L'opération

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L’heure de l’opération approche. Très professionnelle, une infirmière m'apporte un kit opération : chausson, charlotte et blouse. Ridicule quoi. J'ai droit également à une fiole de Bétadine. Je ne supporte pas son odeur. L’hygiène s’impose naturellement et je prends une douche avant l’opération. Le temps s’égrène et le sourire fait, bien malgré moi, place à de la tension. Les infirmières le sentent bien. Oui j’arbore le sourire des mauvais jours, celui qui masque les soucis et tracas.

Car une question me pourrit la conscience au point qu’elle en devient réelle. Que vais-je devenir si on enlève mon sein ? Qu'est-ce que je fais ? Je ne pouvais pas ! Ça ne se pouvait pas ! Comment je pouvais avoir, ça ! Je voulais partir le plus loin possible avec un besoin pressant de prendre l’air.

Je peux vous assurer qu’à ce moment les idées les plus confuses, certaines, stupides même, tournent en boucle dans la tête. Le regard que mon homme aurait sur mon corps de femme. Et moi, en tant que femme, perdre un symbole de ma féminité. Déjà perdre les cheveux m’est difficile à supporter, alors je ne vous raconte pas Mais, au fond de moi, j’avais envie de me battre avec toute l’énergie qui me restait. Celle du désespoir.

Finalement, je pars pour le bloc. Les infirmières me tiennent la main. Mon corps est vidé de ses larmes : j’ai tellement peur et je ne cesse de pleurer (aujourd’hui encore, mes « gardes du corps » se souviennent de moi). Le chirurgien est là. Il m’attend, calme, placide, s’appliquant à me réexpliquer comment ça va se dérouler. Premièrement, pose du PAC (on y reviendra plus tard). Je passe aussi par l’analyse des ganglions sentinelles. Si les résultats sont positifs on me retire toute la chaîne ganglionnaire. Je ne suis pas bien. On m’installe. Je pense à mon fils, mon homme, mes parents. On m’anesthésie et j’ai cette putain de peur de ne pas me réveiller. C'est parti pour le calvaire.

Quelques heures plus tard... Salle de réveil. J’essaie de reprendre mes esprits. Malgré mon état brumeux, j’entrevois près de moi une petite fille. Elle doit avoir pas plus de douze ans environ. Elle était affolée, le tuyau encore dans la bouche. Elle pleurait. Elle pleurait de panique. Malgré mon état proche du larvaire, je trouve quand même la force de lui attraper la main pour la rassurer.

A mon réveil, je n’ai pas trop mal. Tout va bien. Enfin, j’espère. Réflexe psycho morphologique, je vérifie que mon sein est là. Pas de mauvaise surprise. Je suis soulagée, mais le vrai combat commence.

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