Chapitre 2 - Inquiétante rumeur

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— Des rumeurs courent sur un éventuel retour de Vega.

Je sursautai et fixai Lukas par écran interposé. Mon coeur battait la chamade.

— Des rumeurs, répétai-je en secouant la tête pour m'éclaircir les idées. Goldorak l'a transpercé de toutes parts avec son astérohache. J'ai vu le vaisseau impérial exploser.

— Ton cousin passe son temps à raconter le contraire, assurant que le Stratéguerre aurait réussi à s'échapper avec une mini soucoupe juste avant l'explosion.

Je blêmis. Tout pouvait être possible avec un tyran de cet acabit. Mais, non. Au fond de moi, je savais que ce n'était pas possible. J'avais bel et bien transpercé avec ma hache la soucoupe amirale qui transportait le monstre et sa clique. Je repensai à Vairan. Lorsque je revins sur Fleed avec ma sœur, l’année dernière, il avait refusé tout rapprochement avec moi et s'était enfui à l'autre bout de la planète avec quelques explorateurs pour étudier les sols qui avaient été peu touchés par le lasernium. Cependant, avec la naissance d’Hoshi, je ne pouvais pas revenir rapidement sur Fleed et je lui avait demandé de me représenter lors des sommets du CIPUPCET. Depuis, il ne faisait que des apparitions éclairs sur Fleed pour faire son compte-rendu. Il repartait ensuite soit vers la région des montagnes bleues soit vers Pallas où se réunissait régulièrement un groupe de chercheurs scientifiques qui avait comme but la récolte et l’analyse des travaux réalisés par les laboratoires de Vega.

— Quelles preuves a-t-il ? A-t-il découvert quelque chose lors de son exploration ou avec ses contacts de Pallas ? demandai-je.

— Il ne veut rien dire. Il est reparti il y a une semaine après avoir réclamé des finances supplémentaires que nous n’avons pas pu lui donner.

— Il a toujours été particulièrement secret.

— L’Institut Géologique qui a commandité l’expédition m’a assuré que tout était légal. Le président Caedus m’a reçu en personne et m’a montré les rapports que Vairan lui avait envoyés. Ils concordent avec les informations que nous recevons aussi des recherches sur Pallas.

Je passai une main dans mes cheveux.. Je ne voulais pas revivre les dernières années d'angoisse et de peur. Le chemin vers ma guérison fut trop pénible pour replonger maintenant alors que mon état émotionnel était encore sur la corde raide.

— J’ai envoyé des espions là- bas. Pour l'instant, je n'ai reçu aucun rapport tendant à expliquer cette rumeur.

— Qui est avec lui ?

— Des scientifiques... Attends, j'ai les noms... L’expédition regroupe les professeurs Portal, Valqus, Tayomida et Barta, spécialisés dans la spéléologie, la biologie, la mécanique et l'informatique. Valqus l’accompagne au CIPUPCET et sur Pallas. Il rencontre aussi régulièrement des politiciens, j'ai Cantigo et Anthropez, tous deux du côté de la frange indépendantiste et auparavant avec des accointances véghiennes. J'ai déjà mis une équipe de surveillance derrière ces personnes. Ils partent souvent sur d'autres planètes où il est impossible de les suivre, Vairan les suit parfois.

— En ce moment où est-il ?

— Justement, là, cela fait quinze jours que nous avons perdu sa trace. J’ai lancé une équipe mais ils n’ont rien.

— Appelles-moi en urgence s'il y a du changement. Je devrais être de retour dans un mois.

— Compte sur moi.

— Ah... Aussi... Peux-tu me fournir un dossier le plus complet possible sur Vairan notamment ses activités pendant la guerre et ses relations avec autrui ?

— Je te fournis cela le plus vite possible mais comme je te l’ai dit, nous n’avons pas grand-chose.

