16.2

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Un sourire incrédule ourla les lèvres de Gerane à la seconde où la porte se referma dans son sillage. Résignée, elle s’étira le dos avant de reprendre appui sur ses jambes pour les désengourdir.

Sa peau commençait à s’irriter sous la friction de ses cheveux. Elle en sépara la masse noueuse en pans égaux pour les serrer en nattes.

— Inutile d’insister tout de suite. Nous avons d’autres problèmes à régler, je crois, fit-elle à l’attention de son codétenu.

Pour toute réponse, le dragon poussa un grognement sans substance, ses pupilles fendues toujours toutes consacrées à l’observation de la flore qui oscillait au rythme de sa respiration.

Agacée par son indifférence, Gerane haussa le ton.

— Ce sera beaucoup plus douloureux si je ne t’aide pas, tu sais ?

Une mimique excessivement humaine se peignit sur la figure du vulcanien lorsque, payant d’effronterie, il roula des yeux vers le ciel. Il finit tout de même par se trainer aux pieds de Gerane face à laquelle il se dressa.

Du bout de l’ongle, elle lui effleura l’écaille au niveau du cœur. La lueur magmatique qui sublimait sa cuirasse se teinta momentanément de bleu, puis s’éteignit.

Subitement, tous ses muscles se crispèrent. Un faible râle suivi d’un sifflement douloureux s’échappèrent de la gueule de la créature dont les longues dents s’étrécissaient à vue d’œil. Ses griffes se hérissèrent et se rabattirent spasmodiquement à plusieurs reprises alors que ses ailes se tordaient désespérément pour résister à la force qui les renfonçaient dans la chair.

Il s’écroula.

À mesure que ses os et ses muscles se réorganisaient autour d’articulations nouvelles, la peau du dragon parut fondre, s’étirer, blanchir… la saccade de son souffle perdait de ses accents bestiaux alors que les deux pointes de sa langue bifide se rejoignaient en une seule.

— Pas mal, apprécia Gerane lorsqu’elle jugea la transformation à peu près complète. Tu n’as pas le talent de Violette, mais à ta décharge, tu n’as pas non plus son expérience.

Aussi maladroitement que le voulait les circonstances, le transformé tâcha de se dresser sur ses jambes. Cet effort aussi physique que cérébral le mit en nage.

Il avait conservé beaucoup de ses traits chimériques. Ses extrémités avaient gardé la rugosité de sa cuirasse. Aucun ongle n’était venu supplanter ses griffes. Ses iris ne s’étaient pas départies de l’iridescence de la lave, ni ses pupilles de leur verticalité. Sur ses tempes et à la racine de ses cheveux bruns, des écailles scintillaient à la façon d’un ornement. Ce motif se fondait dans la continuité des éphélides sombres du visage de Benabard Makara.

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