Chapitre 10 : Au temps qui passe.

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Il y avait longtemps que John-Eric avait espéré récupérer une complicité avec sa femme. Par complicité, il entendait une relation amoureuse passionnelle et fusionnelle, car il n’y avait pas à dire : ils s’entendaient à merveille.

Blear avait toujours été sa confidente et inversement. Aucun des deux ne manquait de soutien en la compagnie de l’autre, mais au fil des années, ils étaient plutôt devenus comme deux amis très proches. Mais l’amour, aux yeux de John-Eric, correspondait à quelque chose de l’ordre des trois “A”, c’est-à-dire au fait qu’en couple, il faut être à la fois amoureux, amants et amis.

Bien qu’il lui semblait logique qu’avec le temps leur relation se transforme en quelque chose de platonique, principalement à cause de leurs occupations, l’envie ne lui avait jamais manqué. Il n’en restait pas moins qu’il avait décidé de la respecter sous tous les angles et si leur couple prenait de la distance vis-à-vis de l’intime et de l’affectif, il se devait de l’accepter. John, en homme réfléchi, était capable d’entendre beaucoup et de comprendre ses besoins. Le respect primait. La fidélité aussi, mais malheureusement, le mensonge, il en avait fait usage à plusieurs reprises.

Après quinze ans, le fait de revoir l’homme que Blear avait tant aimé, en compagnie d’une jeune fille jusqu’ici “disparue”, il ne l’avait pas supporté. Cela signifiait que Dossan aussi avait menti, sans penser aux sentiments des autres et il craignait la réaction de Blear si elle l’apprenait. John avait pris peur et avait menti à son tour pour protéger son couple. Conscient qu’à tout acte est rattachée conséquence, il ne fut donc pas étonné que sa femme lui ait rendu la pareille en temps voulu. Elle aussi avait son jardin secret.

Quand quelques mois plus tôt, elle lui avait annoncé qu’elle avait été appelée par Monsieur Xavier au sujet de Lysen et qu’elle y avait vu son ancien amour, il avait développé certaines craintes. Pourtant, juste après cet événement, ils s’étaient rapprochés. À nouveau, Blear l’embrassait avec persistance et ils partageaient également de nouveau leurs nuits ensemble. Ils se donnaient tendresse et amour, comme du temps où leurs enfants étaient plus jeunes.

“Trop beau pour être vrai”, voilà ce qui lui avait traversé l’esprit quand elle avait fini par lui raconter ce qui s’était réellement passé, ce à quoi il avait répondu :

  • Pour les autres Richess, je ne dirai rien, tu peux compter sur moi, ça… ne me regarde pas, après tout, lui avait-il répondu. À propos de Dossan, était-il alors revenu sur le sujet fâcheux, j’aurais par contre apprécié que tu te sentes libre de m’en parler… même si… on peut dire que nous sommes quittes en termes de mensonges.

Blear n’avait su quoi lui dire en retour. Elle avait trop honte et après toutes ses disputes avec ses enfants, elle n’avait plus la force de se justifier. Suite cette révélation, à sa demande, John l’avait laissée tranquille le restant de la journée. À aucun moment, elle n’était sortie de sa chambre, tout comme Sky et Lysen qui boudaient dans leur coin en bons adolescents.

La journée passa donc longuement, John-Eric tentant vainement de se concentrer sur son travail. Ce fut seulement en fin d’après-midi qu’il se décida à rejoindre Blear. En toquant, un faible “oui” l’atteignit, sur quoi il entra. Elle n’avait pas bougé d’un pouce, toujours en pyjama, sous les couvertures. Il y avait bien longtemps que John ne l’avait plus vue aussi abattue. Pour une femme honnête, mentir avait des conséquences dévastatrices. Blear n’osa pas le regarder dans les yeux quand il se planta devant le lit. Après un soupir, il plaça ses mains de part et d’autre de ses côtes et l’observa longuement. Le visage qu’il aimait tant était marqué par les pleurs et la défaite. Ses belles jambes, qui se mêlaient aux draps, lui rappelèrent toute sa splendeur, alors que ses mains accrochées au bout de la couverture la transformaient en un être vulnérable. Le contraste était marquant.

  • Bien, fit-il d’un ton annonciateur, prépare-toi…

Tout de suite, Blear, meurtrie, se redressa, s’asseyant au bord du lit d’un air plus qu’étonné.

