Routine

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Jour 23 : Vendredi 14 Décembre.

Depuis Samedi, je n'arrête pas de repenser à Pré-Au-Lard, bon sang que j'aimerais vivre ici définitivement ! Je sens la dépression me guetter quand je m'imagine retourner chez moi, et sans pouvoirs en prime. Une fois qu'on a gouté au plaisir de la magie, difficile de se faire à l'idée de ne plus pouvoir en faire usage ensuite. Car oui, une partie de moi est certaine que mon retour chez moi rimera avec "Byebye magie".

Je commence à ressentir les prémices d'une routine au sein de ce château, pas que cela soit embêtant. J'ai désormais mes repères, mes habitudes, mes amis plus ou moins confirmés. Je n'irais pas jusqu'à dire que j'ai des ennemis ici, mais il est assez évident que je n'apprécie que moyennement certaines personnes en ces lieux. Inutile de te préciser qui ...

Mes cours avec Severus ont repris depuis Lundi, tous les soirs je retourne une heure dans sa classe et tente de finir le travail que je me suis confié. J'ai définitivement laissé tomber les ingrédients Moldus, après l'hydroxyde j'ai tenté de rajouter des sulfites à une potion très basique, j'ai cette fois-ci réussi à faire sortir du chaudron ... des éclairs, rien de moins.

Mardi, j'ai tenté une autre alternative de conservation, l'huile. Ingrédient simple certes, mais efficace pour conserver des aliments ( merci mes cours de sciences et d'histoire), la potion a rapidement prise des allures de bouillie pâteuse avec de nombreux grumeaux. En grimaçant j'ai demandé à Severus de venir jeter un coup d'œil au résultat. "Bon à jeter dans la seconde"...
Loin de m'avouer vaincue, j'ai ensuite tenté d'ajouter du sel à la seconde fiole de potion, le résultat ne fut pas plus convaincant, le liquide s'est mis à faire des bulles qui ont rapidement commencées à exploser et m'asperger. Un récurvite de la part de mon "surveillant" m'a annoncé que ce n'était pas non plus une réussite.

Mercredi, en derniers recours, j'ai versé dans trois fioles une potion de vieillissement que je venais de terminer, dans la première j'y ai versé du vinaigre, dans la seconde du sucre, et dans la dernière du miel. C'étaient mes dernières idées pour réussir à conserver des potions avec des ingrédients Moldus. Benh ce fût un vrai fiasco également. Je crois que le monde magique ne peut pas se mélanger au monde fade et insipide des non sorciers. Mais je reste convaincue que je peux réussir avec des sortilèges.

Jeudi, après une journée totalement banale, j'ai préparé une potion d'aiguise-méninges sous l'œil fier de mon "professeur". Comme la préparation ne m'avait pas prise plus de vingt minutes, j'ai versé le contenu du chaudron dans cinq bocaux en verre (ceux-là même que le directeur m'avait achetés et que j'ai dupliqué grâce à un "Gémino"). Après les avoir refermer hermétiquement j'ai cherché dans mon livre de sortilèges le sort qui conviendrait le mieux pour réussir à les conserver.

Benh, crois-le ou non, mais il n'en existe pas. J'ai soufflé comme un boeuf, mais une idée germa doucement dans mon esprit alors que Seychou me demandait quel était le problème. "Plus j'avance dans ce projet, plus je le trouve impossible à finir". Il partit dans un petit ricanement et me souffla mesquinement (ce qui ne m'étonna pas car j'attendais cette réplique) qu'il m'avait prévenue. Décidant d'en rester là pour la soirée, j'ai rangé mes livres dans mon sac, nettoyé mon chaudron et remis à leur place les ustensiles avec lesquels j'avais travaillé. Je me suis ensuite accoudée à mon bureau en laissant mon esprit remuer tous les souvenirs que j'avais des films pour tenter de trouver une idée lumineuse. Il ne restait que vingt minutes de cours, voulant me rendre utile je demandais à mon superviseur en chef si je pouvais faire quelque chose pour l'aider. Il sembla étonner de ma proposition et sembla peser le pour et le contre quelques secondes avant de me répondre.

- La moitié des étiquettes se décollent des fioles de la réserve, si vous ...
- J'y vais !

