Chapitre 16 : Péché de gourmandise (3e partie)

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 J'ignore combien de temps s'écoula. C'est une odeur d'oeuf et de lard assorti au grognement sourd de mon estomac qui m'eveillèrent. Un éclat de rire en stéréo y fit écho, la voix chaleureuse de Jaskier m'accueillit :

– Voilà la belle au bois dormant qui s'éveille, à moins que ce soit la bête vu comme ça grogne!

 Un nouveau grognements incongru lui répondit et je me sentis rougir tandis qu'ils riaient de plus belle. Jaskier reprit avec un clin d'œil appuyé :

– Allez viens manger ! Tu as besoin de forces pour ce qui t'attend ensuite ! Tu ne penses pas t'en tirer avec une simple mise en bouche...

 Je le retrouvais bien là, charmeur, bavard, grivois. Geralt observait, amusé. Ils étaient tous deux attablés en caleçons en train de faire honneur au plat. J'en avais l'eau à la bouche. J'enfilai ma chemise de nuit pour me sentir plus à l'aise mais elle ne me fit pas sentir moins nue quand leurs regards me détaillèrent. Je les rejoignis en m'étirant pour m'asseoir à la place libre. Jaskier me servit une assiette copieuse tout en badinant sans discontinuer, relatant quelques aventures avec ces dames, se finissant immanquablement en menaces voire altercations avec les maris bafoués. Il conclut en m'offrant un regard brûlant :

– La saveur d'une femme mariée, surtout quand elle a essayé de lutter contre la tentation, est à nulle autre pareille.

 Frissonnante, j'essayai de garder contenance en enfournant une fourchetée d'oeufs brouillés au lard et au fromage agrémentés de fines herbes. L'explosion de saveurs dans ma bouche m'arracha un petit son de plaisir qui sembla donner raison à Jaskier que je vis se rengorger crânement. Geralt ricana :

– Délicieux, n'est-ce pas Gaëlliane ?

– Hummm oui! J'étais affamée, répondis-je la bouche pleine.

– Définitivement gourmande à ce que je vois, ajouta Jaskier, dépêche-toi de finir de manger, j'ai faim de tout autre chose.

 Imaginer que je puisse engloutir la nourriture était mal me connaître. Je pris le temps de déguster chaque bouchées pour en apprécier toutes les saveurs. Fermant les yeux, je me réjouissais de la chaleur des aliments, de leurs différentes textures et saveurs : le crémeux fondant des oeufs, l'élasticité parfumée du fromage, la fermeté salée du lard bien consistant sous les dents, la délicate surprise des herbes aromatiques. Je goûtais à l'agréable sensation de tous ces aliments qui glissaient dans ma gorge pour venir combler confortablement mon estomac. Je les savais suspendus au mouvement de ma fourchette et cela contribua à mon plaisir du moment au même degré que l'excitation par anticipation que je sentais monter progressivement en moi.

 Enfin mon assiette fut vide et mon estomac satisfait. Un grand verre d'eau fraîche vint parfaire ce petit déjeuner. Je ne l'eus pas sitôt posé que Jaskier me tendit la main, m'attirant sur ses genoux. Il entreprit de m'embrasser dans le cou, me faisant frissonner et glousser bêtement, puis me susurra à l'oreille :

– Laisse-moi découvrir ces fruits que je n'ai pas encore goûté! Qu'avons-nous là, des oranges? Non plutôt des melons! Quelle générosité ! Souffre que je dévoile tes charmes sur le lit ! Pour l'heure j'ai la folle envie de t'explorer toute entière, de jouer de ton corps comme d'un instrument, de voir jusqu'où je peux te faire pousser la note et jusqu'où nous pouvons t'emmener lui et moi. Crois-moi, tu ne le regretteras pas !

 Il m'avait débité sa tirade d'une voix suave tout en me portant sans effort jusqu'au lit, me confirmant par là qu'il était moins fluet qu'il ne le paraissait. Ses mots, le frôlement de ses lèvres douces et de son souffle près de mon oreille et son corps chaud contre le mien, me provoquèrent une délicieuse crispation dans le bas ventre. Ma respiration s'accéléra. Il me posa sur le lit, me dégageant délicatement de ma nuisette en faisant délibérément glisser le tissu doux sur ma peau.

 Geralt nous rejoignit, s'asseyant nu, confortablement adossés à la tête de lit. Pour l'heure il semblait dans le plaisir d'observer et il était visible que ce qu'il voyait lui faisait de l'effet. Allongée sur le dos sur les draps froissés, je voyais ma poitrine monter et descendre au rythme de ma respiration saccadée. Jaskier me dominait de toute sa hauteur, bien déterminé à me faire languir, m'expliquant, pour m'exciter encore davantage, à moins que ce ne soit par plaisir de s'écouter parler, le détail de ce qu'il comptait me faire. Ce faisant, il commença à faire courir ses mains sur ma peau. Oh le beau diable, il connaissait son affaire ! Aucun doute que sa réputation était tout à fait méritée.

 Comme il me l'avait promis, il me fit passer par toute la gamme : soupirs, gémissements étouffés, puis incontrôlables, juste par de chastes caresses. Il en variait l'intensité, la localisation et le rythme, venant parfois pincer, malaxer, pour venir ensuite effleurer jusqu'à provoquer d'insupportables chatouilles. Il modulait mon corps pour accéder aux zones qui l'intéressaient et, docile, je faisais tout pour lui faciliter la tâche. Désespérément agrippée aux draps, je finis par le supplier de s'occuper de mes seins et de mon intimité insupportablement crispée par le désir.

