Prologue

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— Recommençons. Reprenez donc depuis le début.

Les bras croisés sur son uniforme bleu marine, l’agent de police la fixait d’un air ennuyé. Inconsciemment, Julie avait adopté la même posture. Elle se laissa aller contre le dossier de la chaise.

— Inspecteur Ballard, pouvez-vous plutôt m’expliquer pourquoi vous me gardez encore enfermée ici alors que je suis la victime ? ironisa-t-elle.

L’homme souffla, certainement irrité par son impertinence. Mais assise dans cette salle d’interrogatoire impersonnelle depuis plus de deux heures, l’exaspération de Julie commençait à se faire sentir.

— On ne reçoit pas souvent un appel pour arrêter un agresseur déjà tout ficelé, vous en conviendrez.

— Ce n’est pas non plus tous les jours qu’un mec armé tente de vous poignarder en pleine journée.

— Vous seriez surprise…

De ce qu’elle en comprenait, Ballard semblait le seul étonné pour le moment. Elle-même intégrait encore moyennement l’idée. La jeune femme n’avait jamais suivi le moindre cours d’autodéfense de sa vie. Elle aurait dû être paralysée d’effroi, pas effectuer cette prise digne d’un bon film d’action. Mais sous l’impulsion de l’adrénaline, un réflexe salvateur lui avait permis d’attraper le bras du malfrat et de l’envoyer valser par dessus son épaule. Sa bonne étoile avait voulu qu’elle ait justement en sa possession quelques liens colson destinés à accrocher les guirlandes de Noël au balcon. Un genou dans le dos de l’homme quelque peu sonné, elle avait rapidement attaché ses mains et jambes avant d’appeler les secours.

La scène qui venait de se rejouer devant ses yeux expliquait clairement la méfiance des forces de l’ordre à son égard. Après tout, qui pouvait croire que cette fille toute menue avait réussi à désarmer un voyou sans aide ?

Prise d’une inspiration soudaine, Julie décida de continuer à parler. Elle avait l’intuition que l’inspecteur était juste dévoré par la curiosité. Il ne l’accusait de rien, pas encore en tout cas. Sa phrase suivante, un vrai cliché du genre, ne fit que confirmer cette idée.

— Qu’avez-vous à dire pour votre défense ?

Julie le regarda, bouche bée.

— N’importe quoi ! s’offusqua-t-elle. J’ai deux témoins de la scène, vous avez récupéré l’homme et le couteau. Que cherchez-vous de plus ?

— À comprendre peut-être ?

— Qu’y a-t-il encore à éclaircir ? soupira-t-elle.

— Ceci pour commencer, peut-être.

Ballard désigna le pendentif argenté qui pendait négligemment entre les plis du pull de Julie. La jeune femme se maudit immédiatement de son imprudence. Elle se doutait que ce petit pentacle finirait par lui attirer des ennuis un jour.

— Ce qui me surprend, poursuivit-il, c’est que les membres de la Confrérie ne requièrent habituellement pas l’aide des autorités…

— Je ne fais pas partie de la Confrérie, l’interrompit Julie.

— Bien.

L’inspecteur se leva et quitta la salle sans un autre mot.

Julie soupira et fixa ostensiblement la caméra de sécurité au plafond. Trop tard pour songer à s’enfuir. Elle ne pouvait qu’attendre la suite, et laisser affluer les souvenirs.

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