Chapitre 1: Sur un air d'apocalypse...

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    Je m’appelle Annabelle Rachelle Kane ou encore, Anna pour les intimes. J’ai vingt-sept ans et à vrai dire, je suis une fille comme les autres, mais du haut de mon mètre soixante et un, je possède un sacré caractère !

Comme tout le monde, j'ai mes défauts et mes qualités. Je suis un peu solitaire et ma vie n’a rien d’extraordinaire. Je suis célibataire et comme toutes les filles, à la recherche du prince charmant, mais ça, c’est une autre histoire…

J’habite un quartier magnifique en plein cœur de la capitale, j’ai un bon job, des collègues sympas et j’ai tout ce dont un jeune de mon âge peut désirer ! Mes journées s’enchainent pratiquement chaque jour de la même façon…

    Sept heures du matin : Je me lève. Je témoigne un peu d’affection à cette petite boule de poils adoptée il y a huit ans ; une petite chatte marron tigrée nommée Sora.

Je fais couler mon café. Ensuite, je passe une vingtaine de minutes dans la salle de bain à me préparer et à choisir le bon maquillage qui ira avec ma tenue du jour. Je m’habille, puis je m’apprête à affronter le monde extérieur !

« Affronter le monde extérieur », ça parait tellement étrange de formuler cela de la sorte et pourtant, tous les jours, je me dis que je ne suis pas faite pour vivre dans ce monde. D’ailleurs, mes vieux principes sont toujours là pour me le rappeler !

    Huit heures : Ça y est, je sors de l’appartement. Aujourd’hui, évidemment, il pleut et, en franchissant l’entrée de la résidence, je m’aperçois que j’ai oublié mon parapluie. Malheureusement, le temps me manque et je risque d’arriver en retard.

Je ne voudrais surtout pas subir la colère de mon supérieur ; Monsieur Decker, un homme d’une droiture exemplaire.

Ensuite, comme chaque matin, je suis toujours aussi enchantée d’emprunter le métro pour me rendre au travail. Et là, quand je vous disais que je m’apprêtais à affronter le monde extérieur, je ne plaisantais pas, car je faisais exactement allusion à ce qui va suivre…

En effet, lorsque vous utilisez les transports en commun, moyen de locomotion très avantageux où des personnes sont rassemblées pendant la durée d’un trajet, dites-vous bien que malheureusement, c’est l’endroit où vous aurez l’occasion de constater que les valeurs d’autrefois n’existent plus !

« Mesdames, Messieurs… », l’époque des gentlemen’s et des gens aux bonnes manières est désormais révolue !

D’ailleurs, pour en revenir à mes vieux principes, j’ai la pénible habitude de me rendre à l’évidence que le mot « galanterie » a perdu tout son sens. Les femmes sont debout et les hommes pendant ce temps restent assis. Sans parler de la rare minorité de personnes prêtes à céder sa place à une femme enceinte ou à une personne âgée ou handicapée. Visiblement, ça n’a pas l’air de gêner les gens, mais moi, si…

Je fais partie de la grande majorité de celles qui restent debout, à essayer d’agripper, à ses risques et périls, l’une des barres du métro pour ne pas se retrouver à terre en cas de freinage brusque. OK, je sais ce que vous allez penser…

J’ai peut-être de vieux principes, très certainement dus à l’éducation stricte que j’ai reçue, mais décidément, je crois que je n’arriverais jamais à m’y faire !

    Neuf heures : j’arrive au bureau et comme chaque matin, je fais mon petit tour pour saluer mes collègues, puis je vais m’asseoir à ma place. Et comme tous les matins, ma collègue Katty vient me faire un de ses énièmes comptes rendus de ce qu’elle avait fait la veille…

Plus bavarde qu’elle, je ne connais pas, mais une chose est sûre, j’apprécie énormément cette fille, car elle a toujours le petit truc pour illuminer mes journées et je dois dire qu’avec le temps, il se pourrait bien qu’elle soit devenue ma confidente.

    Ce jour-là, nous étions lundi et je déteste particulièrement les lundis ! Je n’avais pas pris mon café, j’avais oublié mon parapluie et j’étais trempée de la tête aux pieds. En plus, je m’étais fait voler mon téléphone dans le métro et pour couronner le tout, mon responsable avait décidé de mettre mes nerfs à rude épreuve en me confiant une tâche que j’aurais préféré éviter tout particulièrement aujourd’hui. Ça commençait bien !

