Nouveau cycle

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Flavia, munie du quotidien, se rendit à la bibliothèque des Girolamini pour débuter sa journée de travail. Une idée la harcelait, la coupant de toute autre, tout était de sa faute, ils avaient été supprimés car ils lui avaient sauvé la vie.

« Il va y avoir des conséquences, on n’élimine pas un clan entier comme ça » lui avait dit Leandro.

Mais comment supporter la culpabilité d’avoir été la cause de leur mort ? Elle avait haï toute sa vie la mafia en pensant qu’elle était responsable de la mort de son père, or, il s’était avéré qu’il n’en était rien. Elle s’était mise toute seule dans un guêpier qui avait fini par coûter la vie à Malaspina et à son homme de main. Savaient-ils ce qu’ils encourraient quand ils avaient ouvert le feu dans le hangar ?

Oui, elle en avait l’intime conviction. Si on réfléchissait bien, les deux hommes lui avaient adressé leurs adieux chacun à sa manière. Comment vivre en portant cette croix ? Si c’était le prix à payer pour obtenir sa propre vengeance, n’était-il pas trop élevé ?

Sans parler de la ville qui aurait elle-même à supporter les conséquences de la mort du capo, car il fallait redouter une effroyable guerre pour l’accession à cette suprême fonction, en l’absence de successeur évident, comme l’avait été Malaspina en son temps.

Et cette succession se déroulerait sans aucun doute dans le sang, les clans se déchireraient pour imposer leurs chefs respectifs, et le Boss laisserait faire car un nouvel ordre ressurgirait de ce chaos, une nouvelle hiérarchie sur laquelle il pourrait s’appuyer.

Une autre conséquence funeste de la mort de Malaspina serait évidemment la dérégulation du trafic de drogue, que l’ancien capo limitait aux hautes sphères de la société. Chacun pourrait désormais se procurer sa dose, semant la misère et la désolation dans les familles les plus modestes, qui étaient déjà harassées par le chômage galopant qui sévissait.

Flavia portait désormais tout cela sur ses épaules. Elle contemplait le poignet qu’elle avait mutilé.

Elle ne méritait pas de rester en vie, elle avait déchaîné les enfers sur Naples, il fallait en assumer les conséquences, tout comme les deux mafieux l’avaient fait en se portant au-devant de leur propre mort.

Les sanglots commençaient à agiter sa poitrine, elle s’était arrêtée de marcher au milieu du flot des touristes indifférents. Elle serrait maintenant son poignet de toutes ses forces.

Mais le baiser que Leandro y avait laissé se rappela à sa mémoire, ainsi que les dernières paroles que les deux hommes lui avaient adressées.

« Je te fais confiance pour la suite…Tu devrais te préoccuper de toi-même à partir de maintenant ». Est-ce qu’ils l’avaient absoute de ce qui allait advenir ? En tout cas, ils l’avaient sommée de continuer à vivre, en dépit de tout. Elle reprit péniblement son chemin, chaque pas lui coûtait.

Perdue dans ces pensées, elle atteignit enfin la bibliothèque. Deux magasiniers entretenaient une discussion animée devant la porte de service.

— En tout cas, ça fait deux ordures de moins, c’est déjà ça ! Bon débarras ! s’écria l’un d’eux.

Flavia se retourna vers lui, et le foudroya du regard.

— Personne ne devrait se réjouir de la mort de quelqu’un d’autre, lui asséna-t-elle d’un ton venimeux. Elle-même ne l’avait pas fait pour Lucchesi. Il devait mourir et il était mort, pour que justice soit faite, mais à aucun moment elle ne s’en était réjouie.

L’homme demeura saisi par l’irrésistible autorité que dégageait la jeune fille en ce moment.

— Ces salopards ont du sang sur les mains, on ne va pas les pleurer, répliqua son collègue.

— Ce monde n’est pas parfait, des fois, on peut juste essayer de limiter la casse. Vous avez raison de détester la mafia, mais si elle vous dérange, vous n’avez qu’à vous élever contre elle, au lieu de bavasser dans votre coin.