Je passais à côté de lui en souriant tandis qu'il roulait des yeux. La réserve en question était un réel capharnaüm, pas très spacieuse elle ressemblait plus à un placard qu'à autre chose. Trois hautes étagères décoraient les trois murs, quand la porte s'est fermée derrière moi j'ai presque été prise d'une crise de claustrophobie tant l'endroit était exiguë. Je ne pouvais même pas étirer les bras sur les côtés sans toucher les fioles et boites qui reposaient sur les planches de bois. Haussant les épaules, je montais sur le petit escabeau et regardais l'étendue du massacre, Severus avait été gentil en disant "la moitié des étiquettes". Je fermais les yeux, pressée de sortir de là, et me concentrais pour lancer un sort "multiple" en imageant mentalement toutes les étiquettes décollées. Un bruit de succion retentit autour de moi, j'ouvrais les yeux amusée et resortais fière de moi.

- Déjà ?

Je levais deux doigts victorieux à l'encontre de Severus et attendais devant son bureau qu'il me donne une autre tâche à accomplir.

- Ce petit air prétentieux ne vous sied guère.

Je ricanais et posais le bout de mes doigts sur le bureau pour y retirer une poussière imaginaire. Je regardais l'heure, quinze minutes.

- Vous pourriez me retirer une belle épine du pied, si vous acceptiez de bien vouloir utiliser vos facultés pour chasser les deux souris qui ont élu domicile dans cette classe.

Je fronçais les sourcils en cherchant les bestioles du regard dans la classe et en tentant de trouver quel sort utiliser quand je compris le sous-entendu. Je me retournais vers lui plus lentement que prévu et avec un regard soupçonneux. Il me regardait avec un air entendu et un sourire en coin. Je roulais des yeux et soupirais en posant une fesse sur le coin du bureau.

- Comment Diable ...
- Vous êtes aussi agaçante sous votre forme animale que lorsque vous êtes humaine.

J'ouvrais la bouche et la refermais ensuite. Oh lui... Je croisais les bras et faisais légèrement la moue.

- Plus sérieusement ... ?

Il pencha la tête sur le côté et réfléchit aux mots à formuler pour me donner le fond de sa pensée. Il plongea son regard dans le mien et me dit sérieusement :

- Vous gardez les mêmes expressions malgré votre métamorphose, vos yeux restent inchangés et ... je reconnais dans votre regard les mêmes sentiments que je vois lorsque je vous regarde sous votre forme humaine.

Que répliquer à ça ? Je quittais ses yeux et fixais le mur au fond de la classe. J'avais la gorge nouée. Le professeur le plus craint de toute l'école lisait en moi comme dans un livre ouvert et ... il me connaissait désormais assez pour me connaitre sous toutes mes coutures. Je ravalais difficilement ma salive et me levais doucement de son bureau pour aller rejoindre ma place dans le silence.

Depuis quand me regardait-il ainsi ? Je n'avais même pas remarqué qu'il me portait tant d'importances... En était-ce d'ailleurs ? Non cela devait s'apparenter à de la curiosité voilà tout. Mais tout de même, j'étais certaine de ne pas pouvoir reconnaitre le regard de Fred ou voir celui de Poliakoff si je le devais. Je me contentais en général de les regarder ... sans les voir vraiment. Ils n'étaient pas si importants, je veux dire... je les apprécie beaucoup, mais voilà ... de là à vouloir me perdre dans leurs yeux et m'y baigner assez longtemps pour en reconnaitre toutes les subtilités ... Ils ne m'étaient pas nécessaires au point de vouloir les comprendre parfaitement ... Bon sang...

Je me relevais avec hâte et m'emparais de mon sac pour ensuite saluer d'un mouvement de tête celui qui ne m'avait pas quittée des yeux. J'arrivais presque à la porte, deux pas et ...

- Restez-là !

Je me stoppais net sous son ordre même si au fond j'avais envie de courir me cacher sous mes couvertures. Il arriva dans mon dos et je sentis sa cape frotter contre ma hanche quand il me contourna pour venir me faire face. Il affichait un air sérieux, pourtant je pouvais très bien voir qu'il avait perdu toute sa nonchalance habituelle et tentait tant bien que mal de camoufler son manque d'assurance. Il se frotta la nuque et laissa ensuite tomber mollement sa main dans le vide.

- Quel est le souci ?

Il avait posé sa question dans un soupire résigné. Je me mordais la lèvre pour ne pas perdre le contrôle de mes pensées. Je n'osais pas le regarder, je fixais résolument la porte par-dessus son épaule.

- Miss ? Ai-je dis quelque chose ... ?
- NON ! Je veux dire ... Non vous n'avez rien dit de désobligeant. C'est juste ... Je me suis rendue compte de quelque chose et...

Il m'encouragea d'un mouvement de tête. Je soupirais et me frottais les yeux.

- Severus, Monsieur ! Je veux dire Monsieur, je ...

Voilà que je rougissais en prime.

