Chapitre 14 : Échauffourées

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 Nous bûmes, nous mangeâmes. Jaskier était d'une excellente compagnie, me contant des histoires que Geralt semblait avoir entendu cent fois. Il me dévorait des yeux, me flattait, me remerciait encore, ce qui restait plaisant mais embarrassant. Tant d'égards sur ma personne, de la part de quelqu'un d'aussi célèbre que lui, me laissaient un peu pantoise. Geralt avait renoncé à le stopper. Il me laissa le soin de décrire notre situation et je notai que la mention de mon mari ne semblait absolument pas refreiner Jaskier. Il nous invita d'ailleurs à partager sa chambre à l'auberge, nous indiquant qu'avec la foire qui devait durer trois jours, tout était déjà réservé, provoquant un campement sauvage hors de la ville. Nous n'avions pas encore totalement récupéré de notre traversée des marais, l'invitation fut donc acceptée.

 Jaskier nous accompagna tout naturellement chez l'artisan à qui nous avions passé commande. Je fus émerveillée par la qualité du travail et la beauté des objets qu'il me présenta. J'enfilai le brassard de cuir après avoir ôté mon bandage. Il s'ajusta parfaitement à mon avant-bras. L'intérieur avait été doublé de soie, le rendant incomparablement confortable. L'artisan avait gravé des motifs végétaux constitués de boucles fleuries, transformant cet élément de protection en un véritable bijou. Le gant assorti était à la fois solide, souple et confortable. Une fois enfilé je n'eus plus envie de le retirer. Je remerciai chaleureusement le vieil homme, lui demandant si je pouvais faire quoi que ce soit pour lui. Il refusa tout autre paiement que ce qui était convenu mais accepta néanmoins que je lui offre un petit sac contenant des herbes médicinales contre les rhumatismes. C'est le coeur ravi que je suivis les hommes vers les autres étals de la foire.

 Jaskier nous servit de guide, nous emmenant goûter les meilleurs mets, voir les plus beaux étalages. J'étais émerveillée de la qualité des textiles, leurs couleurs chatoyantes, la délicatesse des dentelles et des broderies rehaussées d'or, d'argent et de perles en verre colorées. Un peu plus loin, de la vaisselle peinte à la main offrait toutes sortes de motifs fleuris ou animaux, rivalisant de finesse et de détails. Plus loin encore nous nous attardâmes à un étal d'instruments de musique. Jaskier présenta les différents instruments, jouant de certains pour le plaisir du marchand qui se voyait offrir une publicité gratuite par une célébrité.


 Ayant fait le tour de l'étal, il prit son propre luth accroché dans son dos, plaqua un accord et se mit à chanter de sa voix douce et chaude. Reconnaissant la balade je joignis spontanément ma voix haute et claire de soprane à la sienne. Jaskier écarquilla des yeux surpris et ravis, souriant de toutes ses dents tout en continuant son chant.

 Le calme s'était fait autour de nous, chacun avait arrêté ce qu'il faisait pour écouter nos voix mêlées chanter l'histoire d'amour du Sorceleur et de sa Magicienne. L'émotion était puissante tant les paroles étaient belles et je sentais Geralt touché à mes côtés. Bien-sûr il le dissimula soigneusement mais j'avais appris à le connaître.

 Quand le chant pris fin, les applaudissements résonnèrent, me laissant surprise et émue. Notre public imprévu réclama une nouvelle chanson, deux individus se joignirent alors à nous, empruntant des instruments pour nous accompagner. Nous chantâmes ainsi plusieurs chants du répertoire de Jaskier, répertoire que je connaissais globalement bien, même si j'appris au vol ce qui m'était inconnu. Je profitai alors pleinement de ce moment de partage et de complicité.

 Le soir commençait à tomber et la fatigue à se faire sentir. Nous terminâmes une dernière balade sous des applaudissements nourris puis saluâmes de concert, Jaskier ôtant son chapeau à plume, lequel fut bientôt garni d'orins sonnants et trébuchants. Cette rentrée d'argent inattendue ne fut pas de refus.

 Il était temps de nous rendre à l'auberge prendre un bon repas et du repos. Jaskier continuait de nous guider. Il nous fit passer par une petite ruelle sombre. Mon amulette vibra très légèrement. Je détaillai les lieux, alertée par la sensation. Geralt perçut ma réaction et se mit également sur le qui-vive. Seul Jaskier continuait d'avancer en jacassant à qui mieux mieux. Il se tut subitement en apercevant trois silhouettes face à lui. Je me retournai vivement dans l'intention de provoquer un repli stratégique mais trois silhouettes de plus nous prenaient à revers.

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