Je mis fin à la discussion, m'assis lourdement sur le premier siège à ma portée. Le corps affaissé, les bras en appui sur mes genoux, je portai les deux mains dans mes cheveux. Les palpitations ne se calmaient pas, étouffant ma respiration. J'entendis la porte s'ouvrir et claquer avec violence puis des bras m'entourèrent les épaules.

— Actarus ! Actarus !

Je regardai Phénicia d'un air vague.

— Actarus ! J'ai senti que ça n'allait pas. Que se passe-t-il ?

Je ne pouvais répondre. A la place, je posai mon front sur le sien. Nous restâmes ainsi quelques minutes.

— Dis-moi, mon frère.

Je secouai la tête. Je ne pouvais pas l'embêter avec ça.

— Ce n'est rien. J'ai eu un trouble en repensant à la guerre. Ça va mieux maintenant, merci.

— Tu rentres au ranch ?

— Pas encore, j'ai encore des contacts à prendre.

— Vénusia prépare un grand repas pour le retour d'Alcor. Tu y seras, n'est-ce pas ?

— Bien sûr, la rassurai-je.

Elle me serra une dernière fois avant de quitter la salle, laissant passer Eradius qui attendait patiemment.

— Voici les dossiers pour vos prochaines audiences.

Il les déposa sur la table puis s'approcha de moi.

— Voulez-vous boire quelque chose ?

— Apporte-moi un verre d'eau, merci.

Je pris une profonde inspiration pendant que je me désaltérai. "Calme, Actarus. Il n'y a aucune preuve. C'est une rumeur. Mais pourquoi Alphgar est-il de retour ?" Je mis toutes ces pensées de côté et me consacrai pendant les trois heures suivantes sur mon rôle de chef d'Etat.

***

La fête battait son plein lorsque j'arrivai au ranch, la nuit déjà bien entamée. Je n'avais pas réussi à me défaire plus tôt de mes obligations royales comme je l'espérais. Je contournai discrètement la salle à manger pour prendre une douche à l'étage. La pénombre et la petite veilleuse bleutée de ma chambre m'indiquèrent que Hoshi dormait dans son berceau. Je me penchai pour l'admirer : ses cheveux bruns formaient de petites boucles autour de son visage qu'elle avait tourné sur le côté. Les bras écartés, sa joue était posée sur un poing. Elle avait retiré la petite couverture qui couvrait ses jambes écartées. Je caressai son front du bout des doigts avant de récupérer les vêtements propres que Vénusia avait préparés sur le lit. Je les déposai sur le lavabo de la salle d'eau avant de me déshabiller pour me plonger sous le jet d'eau froide. Le choc thermique me donna un coup de fouet. Je changeai la température et me détendit petit à petit. Toute l'après-midi, je n'avais pu empêcher mon cerveau de réfléchir à la rumeur. Rien que d'y penser, mon coeur s'affola de nouveau. Le cliquetis de la porte me fit sursauter mais l'ombre qui se profila ensuite sur le sol me rassura.

— Tout va bien, Actarus ?, demanda Vénusia.

— Oui. Excuse-moi d'arriver si tard.

— Alcor t'attend avec impatience, comme papa. Tu le connais. Il râle de ton retard.

Elle me tendit la serviette éponge dans laquelle je m'enveloppai, s'approcha de moi, se mit sur la pointe des pieds et entoura mon cou de ses bras fins et chauds. Je la maintins serrée contre moi et l'embrassai. Le désir monta entre nous aussitôt et nos gémissements se mêlèrent. A contre coeur, je détachai mes lèvres de la douceur des siennes.

— N'allons pas les faire attendre plus longtemps.

— Actarus, tu es inquiet, constata-t-elle.

Je lui souris. Je ne pouvais rien lui cacher. Vénusia devinait toujours mon état d'esprit.

— Plus tard, d'accord ? éludai-je.

Elle hocha la tête, une moue sur la bouche. Je terminai de m'habiller, puis main dans la main, nous descendîmes l'escalier pour rejoindre notre famille.

