Chapitre 3

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Le jeune inconnu était là à ses côtés, la mine soucieuse. Sa grand-mère, quant à elle, n'était point dans son champ de vision. Sûrement à la cuisine.

  • Vous êtes réveillée ! s'exclama le jeune homme, très heureux.
  • Hmmm, en effet oui, répondit Klervia, qui aurait bien voulu voir sa grand-mère plutôt.
  • Vous voulez que j'appelle votre grand-mère ?
  • Inutile, elle va venir, je le sais, répliqua la jeune femme.
  • Vous savez-je ne voulais pas vous faire peur tout à l'heure, veuillez m'excuser, s'empressa t-il de dire. J'aurais dû prévenir avant d'ouvrir la porte, mais votre grand-mère...
  • Ce n'est pas grave, le coupa Klervia, un peu agacée.

Elle remarqua un plateau reposant sur le bureau, composé d'une tasse de thé fumante accompagnée d'une petite assiette en porcelaine de biscuits. C'est certainement pour lui, que sa grand-mère avait si gentiment tout préparé. Elle soupira et attendit que le jeune homme se décide enfin à lui expliquer sa venue. Comme s'il avait entendu ses pensées, il s'expliqua avec la jeune femme qui s'était évanouit à cause de lui.

  • Je m'appelle Ethan Smith. Vous devez certainement me reconnaître, car vous m'aviez malheureusement échappé il y a trois jours, en voulant prendre le bus.


Il s'arrêta un moment, comme pour qu'elle assimile ce qu'il venait de dire, puis reprit :

  • Je voulais juste vous rendre cet objet, qui était tombé de votre sac pendant l'heure des travaux dirigés.

Tout en parlant, il retira de sa poche une petite boule pailletée et la tendit à Klervia. Celle-ci prit la perle des mains du jeune homme, non sans l'avoir frôlé. Elle releva lentement la tête et ses yeux entrèrent en contact avec les siens. Elle le détailla progressivement. Maintenant qu'il le disait, en effet, elle le connaissait, depuis longtemps d'ailleurs.

Ethan paraissait jeune pour son âge. Dépassant Klervia d'une tête, il était mince et agile. Il avait un corps robuste et large d'épaules et durement musclé. Il avait un visage fin, un sourire un peu moqueur, l'œil vif et malicieux, des mains fines. Il était bronzé, souriant. Il a des cheveux noirs bien coiffés comme sa petite barbe de quelques jours. Il avait un front pansu et des yeux verts vifs et pétillants. Il avait une bouche aux lèvres ténues et souriantes. Aussi intelligent qu’intéressant, il était agréable à écouter. Généreux et honnête, il pouvait se montrer parfois très curieux. Il adorait faire des blagues et raconter des histoires aux enfants qui étaient ravis de l'écouter.

Une voix la sortit de son extase. Sa grand-mère. Enfin.

  • Tu vas mieux ma chérie ? se préoccupa la dame.
  • Oui, merci. Je crois que c'est... un coup d'œil vers Ethan, lui rappela qu'elle ne pouvait pas dire. Elle tenait à ce que personne ne le sache. Toutefois, sa grand-mère avait compris le message et s'empressa de rassurer sa petite fille.
  • D'accord, ne t'en fais pas, tu sais où trouver ce dont tu as besoin, appelle-moi. Ce jeune homme a sûrement des choses à te dire.
  • D'accord.

Une fois la veuve partie, Klervia se tourna vers le jeune homme, qui n'avait pas perdu une miette de l'échange et attendait un quelconque signe de sa part.

  • Vous savez, je ne vous en veux pas. C'est de ma faute si j'ai peur de chaque chose, lui confia t-elle avec un sourire modique.
  • J'en suis heureux alors. Vous pouvez me tutoyer, après tout, nous avons à peu près le même âge.
  • Seulement si vous en faites autant, dit-elle avec joie.
  • Très bien. Alors comment vas-tu ? Ton évanouissement d'il y a trois jours et maintenant ?
  • Comment savez-vous que je me suis évanouie il y a trois jours ?
  • Je suis venu te voir pour te rendre cet objet, mais ta grand-mère était présente. Elle pensait sûrement que j'étais un de tes amis, elle m'a alors informé de ton état et indisponibilité.
  • Je vois, mais comment avez-vous su où j'habite ?
  • J'ai demandé à l'université. La secrétaire était obnubilée par le beau mec qui n'est autre que moi et m'a donné toutes les informations demandées, dit-il avec grand sourire.
  • Pfff, n'importe quoi.
  • Tu t'avises de dire que je ne suis pas beau ? Pourtant, ce n'est pas ce que tu as montré tout à l'heure, dit-il moqueur.
  • Bon d'accord, admit Klervia, mais qu'un peu. Il ne faut pas que votre ego en prenne autant, avertit-elle en rigolant.
  • Tutoies-moi, veux-tu ! Ne serait-ce pas indiscret de me dire pourquoi tu t'es évanouie la dernière fois ?

Elle le regarda, pesant le pour et le contre et décida finalement qu'elle pouvait lui faire confiance.

  • Je parlais un peu avec ma tante quand celle-ci m'a demandé d'aller chercher la boîte de gâteau au réfrigérateur. Je l'ai laissée avec les autres invités, en m'en allant chercher ce qu'elle m'avait demandé. Sur le chemin, ma tête commença à me faire violence, ma vue s'embrouilla et je pus sentir des picotements venant de ma poitrine gauche avant de défaillir.
  • D'accord, tu dormais bien les jours précédents ?
  • Six heures à tout casser.
  • Des contractures ou des douleurs ?
  • Maux de tête.
  • Hmmm....
  • J'ai aussi une insuffisance cardiaque, lâcha t-elle dans un murmure à peine audible.
  • Vraiment ? s'étonna Ethan. C'était de ça que vous ne vouliez pas parler, ta grand-mère et toi tout à l'heure ?
  • Oui.
  • Cela expliquerait bon nombre de choses. Je vois. D'après ce que j'ai vu, tu dois être en classe III.
  • Comment ça ? questionna la jeune concernée.
  • Je présume que tu es essouflée à l'effort et au repos. La dernière fois, quand tu courais pour attraper le bus, aujourd'hui quand tu te reposais, ton sommeil était agité, donc ton cœur également. Tu accumules beaucoup de fatigue, tu as l'orthopnée (1) et la dyspnée paroxystique nocturne (2).
  • Comment tu sais tout cela ? s'étonna Klervia.
  • Tout simplement car je suis en PACES, dévoila Ethan avec un grand sourire.

(1) l’orthopnée : difficulté à dormir à plat ; on doit utiliser quelques oreillers pour dormir confortablement.

(2) la dyspnée paroxystique nocturne : se réveiller en pleine nuit à bout de souffle.

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