Toutes mes journées étaient identiques, enfin, c’est ce que je croyais, mais aujourd’hui, j’étais loin d’imaginer ce qui allait se produire ! Laissez-moi vous raconter la suite…

    J’étais employée dans une grande société spécialisée dans la finance et plutôt un bon élément. J’étais pratiquement tous les jours pendue au téléphone, entourée de chiffres à longueur de journée et ma seule drogue pour tenir jusqu’au soir était le café ! Café serré, noir et sans sucre de préférence !

    Ce jour-là, alors que ça ne m’arrive pratiquement jamais, je décide de m’accorder une petite pause, pour une fois.

Je prends l’ascenseur et je descends dans la salle de repos située quelques étages plus bas. Loin des sonneries de téléphone, loin du bruit, loin de tous, en quelques minutes, j’imagine ma vie autrement…

Après tout ce qui vient de m’arriver, je n’ai qu’une envie, c’est de rentrer chez moi !

    Une quinzaine de minutes plus tard, je reprends l’ascenseur et je remonte au dixième étage sur un air de « Beethoven » dans les oreilles. C’est fou comme la petite musique de cet ascenseur est apaisante, mais très vite, je me retrouve confrontée à un autre petit problème…

Arrivée en haut, je traverse le grand couloir et alors que je me dirige vers ma salle de travail, je tombe nez à nez sur ce cher Dom que j’évite depuis des jours et que je voulais à tout prix éviter aujourd’hui ! Mais il est trop tard pour revenir sur mes pas. Il m’a déjà repéré et vient dans ma direction. Il me salue. Apparemment, il attendait impatiemment mon retour…

Nous discutons quelques instants, mais par chance, la conversation ne dure pas, car il n’a pas dû apprécier ce que je viens de lui dire !

Vous devez sûrement vous demander qui est ce fameux Dom et ce qu’il peut bien me vouloir. C’est là que j’en reviens rapidement sur ma situation amoureuse…

Dominique est le bras droit du PDG de la compagnie où je travaille et je vous avoue que nous nous sommes connus tout à fait par hasard, mais il était également l’un de mes nombreux prétendants, en tout cas, jusqu’à ce que je viens de lui dire tout à l’heure !

OK… J’avoue qu’au début je ne lui étais pas indifférente et à l’époque, lorsqu’il arpentait les couloirs en compagnie de ses assistants et de sa potiche de secrétaire, je m’imaginais déjà avec un homme comme lui. Pas étonnant, car il a une telle prestance et avec son physique très attirant, c’est clair qu’aucune femme ne peut lui résister ! Moi-même, je dois avouer que je me suis laissée envouter par son charme et une fois que nous avions fait connaissance, j’avais même accepté de diner avec lui un soir.

Je ne vais pas rentrer dans les détails et vous raconter la suite, car les jours suivants, nous nous sommes rapprochés et il s’est bien passé quelque chose entre nous.Nous avions décidé d’entamer un bout de chemin ensemble, mais je me suis vite rendu compte qu’il n’était pas du tout celui dont j’avais besoin...

En quelque temps, l’homme adorable qui se comportait comme un parfait gentleman avec moi s’est rapidement transformé en un sale type avec un égo surdimensionné !

Je dois avouer qu’au début, je ne prêtais pas attention à ce « complexe de supériorité », même si à plusieurs reprises, Katty et les autres m’avaient pourtant prévenu !Mais ce n’était pas tout, car il était évident que notre relation n’allait pas tarder à s’ébruiter dans toute l’entreprise, alors avant que cela ne se produise et avant d’aller plus loin tous les deux, je préférais y mettre un terme.

Visiblement, depuis ce jour, Dominique n’arrive pas à se faire à l’idée que notre relation soit terminée, mais ma décision est prise et j’ai l’intention de passer à autre chose alors, comme je vous le disais tout à l’heure, je suis un cœur à prendre ! Enfin bref, c’est tout pour la petite histoire…

    Après avoir mis les choses au clair avec lui, j’arrive dans l’open-space et je passe entre les marguerites, puis je retourne à mon poste. Je pose ma tasse sur mon bureau et je continue de rédiger le fameux rapport que mon responsable m’avait confié plus tôt dans la matinée.