- ... C'est difficile vous comprenez ?
- Non je ne comprends pas.

Évidemment qu'il ne comprenait pas. Je soupirais et laissais tomber les armes.

- Je ne sais pas comment je suis arrivée ici, et, c'est difficile de vous expliquer... étant donné que je ne peux pas parler de tout. Je ... j'ai appris à aimer ce monde, beaucoup plus que je ne l'aurais imaginé à dire vrai... Je sais que je vais devoir le quitter un jour, bientôt en fait, je le sens au fond de moi que ce jour se rapproche. Je ne sais pas pourquoi, mais je sais que je ne me trompe pas et que ce n'est pas qu'un simple pressentiment.... Je n'en ai pas envie du tout, comprenez-le bien, mais je pense que je n'ai pas trop mon mot à dire à ce sujet.

Je laissais se dessiner un sourire amer sur mon visage en allant poser mon dos contre la porte. Severus suivit mon mouvement et me refit face, il me regardait en fronçant les sourcils mais me laissait finir mes explication sans dire un mot.

- Je ne sais même pas comment repartir chez moi, Dumbledore non plus. Un Elfe de maison m'a tout de même mise sur la voie. Il m'a dit, que je devais changer celui qui est seul et lui faire comprendre que je ne lui suis pas nécessaire. J'ai beaucoup réfléchis et tenter d'imaginer qui était cette personne, mais à chaque fois j'en revenais au point de départ. Jusqu'à ce soir. Et dire que c'était sous nez depuis le début ...

Je le vis ouvrir grands les yeux tandis que je le regardais enfin. Il gesticulait mal à l'aise et semblait vouloir à son tour partir en courant. Je baissais la tête en continuant...

- Je n'arrive tout de même pas à comprendre en quoi je vous serais nécessaire, je suis un poids en potions, je ne vous apporte rien si ce n'est des soucis et des complications. De la compagnie ? C'est la seule idée qui me vient, mais ... même s'il faut bien l'avouer nos échanges sont devenus plus cordiaux et détendus, nous ne sommes pas ... amis voir proches, et je doute que mon absence vous serait... difficile.

Ce constat me fit mal au coeur. Je decidais donc d'aller jusqu'au fond de ma pensée, au Diable les convenances.

- Moi je vous apprécie, beaucoup. Pas comme un professeur, non c'est au-delà de ça... Je me sens comme votre égale en plus ... comment dire ça ... intime. Enfin intime ... C'est difficile à expliquer ... Je ressens comme une connexion entre nous, un lien. Il est très fragile pour le moment, mais il me raccroche à vous. Beaucoup de choses me ramènent à vous quand j'y pense. Vous allez beaucoup me manquer quand je serais partie... J'aurais aimé être à vos côtés jusqu'à ...

Je me mordis la lèvre avec force avant de dire une énorme bêtise et ouvris grands les yeux. Voilà ce qui arrive quand on ouvre bêtement son coeur.
Je sentais ses battements cogner contre mes tempes et mes mains tremblaient légèrement.

- Pourquoi vous arrêtez-vous ?
- Vous le savez très bien, je ne peux pas vous en parler.
- Venez-vous du futur ?

Cette explication serait tellement simple à donner. Mais je n'arrivais pas à me résoudre à lui mentir.

- Non, enfin pas vraiment. Je ne peux rien dire Severus, Dumbledore a été formel, modifier le futur peut avoir des conséquences horribles. Et je ne veux pas faire ça, même si j'aimerais plus qu'autre chose changer certains ... faits, je ne peux pas.

Il soupira et vint se poser à mes côtés contre la porte.

Beaucoup de barrières étaient tombées entre nous ce soir. Un long silence s'installa dans la pièce, nous regardions tous les deux devant nous et étions perdus dans nos pensées. J'écoutais sereinement brûler le feu dans la cheminée, ses flammes étaient hypnotisantes. Le parfum de Severus venait danser doucement sur ma peau, j'étais bien ainsi. La proximité de son épaule contre la mienne ne me dérangeait même pas. Sentir la chaleur de cet homme se répandre contre moi avait un effet relaxant que je n'avais pas soupçonné.
J'entendais sa respiration profonde résonner dans mes oreilles, du coin de l'œil je pouvais entrevoir son torse qui se soulevait doucement. J'étais à ma place ainsi, ici avec lui. Pourquoi ? Je n'en savais rien, mais cet homme m'était devenu indispensable. Je ne pense pas que c'était de l'amour, enfin ... pas comme on se l'imagine quand on prononce ce mot, mais c'était quelque chose de très fort en tout cas que je ressentais pour lui en cet instant. Un besoin viscéral et presque maladif de le voir heureux.