Pour ce repas, ils étaient assis à la japonaise, les genoux posés sur un coussin autour de la table basse rectangulaire de la salle à manger. Riguel racontait une anecdote de son passé américain. Dame Antonella, près de mon père, surveillait furtivement Phénicia, collée à Alcor qui lui-même, écoutait Riguel tout en jetant un oeil en coin à sa voisine. Mizar jouait sur le tapis devant la télévision éteinte avec Artus qui gardait à peine les yeux ouverts.

— Bonsoir, tout le monde. Désolé pour le grand retard. Vous m'avez laissé des restes ?

Chacun exprimèrent leur avis sur ma venue tardive. Mon père et Alcor me regardèrent avec suspicion, ma soeur leur ayant certainement parlé de mon état post communication avec Fleed. Je leur fis un léger signe de tête pour les rassurer. Artus se précipita dans mes jambes. Je le soulevai et il vint blottir sa tête contre mon cou, ses bras tout autour.

— Tu me manques, soupira-t-il.

Je l'étreignis un peu plus contre moi et pris place à côté de Venusia et d'Alcor tandis que Mizar nous rejoignait et s'installait entre son père et sa soeur. Je proposai à Artus les boulettes de riz fourrées d'omelettes, d'azukis, de légumes de toutes les couleurs et de poissons mais il s'était déjà endormi.

— Alors Alcor, qu'as-tu découvert d'intéressant dans les villes américaines ?

— Toutes aussi bruyantes que Tôkyô pour les plus grandes. Je n'ai pas vraiment fait de tourisme.

— Tu as rencontré des amis ? demanda Phénicia.

— L'intégration n'était pas évidente. J'ai vite compris que l'étranger n'avait pas sa place. Cependant, ma bonne humeur et mon côté jovial et frondeur m'ont permis d'entrer dans un petit groupe sympathique et tout aussi décalé que moi, avoua-t-il, passant une main dans ses cheveux. Ils viendront peut-être une semaine pour visiter le ranch et les alentours. Ils sont aussi très curieux du Centre et souhaiteraient faire leur stage ici. Vous pensez que c'est possible, professeur ?

Mon père réfléchit une main en coupe sous son menton.

— Tous en même temps, ils vont être les uns sur les autres. Il n'y a plus autant d'activités qu'auparavant. Par contre, je peux demander aux professeurs Yumi et Armilerand s'ils ont des sujets d'études à proposer. Quand ils viendront, nous leur organiserons une excursion dans leurs laboratoires. Tu pourras leur présenter les Mazinger et le musée où ils sont entreposés.

— Oui, bonne idée, professeur, s'exclama le jeune homme.

Dame Antonella me demanda soudain :

— Votre Majesté, puis-je emmener Artus dans sa chambre ? Il ne vous encombrera pas et vous pourrez vous sustenter plus facilement.

Je grimaçai à la formulation pompeuse. Dame Antonella s'habituait à la vie simple du ranch mais ne voulait pas abandonner certains principes bien que j'insistai régulièrement pour ne plus les utiliser en présence de ma famille terrienne qui sur le coup était mal à l'aise.

— Pour l'instant, il ne me gêne pas mais je suppose en effet qu'il sera mieux dans son lit. Laissez, je vais y aller moi-même, cela évitera qu'il se réveille par le changement de bras.

Je l'emportai à l'étage et le couchai dans son petit lit. Il ouvrit un instant les yeux, sourit en me reconnaissant avant de se mettre en boule, les bras entourant ses jambes. Quand je sortis de la chambre, Alcor m'attendait, appuyé contre le mur.

— Que se passe-t-il, Actarus ? Tu es pâle et je vois bien que tu n'es pas toi-même, encore plus renfermé... comme au temps du conflit.

Je m'adossai à mon tour à côté de lui, une jambe repliée en appui sur la cloison, et croisai les bras.