Il est bientôt onze heures, et moi, plus que jamais concentrée, les yeux rivés sur mon écran à essayer de terminer ce maudit rapport ! Je suis à court de mots, je n’arrive pas à me concentrer et il y a beaucoup trop de bruit.

Je relève doucement la tête et là, je constate autour de moi que mes collègues sont plus occupés à débattre de l’endroit où ils iront déjeuner à midi !

    Je replonge ma tête dans mon rapport et je fixe à nouveau mon écran quand soudain, je ressens de curieuses vibrations…

Au début, je n’y prêtais pas vraiment attention, mais très vite, tout ceci devenait inquiétant. Il vient d’y avoir une petite secousse… puis une autre et encore une autre…

Les secousses se répètent à des intervalles irréguliers, certaines plus fortes que d’autres.

    Les gens autour de moi commencent à se poser des questions et étant donné que le sol tremble déjà depuis quelques secondes, certains de mes collègues se rendent aussitôt dans le bureau de Monsieur Decker pour savoir ce qu’il compte faire, car étrangement, malgré les secousses, l’alarme du bâtiment ne s’est pas déclenchée.

Moi-même, je dois avouer que je n’ai aucune idée de ce qui est en train de se passer. La tasse qui est posée à côté de moi glisse au fur et à mesure sur la table et le café qu’elle contient commence à se déverser, c’est pour dire l’intensité des vibrations…

Les téléphones ont soudainement cessé de sonner et les ordinateurs viennent de s’éteindre brusquement comme s’il venait d’y avoir une coupure de courant.

Je viens de perdre la totalité de ce que je venais de rédiger plus tôt…

« Super ! manquait plus que ça ! »

Lucas, un de mes collègues décide d’ouvrir la fenêtre qui donne sur la rue.

En bas, les voitures encombrent les voies. Il y a un embouteillage monstre, mais ce n’est pas inhabituel puisque l’endroit où se trouve mon entreprise est plutôt fréquenté et très souvent embouteillé.

Les bâtiments qui nous entourent sont tellement hauts qu’il nous est impossible de voir ce qui se passe aux alentours.

Lucas ne voit rien, mais il entend ces bruits sourds qui accompagnent les secousses au-delà des tours.

De l’intérieur, il nous était impossible d’entendre ces bruits que provoquent les vibrations à cause du vitrage épais qui atténue le bruit, mais lorsqu’il ouvrit cette fenêtre, une certaine inquiétude était alors palpable quand nous entendions tous ces échos se propager.

Monsieur Decker, notre responsable sort de son bureau et vient nous rejoindre dans l’open-space pensant que quelqu’un sait ce qui se passe.

Certains pensent qu’il s’agit d’un tremblement de terre, ce qui semble peu probable étant donné que notre ville n’est pas située dans une zone à risque sismique. D’autres pensent qu’un attentat est en train d’avoir lieu et que ce sont des explosions que nous entendons et ressentons jusqu’ici, mais tous se trompaient…

Et alors que les interrogations et les suppositions fusent de tous les côtés, soudain, une énorme détonation venant de très loin retentit par la fenêtre qui est toujours ouverte, comme si un avion venait de s’écraser sur le sol ; enfin, ça me faisait cette impression. En un instant, nous étions tous à terre…

La détonation était si puissante que les immenses baies vitrées qui nous entourent viennent d’exploser en miettes les unes après les autres et l’alarme du bâtiment vient de se déclencher, enfin ! Mais nous ne sommes pas les seuls, car les bâtiments environnants ont subi les mêmes dégâts que les nôtres ; enfin, c’est ce que j’ai pu constater une fois dehors.

Cette déflagration vient de tout détruire sur son passage et lorsque les vitres ont explosé, à cause de son souffle puissant, tout le monde s’est retrouvé brusquement à terre. Certains ont eu le réflexe de se mettre à couvert sous les bureaux, d’autres n’y ont malheureusement pas pensé…

À ce moment précis, je ressens un sentiment de panique m’envahir.

Les gens autour de moi sont tous sous le choc et personne ne comprend ce qui vient de se produire alors nous décidons tous de quitter le bâtiment aussitôt.

