n°14
Sous les nuages gris qui couvraient le ciel d'un plafond mouvant, les tambours de guerre battaient sourdement, accompagnés par les sabots des chevaux qui résonnaient sur le sol dur. Les deux chefs s'arrêtèrent, imités par leurs troupes. Le vent sur la plaine murmurait des promesses de mort et de carnage, susurrant sans fin ses paroles empoisonnées à l'oreille de chaque guerrier. Les yeux dans les yeux, les deux rois se défiaient, immobiles, silencieux ; et chaque soldat en affrontait un autre du regard, immobile, silencieux.
Le combat qui se livrait entre leurs volontés se déroulait dans une autre dimension ; immobile, silencieux.
Dans les pupilles dilatées se lisaient des carnages sans noms. Aux oreilles résonnaient des cris de souffrance indicible. Et pourtant les fiers guerriers semblaient ne pas faire un mouvement, immobiles, silencieux.
L'orage vint joindre sa voix tonnante à celle des tambours fantômes et du vent insidieux. Les adversaires l'ignorèrent, absorbés par l'affrontement de leurs volontés, immobiles, silencieux.
La pluie vint les détremper, alourdir leurs capes, ruisseler sur leurs armures, sans qu'ils daignent le remarquer, immobiles, silencieux.
La nuit abattit son obscurité froide sur eux sans qu'ils s'en effraient, immobiles, silencieux.
Quand le soleil se leva, c'est une armée de pierres levées qu'il éclaira.
Immobile.
Silencieuse.
Le 08/02/2012
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