  • Je t’emmène au restaurant. Ce n’est pas négociable, ajouta-t-il tout de suite en la voyant se préparer à lui couper la parole. Je préfère avoir ce temps pour nous à l’extérieur plutôt que… de le prendre avec les enfants à la maison.

Effectivement, elle ne put lui refuser l’invitation. Silencieusement, il se prépara dans la salle de bain tandis qu’elle choisissait une robe. Elle prit un modèle élégant, entre le rouge et l’orange, près du corps, le dessus s’étalant sur ses épaules. Blear n’avait guère besoin de maquillage, mais réveilla son regard avec quelques coups de mascara et ses lèvres d’un léger brillant.

John, habillé à son égal, l’admira quand elle fut prête. Une simple queue basse coiffait sa chevelure, deux mèches de chaque côté du visage. Un rien la rendait magnifique. En l’attrapant par la main, il l’invita à sortir de leur maison.

Ce fut le moment où leurs enfants décidèrent enfin de sortir de leur cachette.

  • Ils sont partis ? s’étonna Lysen.
  • Monsieur et Madame sont au restaurant, en effet, lui avait répondu Charles.
  • Alors… Ils se sont réconciliés ? Ça a été vite, souffla-t-elle en braquant son regard au sol.
  • Tant mieux, lâcha doucement Sky, adossé à un mur d’un air pensif et ravagé.

Ruminante, Lysen approuvait son frère. Ils se raccordaient décidément de plus en plus. Quand ils partagèrent un regard inquiet, les deux préférèrent se nier par habitude et s’enfermer à nouveau dans leur chambre, mais en sous-couche, le même soulagement les habitait.

***

Face à face, l’apéritif déjà sur la table, John-Eric et Blear se lançaient des regards. Qui parlerait en premier ? Cette dernière devait s’avouer ravie de la place qu’il avait choisie. En terrasse, un mur arrondi les coupait du reste des clients, gagnant alors en intimité d’un côté et une vue splendide de l’autre. Le restaurant était placé en hauteur, une palissade délimitant leur espace du vide. Les plats arriveraient bientôt. Ils mangeraient sous les lumières qui s’allumaient au fur et à mesure que le soleil se couchait. John attrapa son verre et le leva, ce qui surpris Blear qui s’exécuta aussi :

  • Et à quoi trinquons-nous ? demanda-t-elle, incertaine et sur le qui-vive.

Il attendit un temps avant de répondre, assez pour qu’elle puisse l’observer attentivement. John avait un fin sourire aux lèvres, tendre et amitueux, aussi plein d’empathie. Elle avait de la chance de l’avoir. Il était beau. Encore plus masculin qu’à l’époque. C’était un vrai gentleman et il l’aimait tellement. Son regard transpirait l’amour qu’il lui portait. Blear avait tellement de chance qu’elle se sentit coupable, mais cette fois, même si le sentiment la rongeait, elle n’abaissa pas la tête. Elle ne devait pas, car même si le mensonge avait pu s’installer entre eux, ils se faisaient confiance.

John apprécia qu’elle lui apporte toute son attention. Il passa son pouce sur le verre tout en reprenant :

  • Avec la rentrée des enfants, je me suis rendu compte que nous sommes bientôt le premier septembre… Le temps file, dit-il avec nostalgie. Dans quelques jours, ça fera vingt ans que nous nous connaissons, toi et moi.
  • Vingt ans… répéta Blear en chuchotant. Waw, c’est vrai que… ça passe vite, constata-t-elle en lui lançant un regard qui fouillait déjà dans leurs souvenirs. En fait, non… ça fait plus que ça, en primaire nous…
  • Nous ne nous connaissions pas, rectifia-t-il tout de suite. C’est seulement en arrivant à Saint-Clair que…
  • Notre histoire a commencé, finit-elle sa phrase à sa place.

Tous deux se sourirent, amusés. Ils se regardèrent avec des étincelles dans les yeux le temps que la serveuse leur apporte leurs entrées. En dépliant sa serviette, John se laissa porter par la discussion :

  • C’était le coup de foudre, du moins de mon côté.
  • Qu’est-ce que tu racontes, pour moi aussi, répondit-elle gênée. Je t’ai tout de suite… Tu as su… Ha, rit-elle nerveusement. Tu étais si mignon, j’ai craqué, le taquina-t-elle.