    Je garde mon sang-froid, mais comme les autres, j’opte pour ce vieil adage : « Sauve-qui-peut ! »

Les ascenseurs sont bloqués et ne fonctionnent plus. Nous sommes obligés d’emprunter l’escalier de secours. Tout le monde s’agglutine dans cet escalier. Tout le monde veut quitter l’endroit au plus vite et c’est plus que normal, mais à ce moment précis, j’utiliserais le fameux : « Chacun pour soi et Dieu pour tous ! », car ce que j’ai vu ensuite était plus que déconcertant !

Tout le monde se bouscule. Il y en a même qui piétinent cette femme, Megguie, une collègue du neuvième étage qui s’est retrouvée à terre dans la précipitation. Je suis forcée de constater que les gens « soi-disant civilisés » que je côtoyais chaque jour ont été remplacés par de véritables animaux ! Moi aussi, j’ai peur, mais je ne peux pas laisser cette femme à terre.

    Je saisis sa main, je l’aide à se relever, chose qui n’est pas des plus faciles, car elle s’est foulé la cheville en trébuchant et tant bien que mal, je descends avec elle, marche après marche, les cinq étages qu’il nous reste avant d’atteindre l’entrée du bâtiment où les portes vitrées ont été brisées également.

    Arrivées à l’endroit prévu, Megguie me remercie et prend la direction opposée à la mienne tout en boitant.

Dans la rue, des voitures abandonnées sont stationnées en pleine voie, leurs moteurs ne tournent pas. Il n’y a aucun passager à l’intérieur et les portières sont encore ouvertes. On dirait que les gens ont fui leurs véhicules. La circulation a été carrément interrompue !

    Je comprends que quelque chose ne va pas. Je me mets à courir à toute vitesse, persuadée que je pourrais atteindre la bouche de métro par laquelle je suis arrivée et qui me permettrait de rentrer chez moi.

Je ne sais toujours pas ce qui se passe, mais je panique sérieusement à présent, car les gens autour de moi courent dans tous les sens et pour en rajouter une couche, je viens d’entendre au loin des cris stridents qui viennent de m’angoisser.

    Arrivée au coin de la grande rue, j’aperçois la fameuse bouche de métro située à quelques mètres de moi.

Je descends les marches et là, j’ai la désagréable surprise de constater que les grilles sont fermées !

Pourquoi fermer une bouche de métro à cette heure-ci surtout qu’il n’y a aucune indication nulle part d’une éventuelle fermeture ? Secousses, voitures abandonnées en pleine rue, passants affolés et qui courent dans tous les sens… c’est évident, il se passe quelque chose, mais quoi ?

Je vis à une heure environ de mon lieu de travail. Le métro ne fonctionne pas, il n’y a aucun bus, plus de circulation, plus rien ! Je n’ai aucun moyen de rentrer chez moi. Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire ?

    Je reprends mon chemin et j’essaye de me rendre à une autre station de métro, mais le résultat est identique. Je marche sans destination précise, je ne sais pas où aller. Je cherche juste un moyen de rentrer chez moi. Je veux juste rentrer chez moi !!!

Après une quinzaine de minutes à errer inutilement, je me résigne, car il n’y a rien à faire, mais je garde espoir tout de même et je continue de marcher en espérant trouver quelqu’un qui pourrait m’éclairer sur ce qui est en train de se passer.

Je suis entourée de bâtiments très hauts qui me masquent la vue. Je décide donc de me diriger vers un endroit plus dégagé, car je veux comprendre.

Les rues deviennent au fur et à mesure désertiques. Les gens se cachent dans les commerces, les restaurants…

On aurait presque dit une ville fantôme. De qui ou de quoi peuvent-ils bien se cacher ? Je m’avance peut-être, mais est-ce que nous serions en guerre ?

Malheureusement, je crois bien que je n’étais pas si loin de la vérité, car ce que je m’apprêtais à découvrir s’apparentait à un véritable film d’horreur, un cauchemar ambulant et j’aurais voulu ne jamais assister à cela…

    Je me suis éloignée énormément de la rue où je travaille et après une vingtaine de minutes de marche, j’arrive sur la grande avenue.

J’avance sur la route au milieu des voitures arrêtées et d’une brume blanche qui n’est pas très épaisse. Ce n’est pas du brouillard ni de la fumée, mais ça a un peu l’odeur des pétards brulés que les gamins allumaient et s’amusaient à balancer lorsque j’étais enfant. Je n’ai aucune idée de ce que c’est à vrai dire. Je continue de progresser à travers cette légère fumée blanche quand mon pied vient de heurter quelque chose…

Je penche ma tête vers le sol, tâtonnant à travers la brume, pour examiner ce que je viens de cogner et là, je vois ce corps sans vie à mes pieds.

