cassius savait à quel point elle pouvait se montrer bornée, aussi ne prit-il pas la peine de contester et se laissa-t-il flotter sur le doux nuage de draps blancs rembourrés.

 — LAISSEZ-MOI PASSER, JE SUIS DE SA FAMILLE.

 Cassius ne put retenir un rire en entendant Adrian paniquer.

 — Il va bien, le rassura Madame Pomfresh. Et vous n'avez pas besoin d'être de la famille pour lui rendre visite.

 — Oh, très bien. Dans ce cas, je suppose que je vais aller… euh, le voir.

 Quelques instants plus tard, il écarta le paravent de toile qui entourait le lit de Cassius et se précipita vers lui, débordant d'excitation.

 — J'espère que ton bras va bien.

 — Oui, c'est…

 — Tu as été extraordinaire ! continua-t-il, trépignant sur place. C'était formidable, vraiment. Tout le monde a été impressionné. Il y a bien eu un moment, enfin deux ou trois, où on a cru avoir assisté à tes derniers instants mais tu es en vie maintenant et c'est le plus important, n'est-ce pas ? En plus, tu n'aurais pas pu supporter de ne pas recevoir ton score. Et puis tout le monde a été époustouflé par ta métamorphose, elle était parfaite et ça ne t'a même pas pris plus d'une seconde pour y penser et la faire. Tu aurais dû voir McGonagall t'applaudir frénétiquement, je ne l'avais jamais vue comme ça. Du coup, Madame Maxime t'a mis la note maximale, tu te rends compte ? Ensuite, Dumbledore et Ludo Verpey t'ont donné tous les deux un neuf. Barty a choisi huit à cause de ta blessure. Bon, ensuite Igor t'as mis un deux parce qu'il n'a pas l'air très bon joueur. Mais c'est pas grave, ça te fait trente-huit points !

 Un sourire apparut sur le visage de Cassius. Il avait réussi.

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