Ils rirent de bon cœur en commençant à manger. La voir sourire lui mit du baume au cœur. John se sentit déjà un peu mieux. Il se rappelait de leurs premiers jours.

Quand Blear Makes avait franchi les portes de Saint-Clair vingt ans plus tôt, l’engouement autour de la Richess était devenu immense. Tous, la vénéraient, prêts à se plier en quatre pour avoir ne serait-ce qu’un contact minime avec elle. Au-delà d’une beauté, d’un bourreau du travail, d’une jeune fille sérieuse et de plus en plus froide à mesure que les responsabilités lui tombaient dessus, John avait découvert son premier amour et d’ailleurs, le seul. Plus que belle, il la trouvait classe et élégante, forte pour son jeune âge, d’un courage immense, mais surtout d’une fragilité séduisante. En fait, il avait craqué en premier.

Blear, quant à elle, en ce jeune garçon, humble et droit, avait trouvé un soutien. Il lui laissait de l’espace sans la quitter du regard. Il n’avait jamais détourné son attention, même lorsqu’elle repoussait les autres, déjà épuisée à l’époque par le poids sur ses épaules. John l’avait rendu un peu plus léger en se montrant présent. C’était devenu une évidence pour eux deux qu’ils s’aimaient et le faire en secret était encore plus exaltant jusqu’à ce qu’un bébé entre en jeu.

Tout avait changé une fois qu’elle fut obligée de donner naissance à ce jeune âge. Ce fut sa punition pour avoir pêché aussi tôt. Blear ne regrettait pas et John-Eric l’avait accompagnée.

Il allait sans dire que, durant ce repas, le couple pensait à la même chose. Les souvenirs heureux laissaient place aux plus durs.

  • Depuis le temps, je te connais par cœur, lança John. Tu penses à Billy ?
  • Oui… souffla-t-elle après avoir avalé sa bouchée. Nous nous en sommes très bien sortis et ça… parce que…

Elle en rougit presque, timide d’exposer ses sentiments, mais la reconnaissance pris le dessus :

  • Tu as toujours été là.

John-Eric déglutit.

  • Tu ne m’as jamais abandonnée. Même quand ils nous ont séparés, même quand…

Une longue pause s’installa entre les deux. Blear se sentit mal à l’aise. Elle creusait sa propre tombe, sous le nez d’un homme qui avait toujours été à ses côtés, à chaque moment, que ce soit dans les meilleurs ou dans les pires. C’était ça le mariage, mais il aurait pu la laisser tomber.

Avec une légère difficulté à respirer, elle arrêta de manger et essuya ses mains dans sa serviette. John ne la quittait pas des yeux. Lui aussi déposa ses couverts et joignit ses mains sous son menton, pensif. Bien qu’il eût toujours un air doux sur le visage, il ne souriait plus vraiment.

Le battement des ailes d’un oiseau passant plus haut, au-dessus de leurs têtes, sembla être un coup du destin qui maniait l’ironie avec brio.

  • Ensuite, il y a eu… Dossan, lâcha John-Eric, prêt à crever l’abcès.

Des flashs vinrent frapper Blear. Elle se rappelait d’un jeune garçon aux cheveux noirs, tout simple et discret, serrer la main de Chuck. Tout avait commencé à ce moment-là. D’une fille blonde, sans gêne, entourée de quatre garçons. De leurs rires et des larmes versées ensuite par les autres Richess. Alicia. Cette trouble-fête. Son premier vrai contact avec Dossan avait eu lieu à cause d’elle. Il l’avait poussée à agir quand elle avait failli être renvoyée. La pression de sa main dans son dos lui avait donné un élan. L’Espagne. Elle sentit les vagues de la mer recouvrir ses orteils, le sable chaud, leurs bêtises en cachette dans l’hôtel. L’alcool, qui l’avait rendue vulnérable devant lui. Après John-Eric, il fut le seul au courant pour son enfant caché. Simplement, d’une mine innocente, il avait fait semblant de ne pas avoir compris. Un nouvel ami. Avec l’arrivée de Louis, elle avait voulu l’aimer. Si à l’époque elle avait su ce qu’il deviendrait. Blear le plaignait, mais elle avait été déchirée de ne pas trouver l’amour, comme Dossan, déçu d’être lui-même toujours la dernière roue du carrosse. Alors, ils avaient fait une promesse, se poussant l’un et l’autre vers des personnes qui ne leur correspondaient pas. La vue de la grande roue dans laquelle elle n’était pas montée et le fusil qu’elle avait braqué sur des ballons à la place lui revint. Ses bras autour de sa taille. Leur première danse à l’internat. Sa tendresse avec Billy. Le bal.