La lâcheté est le pire des vices, c’est la cause de tous les maux, conclut-elle, péremptoire.

Les deux hommes baissèrent la tête d’un air piteux, écrasés par ce dernier argument.

Et elle pénétra dans le bâtiment, méditant sur ses propres paroles.

Oui, la lâcheté était le plus méprisable de tous les comportements. Si elle mettait fin à sa vie maintenant, ne ferait-elle pas preuve de la pire des lâchetés ? Il fallait continuer d’avancer, envers et contre tout.

Eux avaient dû affronter plus d’une tempête, ils n’avaient jamais renoncé ou courbé le front face à l’adversité. Leur mort en était le témoignage vibrant.

Il y aurait des hommes de bonne volonté qui tenteraient de s’opposer aux futurs débordements de la mafia. Il y en avait déjà : juges, policiers, membres d’associations, militants se battaient individuellement au jour le jour, disputant chaque pouce de terrain à la pieuvre. Autant qu’elle les rejoigne plutôt que de se lamenter sur son sort.

Dès lors, dans l’attente d’autre chose, elle se remit à toutes les tâches qui ponctuaient autrefois son quotidien, mais elle guettait dans les journaux les colonnes nécrologiques car elle voulait à son tour adresser un dernier adieu aux hommes de sa vie.

Des manifesti di lutto avaient déjà été placardés le jour même sur tous les panneaux qui y étaient dédiés, par-delà la ville, les deux noms figurant sur la même affiche, contrairement aux usages en vigueur. Puis l’avis d’obsèques parut enfin, annonçant une cérémonie pour le vendredi suivant au Duomo, suivie de l’ensevelissement au petit cimetière Santa Maria del Pianto, à Poggioreale.

Les nervis de Malaspina lui avaient choisi un lieu grandiose pour ses funérailles, la grande cathédrale de Naples, consacrée à la madone de l’Assomption, ainsi qu’un tombeau parmi celui des plus grandes figures et familles napolitaines.

Chiara s’excusa auprès de son amie de ne pas venir assister à la messe, elle l’aurait volontiers fait, lui assura-t-elle, mais cela devenait sérieux avec Vittorio, et la fiancée d’un futur juge ne pouvait se montrer à l’enterrement du plus éminent mafieux de la ville.

Flavia le lui pardonna bien volontiers, car, même pour elle, il était imprudent de s’y rendre, mais peu lui importait que les langues se déchaînent, elle était prête à les affronter toutes.

Le matin avant la cérémonie, elle jeta un œil à l’extérieur pour vérifier le temps, car la météo avait annoncé de la pluie. Cela lui convenait, que le temps se mette au diapason de sa tristesse. Sa tenue était toute choisie, elle porterait la même que lors de l’enterrement de sa mère. Chiara lui suggéra simplement d’y ajouter des lunettes de soleil, pourtant inutiles ce jour en raison du temps, pour masquer éventuellement ses larmes, mais son amie refusa, elle ne souciait pas du regard des autres.

En arrivant sur la piazzetta Guglio del Duomo, Flavia eut la surprise de la voir envahie d’une foule dense et silencieuse attendant au pied de la sévère façade blanche de l’édifice. À en juger à l’apparence des membres de l’assistance, il s’agissait surtout de petites gens, de tout âge et de tout genre. Des vieillards endimanchés se mélangeaient avec des familles entières, au milieu de membres de la mafia qui s’affichaient dans leurs costumes de luxe.

La cathédrale était déjà pleine mais Flavia réussit à se frayer un chemin vers les premiers rangs, tous occupés par les huiles de la Fiammata, reconnaissables à l’exubérance de leur mise et à leur mine patibulaire, à l’exception de deux femmes. Quand Flavia croisa leurs yeux d’outremer, pourtant rougis par les pleurs, elle comprit qu’il devait s’agir de la mère et de la sœur de Malaspina.

Juste derrière elle se tenait Lorenzo et au bout de la même rangée était assis Dario. Ce dernier était insolemment vêtu de rouge, entouré d’un groupe assez bruyant. Avec ses cheveux blonds bouclés qui lui formaient une couronne d’or pur, il évoquait un monarque accompagné de sa petite cour.

