Chapitre 14 : Échauffourées (2e partie)

3 minutes de lecture

 La voix de l'homme Ventru grinça dans l'obscurité :

– Comme on se retrouve le ménestrieux, le mutant et l'archère! Il cracha au sol puis repris. Comme vous pouvez le constater on a profité de votre petit concert pour vous préparer un petit comité d'accueil, ajouta-t-il tandis que lui et les hommes qui l'accompagnaient faisaient étal de leurs lourds gourdins.

 Pendant que l'homme Ventru parlait, j'observai les murs de chaque côté de moi dans l'espoir de trouver une échappatoire : sans expérience du corps à corps, vulnérable, j'étais non seulement une cible facile mais en plus je risquais d'être une gêne pour Geralt voire pire si je finissais en otage à nouveau. La ruelle présentait un rétrécissement à un endroit, une curiosité architecturale, une lubie de propriétaire venait empiéter sur l'espace. En effet un des bâtiments avait vu son mur construit avec une excroissance arrondie se terminant en tourelle. Je tenais là l'occasion de prendre de la hauteur, ce que je fis sans tarder, ignorant mes courbatures, prenant appui des pieds et des mains en opposition sur les parois de chaque côté de la ruelle. Je gravis les quelques mètres de hauteur en quelques instants, escaladant finalement le garde-fou pour me mettre en sécurité sur le toit terrasse de la tourelle.

 J'entendis des jurons en contre-bas. Le groupe d'hommes n'était pas ravis que je me sois ainsi extraite du piège. De là où j'étais, je constatai amèrement que j'avais trop peu de marge de manœuvre pour prétendre tirer à l'arc. Il me faudrait réfléchir à une autre stratégie si je voulais aider d'une quelconque manière mes compagnons. Par ailleurs, j'observai que l'étroitesse de la ruelle allait certainement gêner les mouvements de Geralt : aucune place pour un combat à l'épée. Il la laissa donc dans son dos.

 Jaskier ne semblait pas avoir mesuré le caractère périlleux de leur situation puisqu'il était en train de fanfaronner, harranguant les hommes, les insultant de manière imagée, se sentant visiblement intouchable avec son ami Sorceleur près de lui. Pour ma part je me demandais comment il allait faire pour ne pas gêner Geralt dans le combat qui allait immanquablement avoir lieu.

 L'étau se refermait progressivement sur eux qui s'étaient positionnés dos à dos, protégeant mutuellement leurs arrières bien que n'étant pas armés ni l'un ni l'autre. Les hommes s'approchaient sans hâte, se réjouissant d'avance de la pluie de coups qu'ils comptaient faire pleuvoir sur le barde et le Sorceleur.

 Geralt attendit que ceux face à lui soient suffisamment proches pour faire le Signe de l'Aard, les projetant en arrière sur plusieurs mètres, le reste du groupe se précipita à l'assaut, brandissant leurs gourdins vers Jaskier. J'eus un éclair d'inspiration alors qu'ils allaient passer sous mon perchoir, avisant des pots de fleur en terre cuite j'en saisit un pour le lâcher sur la tête des assaillants. Il manqua son but pour s'écraser sur l'épaule du Ventru qui cria de surprise et de douleur, lâchant son gourdin au sol avant de le reprendre aussitôt. Je réitérai l'expérience tant qu'ils étaient en dessous de moi mais ne fis plus mouche et les agresseurs se gardèrent bien de s'attarder.

 Jaskier avait blêmi en les voyant arriver si proches, il conserva cependant son air bravache et son discours fleuri. Le premier coup allait s'abattre sur lui mais Geralt para de son avant bras. J'eus mal pour lui rien qu'au son. Jaskier réalisa enfin le danger et se mit en boule autour de son précieux luth, le protégeant ainsi que les parties vulnérables de son corps, couvrant sa tête de ses bras.

 J'assistais au combat, impuissante. Les coups pleuvaient sur Geralt qui les évitait comme il pouvait, encaissant ceux qui l'atteignaient, restant entre Jaskier et leurs agresseurs, offrant à son tour ci un coup de coude, là un coup de botte, là encore un coup de genou ou un coup de tête bien senti. J'avais du mal à suivre tant les mouvements étaient rapides. Les hommes projetés par le Signe s'étaient remis sur pied, prêts à prendre leur revanche en arrivant dans le dos de Geralt qui protégeait Jaskier, toujours en position foetale, regardant à travers ses doigts protégeant son visage.

 Agrippée au garde-fou jusqu'à faire blanchir les articulations de mes doigts, impuissante, j'hésitais entre le prévenir de l'arrivée des trois autres et la peur de le déconcentrer. C'est Jaskier qui l'alerta finalement en même temps que ses sens développés et il eut juste le temps de faire la pirouette qui lui évita un coup magistral sur la tête. Le coup qui lui était destiné arriva sur les épaules et le crâne de Jaskier qui émit un gémissement sourd.

Annotations

Vous aimez lire EnSorceleurisée ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0