Chapitre 14 : Échauffourées (3e partie)

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 C'en fut trop pour le Sorceleur qui dans un rugissement de colère saisit un des hommes simultanément par le cou et les parties sensibles, le projetant sur les autres qui tombèrent à la renverse. Avisant le gourdin du type tombé au sol, il entreprit alors de rouer méthodiquement de coups tout ce qui s'offrait à lui. Des cris résonnèrent en réponse aux bruits mats des coups de gourdin. Les corps s'effondrèrent les uns sur les autres dans un méli-mélo de membres enchevêtrés. Le silence se fit.


 Jaskier se releva prudemment, tâtant délicatement son crâne meurtri. Constatant la présence de sang il se laissa glisser au sol dans un gémissement paniqué.


– Je me vide de mon sang! Lança-t-il un brin théâtral, je croyais que tu avais toujours une dague sur toi, pourquoi tu ne l'as pas sortie? Reprocha-t-il à Geralt.

– Pas envie d'avoir encore des ennuis en versant le sang. Et puis nous n'étions pas en danger de mort, si?


 Je redescendis prudemment de la même façon que j'étais montée. Mon coeur battait la chamade et j'avais le ventre noué en réaction à ce à quoi j'avais assisté. Serment de guérisseuse obligeant, je pris la peine de vérifier l'état de nos agresseurs. La plupart étaient inconscients, ceux qui ne l'étaient pas feignaient de l'être de peur de recevoir à nouveau des coups. Aucune blessure ne semblait critique. Je décidai donc de les laisser tels quels. Ils trouveraient quelqu'un d'autre pour les soigner.


 Je me tournai alors vers Jaskier : blanc comme un linge il geignit qu'il était gravement blessé à la tête. Son chapeau était tombé au sol, un peu écrabouillé, la plume ébouriffée. Je jetai un oeil à son crâne pour constater une belle bosse et une petite plaie sans gravité mais qui saignait abondamment comme le font toujours ces blessures là. Je sortis un mouchoir propre de ma poche et l'appliquai sur la plaie en lui demandant de le tenir fermement. Je le recoudrai à l'auberge. Certes j'avais mon matériel sur moi mais je manquais de luminosité : la nuit était tombée et les seules sources de lumière venaient des fenêtres des habitations.


 Je me tournai vers Geralt pour m'assurer que tout allait bien. Il m'inqua être uniquement contrarié que Jaskier ait pris ce coup. Suspicieuse, je me promis intérieurement de vérifier cela à l'auberge. Un peu honteuse, je m'excusai auprès des deux hommes :

– Désolée de vous avoir laissé tomber comme ça les gars… J'ai eu peur de vous gêner et de me faire massacrer… Je pensais pouvoir aider d'en haut mais ça n'a pas été le cas… C'était dur d'assister à ça, impuissante… J'ai eu peur pour vous deux.

– Au moins tu connais tes limites toi. Tu évites de rendre les choses plus compliquées, me répondit Geralt avec un regard sévère pour Jaskier. Il ajouta à son adresse : quand vas-tu apprendre à te taire?!


 Jaskier baissa le regard un peu vexé. Geralt lui tendit la main pour l'aider à se relever et lui donna une bonne tape sur l'épaule qui manqua de peu de le renvoyer au sol.


– Allez, amène-nous à ton auberge que Gaëlliane puisse jouer les repriseuses et que nous puissions manger. Je meurs de faim !


 Et c'est dans cette bonne humeur que nous repartîmes vers l'auberge. Décidément, Geralt était de ces hommes qui savent se réjouir d'une bonne bagarre.

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