 Sentir ses mains emprisonner mes seins fut merveilleux. Les pauvres n'avaient jamais autant pointé. Il les fit rouler dans ses paumes, en étira les pointes érigées, les embrassa à pleine bouche... Je me cambrai malgré-moi pour accentuer la puissance de ses caresses. Je sentis sa main glisser avec une lenteur calculée, le long de mon ventre puis le long de ma cuisse. Enfin sa paume toute entière vint s'appuyer sur mon entrejambes détrempé et ce simple contact me fit décoller. Geralt, qui n'avait pas perdu un miette de ce spectacle, faisant lentement glisser sa main sur sa hampe, s'empressa de me bâillonner de sa bouche. Jaskier garda sa paume plaquée contre mon clitoris, lui imprimant un mouvement vibratoire délicieux tout en glissant ses doigts en moi. Ma jouissance fut longue et puissante. Il ralentit progressivement ses mouvements puis se détacha de moi.

 Jaskier s'allongea sur moi pour me prendre toute entière. Je sentis son sexe glisser entre mes lèvres. Dans la brume du plaisir j'eus tout juste l'éclair de lucidité de l'arrêter, secouant la tête, je soufflai :

– Non. Je te veux... ailleurs !

 Il fronça les sourcils interloqué puis un large sourire s'étala sur son visage.

– Ah! Madame aime qu'on visite ses entrées les plus étroites! Ce n'est pas pour me déplaire ! Ça me donne même des idées. Voudrais-tu, s'il te plaît, te mettre à quatre-pattes et prendre soin de notre ami pendant que je te prépare ?

 Bien qu'ayant les jambes en coton, je ne me fis pas prier, offrant ma croupe à Jaskier pendant que je goûtais à nouveau la saveur du Sorceleur qui soupira d'aise sous ce traitement. Jaskier m'assouplit délicieusement de la langue et des doigts, la zone était parfaitement lubrifiée par le plaisir qu'il venait de me donner. C'est donc avec une grande facilité qu'il poussa ma porte arrière, pénétrant lentement dans mon fondement brûlant. Il commença de lents vas-et-viens, me faisant gémir de plaisir, mais mes jambes ne me portaient plus. Geralt intervint, inspiré :

– Pauvre Gaëlliane, tu ne vas jamais tenir comme ça. Laisse-moi t'aider, tu veux ?

 Confiante, je me reculai vers Jaskier, soudant mes fesses à son bas ventre pour laisser de l'espace à Geralt qui s'allongea et me guida sur lui. C'est là que je compris la profondeur de sa proposition ! Certes je n'eus plus à gérer mon équilibre mais j'ignore encore comment je réussis à les accueillir simultanément en moi. Jamais je ne m'étais sentie aussi comblée dans tous les sens du terme. La sensation était inédite : brûlante, envahissante, déstabilisante. Je n'osais plus bouger. J'en oubliai même de respirer jusqu'à-ce que le duo, qui était également en suspens, me demande d'une seule voix :

– Ça va Gaëlliane ?

– Je ne sais pas… je crois… C'est que vous êtes tellement gros tous les deux… J'ai du mal à me faire à la sensation… C'est comme si on allait rester définitivement soudés, c'est un peu... inquiétant…

 Cet aveu les fit rire et Jaskier entreprit de me prouver qu'on n'allait pas rester coincés en commençant à coulisser lentement en moi. La sensation était plutôt dérangeante mais pas vraiment désagréable. Geralt s'adapta à son rythme me guidant par les hanches, ses yeux ancrés dans les miens. Sa chevelure était éparpillée sur l'oreiller, il se mordait les lèvres et j'avais très envie de l'embrasser. C'était impossible ainsi épinglée. Je sentais leurs membres aller et venir en moi et le plaisir s'installer progressivement, remplaçant la sensation d'étrangeté.

 Ils accélérèrent progressivement le rythme et mon plaisir prit de l'ampleur. Leurs mains se relayaient pour cajoler mes seins qui dansaient, mon amulette rebondissant entre eux, sous leurs coups de boutoir. Je sentais mon clitoris délicieusement caressé par la toison pubienne du Sorceleur, me provoquant comme des décharges électriques à chaque contact. Mon plaisir n'en finissait pas de grandir ! Ça en devenait presque trop, une part de moi aurait voulu s'y soustraire mais j'avais perdu tous mes moyens. Mes yeux s'étaient fermés, mes mains s'agrippaient désespérément à ce qu'elles pouvaient, un son prolongé et discontinu sortait de ma bouche en écho à leurs gémissements respectifs. Je n'en pouvais plus de toutes ses sensations sur-puissantes, j'attendais la délivrance de la jouissance.

 Elle finit par me submerger au moment où je crus ne plus pouvoir supporter l'intensité du moment : mon corps couvert de transpiration se mit à convulser de plaisir. Chaque spasme me donnait l'impression d'aller encore plus loin dans la jouissance, me remplissant d'une sensation pure, brutale, transperçante, enveloppante et douce à la fois. Mon cœur battait à tout rompre, je n'avais plus aucun contrôle sur mon corps que je sentais se consumer d'extase. Je crus mourir. Transcendé, mon esprit s'éparpilla au septième ciel.

***

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