Les lumières bleues qui dansaient dans sa tête lui firent du mal. La musique qu’elle entendait en même temps qu’elle se ravivait la douceur de ses lèvres. Et tout s’écroulait, un an après. Elle se rappela de la distance, du déni, de leur faux au revoir… Des notes du piano et de la perte de sa voix au moment de pleurer, les poumons brûlés par la douleur. La main de John. Son soutien quand elle avait fait face à ses parents. Le boucan de sa guitare. La psychologue. Ses genoux sur la scène, le micro en main, sur la première page des journaux. Leur descente aux enfers, séparément. Ils souffraient tellement. Elle avait eu si peur de l’accouchement, mais il était là, avec John. Les deux hommes de sa vie ne se battaient pas le jour où elle donna naissance. Sky. Le ciel et les oiseaux. La mort de sa mère. Elle l’avait vu détruit, sans pouvoir rien faire. Kimi. Il avait finalement accepté la promesse, alors qu’à ce moment-là, il n’avait aucune idée du futur qui l’attendait. Le futur. Ils l’avaient abandonné ce jour où il avait chanté pour elle, où il l’avait fait enfiler la plus belle des robes pour finir trempés dans une fontaine. Un seul homme avait réussi à autant la faire rire. Le chemin jusqu’à l’internat, leurs mains accrochées l’une à l’autre et la façon dont il l’avait regardée avant de partir. Les roses rouges. Elle entendait à nouveau le hurlement incessant dans sa tête qu’elle avait enfin réussi à sortir et voyait une dernière image d’un jeune homme assis sur une valise devant Saint-Clair, prêt à prendre son envol.

Blear acquiesça, les mâchoires serrées. John se releva quelque peu et devint plus sérieux. Aprés avoir tout tenté, il ne pouvait plus éviter le sujet.

  • Aujourd’hui… Qu’est-ce que tu ressens pour lui ?

Le nœud dans son ventre ne fit que s’accentuer. Elle eut même la sensation qu’elle s’apprêtait à rejeter son repas.

  • J’ai envie que tu me répondes honnêtement, sans…
  • Quelle question… le coupa-t-elle en gardant les yeux rivés sur son assiette. Tu ne peux pas me demander ça, c’est… C’est bête, parce que… Nous sommes ensemble et nous avons les enfants… C’est le plus important, non ? balbutia-t-elle en clignant des yeux, sa respiration devenant de plus en plus forte.
  • Sauf si tu n’es pas heureuse, dit-il le plus délicatement possible.

Ce fut tout de même un coup de poignard. Blear le regarda avec appréhension.

  • C’est pour ça que je veux que tu me dises ce que tu as sur le cœur. Je ne vais pas te juger, tu le sais bien. On a toujours fonctionné ensemble, parce qu’on s’entend bien, on est… Un bon duo, sourit-il malgré lui. Mais, si tu ne veux pas répondre à cette question, ce n’est pas grave. Je te l’ai dit, je te connais. Je vois dans tes yeux ce que tu penses vraiment.

Effectivement, ils brillaient, suppliants. Elle avait si mal.

  • Quand vous vous êtes séparés, je n’étais pas heureux…
  • John, je n’ai pas… envie de parler de ça…
  • Si, il le faut, dit-il en prenant du recul sur sa chaise et en la regardant presque avec pitié. Il faut qu’on en discute. Je n’étais pas heureux, parce que je ne t’avais jamais vue aussi malheureuse. Tu l’as même été plus que lors de notre séparation…
  • C’était différent ! s’exclama-t-elle en serrant le bord de la table.
  • Oui. Mais si tu avais eu le choix, ce serait avec lui que tu serais restée. Je ne t’en ai jamais voulu pour ça, parce que je sais ce que c'est d’aimer quelqu’un et de ne pas pouvoir être avec. C’est aussi la raison pour laquelle je n’ai pas hésité à te récupérer et j’ai fait… une promesse à Dossan. Bon, même si elle n’avait pas été faite, j’aurai quand même pris soin de toi, mais… j’ai voulu l’honorer. Et avec le temps, peut-être naïvement, je pensais que nous retrouverions… l’amour du début de notre relation. Nous avons eu de bons moments, certes, mais…

Tous ces mots, ces propos, sonnaient de trop pour Blear. Elle refusait ce qu’il lui exposait.