Flavia lui adressa ouvertement un regard irrité. Comment osait-il se pavaner de la sorte dans les circonstances actuelles ? Dario s’en aperçut et lui renvoya un sourire moqueur.

Surprise, Flavia vit Giulia, la splendide et brune représentante des pompes funèbres, se glisser près d’elle et lui serrer la main avec émotion. Elle lui pressa la main en retour, touchée de cette marque de sympathie.

L’office débuta par l’entrée des deux cercueils, l’un derrière l’autre, accueillis par une haie de gens qui se signaient sur leur passage. Les deux femmes éclatèrent en sanglots quand les cercueils furent posés sur les tréteaux, face au chœur. La cérémonie fut sublime, portée par les chants fervents qui s’élevaient comme une prière pour le salut de l’âme des défunts. Flavia ne la vit pas passer, obnubilée par la vision trouble des deux cercueils côte à côte.

Puis l’assistance se rendit en cortège jusqu’au cimetière de Poggioreale, qui était assez éloigné du Duomo, Lorenzo, Dario et les deux femmes en tête. Autour de Flavia, on s’extasiait de la beauté de l’office et on murmurait que chaque détail des funérailles avait été réglé par le capo lui-même de son vivant.

Enfin, la foule se massa dans les travées de caveaux majestueux du carré del Pianto pour assister à la mise en terre. Flavia se faufila jusqu’au magnifique mausolée où seraient ensevelis les deux hommes, tout de marbre noir et blanc, évoquant les motifs de la cathédrale Santa Maria del Fiore de Florence.

Jusqu’au bout, tout était en harmonie avec la personnalité extraordinaire de Malaspina. Après que la dernière bénédiction ait été prononcée, et alors que l’assistance se dispersait, Flavia voulut rester pour prier de son côté devant le tombeau.

Ce fut alors que Dario passa derrière elle et susurra à son oreille : « Il faut que je te remercie, Flavia, de m’avoir apporté leurs têtes sur un plateau. Tu leur as fait commettre le faux pas que j’attendais pour les abattre. Vraiment, tu as fait du beau travail ».

Puis, comme elle se retournait vers lui, submergée par la stupéfaction et la colère : « Appelle-moi un de ces jours, je brûle de savoir si coucher avec toi vaut vraiment la peine de se faire trouer la peau » ajouta-t-il en lui glissant dans la main une carte de visite.

Flavia murmura entre ses dents serrées : « Tu ne perds rien pour attendre, ordure ! ». Et déchirant le bout de carton, elle le jeta à ses pieds. Le plantant là, abasourdi par son audace, elle s’approcha de la mère et de la sœur de Malaspina pour leur présenter ses condoléances.

Celles-ci la remercièrent d’un sourire navré.

— Le connaissiez-vous ? lui demanda la plus âgée.

— Je les connaissais tous les deux, précisa Flavia.

— Ha, vous venez aussi pour Leandro, c’est très bien, je craignais qu’au milieu de tout ça, on ne l’oublie un peu. C’était une personne merveilleuse, même s’il était discret, il a été d’un soutien incroyable aussi bien pour nous que pour Ezio.

— Je sais, dit simplement Flavia, suffoquée par l’émotion.

— Leandro l’a défendu jusqu’au dernier moment, vous savez, faisant un rempart de son corps quand il n’a plus eu de balles pour tirer. Les Falchi l’ont retrouvé allongé sur Ezio, le corps transpercé de dizaines de balles. Mon fils lui a fait confiance jusqu’au bout, il est mort la main passée autour de son cou…

A cette évocation, la voix de la pauvre femme fut coupée par les sanglots, elle ne pouvait plus poursuivre.

Craignant de ne plus pouvoir retenir ses larmes, la jeune fille s’inclina et partit se perdre entre les rangées de tombes.

Alors qu’elle errait sans but dans le cimetière, obnubilée par la vision que venait de lui décrire la pauvre femme, une main l’entraîna dans un caveau alors qu’une autre se plaquait sur sa bouche pour l’empêcher de hurler.

