Chapitre 1 - Aux confins de la planète

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Euphor - Automne 1979, année terrienne.

L'Institut Géologique et Archéologique fleedien avait commandité une expédition afin d'étudier les sols et leur modification suite aux bouleversements climatiques que Fleed avait subis. Deux femmes et trois hommes étaient partis de la Capitale une semaine auparavant dans une navette transformée en laboratoire expérimental. Ils avaient rencontrés les habitants de ces contrées les deux premiers jours pour connaitre la géographie du lieu et se familiariser. C’est ainsi qu'ils avaient découverts l'existence de la grotte. Un jeune homme du village l’avait évoqué à demi-mot, amenant un frisson d’effroi parmi les personnes réunis. A l’aide de quelques fleedacs, le chef de groupe était parvenu à extorquer des informations complémentaires. Située sur la montagne la plus haute de la chaine, cachée derrière un brouillard permanent, la grotte était entourée d'un mystère presque divin. Aucun aventurier avait réussi à y pénétrer et surtout à en revenir. Cela décida de la suite de leur tribulation.

L'ascension durait depuis 3 heures. A force de grimper sur les chemins rocailleux ou de s'accrocher à la paroi à s'en écorcher les doigts et les genoux, les cinq explorateurs scientifiques commençaient à ressentir la fatigue.

Vairan Baron menait le groupe s'assurant des prises à l'aide des pitons qu'il plantait avec force et dans lequel il passait la corde qui le reliait à ses compagnons. Il venait d'arriver au sommet et s'occupa aussitôt d'ancrer la corde sur la roche et d'installer d'autres pitons avec mousquetons pour les grimpeurs suivants.

- Encore un effort, Cosima, tu y es presque, cria-t-il penché en avant. Attention, le chemin est assez étroit pour se tenir à plusieurs. Dès que tu as pied, tu t'accroches. Je vais commencer à pénétrer l'intérieur pendant que vous finissez l'ascension.

La femme qui reprenait la tête du groupe acquiesça sans un mot. Le souffle lui manquait. En qualité de spéléologue, elle était la seule avec Vairan à connaître les subtilités de l'escalade. Et tirer trois personnes débutantes n'était pas de tout repos.

Quinze minutes plus tard, elle se redressait en prenant appui sur la roche et se mit en sécurité. Elle retira une gourde d'eau de son gros sac qu'elle déposa sur le sol de la caverne. Puis tout en buvant une grande gorgée d'eau, elle essuya son visage élancé, mouillé de sueur et releva ses cheveux violets qui s'étaient plaqués sur son front. Elle posa ensuite son regard perçant sur l'horizon avant de revenir dédaigneux sur ses collègues.

Le suivant dans la file se hissait à son tour. Ses cheveux oranges d'habitude hirsutes tombaient en fil sur ses oreilles. Il s'allongea sur le sol, pas le moindre gêné par la bosse de son barda dans son dos.

- Eh bien, il était temps d'arriver. Je n'en peux plus.

- Relève-toi, Barta. Déplace ton mousqueton de sécurité sur la paroi et va t'assoir à l'intérieur si tu es trop épuisé. Ta dégaine* devrait te le permettre.

- Oh Portal. Quel rabat-joie. Où est Vairan ?

Cosima pointa son doigt par dessus son épaule sans ajouter une parole.

- Toujours aussi secret. Qu'est-ce que je ne donnerai pas pour être devant un bon écran à développer les meilleurs robots.

Soudain, une secousse leur fit perdre l'équilibre.

- Rin !

Cosima s’approcha près du ravin où elle s’accroupit pour regarder en-dessous. Le dernier grimpeur se balançait, retenu seulement par son baudrier.

- Attendez, on va vous aider. Rin, essaye de t’accrocher à un piton. Beata, tends moi ta main, .je vais te remonter.

La plus jeune femme mordit ses lèvres. Le poids de son collègue la tirait vers le bas et elle devait s’arc-bouter pour ne pas perdre elle aussi son équilibre. Tandis que les doigts de sa main gauche serraient la roche pour garder sa position. Elle allongea son bras droit le plus loin possible afin d’empoigner la main de Cosima qui aussitôt l’amena à elle.

