Chapitre 24

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Cette nuit-là, Klervia ne trouvait pas le sommeil. N'y tenant plus, elle se leva et se dirigea vers la fenêtre, admirant la voie céleste.

Quelques heures plus tôt, ses amis, Étienne et elle, avaient établi un plan. Étienne, son frère, devait jouer un double jeu : il était l'un des leurs tout en étant le faux fils de Monsieur Ferez. Pendant ce temps, Klervia, Éthan et Gameron devaient tout faire pour trouver ce fameux logiciel. Le plan était risqué, mais il devait le réaliser tous ensemble. D'ailleurs, comme l'avait dit Étienne : "Le risque le plus dangereux est de ne pas prendre de risque et de passer sa vie à ne pas faire ce qu'il faut faire".

Dans tout ça, la jeune demoiselle n'avait pas pu échanger avec son frère, à part la stratégie du plan. Ça lui faisait bizarre. Pour elle, tout allait trop vite. Elle aurait tant aimé avoir quelqu'un à qui se confier présentement, mais elle n'avait personne.

Depuis quelques jours, elle se questionnait, essayait de se remettre en question. Auparavant, un sage lui disait que c'était bien de se remettre en question, car c'est ainsi que l'on s'améliore et que tout ce qui importe, c'était de ne pas se paralyser en essayant d'atteindre la perfection. Et puis qu'il fallait être conscient de sa valeur et de ne pas avoir peur de prendre sa place.

Depuis peu, ces paroles revenaient sans cesse dans son esprit, et elle s'interrogeait. Que serait sa vie si ses parents étaient toujours en vie ? Comment serait-elle si elle n'était pas malade ? Quelle est sa place dans ce monde ?

Elle ne l'avait pas dit à ses amis, mais ce jour-là après les cours, elle avait rendez-vous avec son cardiologue. Gameron n'avait aucune idée qu'elle traînait une maladie. La jeune femme se disait que c'était mieux ainsi. Elle avait peur que s'il le savait alors il s'éloignerait d'elle. Car oui, elle voyait bien la façon dont son ami la reluquait, presque la dévorait. Toutefois, elle feignait de ne rien voir.

Elle se demandait si Étienne se souvenait de sa maladie. Elle chassa ses pensées puis se mit à compter les étoiles. Différencier les étoiles des satellites n'était pas chose facile, d'ailleurs, elle n'avait jamais rien compris à ça. Cependant, la jeune femme s'amusait à trouver des formes en reliant les points lumineux. Une voix suave la coupa dans ses dessins imaginaires.

  • Tu souris toute seule ?

Au son de la voix, Klervia reconnut Gameron.

  • C'est interdit de sourire au ciel ? le taquina Klervia.
  • N...on p..pas... du...t...out, begaya-t-il.
  • Je parie que tu es en train de rougir, je me trompe ?
  • Euh ... n...on...non.
  • Menteur, va ! rigola Klervia. Tu n'as pas sommeil ?
  • Non et toi ?
  • Non plus.

La pièce n'était éclairée que par la faible luminosité de la voûte céleste. La demie-lune y contribuait, elle aussi. Gênée, le jeune femme reporta son regard vers le ciel. À ses côtés, Gameron fit de même. Le silence était présent depuis une minute. Aucun des deux n’osait se permettre de demander quelque chose. Finalement, le jeune homme reprit la parole :

  • Heu ... Ça te dit d'aller faire un tour ?
  • Quoi, maintenant ? répondit Klervia en sursautant.
  • Heu ouais, tu sais l'air est fraîche et euh ... il n'y a pas beaucoup de gens.
  • C'est l'idée la plus tordue que j'ai jusqu'à présent entendue, tu es un vrai malade, dingue même. Sortir à deux heures du matin. C'est absurde ! C'est aussi dangereux, il y a pleins de gens barjo qui y rôdes. En plus, il fait froid et tout est fermé. Mais je suis partante, lui répondit Klervia avec sourire.
  • Tu es sérieuse ?
  • Je suis folle, hein ?
  • Tu es incroyable ! Aller vient !
  • Heu ... Merci ? dit-elle en rougissant sans qu'il ne puisse la voir. Mais en pyjama ?
  • Dans deux minutes devant la porte, ok ?
  • D'accord.

Ils allèrent partir dans leurs chambres respectives, mais se cognèrent l'un contre l'autre.

  • Je... Je suis désolé, bafouilla Klervia.
  • Non, c... Est moi, j'ai pas fait attention, balbutia également Gameron.
  • T'inquiètes. Je parie que je serais prête avant toi, rigola-t-elle.
  • Pas du tout, celui qui perd aura un gage, okay ?
  • D'accord. J'y vais !

Après une minute environ, Gameron était de retour, attendant son amie.

  • Oh non, j'ai perdu, dit la jeune femme en le voyant déjà là.
  • Pas grave, aller vient, lui répondit-il en ouvrant la porte.
  • Hey, mais mon gage ?
  • Je te le dirais en temps voulu, sourit Gameron.

Au parking, le jeune homme insista pour qu'il conduise.

  • On va où ? voulut se renseigner Klervia.
  • Là où les barjos ne rôdes pas et un endroit où c'est ouvert.

Pour toute réponse, la jeune copilote sourit. Son coeur battait fort, elle était seule avec lui. Elle n'avait pas peur qu'ils leur arrivent quelque chose, mais elle appréhendait le reste des évènements en sa compagnie. De son côté, Gameron exerçait une grande force sur le volant. S'il n'y avait pas sa ceinture qui le retenait, il aurait déjà prit la poudre d'escampette. En conduisant, il essayait de répéter ce qu'il allait bien pouvoir dire à son amie au moment arrivé.

Comme disait Klervia, son idée de sortir à cette heure-ci est très tordue. Toutefois, il avait eu ce courage de lui demander, à présent, il ne pouvait reculer. Il risqua un oeil sur elle. Elle était tournée vers la fenêtre, regardant certainement la route défiler. Elle portait un haut blanc, presque plongeant, accompagné d'une petite veste rouge. Plus bas, un pantalon slim aussi rouge que ses lèvres et des tennis blanches. Même si à cette heure-ci, il n'y avait plus personne, elle s'habillait de la même façon que d'habitude.

Il savait également que si elle était seule, elle se serait vêtue différemment. Peut-être qu'en fin de compte, elle s'était habillée pour lui ? Il chassa cette idée insensée de sa tête et se reconcentra sur la route, ils étaient bientôt arrivés. Cette femme lui faisait perdre la tête.

Cela faisait une dizaine de minutes qu'ils roulaient et la jeune femme n'avait aucune idée où ils allaient. Toutefois, elle savait qu'ils prenaient de la hauteur. Elle fit semblant de regarder le paysage étoilé à travers le pare-brise. En fait, elle reluquait discrètement son ami. Malgré sa délicatesse, elle se fit prendre, quand il détourna ses yeux de la route pour la regarder. La jeune femme prise sur le fait, dériva alors son regard vers la fenêtre, tout en rougissant tandis que Gameron souriait, de son côté.

Qu'est-ce que cette fin de nuit allait encore réserver aux deux jeunes gens ? Gameron et Klervia ne voulaient pas savoir, mais en même temps connaître le fin mot de leur venue sur ce côté du Pont Vinh San.

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