— Ne crie pas, Flavia, ce n’est que moi ! lui intima une voix flûtée qui lui était familière.

— Fabio ! Dieu merci, c’est toi ! s’exclama-t-elle.

Puis elle enchaîna, ressentant le besoin de confier ce qu’elle venait d’apprendre.

— Tu ne sais pas ce que vient de me dire Dario ? C’est lui qui est derrière la mort de Malaspina et Leandro !

— Crois-tu que nous ne le savions pas ? C’est une petite pute envoyée par le Boss lui-même pour nous espionner et se débarrasser de Malaspina.

— Mais pourquoi ? Le Boss, tu veux dire, le grand patron ? Mais il ne pouvait pas simplement le destituer ?

— Attends, ça fait beaucoup de questions, là ! Euh, pour commencer, tu ne le sais peut-être pas, mais Malaspina détestait le trafic de drogue, il a donc essayé de le limiter au maximum, mais, le problème, c’est que ça génère une manne considérable ! Son attitude a donc créé un gros manque à gagner pour le Boss. Seulement, il ne pouvait pas ouvertement entrer en conflit avec Malaspina, parce qu’il est très apprécié ici, et qu’il tenait la ville. La seule solution, c’était de faire de l’agitation pour retourner les clans contre lui, après l’assassinat aurait été mieux accepté. Malaspina le savait, jusqu’ici, il avait su déjouer habilement toutes les ruses du Boss. Le problème, c’est qu’on ne pouvait pas virer cette vipère de Dario qui était les yeux et les oreilles du Boss, et qui complotait sans cesse pour lui. De son côté, Malaspina ne pouvait pas non plus entrer en conflit ouvert avec lui.

— Ils se sont servis de moi, mais c’est de ma faute s’ils ont été abattus.

— Arrête, tu n’as été qu’un prétexte dans tout ça, ils auraient fait feu de tout bois. Ça n’aurait pas été toi, ça aurait été autre chose. Il ne faut pas que tu culpabilises.

— Merci Fabio, tu as toujours été si gentil… Qu’est-ce que vous comptez faire, maintenant ?

— Eh bien…Malaspina a essayé d’organiser sa succession pour que la charge de capo soit transmise à Lorenzo. On peut encore compter sur de nombreux soutiens dans les clans. Mais j’ai bien l’impression que cette saleté de Dario a des prétentions dessus. Avec Marco, nous ne le laisserons pas s’en sortir comme ça…Il va goûter à une de nos spécialités, déclara-t-il, les lèvres déformées par un rictus cruel.

— Mais si vous vous en prenez à un représentant du Boss, vous serez considérés comme des traîtres, et vous risquerez votre vie à chaque instant.

— C’est un risque à courir, mais nous le prendrons sans hésitation. Après, nous monterons à Rome pour régler son compte au Boss. Après tout, tout cela est de sa faute, et il risque de plonger la ville dans la guerre civile avec sa cupidité. Ça, ça se paye.

Flavia se jeta dans ses bras, le serrant de toutes ses forces.

— Faites attention, oh, faites attention à vous ! Je ne veux pas qu’il vous arrive la même chose qu’à eux !

Fabio se détacha d’elle, la regardant droit dans les yeux.

— Hé, tu me connais maintenant ? Tu as bien vu à quel point je suis redoutable, non ?

— Bien sûr, acquiesça Flavia tristement.

Malgré l’assurance de Fabio, elle savait que la lutte était trop inégale, elle était vouée à l’échec.

— Tu sais que tu peux compter sur moi, de quoi qu’il s’agisse, hein ? N’hésite pas à te servir de moi, Fabio ! Je vous suis tellement redevable, ne m’oublie pas, hein ?

— Vis ta vie, ce sera déjà bien assez, tu sais que c’est ce qu’ils voulaient ?

— Il vaut mieux une courte vie bien remplie, qu’une longue vie pleine de remords, non ? insista la jeune fille, déterminée.

Fabio opina de la tête, d’un sourire entendu, pinça la joue de Flavia, puis disparut entre les caveaux.

