Chapitre 6 : A cœur ouvert, à corps perdu (2e partie)

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 Geralt s'agita dans son sommeil, appelant une fois de plus la magicienne de son cœur. Cela me réveilla. Diable, j'avais mal partout ! J'essayai de libérer le bas de mon corps du poids de sa tête, sans succès. J'étais toute ankylosée. Je n'avais pas escompté passer la nuit entière dans cette position. Ma nuque et mes épaules étaient raides et douloureuses, mes jambes étaient toutes engourdies et ma vessie se rappelait urgemment à mon souvenir. Pas le choix, il fallait que je le réveille. Quel dommage… Il avait l'air si serein. Je chuchotais à son oreille :

– Geralt, il faut que je sorte !

– Hummmm? grogna-t-il en laissant glisser sa tête depuis mon bassin vers le sol.

 Il entrouvrit un oeil de chat. S'étira langoureusement, puis bailla à s'en décrocher la mâchoire en s'asseyant. Je restai un instant fascinée par ses mouvements puis mon corps se rappela à mon bon souvenir. J'étouffai un juron en sentant le sang affluer soudainement dans mes jambes engourdies. Il eut un regard interrogatif. Je serrai les dents en tentant de me masser les jambes. C'était infernal, j'avais l'impression d'être piquée par des milliers de petites aiguilles brûlantes et mouvantes. Il fallait vraiment que je sorte. Je tentai de me mettre debout mais mes jambes ne me portaient pas. Je retombai sur les fesses avec un cri de surprise et de douleur.

– Tout va bien ?

 Il semblait inquiet.

– Mis à part que je n'ai plus de sang dans les jambes et que ma vessie va éclater, tout va bien. Tu veux bien m'aider à sortir ? Ajoutai-je en rougissant.

 Il éclata d'un rire contagieux. Je le suppliai d'arrêter de me faire rire et de m'aider avant qu'il ne soit trop tard. Il se contint et me tendit une main secourable, me soulevant littéralement de terre. Il me soutint jusqu'à la sortie de la grotte. Mes jambes me portaient enfin à nouveau ce qui me permis de m'éloigner dans les fourrés avant de perdre ma dignité. J'eus un gémissement de soulagement et de plaisir quand je permis enfin à ma vessie de se vider. Le fourmillement dans mes jambes était enfin en train de disparaître, laissant place aux autres sensations, notamment les courbatures liées à nos heures à cheval.

 Geralt repris son fou-rire en me voyant revenir tant ma démarche était raide et mal assurée. Je pris un air faussement vexé :

– Vas-y, moque-toi! Je te rappelle que je ne passe pas ma vie à cheval moi! D'ailleurs ma monture est bien moitié moins large que la tienne!

 Ablette renâcla et gratta le sol de son antérieur droit, Geralt épongea des larmes de rire. Que c'était bon de le voir comme ça après son abattement de la veille! Il répondit à sa jument comme pour la rassurer :

– C'est pas toi qui est large Ablette, c'est Gaëlliane qui a des petites jambes ! Tu paries combien qu'elle monte d'ordinaire un poney?

 Là-dessus il avait pas tout à fait tort mais je n'étais pas prête à l'avouer. La jument émit un hénissement joyeux et Geralt rit de plus belle.

– Donc vous vous mettez à deux pour vous payer ma tête ?! Je riais malgré moi en protestant : Arrêtez de me faire rire, j'ai mal partout ! Aïe mes abdos !

 Geralt laissa échapper un soupir de bien-être. Il reporta son attention sur moi :

– Si tu as mal à ce point, je peux peut-être faire quelque chose pour toi, histoire de t'éviter une journée de souffrance sur le pommeau de ma selle.

 Il sortit de ses affaires plusieurs flacons et autres fioles, examina les étiquettes, mit de côté ce dont il avait besoin et rangea le reste. Je l'observais intriguée. Je n'ignorais pas que les Sorceleurs avaient leurs propres remèdes et élixirs. Ma curiosité professionnelle était piquée. Il me laissa observer mais garda naturellement ses secrets. Il mélangea le contenu de plusieurs flacons selon des doses mesurées puis se tourna vers moi :

– C'est pour masser les zones douloureuses. Tu veux le faire seule ou je peux t'offrir mon aide?

 Je repensais à notre conversation de la veille et lui offrit un sourire gourmand.

– Difficile de refuser une proposition aussi alléchante! Répondis-je en détachant chaque syllabes de ce dernier mot et en me déshabillant par la même occasion.

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