J’ai heurté la main d’un homme allongé sur le sol. Je suis pétrifiée et je ne peux m’empêcher de pleurer en voyant cet épouvantable spectacle, mais ce n’est sûrement pas le bon endroit pour crier mon effroi.

Je dois absolument garder mon sang-froid. Je relève la tête et j’avance au milieu des cadavres, car il n’y en a malheureusement pas qu’un seul... Certains jonchent le sol, d’autres ont succombé derrière leurs volants.

C’est évident, des affrontements ont eu lieu ici, à en croire les marques profondes incrustées à l’intérieur des capots de voitures et les cratères d’impacts qui sont présents un peu partout comme si des grenades avaient été utilisées. Un carnage s’est produit à cet endroit et ces pauvres gens n’ont pas eu leur mot à dire.

J’ai la nausée. Je dois quitter cette avenue au plus vite si je ne veux pas être la prochaine à tapisser le sol.

    À ma montre, il est déjà quatorze heures six. Après plus d’une heure de marche à errer dans ce « No man’s land », je suis perdue et je ne sais pas où aller…

Sur le chemin, je rencontre par chance une cabine téléphonique. Je n’ai plus de téléphone portable, je me le suis fait voler dans le métro plus tôt dans la matinée. Je ne vais sûrement pas passer à côté d’une telle occasion !

Je cours jusqu’à cette cabine dans l’espoir de pouvoir contacter les secours. Je décroche le combiné, mais là…rien ! J’ai la terrible surprise de constater qu’il n’y a aucune tonalité au bout du fil. J’appuie machinalement sur toutes les touches avant de raccrocher et de verser encore une fois quelques larmes de désespoir.

    Soudain, j’entends au loin le passage d’un, puis plusieurs avions en vol et en tournant la tête, je peux les apercevoir à l’horizon.

Je me rends compte que ce sont des avions de l’armée qui défilent dans le ciel, ceux qu’on peut voir parader lors des grandes fêtes nationales et il y a aussi des hélicoptères parmi eux. Tous convergent vers la même direction. Que peut-il bien y avoir là-bas ? Je ne le sais pas, mais une chose est sûre, je veux fuir à tout prix l’endroit où je suis.

    Je reprends ma route. Je finis par arriver dans une petite ville pas loin où il y a eu exactement le même scénario, voire pire…

J’ai l’impression d’être le personnage d’un film de guerre. Tout est si chaotique autour de moi. Les bâtiments sont à moitié détruits, les voitures sont également arrêtées en pleine voie, tous les feux de signalisation de la ville sont éteints, les énormes panneaux publicitaires sont couchés sur le sol et il n’y a pas un pèlerin à l’horizon, à part cet homme terrifié dans sa voiture qui tente désespérément de la redémarrer… en vain.

Tous les moyens de communication ont été coupés : pas de télévision, de radio, de téléphone. Plus rien ne fonctionne ! Je suis bel et bien coupée du monde. Mais où sont les forces de l’ordre ? Où sont les secours ?

    Plus loin, j’aperçois cette école. Je me dis que je pourrais sûrement trouver un moyen de contacter les secours, alors je la rejoins discrètement, mais en arrivant là-bas tout semble abandonné. L'école a été détruite à certains endroits, comme si elle avait été touchée par un obus.

Je pénètre dans le hall sans m'engouffrer trop loin. Je suis peut-être courageuse, mais sûrement pas téméraire ! Et puis, je ne sais pas sur quoi je peux tomber à l'intérieur ! Il n'y a pas un bruit, plus d'élèves, plus de professeurs. L’école a été évacuée.

    Je m’apprête à faire demi-tour quand tout à coup, j'entends un petit bruit dans la première salle de classe sur ma droite. Cela provient de l'immense placard en bois situé au fond de la salle.

Je me prépare à courir quand j'entends une petite voix d'enfant qui chuchote : « Chut ! Timy, tais-toi ! »

C'est un enfant qui parle ! Je n'y crois pas, l'école a été évacuée, mais comment ont-ils pu oublier un enfant ?

    Je décide de rentrer en restant sur mes gardes. Je prends le temps d'inspecter tous les recoins de la pièce, puis je me dirige vers la grande armoire en bois.