Flavia rentra lentement à la bibliothèque, profondément ébranlée par cette matinée pleine de révélations. Cela faisait beaucoup d’informations à intégrer d’un coup, il fallait qu’elle puisse y réfléchir à tête reposée. Elle fit beaucoup d’erreurs de classement ce jour-là.

Elle s’échappa dès que son travail fut rectifié.

Que faire maintenant ? D’abord, il lui fallait passer le temps du deuil, elle avait besoin de se retrouver pour pleurer sur les deux défunts.

Elle programma sur la chaîne de Chiara le morceau qui convenait le mieux à la mélancolie du moment, un morceau qui seyait parfaitement à la personnalité et à la relation des disparus. Les notes de Pavane pour une infante défunte remplirent le vide et elle laissa son esprit divaguer entre les souvenirs heureux et moins heureux qui la liaient aux deux hommes.

Puis elle alla se coucher pour se rapprocher d’eux dans les bras d’Hypnos, après tout, n’était-il pas le frère jumeau de Thanatos, le dieu de la Mort ? Ses songes la replongèrent dans les peines et les délices qu’elle avait connues avec le capo et son bras droit, jusqu’au matin.

Elle resta ainsi deux jours durant, se levant à peine pour manger et se laver. Chiara n’essaya pas de tenter une quelconque démarche, elle avait désormais confiance en sa capacité à se relever seule.

Le lundi suivant, Flavia se tira difficilement du lit au petit matin. Elle craignait que les émotions qu’elle avait ressenties jusque là s’étouffent bientôt sous l’inexorable insipidité du quotidien, si elle manquait de temps pour les entretenir dans son cœur. Elle ne voulait pas les laisser s’évanouir, si douloureuses soient-elles.

Elle se rendit néanmoins à la bibliothèque, tout en jetant un regard distrait sur les étals du buraliste installé en bas de l’immeuble de Chiara. Les journaux faisaient à nouveau leurs gros titres sur une mort violente dans le milieu de la mafia.

Intriguée, Flavia feuilleta un exemplaire. Des débris humains avaient été retrouvés dans une décharge de la ville, à Terzigno. La victime avait pu être identifiée car une pancarte avait été laissée sur place, précisant son nom, un certain Dario Cuttolini. Les traces retrouvées sur les membres démontraient que d’atroces tortures lui avaient été administrées alors qu’il était encore en vie.

Ainsi, Fabio avait tenu parole. Il s’en irait maintenant en guerre directement contre le Boss, à Rome, allant par là même à une mort certaine, tout aussi affreuse que celle qu’il venait d’infliger. Néanmoins, s’il réussissait, Lorenzo aurait la voie libre pour perpétuer la politique de Malaspina.

Avant de rejoindre son lieu de travail, elle fit un crochet par la chapelle Sansevero, un splendide écrin pour les statues les plus délicates de ce temps.

Entre autres, celle-ci abritait en son centre l’évanescente sculpture du Cristo Velato de Sammartino. Elle contempla un moment le suaire de marbre qui enveloppait le corps de l’homme-dieu mort, avec une telle finesse qu’on avait cru à une époque qu’il était réellement formé de tissu cristallisé.

Elle effleura le front glacé du visage divin du bout des lèvres, comme elle n’avait pas pu le faire pour le corps de ses amants, en guise d’adieu. Elle savait désormais ce qu’il lui restait à faire.

Elle arpenta le vico Gerolomini, lançant un sourire au passage à l’œuvre de Banksy sur la piazza.

La madone blanche, qui observait le pistolet flamboyant qui la surplombait, semblait posséder le secret de sa vie.

Puis, elle se dirigea d’un pas décidé vers le bureau du directeur.

— Je vous prie de bien vouloir m’excuser pour tout le désagrément que je vous ai causé, annonça-t-elle, déterminée, mais je vais devoir démissionner, car j’ai décidé d’effectuer ma dernière année à la faculté de Rome. En effet, je souhaiterais devenir écrivain. J'aurai certainement là-bas les meilleures opportunités de mener à bien mon dessein.

Le bonhomme, compréhensif, lui assura qu’il lui apporterait son soutien pour s’établir là-bas et lui souhaita de réussir dans tous ses projets.

FINE

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