— Je ne sais pas quoi te répondre. Une simple rumeur annoncée par mon second me bouleverse depuis tout à l'heure. Je n'arrive pas à me défaire de l'angoisse que cela m'a procurée. J'ai un pressentiment.

— Quelle est cette rumeur ?

Je ne répondis pas tout de suite.

— J'aimerais qu'on en parle demain avec mon père et les filles.

— Toujours à garder tes petits secrets, ironisa mon frère non sans méchanceté.

Il était loin le temps de notre rivalité. Il savait que ce trait de mon caractère n'allait pas changer.

— Et cela ne fait que se renforcer avec mon statut, enchéris-je, en grimaçant.

***

Avant de nous coucher, dans un geste solennel, Vénusia et moi apposâmes notre signature sur le formulaire de mariage. Je sortis mon "hanko", un petit bâtonnet sous forme de crayon et sur lequel j'avais fait graver l'emblème de Fleed. Je l'avais fait reconnaître à la naissance d'Hoshi, à l'état civil de Nasu-Kogen, comme identité familiale. Tandis que je le tamponnai sur la feuille, l'émotion me frappa. Vénusia entrait dans ma famille, elle pouvait porter mes deux noms. J'étais fier et en même temps inquiet. L'avais-je mise en danger par notre mariage ? Ses bras entourèrent mon cou où elle déposa un baiser près de mon lobe.

— Merci Actarus. Je suis si heureuse d'être auprès de toi.

Je me tournai légèrement en reculant le siège et la pris sur mes genoux. Elle était toujours là pour me réconforter et me soutenir alors que je n'arrivai pas à exprimer mes doutes, mes craintes ou mes joies. Elle a été avec mon père ma meilleure confidente. Je serrai mes doigts sur sa taille.

— Que se passe-t-il, mon chéri ? Tu es tendu depuis tout à l'heure.

Je relâchai la pression en secouant la tête.

— Actarus, regarde-moi.

Je plongeai mon regard dans ses prunelles marron. Elle me scrutait, cherchait à deviner ce qui m'inquiétait.

— Parle-moi, s'il te plait. Ne garde pas pour toi ce que tu as sur le coeur. Nous sommes mariés maintenant... Ça compte non ? Je sais que tu ne pourras pas tout me révéler mais ne me laisse pas de côté.

Je restai silencieux mais ne pouvant soutenir la tristesse qui s'afficha sur son visage, je baissai le menton. Elle voulut se lever mais je la retins.

— Lukas m'a informé d'une rumeur qui m'a envoyé à nouveau à l'époque de la guerre, lui avouai-je enfin.

— Une rumeur ?

— Un cousin aurait des preuves de la survie de Vega.

Elle caressa ma joue puis tira légèrement sur mes cheveux pour redresser ma tête.

— Sérieux ?

— Je sais au fond de moi que ce n'est pas possible. Son vaisseau a explosé sous nos yeux. Cependant, je ne peux pas m'empêcher d'y penser.

Elle scruta mes yeux avant de prendre mes joues en coupe et de m'embrasser longuement tout en m'enjambant pour s'installer face à moi. Je ne pus résister à cette force de persuasion. Elle commença à défaire les boutons de ma tunique sans que je ne m'en rende compte, occupé à fouiller sa bouche de ma langue. Je frémis quand elle toucha mes mamelons. De mon côté, je ne perdis pas non plus de temps à mettre à nu sa poitrine. Je quittai sa bouche pour titiller les pointes érigées, tout en caressant son ventre. Je la couchai sur le bureau derrière elle pour continuer mon exploration sans entrave. Je la déshabillai complètement et la contemplai en me redressant. La jeune fille que j'avais connue était maintenant femme à part entière. Son ventre, un peu rebondi, montrait qu'elle avait porté un enfant et accentuait sa féminité. Je la pris dans mes bras, la déposai sur le lit et enlevai mes vêtements à mon tour. Je plongeai à nouveau dans les délices de sa peau sucrée abandonnant dans un coin mon angoisse de la journée.

***

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