Tout en me faufilant à travers les décombres, j’aperçois quelques dessins d'enfants accrochés aux murs, mais je dois faire vite, car le plafond ne va pas tenir bien longtemps. J'ouvre l'armoire et là, je reste estomaquée par ma trouvaille…

Dans ce placard, il n'y a pas un enfant, mais quatre ! Tous blottis les uns contre les autres et tous effrayés.

    J'ai quand même une conscience et je ne vais sûrement pas laisser ces enfants tous seuls, livrés à eux-mêmes ! Je décide de les amener avec moi.

Tout d’abord, il faut les faire sortir de ce placard, ce qui n’est pas une mince affaire. Ils ont décidément vu quelque chose qui les a traumatisés. J’essaye de les rassurer malgré moi. Je me présente à ces enfants et je leur fais comprendre tout de suite que je ne leur veux aucun mal.

    Le plus petit d’entre eux parait plus dégourdi que les autres et me répond directement d’une adorable petite voix.

    — Anna, rentre dans le placard avec nous, il faut te cacher, ils vont revenir !

    Je ne sais pas à qui le gosse fait allusion. Je tente d’en savoir plus.

    — Mais de qui parles-tu ? Qui va revenir ?

    Là, le plus grand prend la parole.

    — Ils ont emmené tout le monde, ils ont tué notre maitresse parce qu’elle ne voulait pas leur obéir… Zac, Jérémy, Timy et moi nous avons réussi à courir et nous échapper puis nous nous sommes cachés dans cette armoire. Il faut rester caché, ils vont revenir, c’est sûr !

    Il y a Adam, le plus grand qui ne doit pas avoir plus de dix ou onze ans. Un petit garçon mince aux cheveux châtains et aux yeux d’un vert magnifique. Il est très méfiant avec ce qui vient de se passer et ne me fait pas du tout confiance. C’est bien normal… pauvre gamin !

Il y a également Zac, un petit garçon à la peau très claire et aux cheveux blonds qui lui arrivent au niveau de la nuque. Il ne dit pas un mot et a le regard si vide.

Jérémy, lui, doit être un peu plus âgé que Zac. Il est brun, des yeux noirs profonds, un regard intense et les pommettes de ses petites joues rebondies sont très rouges. Il n’arrête pas de m’observer sans dire un mot.

Et, enfin, il y a Timy, le plus jeune d’entre eux. Un petit bout de chou blondinet qui doit avoir entre six ou sept ans et qui parait très dégourdi pour son âge. Il tient très fortement dans sa main, une petite peluche, un petit ourson marron avec un ruban jaune accroché autour du cou. Ce petit garçon m’adopte tout de suite.

    En quelques secondes, j’essaye d’élaborer un plan pour nous sortir de là. J’ai décidé de venir en aide à ces enfants. Nous devons quitter l’école au plus vite.

Après quelques minutes de discussion, je suis désormais responsable de quatre petits garçons aussi effrayés que moi, mais j’ai un plan !

« Écoutez-moi, maintenant nous sommes cinq ! Je ne sais pas ce qui se passe, mais nous allons nous en sortir, je ne vais pas vous abandonner. Les enfants, soyez forts, je vous en supplie ! Nous allons sortir tous ensemble de l’école et aller dans un endroit plus sûr. »

    Zac tremble de peur et se met à pleurer. Je le prends dans mes bras et je poursuis : « Zac, tu dois être fort pour moi… j’ai peur moi aussi, nous avons tous peur, mais nous allons nous en sortir ! Fais-moi confiance ! »

J’ai l’intention d’aller dans le poste de police le plus proche. Selon moi, ça parait tellement logique, là-bas, nous serons forcément en sécurité !

    Nous nous tenons tous les cinq par la main, nous sortons de l’école et essayons de nous faire le plus discret possible.

En me fiant à un plan de la ville en piteux état que je rencontre sur mon chemin à terre, nous avons pu rejoindre le commissariat et nous sommes là, debout, à quelques mètres, devant l’édifice qui a subi quelques dégâts mineurs.

Avant de pénétrer dans le bâtiment, je jette un dernier coup d’œil autour de moi au cas où et nous nous engouffrons dès lors, à l’intérieur du poste de police. Je n’ai malheureusement pas encore réalisé que je venais dès cet instant de causer notre perte…



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