Alors qu’elle se sécurisait, un autre tremblement surgit. La roche se fissura. Des cailloux se détachèrent et dégringolèrent, frappant le dos du dernier alpiniste qui tentait tant bien que mal de se protéger la tête, en la baissant vers son torse. Il tremblait. Son corps rondelet était paralysé par la peur. Il n’entendait rien, ne voyait plus rien.

- Rin ! Fais un effort ! Reviens vers nous.

Il leva les yeux désespérés vers Cosima. La sueur coulait le long de son visage et chatouillait le bas de son nez.

- Il y a un piton sur ta droite. Accroche-toi à lui.

Il n’arrivait pas à lever le bras. Ses deux mains étreignaient la corde avec une telle force qu’il ne pouvait les en détacher.

- Rin ! Tu m’entends ? Tu n’es plus qu’à 3 mètres. Ce n’est plus le moment de flancher.

- Je sais que tu peux le faire, encouragea Beata. Regarde-moi.

Elle attendit patiemment et dès qu’elle eut un contact visuel, elle reprit :

- Inspire. Expire. Inspire. Expire. Voilà, c’est bien.

Quand la respiration de Rin fut plus calme, elle lui conseilla les prises à prendre et petit à petit, il s’éleva à nouveau. Arrivé enfin sur le sol ferme, les filles le débarrassèrent de son sac et l’attachèrent à la rambarde de sécurité. Elle l’aidèrent ensuite à s’allonger à l’intérieur de la grotte.

- Et bien voilà une ascension pleine de surprise. Espérons que l’exploration de la grotte soit plus calme, remarqua Emilio.

****

Pendant ce temps, le responsable du groupe, inconscient de la tragédie qui se déroulait près de lui, scrutait l'ombre d'où semblait venir l'étrange phénomène du tremblement. Des pierres s’étaient décrochées du plafond et ralentissait sa progression. Un grondement et un souffle chaud en sortaient, rendant l'atmosphère encore plus lourde. Il sortit une lampe de poche et la dirigea vers le fond du couloir étroit. Trop long, il ne put l’examiner à vue d’œil. Il fit alors demi-tour vers ses compagnons.

- Tout le monde va bien ?

- En dehors du fait que Rin a eu la plus belle frayeur de sa vie, on pète tous la forme, ironisa Emilio.

Affalé contre le mur, il mangeait une barre protéinée. Cosima avait rassemblé les sacs contre la paroi et sortaient les torches de chacun.

Vairan les regarda les sourcils froncés. Il s’attarda sur le plus petit qui était toujours allongé avec son bras sur les yeux. Il fixa ensuite sa seconde, une interrogation muette dans les yeux.

- Laisse leur encore 10 minutes.

Il hocha la tête avant de se tourner à nouveau vers le couloir étroit.

- Rejoignez-moi dès que vous êtes prêts. Il doit y avoir une ouverture plus loin. J’ai sentir de l’air chaud.

- Il faudrait peut-être nous attendre.

- Je vous attendrai dès que j'arriverai à la source de cet air.

Le temps de pause fini, le groupe de quatre s’harnacha et s’enfonça à son tour dans le chemin. Soudain, un grondement se fit à nouveau entendre et des stalactites s'ébranlèrent.

- Attention !

Les quatre membres de l'équipe se protégèrent de leur bras.

- Pas de blessures ?

Non, tout continue à aller pour le mieux.

- Vairan ? Ça donne quoi devant ?

Aucun bruit ne se fit entendre.

- Chef ! Vairan ! Vous nous entendez ?

Le silence fut la seule réponse. Ils reprirent le chemin avec plus d'empressement, inquiets de la situation de leur chef.

***

Vairan secoua la tête pour retirer les miettes de poussières de ses cheveux et reprendre ses esprits. L'air était suffocant et nauséabond. Il grimaça et pinça l'arête de son nez tout en se mettant à genoux pour tâtonner le sol à la recherche de sa lampe. Il grogna en sentant le verre protecteur et l'ampoule en mille morceaux. Il ne voyait rien et n'entendait aucun bruit.

- Me voilà dans de beaux draps, marmonna-t-il. Que vais-je faire ?

Soudain, un élancement frappa son crâne et amena une douleur insoutenable. Il se prit la tête entre ses mains avant de perdre connaissance.

***

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