Épilogue

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Une magnifique nappe rouge couvrait la table de la maison de campagne. Les flammes de la cheminée faisaient étinceler la vaisselle sortie spécialement pour l’occasion. Verres, couverts et boules du sapin scintillaient sous la lumière des guirlandes qui décoraient le salon. Leur éclat se reflétait dans les yeux du fantôme campé derrière la vitre de la terrasse.

Julie leva la tête et sourit à la vue de son ami. Un verre de mousseux à la main, elle fit coulisser la porte du balcon. À table, ses parents se querellaient gentiment. Bientôt, ils s’échangeraient les cadeaux de cette année.

— Alors ? demanda-t-elle à Micky.

— Toujours rien, lui confirma celui-ci. Je crois bien que ta ruse a fonctionné.

— Nous ne le saurons que dans quelques mois, soupira Julie. En attendant, je dois contacter quelqu’un.

Elle sortit son téléphone et entra un numéro qu’elle n’avait plus composé depuis des années. Une voix enjouée lui répondit après seulement deux sonneries.

« Julie ! Justement, je pensais à toi ! »

— Bonsoir Alex ! J’appelle pour te souhaiter un joyeux Noël.

« Comme c’est gentil ! Qu’est-ce que tu deviens, ma belle ? »

— Je crois que nous aurons l’occasion de parler de cela. Mais avant, j’ai une question à te poser.

« Dis-moi. »

— Te souviens-tu de notre voyage à Londres lors de cette dernière année du secondaire ? Le vendeur de pierres de lune…

« Oui, évidemment ! Qu’y a-t-il à propos de lui ? »

— Son corbeau, c’était une entité, n’est-ce pas ?

Un silence troublé résonna de l’autre côté de la ligne.

« Et il t’a fallu tout ce temps pour t’en rendre compte », finit par murmurer Alex.

— Désolée de ne pas être plus au courant des mœurs des magiciens, ironisa Julie.

« Comme je m’en veux ! Ce rituel, nous aurions dû le réaliser ensemble ! Tanya nous harcelait toutes les deux. »

— Je sais bien.

« Après ta rencontre avec Jason, tu étais tellement différente, plus renfermée. J’espérais que tu accepterais ta part d’ombre, mais le sorcier m’a avoué qu’il avait préféré la solution de facilité. »

— Alors tu n’as rien dit, toi, ma meilleure amie. Quitte à me laisser tomber aux mains de la Fondation ?

« Nous ne changerons pas le passé. »

— Toi, peut-être pas. Mais j’ai l’intention de rattraper tout le temps perdu. Passe de bonnes fêtes, Alex.

Julie raccrocha, les larmes aux yeux. Micky la fixait d’un regard indéchiffrable. Elle se tourna vers l’entité, présence silencieuse dont le noir tranchait sur la neige fraîche. Le froid commençait à s’insinuer à travers son pull, mais elle ne frissonna presque pas, plongée dans ses pensées.

Combien étaient-ils à trembler ainsi en cette soirée de Noël ? Combien d’autres sorciers écartelés entre leur vie et le monde des ombres, obligés de se cacher, même aux yeux des leurs ? La jeune femme se promit de retrouver leur trace. Personne ne méritait d’être seul et rejeté à cause de sa différence.

— Ton père va couper la bûche, ma chérie ! lui lança sa mère. Nous t’attendons.

— J’arrive !

Un sourire de crocs acérés accompagna son retour à l’intérieur.

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