  • Arrête… Qu’est-ce que tu essayes de faire ? lui demanda-t-elle de plus en plus nerveuse et effrayée.
  • Tu l’aimes encore, répondit-il d’abord en jetant un œil sur le ciel pour replanter son regard dans le sien. Nous avons été proches ces derniers temps et c’était magique, mais maintenant que je connais la vérité… Que je sais que de le revoir t’a poussée à me mentir et que le simple fait que je prononce son prénom te mette dans cet état…

Avec beaucoup d’émotion, il fronça légèrement les sourcils et s’obligea à continuer.

  • Je me suis rendu compte que nous ne pouvions pas être heureux ensemble.

Le silence les frappa à nouveau.

Blear grimaça, incertaine :

  • John… Tu… Tu es en train de… me quitter ?

En détournant la tête, il passa son pouce sur ses lèvres. Il avait les larmes aux yeux en la voyant se décomposer.

  • Oui.
  • Mais tu…

Blear n’arriva même pas à trouver les mots. Sous ces airs doux, John souffrait énormément et c’était sa faute. Elle n’avait pas le droit de lui faire autant de mal. Elle eut beau tenter de réprimer ses larmes, elles dévalèrent sur ses joues. John attrapa sa main.

  • Oh… Je t’aime. Tellement, rit-il en l’admirant. Mais… Ce n’est plus possible… Tu comprends ? Je… Te voir aussi malheureuse, te voir t’enfoncer dans ton travail, parce que c’est tout ce qui te permet de t’échapper, alors que tu es une personne merveilleuse qui a tant d’énergie à revendre…
  • Mais moi aussi, je… Pourquoi tu…
  • Je sais, serra-t-il ses doigts, mais pas comme tu l’aimes lui.
  • Ca ne change rien, même si je... même si nous ne sommes plus ensemble, je ne vais pas... tenta-t-elle de reprendre le dessus.
  • Je ne peux plus. Je n’arrive plus à accepter l’idée que ce sera toujours un autre et je ne veux pas te faire de mal… Et ça va au-delà du fait que ce soit lui ou non. Je ne veux pas devenir cet homme qui te fera des reproches et qui finira par te détester parce que… Je sais que tu m’aimes et que tu as fait tous les efforts de ton côté pour que ça fonctionne. Je pense qu’il est grand temps qu’on pense au futur, nous sommes encore jeunes. Peut-être que c’est le bon moment… pour se reconstruire ?
  • Le futur… hoqueta-t-elle. Comment je… Qu’est-ce que je peux faire toute seule ? Tu…

Il avait raison, mais l’idée de perdre son pilier dans la vie la terrifiait. Elle hocha tout de même la tête, ravagée, en serrant encore plus sa main. Elle acquiesça même plusieurs fois tandis qu’il faisait de même.

  • Je ne t’abandonne pas. Prenons le temps qu’il faut et la distance nécessaire. Je t’aime, je veux le meilleur pour toi…

Elle n’arrivait même plus à lui rendre son amour. Bien qu’il s’agissait de la plus grande douleur au monde pour John-Eric, il avait au moins la preuve qu’il faisait le bon choix.

Elle s’en voulait tellement :

  • Je suis… désolée… Je suis tellement, désolée... craqua-t-elle dans ses mains.

Que ses pensées aillent toujours vers quelqu’un d’autre. Elle avait peur aussi de le perdre, parce qu’elle avait toujours pu se rattacher à lui. Quand bien même, il serait là, sans John, elle finirait vulnérable et même seule, ça ne voulait pas dire qu’elle se jetterait dans le grand bain. L’inconnu la paralysait, mais tout ce dont elle était certaine, c’était qu’elle ne pouvait plus se montrer égoïste envers un tel homme. Tous les deux méritaient de vivre mieux. La douleur qu'elle ressentait finirait certainement par passer, mais il n'en restait pas moins douloureux de mettre un terme à vingt ans d'amour mutuel. Elle avait le coeur déchiré de le quitter.

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