Chapitre 10

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L'enterrement était terminé et Klervia, accompagnée d'Ethan se dirigeaient vers la voiture. Klervia ne savait combien de temps elle était restée devant la tombe de sa grand-mère. Ils étaient venus en début d'après-midi et voilà qu'il commençait à faire sombre. Le soleil se couchait. Dans la lumière du crépuscule, encore obscurcie par la pluie fine qui tombait, Klervia observait les visages des enfants à travers la vitre. Des êtres innocents, le bel âge.

À première vue, Klervia avait cru reconnaître quelques enfants. Certains portaient des pulls tandis que d'autres étaient enmitouflés dans des vestes assez légères. Klervia les observait plusieurs secondes, plissant les yeux pour se protéger du vent froid qui soufflait à travers la fenêtre. Ethan, ayant compris que son amie avait froid, s'empressait de refermer les fenêtres et allumait le chauffage.

Peu à peu Klervia se détendait et le silence qui régnait fut coupé par Ethan :

- Tu veux venir chez moi ? proposa t-il.

- Je sais pas, murmura Klervia.

- Au moins pour quelques jours, le temps que tu ailles mieux.

- Je sais pas, répéta t-elle.

- Dans ce cas, tu viendras chez moi et ce n'est pas discutable.

- Comme tu veux, finit-elle par dire.

- Bon, on passe prendre tes affaires d'abord. Tu seras bien mieux dans tes vêtements que les miens. Tu verras, ça va être chouette.

- Si tu le dis.

L'échange s'arrêta là et Ethan ne lui en voulait pas du tout. Il était même heureux qu'elle se laisse faire. Il était à peu près sûr qu'une fois qu'elle serait lavée de sa tristesse, elle allait lui crier dessus, mais il n'allait pas l'abandonner toute seule.

Ils arrivèrent devant l'immeuble et sortirent de la voiture. Ethan jetait de tant à autre un coup d'oeil à son amie, car il avait peur qu'elle ne s'écroule. Ils gravirent les marches et atteignirent le premier palier. Une fois à l'intérieur de l'appartement, Klervia alla dans sa chambre, préparer un sac. Sa démarche était bizarre comme si tous ces gestes étaient robotisés. Ethan quant à lui, fermait les fenêtres et vérifiait que tout était en place avant qu'ils ne quittèrent ce lieu, encore pleins de souvenirs.

Dehors, la pluie avait cessé de tomber. Un vent léger agitait les cheveux de Klervia, charriant une odeur étrange, un parfum de terre qui rappelait l'enterrement, mais par-dessus son parfum de rose flottait comme une odeur d'épice exotique, doux et enivrant. Sous leurs pieds, quelques fois étaient présentes des pierres lisses et grises, incrustées de formes spiralées qui révélaient qu'autrefois ce sol avait été de la lave depuis longtemps refroidie.

Les deux jeunes avançaient en direction de la voiture, et après avoir rangé les sacs dans le compartiment prévu à cet effet, prirent chemin en direction de l'appartement d'Ethan.

•.✿.•

Ils étaient arrivés après un quart d'heure de route. Ethan avait fait installer Klervia dans la chambre d'amis et pendant que celle-ci s'affairait à ranger ses affaires, il alla préparer quelque chose à dîner.

- Tu souhaites manger quoi ? avait-il demandé à Klervia.

- Peu importe, ce que tu as, je mange de tout, répondit-elle.

- Une pizza, ça te va ?

Elle acquiesça et il s'en alla préparer cette fameuse pizza.

Quand Etan revint chercher Klervia pour lui dire que le dîner était prêt, il la trouva endormie sur le lit. Il s'approcha du lit et la regarda dormir. Elle paraissait sereine, apaisée. Un petit sourire était à peine visible sur son visage pâle. Sa poitrine se soulevait et s'abaissait de manière régulière. Elle était toujours habillée de ces vêtements de l'enterrement, aussi se demanda t-il s'il devait la changer. Il ne voulait pas s'attirer les foudres de son amie, à son réveil, ainsi il préféra judicieux de ne pas le faire.

Il sortit une couverture et la déposa sur le corps fatigué de la jeune femme. Il prit soin de la redresser un peu, afin qu'elle ne tombe pas par terre, puis, dans un dernier regard s'en alla en refermant dernière lui.

•.✿.•

La nuit était déjà bien avancée, quand Klervia se réveilla. Elle avait vu en rêve sa grand-mère et se sentait rassurée. Quand elle ouvrit les yeux, elle ne reconnut pas l'endroit dans lequel elle se trouvait. La pièce était sombre, froide, mais quelqu'un l'avait recouverte d'une couverture. Courageusement, elle se leva et sortit de la pièce. En face d'elle se trouvait une porte, assez semblable à la sienne. Toujours sur ses gardes, elle abaissa la poignet de la porte et entra dans une chambre. Un bruit de souffle était audible. Quelqu'un était là.

Silencieusement, Klervia s'approcha du bruit et trouva quelqu'un endormi. Alors qu'elle allait s'approcher pour distinguer le visage, elle trébucha sur quelque chose et s'étala sur le lit, réveillant au passage la personne qui dormait.

- Klervia, qu'est-ce que tu fais là ? marmonna la voix endormie.

- C'est bien ce que j'aimerais savoir, répondit la concernée.

- Il est trois heures du matin là, c'est pas le moment de taper la discussion.

- Sois tu me dis ce que je fais là, sois je m'en vais.

- Dis-moi que t'es pas sérieuse ?

- Je vais me gêner tiens !

- On va faire un compromis, je te dis le minimum cette nuit et tu fermes ta bouche et dors.

- Ça marche !

- Tu es ici parce que j'ai décidé que tu resteras avec moi, parce que j'ai peur que tu fasses une bêtise, que tu ne manges pas, que tu te laisses aller. Alors je t'ai demandé si tu voulais bien venir chez moi et tu as répondu "Je ne sais pas" deux fois de suite, alors j'ai fini par décider que tu viendrais passer quelques jours ici. Voilà, fin de l'histoire.

- Mais...commença Klervia.

- Maintenant, coupa Ethan, tu fermes ta jolie bouche et laisse-moi dormir, demain il y a cours. Bonne nuit, termina t-il en allongeant Klervia à ses côtés et l'emprisonnant de son bras puissant.

Ne trouvant pas la possibilité de le contredire pour le moment et ne pouvant se lever, elle se résigna à se reposer. Elle en avait bien besoin. Surtout pour engueuler son ami demain matin.

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