Chapitre 20 : Point par point (3e partie)

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 Le temps s'étira puis les adolescents se mirent à chuchoter entre eux devant nous. Wellan s'exprima au nom du groupe :

– Nous avons une dette envers vous, envers lui… Acceptez, s'il vous plaît, l'hospitalité de notre village. Il n'est qu'à quelques heures encore, cela ne vous déviera pas de votre route vers Brokilone et vous pourrez prendre un repas chaud et un peu de repos.

 Je croisai le regard de Jaskier qui s'était retourné vers moi, interrogateur. J'acquiesçai en silence avant de dire :

– D'accord mais à une condition : que vous nous fassiez la promesse de mettre de côté vos projets de vengeance pour le moment. Surtout toi Finn. Aujourd'hui vous ne faites pas le poids contre des hommes adultes. Vous êtes jeunes et inexpérimentés, vous seriez morts cette nuit si Geralt n'avait pas été sur place avant vous. Voyez dans quel état ces goules l'ont mit. Pourtant c'est un Sorceleur expérimenté, rompu à de nombreuses techniques de combat, aux sens plus aiguisés que le commun des mortels. Si vous aviez affronté ces créatures vous-même, vos proches ne reposeraient toujours pas en paix. Promettez-moi de prendre le temps de mûrir, de vous fortifier, d'apprendre à vous battre avant de tenter quoique ce soit contre les hommes qui ont massacré vos êtres chers. Quand le temps aura passé, que vous vous serez aguerris alors, si vous y tenez toujours, vous pourrez exercer votre vengeance. Finn, ce à quoi tu as assisté est d'une ignominie sans nom : c'est insupportablement injuste et inacceptable. Ce traumatisme te suivra probablement toute ta vie. Je te souhaites de parvenir à le dépasser pour devenir un homme dont tu seras fier, sans te laisser ronger par la haine. Je vous le souhaite à tous les quatre.

 Les jeunes prirent le temps de se concerter du regard avant de lever la main en hochant solennellement la tête dans une promesse muette.

 Le trajet continua dans le même silence pensif qui commençait à me peser. Geralt restait toujours désespérément inconscient. La seule chose qui me rassurait un peu c'était de l'entendre gémir par moment. Il semblait moins inerte, peut-être plus connecté à ses sensations.

 Nous nous arrêtions régulièrement pour nous assurer de son confort et lui faire boire un peu d'eau. Je surveillais également toute fièvre qui serait le signe d'une infection. J'avais récolté de l'écorce de saule pour en faire une décoction si besoin. Le temps passait, nous avancions tellement lentement... Ne supportant plus le silence je décidai de le rompre :

– Jaskier, maître troubadour, il est temps de reprendre du service ! Tu dois bien avoir quelques histoires à nous raconter pour faire passer le temps et chasser les ruminations maussades dans lesquelles nous baignons. Geralt est en vie et il a besoin d'ondes positives pour le rester.

 Le barde lâcha un soupir puis se redressa sur sa monture, inspirant profondément pour se remettre dans sa fonction. Même si le cœur n'y était pas vraiment c'était un professionnel consciencieux. Bientôt nous nous laissâmes tous transporter par son histoire. Le trajet se poursuivit donc en récits et en musique ce qui nous allégea un peu le coeur et fit sembler le temps moins long.

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