À cette période de l’année, quelques nuages daignaient se promener au-dessus d’Hizaar pour y jeter de l’ombre. De temps à autres, les plus gracieux d’entre eux abreuvaient les riverains de petites averses tièdes. Alors, au bord des routes et sur les toits, les récipients se multipliaient pour récolter les bienfaits de l’intempérie.

Humidifiée par la pluie, une fine couche de sable meuble tapissait les allées du domaine des Adade, sans plus se laisser éroder par le vent. Les pas d’Isaac s’y imprimaient aussi nettement que dans l’argile. Il marchait à reculons pour observer ses empreintes, amusé par le dessin que ses sandales imprimaient sur le sol. Imperceptiblement, les battements de son cœur accéléraient à chaque pas. L’émeraude de ses yeux noircissait, avalée par un éclat sombre de sa magie. Sous la couche sablonneuse qu’il foulait, le sol craquela. Il s’immobilisa.

Son instinct lui dicta de tendre le bras. Il y obéit, et à son tour, la terre lui obéit. La matière s’éleva, légère ; un geyser de roche indolent. Une lourde goutte de sueur froide lui dévala la nuque tandis que les monceaux s’agrégeaient autour d’un impalpable lien.

Le souffle radoucit, Isaac serra le poing. Sa construction se figea, informe, en une masse de granit asymétrique. Rien qui ressemblât à un golem. La déception fit lâcher prise au petit mage. Lourdement, toute sa création s’effondra.

Il reprit bruyamment son souffle, les paupières crispées sur ses prunelles irritées, tandis que le monticule rocheux se renfouissait et que la terre se refermait dessus comme la peau sur une blessure. Pour toute cicatrice, la manipulation laissa une maigre fissure que le sable s’empressa de colmater.

Le jardin était désert. Isaac reprit sa promenade, étourdi par l’effort.