Chapitre 1

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La sonnerie annonçant la fin des cours retentit. Klervia Mahiez se faufila au milieu des autres étudiants qui se pressaient dans les couloirs de l'université.

C'était le début du mois de janvier, mais il faisait déjà beau, tout le monde n'avait qu'une envie : rejoindre la plage pour s'amuser, se baigne si l'eau était assez bonne, se détendre après un long semestre d'études et pourquoi pas manger une glace.

Klervia ne se pressait pas, pour les mêmes raisons. Il lui était nécessaire de ne pas louper le bus qui la ramènerait chez elle.

- Allez, allez, dépêchez-vous... laissez-moi passer... pardon... marmonna la jeune femme en jouant des coudes pour se frayer un passage à travers la foule bruyante des élèves. Derrière elle, elle entendit quelqu'un hurler :

- Attendez mademoiselle !

Inutile de se retourner, elle devait à tout prix prendre son bus. Elle approchait enfin de la sortie quand dans ses efforts pour dépasser tout le monde, elle tomba à quatre pattes.

- Mademoiselle !

Elle se remit sur ses pieds et vit le bus se garer. Elle redoubla d'efforts et sprinta pour arriver essoufflée, mais à temps, juste avant que les portes ne se referment.

- Moins une, dit le chauffeur en souriant.

Pour toute réponse, elle valida sa carte et réussit à trouver une place pour se laisser tomber après cette course folle. Un quart d'heure plus tard, elle arrivait à son arrêt et descendit précipitamment. Elle s'engouffra dans la rue et ne s'arrêta de courir qu'après avoir atteint les premières collines qui dominaient la ville. Elle jeta son sac au pied d'un menhir fendu par la foudre, s'assit par terre et fixa l'océan qui scintillait plus bas, laissant libre cours à son chagrin.

Klervia avait eu 18 ans peu avant Halloween. C'était une magnifique jeune femme, malgré une apparence chétive. Pas très grande pour son âge, cela l'ennuyait parfois. Elle ne pouvait se défendre comme elle l'aurait voulu contre celles et ceux qui prenaient un malin plaisir à la tourmenter. Elle avait certains problèmes dans sa vie, comme toute personne vivant sur Terre, mais elle préférait garder tout cela pour elle désormais.

Depuis toujours, elle aidait toutes personnes qu'elle voyait dans une situation déplaisante et ne réclamait rien en retour. Klervia repoussa la mèche qui lui tombait sur le côté. Ses cheveux noirs comme du charbon cachaient une partie de ses oreilles, et mangeaient son visage fin et rêveur, éclairé par des yeux brun foncé, et par une bouche qui aimait sourire. Enfin d'ordinaire, car en ce moment précis, Klervia n'avait pas du tout envie de sourire...

Elle ramassa un caillou et, avec un mélange de rage et de tristesse, le lança à quelques mètres plus loin.
Etait-ce de sa faute si son ami confident, son sauveur, conseiller et petit-ami avait décidé peu avant le baccalauréat de la quitter ? Et ses quelques amies, qui se comptaient sur les doigts d'une main l'avaient, elles aussi mise de côté. Elle respira profondément l'odeur fraîche du brouillard de la fin de la journée qui commençait à s'installer ; parce qu'elle avait un tempérament volontaire, et surtout parce que certaines personnes auraient été trop contentes de la savoir malheureuse, elle s'efforça d'oublier ses soucis.

Son regard se perdit sur les toits en ardoise gris pâle des maisons et immeubles de Saint-Denis. La cité avait fêté la fin de la construction de la nouvelle route du Littoral, il y avait une semaine. Saint-Denis l'éclaireuse... Comme elle aimait cette ville pleine de surprise, couchée contre la montagne et ouverte sur l'Océan Indien ! C'était la capitale, le cœur battant du fier Pays de La Réunion !

Le Pays de La Réunion comme Klervia l'avait appris en cours d'Histoire et de géographie, avait été quelques siècles plus tôt, un volcan : "le Piton des Neiges". Tout d'abord découverte en 1505 par le portugais Diego Fernandez Pereira puis au XVIII siècle par les Arabes. En 1642, les Français en prirent possession et l'appelèrent l'Île Bourbon.

Au fil des années, le café a été introduit (1715), puis le géranium, la vanille, le tabac, mais essentiellement la canne à sucre. Ce fut en 1793 que l'Île de Bourbon devint l'île de La Réunion, puis l'Île Bonaparte en 1806 et enfin en 1848, appelée à nouveau l'Île de La Réunion. L'Île, s'était développée au fur et à mesure des années, mais ne figurait pas toujours sur toutes les cartes, et les étrangers ignoraient souvent son existence.

Ceux qui ont eu la chance d'habiter La Réunion vivaient sur une île chaude en été et droide l'hiver, montagneuse, couverte de forêts profondes et de landes immenses, parsemée de petites villes et villages.

Un bruit tira Klervia de sa rêverie. Sur le chemin, à quelques mètres d'elle, se tenait un oiseau blanc semblable à un pigeon. Klervia se leva précipitamment.

- Tout va bien, charmant pigeon, lui affirma Klervia avec douceur en l'attrapant dans ses fines mains.
Pour toute réponse, la tourterelle roucoula et dirigea sa tête vers le soleil couchant.

- Tu as raison petite tourterelle, je ne devrais pas traîner trop longtemps ici, la nuit va bientôt tomber.
Elle caressa l'oiseau et lui offrit un baiser avant de le laisser s'envoler en le remerciant.

Obéissant aux recommandations de la magnifique tourterelle, Klervia prit la direction de la maison où elle vivait seule avec sa grand-mère, à l'entrée de la capitale, située à quelques rues de la quatre voies. La nuit, des prostituées, des alcooliques rodaient dans les rues et leurs jeux pouvaient se révéler parfois très dangereux.



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