Comment en étais-je arrivée à ressentir ceci pour cet homme bien plus vieux que moi et qui était, je crois, si différent de moi ? Non pas si différent, nous avions le même sale caractère, les mêmes principes idiots de ne jamais vouloir lâcher prise ou perdre la face. Nous voulions tous deux donner le meilleur de nous mêmes, nous surpasser sans arrêt en nous moquant bien des conséquences. Nous étions deux solitaires, jaloux du bonheur des autres et trop craintifs de nous ouvrir pleinement... En fait, j'avais l'impression d'être l'extension du caractère de Severus, sa version féminine et plus "douce". Cela aurait été drôle de le rencontrer à mon âge. Mais aurait-il été celui que je connais maintenant ? Non, sans nuls doutes que non. Il n'aurait pas eu ce côté reclus et agressif qui me plait tant. Je n'aime pas le voir seul, je n'aime pas savoir ce qu'il adviendra de lui et ce qu'il a déjà vécu, mais je n'aime pas imaginer Severus ... différent. C'est ainsi. Cet homme est parfait à mes yeux tel qu'il est, lui et ses nombreux défauts qui me rappellent tant les miens.

- Vous aussi...

Je me retournais doucement vers lui. Ses traits étaient tirés même si le reste de son corps était détendu. Il fixait un chaudron face à lui sans cligner des yeux. J'attendis patiemment qu'il finisse sa phrase.

- Vous aussi, vous allez me manquer quand vous serez partie. Le temps sera long sans vos jérémiades.

Je baissais la tête et laissais échapper une larme dans le plus grand silence.

Ce vendredi, j'ai passée une matinée morose à souhaits. Les dernières paroles de Severus n'arrêtaient pas de revenir en boucle dans ma tête et me déchiraient le coeur à chaque fois. Je tentais difficilement de ravaler les larmes qui depuis qu'elles étaient sorties la veille, avaient décidées de devenir monnaie courante. La mort dans l'âme je boycottais le repas de midi ensuite et décidais de tenter de me le sortir de la tête en travaillant.

Je ressortais mes notes et mon livre de sortilèges avant de le feuilleter méticuleusement. En effet, la veille une idée avait germée dans mon esprit et je décidais de me focaliser dessus.
L'idée en question était de tester quelque chose de totalement loufoque (à priori) mais qui pourrait se révéler possible si je choisis les bons sorts. Après tout il existe de nombreux sortilèges, ils ont souvent une partie de la fonction que je souhaite, mais pas totalement. Donc en partant de ce principe, ne serait-il pas possible de combiner deux sortilèges (voir plus) pour un créer un nouveau plus puissant et regroupant les facultés de chacun ? Moi ça me semble logique ...

C'est donc pleine de volonté que j'ai épluché mon bouquin et noté plusieurs sorts qui seraient susceptibles de m'intéresser.
Le premier que j'ai retenu est le Salvéo Maléficia, ce sort de protection est utilisé pour protéger (sans déconner) des personnes ce qui ne m'avance pas beaucoup, mais si je retire le "Maléficia" de la formule, ce sort pourrait peut-être devenir plus général, non ?
Ensuite, j'ai noté la formule d'Inpedimenta, ce sort d'entrave sert normalement à ralentir des objets, des personnes, des actions en temps réel. Je pense que combiné à la première formule cela pourrait donner quelque chose.
Finalement, j'ai sélectionné l'Arresto Momentum, je me souvenais de ce sort pour avoir vu Dumbledore l'utiliser lorsqu'Harry avait fais sa chute en balai à cause des détraqueurs en ... quelle année déjà ? Troisième je crois. Bref, ce sort qui ralentit ou arrête le mouvement d'un objet ou d'une personne pourrait se révéler utile. Il faudrait simplement, si j'ose dire, faire en sorte que cela ne soit pas un mouvement qu'il modifie mais le temps. Je crois qu'on dit Tempus en latin...
Donc en combinant ces trois formules, cela donnerait quelque chose comme : Salvéo inpedimenta arresto Tempus ... ?

Mon Cher Journal ... tu ressembles de plus en plus à mes parchemins de notes ...

Il faudra que je teste cette formule Lundi soir, je n'ai pas cours avec ... Severus ce soir. Une partie de moi en est soulagée, j'ai besoin de remettre mes idées au clair et de ... digérer ce qui s'est dit hier. Une autre, qui prend malheureusement trop de place, regrette de devoir attendre avant de le revoir. Je suis foutue.

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