20. Le vrai visage

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Alors que je fais les cent pas en appelant à l'aide, le docteur qui s'occupe d'Eléanore fait son entrée dans sa chambre. Elle jette un regard dans ma direction et je la supplie en lui montrant du doigt la salle de bain. La panique me gagne de plus en plus. Elles mettent un temps beaucoup trop long à refaire leur apparition. C'est une Eléanore faible que je vois finalement sortir de la salle de bain, soutenue par le docteur. Elle s'allonge difficilement dans son lit. Son dos nu laisse apparaître d'énormes traces rouges. Mais bon sang, que s'est-il passé ? Quel genre d'extraterrestres sommes-nous ? Alors que la femme en blouse blanche quitte la pièce, je m'assois sur ma chaise, totalement perdu. Je n'arrive même pas à réfléchir, tant mon inquiétude pour Eléanore est grande. Va-t-elle survivre ? Elle, qui semblait voir notre « pouvoir »comme une bénédiction... On dirait plutôt une malédiction. Et nous sommes impuissants face à cela. J'ai l'impression d'être dans la peau du personnage de mon roman. Harry. Un jeune homme tellement passionné qu'il finit par perdre le contrôle de sa vie et d'être incapable de venir en aide à ses proches. Or, je n'ai pas envie d'être ce personnage. Il faut que j'aide Eléanore et, pour cela, je dois parler au Docteur Stoller. Si je fais en sorte que mes pouvoirs se manifestent, peut-être qu'il viendra. Déterminé, je me lève puis je retente l'expérience précédemment échouée. Je jette un dernier coup d'œil à la douce Eléanore endormie. Ses longs soupirs visibles grâce à ses épaules qui montent et qui descendent montrent qu'elle est exténuée.

Je ferme les yeux, essayant de ressentir la moindre particule électrique en moi. Ce qui avait l'air d'être un jeu d'enfant pour Eléanore n'est pas si simple pour moi. Je finis par ressentir des petits picotements au bout de mes doigts. J'ouvre les yeux et aperçois des étincelles. Malheureusement, elles disparaissent aussitôt. C'est déjà un bon début, pensais-je. Je recommence, cette fois le regard rivé sur mes mains.

Alors que je m'émerveille à nouveau devant les étincelles qui réapparaissent, un voile noir enveloppe ma tête. Des mains attrapent mes bras. Je commence à me débattre mais je reçois un coup sur la tête. Je suis sonné mais toujours conscient. Je suis contraint de me laisser porter par ce que je pense être deux hommes. Ou tout simplement traîner, je ne sais pas vraiment. J'ai du mal à percevoir les mouvements que fait mon corps, contre ma volonté. J'ail'impression que nous descendons des escaliers, encore, et encore... il y a combien de sous-sol ici ? Une porte s'ouvre puis on m'assit sur une chaise. Mon corps semble endormit et n'arrive pas à réagir. On m'attache les mains puis les pieds. Ma conscience me souffle que j'avais bien raison de ne pas leur faire confiance. Qui sait ce qu'ils sont en train de faire subir à Eléanore maintenant ? Elle qui est déjà si mal en point...

Soudain,on m'enlève ce qui recouvre ma tête. Mes yeux sont éblouis par une lumière qui est dirigée sur mon visage. Je suis encore beaucoup trop sonné pour relever la tête. Malgré mes yeux entre-ouverts, j'aperçois tout de même une silhouette en face de moi. Or, je n'arrive pas à distinguer de qui il s'agit. Soudain, je reçois une énorme quantité d'eau sur le visage, me faisant revenir totalement à moi. Ayant eu l'impression de me noyer, mon rythme cardiaque s'accélère puis après quelques toux, je reprends petit à petit mon souffle. Mes yeux sont maintenant bien ouverts. C'est donc à demi surpris que je découvre l'homme qui me fait face. Le Docteur Alain Stoller. Il repose le saut puis s'assoit sur une chaise. Il croise ses jambes puis ses bras avant de planter son regard impassible dans le mien. Devant son silence, je prends mon courage à deux mains pour lui adresser la parole malgré que je sois encore essoufflé.

-A part ça... vous voulez nous protéger... ?

-C'est surtout la planète entière que j'essaie de protéger.

-Arrêtez de vous foutre de nous et dites moi pourquoi on est ici.

Stoller se leva puis rapprocha sa chaise de la mienne, laissant son visage totalement baigner dans la lumière. Je ne l'avais jamais vu d'aussi prêt. Je le défit du regard. Derrière ses petites lunettes rondes, se cachent des yeux fatigués par d'énormes cernes. Ses sourcils naturellement froncés laissent apparaître une énorme ride sur son front.

-C'est plutôt vous qui allez répondre à mes questions Monsieur Morton.

-Et vous n'auriez pas pu simplement venir me voir gentiment lors d'une visite de courtoisie ? Où est Eléanore ?

-Elle dort paisiblement dans sa chambre, ne vous en fait pas pour elle. Elle n'a absolument rien vu et elle n'aura même pas remarqué votre absence.

-Sauf quand je lui aurais tout dit, répondis-je agressivement.

Le docteur rapprocha son visage du miens puis chuchota.

-Oh non, vous ne direz absolument rien.

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